Rencontre chef de l`Etat-Ebrie/ Les Ebrie à Gbagbo - “Nos problèmes, ce sont les arrêtés coloniaux”

Le peuple Ebrié a effectué nombreux hier, le déplacement en se rendant au Palais de la présidence. Pour écouter mais surtout pour que Laurent Gbagbo leur " dise un mot et fasse le geste qui peut les sauver ". C'est ainsi que tous ceux qui ont pu se rendre au palais, ont confié leur sort à Mme Boka Constance, Géographe de profession. En véritable avocate, elle a plaidé et fait des recommandations face à l'urbanisation rapide dont est victime Abidjan, leur village devenu pôle d'attraction de toutes les populations en Côte d'Ivoire. A l'entame de son allocution, le porte-parole du peuple Atchan a été on ne plus clair, et sans ambages. Pour Mme Boka, les différents litiges fonciers qui ont court à Abidjan sont du fait d'une mauvaise adaptation des arrêtés des colons. Notamment, l'arrêté du Gouverneur Binger, en date du 10 septembre 1893, qui a favorisé l'expropriation. Contrairement à celui du 13 décembre 1886, qui reconnaissait le droit de propriété des terres aux Ebriés. " Aucune politique n'a donné des outils nécessaires pour que les propriétaires terriens s'inscrivent dans ce moule ", a indiqué Mme Boka. Soulignant que ces actes administratifs expliquent les différents conflits fonciers dont sont victimes malheureusement, les autorités étatiques. Ainsi, vu les conséquences que le transfert de la capitale à Abidjan a créées, le porte-parole des Ebrié a souhaité qu'une politique de dédommagement soit faite à leur égard. Qui se résume pour la plupart dans un livre blanc adressé au Président de la République. La quintessence de leurs doléances étant le paiement d'une rente compensatrice annuelle pour des terres cédées dans le cadre du développement de la mégapole d'Abidjan ; la réparation pour restitution des terres occupées par les sociétés d'Etat sur la réalisation des grands ouvrages ; la dépollution du plan d'eau lagunaire, aux fins de tirer profit en pratiquant la pêche, la pisciculture,etc. " Car, a-t-elle soutenu, il faut à Abidjan" un véritable plan Marshall pour faire d'elle, un pôle économique moderne intégrant toutes les contraintes d'un développement durable”. Et de nourrir les vœux que les localités de Songon et de Bingerville soient érigées en département. Ainsi que certains villages en commune, la création du District d'Abidjan n'ayant pas suivi le développement des villages Atchan.

Toussaint N'Gotta
Photos: Yanez Dessouza