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Politique Publié le samedi 31 janvier 2009 | Fraternité Matin

Gbagbo à Korhogo : La nation accompagne Kassoum Coulibaly dans son ultime voyage

Décédé le 6 janvier dernier, l’homme d’affaires a été conduit, hier, à sa dernière demeure, en présence du Chef de l’état. Kassoum Coulibaly repose depuis hier après-midi, au quartier Soba, dans le caveau familial des Coulibaly, descendants du patriarche Péleforo Gon Coulibaly, premier chef de canton de Korhogo. C’est une immense foule, au cœur meurtri, qui l’a conduit à sa dernière demeure. Hommes, femmes, enfants, industriels, députés, maires, responsables de différents partis politiques, commerçants, un millier de transporteurs nationaux, des délégations de transporteurs maliens et burkinabé, de nombreux représentants de grandes entreprises de la place…Tous sonr venus, au stade municipal de Korhogo, dans un même élan de compassion, dire adieu, au président du Syndicat national des transporteurs, voyageurs et marchandises de Côte d’Ivoire, mais aussi au député de la commune de Korhogo, que Kassoum aura été des années durant. Le Président de la République, SEM. Laurent Gbagbo et le Premier ministre, Soro Guillaume, accompagnés de plusieurs ministres, ont été les illustres témoins de ces tristes moments. Avant d’écouter les deux oraisons funèbres qui ont essentiellement marqué ces moments, le Chef de l’Etat et le Premier ministre, avec à leurs côtés le président du Conseil économique et social, Laurent-Dona Fologo, ainsi que le grand chancelier de l’Ordre national, Yssouf Koné, iront s’incliner sur la dépouille mortelle que contenait le cercueil placé sous une chapelle ardente dressée pour la circonstance. Tout autour étaient assis, les différents imams du pays, avec à leurs têtes le Cheick Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des Imams et Koné Idriss Koudouss, président du Conseil national islamique. Le Président Gbagbo et le Premier ministre iront ensuite exprimer leurs condoléances à la grande famille des Coulibaly, regroupés non loin de là. Un regroupement qui, dira un peu plus tard le Dr Issa Malik Coulibaly, au nom de cette famille, tient à deux raisons. «D’abord nous voulons démontrer à la nation et au monde entier que nous faisons nôtre, l’enseignement de notre grand père, le président Laurent Dona Fologo, qui nous rappelle sans cesse le caractère sacré de la famille… en indiquant qu’on n’a pas besoin d’être d’accord sur tout, pour être des frères. Ensuite, nous voulons dire au Président Laurent Gbagbo que nous entendons jouer plus et mieux que par le passé, notre rôle de pôle de stabilité de la région des Savanes, qu’il nous a rappelé récemment …», a-t-il expliqué. Il a également évoqué toute l’estime que le défunt et le Président Laurent Gbagbo se vouaient mutuellement. En effet, le Chef de l’Etat, dira-t –il, l’a souvent cité en exemple à la jeunesse ivoirienne et à celle de l’Afrique. C’est fort de l’excellence des rapports de Kassoum avec le Chef de l’Etat, révèle Dr Malik, que la région des Savanes a connu un découpage administratif sans conflit social. C’est également grâce aux interventions de Kassoum auprès du Président Gbagbo, que la ville de Korhogo a bénéficié d’une amélioration de son réseau routier à travers des opérations de bitumage, ainsi que de l’accroissement de ses capacités de production d’eau potable, en cours de réalisation. Et de la rénovation complète du Chr de Korhogo. Aussi, Dr Malik est-il persuadé que le Président de la République fera en sorte que la route reliant l’aéroport au centre ville, soit bitumé, ainsi qu’il en avait fait la promesse, à son ami Kassoum. Le porte-parole de la famille Coulibaly a en outre adressé les vifs remerciements de ses parents au Premier ministre Soro Guillaume.
Cette intervention a été suivie de la prière mortuaire dite par l’imam Anzouman Djané. Prière à l’issue de laquelle, Laurent Gbagbo offrira 5 millions de F aux imams ayant officié des prières pour le repos de l’âme de son ami. Après quoi, le Chef de l’Etat s’inclinera encore une fois sur la dépouille de celui-ci. Un long cortège se formera par la suite pour l’accompagner au caveau familial. Le Président Laurent Gbagbo prendra au même moment congé de la population.

