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Société Publié le vendredi 30 janvier 2009 | Notre Voie

Réflexions sur l`art-thérapie

L’art-thérapie (d’inspiration analytique) voit le jour dans un monde réduit aux dimensions de “village planétaire” ; dans le contexte, il faut le préciser, de la “civilisation occidentale” qui a anéanti toute diversité culturelle et proclamé la “mort de Dieu”. C’est dire que cette modalité d’art-thérapie, qui procède de la psychanalyse freudienne, intéresse nécessairement les hommes de toutes les contrées du monde : aussi bien les sous-développés que les super développés, confrontés sans distinction à l’angoisse panique de survivre dans une culture monolithique qui a “perdu ses repères”.

Ce n’est pas seulement le contexte de civilisation marquée par la violence, les guerres, les conflits de toutes sortes, le terrorisme, l’absence de repères et d’espoir, qui ont favorisé la promotion de l’art-thérapie, la benjamine des psychothérapies.

Ce qui rend nécessaire l’art-thérapie, c’est le manque criant d’une thérapie adaptée. En effet, on reproche à juste titre à la psychanalyse d’être très longue, d’être coûteuse, de ne prendre en compte que l’expression verbale et son principe fondateur : le “complexe d’Œdipe” dont on doute de plus en plus du référent paternel.

Aussi bien, dans le contexte de cette civilisation, régie par la dictature du “plus-de-jouir”, (principe de la civilisation dite de consommation), l’art-thérapie d’inspiration analytique s’est-elle vue contrainte d’élaborer une stratégie fondée sur la mise en œuvre des pulsions de destruction-jouissance et leur maîtrise symbolique nécessitée par le sentiment de culpabilité dépressive. Celui-ci est à l’origine de l’invocation du patient à la médiation salutaire du Nom-du-père et de l’émergence du désir de réparation par l’activité créatrice de formes préverbales ( langage sans paroles).

En effet, le statut de “père” étant définitivement disqualifié, l’homme d’aujourd’hui est un être envahi et pris en otage par ses pulsions de jouissance-destruction. D’où le vécu de déréliction dont il est l’objet et auquel il cherche désespérément solution : par quels moyens se libérer de cet état de menace psychotique qui le hante en permanence ? Et comment retrouver l’espérance perdue et l’enracinement dans le monde ?

C’est en réponse à cette interrogation que l’art-thérapie a mis sur pied sa technique basée sur la destruction symbolique au lieu de la métaphore où le patient est appelé à projeter les pulsions qui taraudent son organisme. Le support artistique devient alors une sorte de ring où le patient-thérapeute va livrer avec le sous-tien de l’art-thérapeute porteur de phallus une guerre sans merci à ses persécuteurs internes projetés devant lui par la magie de l’imagination.

C’est ici le lieu de mentionner à quel point la situation du patient abandonné aux persécutions de ses pulsions sadiques évoque celle de l’enfant dans la phase non-verbale du développement. Cette phase où l’enfant ne dispose pas de langage verbal pour communiquer ses ressentis, n’a pas d’autre solution que de les exprimer par le “langage du corps” : colites, constipation, diarrhées, gaz, asthme, vomissements, anorexie, obésité, inhibition musculaire, tristesse, etc.
Il faut voir dans le support artistique (en art-thérapie) la métaphore du “corps-symptôme” de l’enfant.

L’art-thérapie se préoccupe donc d’explorer et d’exprimer par la voie du graphisme la phase non-verbale que le patient a gardée de son enfance faute de la médiation d’une mère symbolique qui aurait converti ses pulsions prégénitales en paroles.

L’art-thérapeute est le substitut de la bonne mère anale (symbolisée) qui va favoriser la transposition de la jouissance au plan de la métaphore, sa mise en formes plastiques et leur expression en langage verbal pour l’être fixé à la phase non-verbale.

L’objectif sera donc atteint lorsque le patient aura réduit en déchet le support représentant de la mère anale et qu’il éprouvera un sentiment de triomphe généré par le vécu de tout-puissance mégalomaniaque. L’évolution normale de l’homme postule en effet l’expérience d’un vécu de toute puissance préalable à celle de la désillusion non moins nécessaire.

C’est (éventuellement) sur l’instigation du thérapeute que va émerger le sentiment de culpabilité dépressive qui sanctionne le matricide. Culpabilité dépressive dont l’effet salutaire est d’en appeler à la médiation du père ab-sent. Ainsi, le “Père mort” est-il ressuscité par l’amour de l’enfant en mal de protection contre les abus de la mère toute-puissante. En résulte le désir de réparation dans l’activité créatrice médiatisée par le Nom-du-père dont les formes préverbales sont les produits. L’être pervers connaît donc l’édification en renonçant au plus-de-jouir au moyen de la création réparatrice.

La particularité de la démarche en art-thérapie réside dans son souci d’évacuer les pulsions sadiques à l’origine de la désorganisation de la personnalité, dans l’éveil du sentiment de culpabilité facteur de résurrection du “Père mort”, dans la restructuration des déchets en formes préverbales, messagères d’espoir. La finalité de l’art-thérapie est donc d’assurer la maîtrise symbolique du chaos pulsionnel et d’introduire l’homme au Système symbolique sur lequel règne la Loi.

On ne résiste pas à la tentation de faire la comparaison entre l’avènement du préverbal et la résurrection glorieuse du Christ (le Verbe incarné), messager de “la Bonne Parole”.

Grobli Zirignon Ariste-peintre
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