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Politique Publié le vendredi 30 janvier 2009 | Fraternité Matin

Sortie de crise : Miroir aux alouettes

La Commission électorale indépendante (Cei) et la Commission nationale de supervision de l’identification (Cnsi) sont à couteaux tirés. Leurs divergences ont été étalées sur la place publique. Pendant que la structure nationale en charge de la supervision et du contrôle du processus d’identification et d’enrôlement des populations soutient que la fin de l’opération ne peut avoir lieu le 28 février prochain, comme prévu, sauf exclusion d’une importante frange des populations, le maître d’ouvrage du processus électoral maintient ladite date. Envers et contre tous. C’est une partie de poker menteur à laquelle nous assistons, et à laquelle les Ivoiriens sont – désormais - habitués. Quand le 27 août dernier, Fraternité Matin prenait les devants pour écrire que le premier tour du scrutin présidentiel, fixé au 30 novembre 2008, était techniquement et juridiquement impossible, la Cei, elle, dans un communiqué en date du 31 août 2008, sortait de sa réserve pour lui apporter la contradiction. “La date du 30 novembre 2008 est juridiquement et techniquement tenable”. En persistant ainsi et en signant, ignorait-elle qu’elle s’exposait à essuyer un cinglant démenti? Elle et toutes les structures techniques en charge du processus électoral ont fait… proprement mentir le Chef de l’Etat qui, le 14 avril dernier déjà, les mettait en garde contre tout changement de date: “Ne me faites pas mentir”, avait prévenu Laurent Gbagbo. En pure perte. Pis, nul ne sait, à la date d’aujourd’hui, quand la Côte d’Ivoire va organiser son premier tour de la présidentielle. Au grand dam du Cadre permanant de concertation (Cpc).
En effet, à l’occasion de sa quatrième réunion, tenue à Ouagadougou, le 10 novembre dernier, l’organe de veille et de dialogue permanent de l’Accord politique de Ouagadougou “a invité la Cei à établir, sans délai, un chronogramme précis sur l’identification et le recensement électoral (qui) devrait être publié avant le 31 décembre 2008 aux fins de la fixation de la nouvelle date pour l’organisation du premier tour de l’élection présidentielle”. La Cei ne s’est pas encore exécutée. Si bien qu’un mois plus tard, c’est toujours le calme plat. Tout comme dans sa réponse au quotidien pro-gouvernemental, la Cei court le risque de se faire – encore – ridiculiser à l’issue de ses échanges avec la Cnsi. Et de ternir, un peu plus encore, son image. Tellement elle semble s’être réfugiée dans la politique de l’autruche. Car, les profonds dysfonctionnements que dénonce la Cnsi sont si nombreux et criants que le 28 février, comme fin de l’enrôlement, est tout simplement illusoire. Cela dit, la Cei n’est qu’à la… bonne école et ne fait que refléter la… bonne société ivoirienne. Dans un pays où tout le monde - ou presque - triche avec les autres et ruse avec ses propres engagements, personne - ou presque - n’arrive à se rendre compte que, comme notre décolonisation, la sortie de crise en Côte d’Ivoire ressemble à un miroir aux alouettes. Aussi, le pays tarde-t-il à sortir de la “pagaille”. Quoique fasse et dise Laurent Gbagbo!
Tout le monde prétend être pressé d’aller aux élections. Mais, aucun candidat ne se préoccupe véritablement des retards accusés par le processus. Si bien qu’on en arrive à se demander s’ils sont véritablement prêts pour en découdre dans les urnes. Quant aux belligérants, s’ils fument, depuis le 4 mars 2007, le calumet de la paix, on peut se poser la question de savoir s’il n’est pas temps de changer de tabac. Surtout qu’autant on multiplie les effets d’annonce et les symboles, autant la réunification du pays reste – encore - de façade.
Las de cette situation, les fournisseurs de l’Etat menacent d’arrêter leurs prestations dans les zones encore sous contrôle de l’ex-rébellion, si l’unicité des caisses n’y est pas effective au plus tard le 28 février prochain. Lundi dernier, ils ont demandé au Premier ministre et secrétaire général des Forces nouvelles de “s’engager avec amour, patriotisme et responsabilité pour la Côte d’Ivoire qui ne s’arrête pas à Djébonoua”. Réalise-t-on enfin que la Côte d’Ivoire est sur une pente raide? Que ses caisses sont pratiquement vides? Et que si rien n’est fait dans les prochains mois, elle risque de déposer son bilan? Ouvrant ainsi la voie à d’autres incertitudes. A d’autres aventures politiques. A d’autres périls.




Ferro M. Bally
ferobibali@yahoo.fr
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