Moussa Touré
Envoyé spécial



Option :Traces d’une vie

Vivre, c’est parcourir la vie; c’est comme marcher sur du sable. On y laisse forcément des traces. Certaines s’effacent, dès le premier souffle du vent. D’autres, plus profondes, s’incrustent et demeurent dans la mémoire de ceux qui restent. Nous pensons que celles laissées par Kassoum Coulibaly resteront longtemps gravées dans nos souvenirs. Mieux, dans notre quotidien. Certes, l’homme est parti. Définitivement. Mais il restera présent, parce qu’il a su marquer son passage ici-bas.
Vivre, ce n’est pas ne pas mourir; c’est mourir en restant… vivant. A travers ses actes, à travers ses actions, à travers ses réalisations.
Vivre, ce n’est pas forcément rester longtemps vivant, c’est mourir sans… mourir. C’est partir tout en… restant. C’est cela la marque des grands hommes et des hommes grands.
Sa vie, il l’a tracée dans le sillage du travail. Sans jamais rechigner à la tâche, il a clairement dessiné les contours de son existence; et est resté actif jusqu’à ses derniers jours sur la terre.
Notre vie n’a de sens que si nous lui donnons le sens de la vie, si nous nous engageons, résolument, dans les sillons du futur. Tout en vivant comme si demain, c’est aujourd’hui. Vivre au présent. Tout en nous projetant dans un… demain toujours… présent. Cette quête d’éternité permet à ceux qui s’y consacrent de s’inscrire dans le grand, dans l’inoubliable. Cette exigence de pérennité des grands hommes n’est que l’expression de leur rapport à l’Histoire. Et au temps qui s’écoule.
Pas après pas. Marche après marche. Palier après palier, il a gravi l’échelle de la vie par un engagement qui devrait nous inspirer. Kassoum Coulibaly nous lègue un héritage hautement plus enrichissant que la fortune qu’il laisse à ses ayants droit : la passion du travail, le rêve de grandeur.
En lui, nombreux sont ceux qui ne voyaient que le symbole de la réussite sociale. N’allant à sa rencontre que pour le découvrir dans sa richesse matérielle. Cet homme qui s’en est allé était fortuné, certes, mais les traces qu’il nous laisse sont autant de sillons à emprunter.

par
Agnès Kraidy



Focus : Le tour d’adieu

La dépouille de l’illustre disparu a fait jeudi après-midi, un dernier tour de la ville de Korhogo. Le cercueil, couvert de multiples fleurs et couronnes, avait été placé à l’arrière d’une camionnette aux flancs bariolés du drapeau national. Parti de sa résidence au quartier Banaforo, l’impressionnant cortège qui effectuait ce dernier tour avec lui, a emprunté les principales artères de la cité du Poro. Au milieu d’une véritable cacophonie que provoquaient les vrombissements de la file de motos, des klaxons de plusieurs véhicules, de la fanfare, des tam-tam et grelots. Pour la dernière fois, Kassoum a parcouru les grandes artères de cette cité qu’il aimait tant. De nombreux badauds debout tout au long du trajet, observaient impuissants, la séparation que cela symbolisait déjà, avant même l’adieu suprême.
De nombreux transporteurs, comme on pouvait s’y attendre, mais également, des commerçants et personnalités notamment, les frères Jean et Charles Konan Banny, ont tenu à faire ce dernier tour avec lui.

M. T



Il a tant oeuvré pour le transport ivoirien

L’homme politique, le bâtisseur de mosquées, l’agriculteur… que fut Kassoum Coulibaly, était avant tout un grand transporteur. Une activité par laquelle il a vécu ses premières expériences de self made man. Et dont les succès lui ont justement permis de poursuivre son épanouissement personnel dans bien d’autres domaines professionnels. Nombre de transporteurs lui doivent à ce jour leur présence dans la corporation, au regard de toutes les facilités et autres actions ayant permis d’améliorer leurs conditions de travail. Aussi, sont-ils venus par centaines, depuis le transfert du corps à Korhogo le 25 janvier dernier, prendre une part active à l’organisation de ses obsèques. En leurs noms, le ministre des Transports, Mabri Toikeusse a tenu à remercier le Président de la République pour sa présence effective à leurs côtés. Au-delà d’une simple expression de condoléances, celle –ci traduit, selon le ministre Mabri, tout l’intérêt que le Chef de l’Etat voue à la corporation des transporteurs.
C’est avec Kassoum Coulibaly que le Syndicat national des transporteurs de voyageurs et marchandises de Côte d’Ivoire, va, à partir de 1986, acquérir ses lettres de noblesses, a soutenu le ministre des Transports. En effet, il a été à la base de l’introduction des cars dans le transport à travers le pays. Propriétaire d’un parc de plusieurs dizaines de véhicules de transport, il a été le principal actionnaire de Star Auto, concessionnaire de Mercedes. Par ailleurs, note Mabri Toikeusse, il a été le fondateur de la Matca en 1989. Un an après, il créa la Garantie mutuelle de cautionnement des transporteurs en Côte d’Ivoire. En 1998, l’appareillage transit fret, puis en 2001, la Société mutuelle d’assurance des transporteurs. C’est aussi à Kassoum que les transporteurs doivent, aujourd’hui, le passage de trois à six mois, de la périodicité de leur visite technique à la Sicta et celui des véhicules particuliers de six mois à un an. Le ministre des Transports a par ailleurs révélé que ses actions ont aussi abouti à la réduction considérable du nombre des barrages routiers dans le pays.
Au terme de cette allocution, le grand chancelier, le général Koné Issouf a élevé Kassoum Coulibaly au rang d’officier de l’Ordre national à titre posthume .Et ce, tout en expliquant que le 7 août dernier, le Président de la République a pris une ordonnance qui abroge la disposition légale selon laquelle les députés et les maires ne peuvent être décorés pendant qu’ils sont en fonction. Car il était député, lorsqu’il mourait.

Moussa Touré



Une grande perte

Coulibaly Kassoum a été conduit hier à sa dernière demeure. La Côte d’Ivoire dans toutes ses composantes avec à leur tête le Président Laurent Gbagbo lui a rendu l’hommage qu’il méritait. Tout en regrettant sa mort, son neveu, le ministre de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, reconnaît que l’homme a amplement accompli son devoir sur la terre avant de partir, «réconcilié avec tout le monde. Il a travaillé à la cohésion de la grande famille et a fait ce qu’il devait faire pour la ville de Korhogo». Ainsi, pense-t-il, «il pourra faire, à ses aînés, à ses pères et grands-pères un compte rendu de sa mission.» Il a donc souhaité que «Dieu l’accueille et qu’il lui pardonne tous ses péchés comme il l’aurait fait pour tous les êtres humains».
Kassoum, l’être humain est capable de tous les péchés, tout le monde reconnaît cependant que «sa mort est une grande perte» non seulement pour la Côte d’Ivoire mais aussi et surtout pour la région de Korhogo, «sa passion», selon le ministre Amadou Gon et pour le Pdci-Rda, sa famille politique. Pour la Côte d’Ivoire, cet «homme multidimensionnel» rythmait avec le transport et les affaires. «Tout le monde connaît Kassoum comme un grand opérateur économique. Dans le monde du transport, il a laissé une marque indélébile. En plus, il a noué de nombreux contacts avec de nombreux opérateurs à travers le monde entier.», a soutenu Affi N’guessan, président du FPI. «Kassoum était un homme national et international qui a tissé des relations partout à travers le monde entier», ajoute Silué Kagnon, le député de Napié.
Pour Korhogo, la mort de Kassoum est «une grande perte», relève Coulibaly Mamou, présidente de l’ong Farafina. Avec tous les investissements et tout ce qu’on lui connaît, explique-t-elle, «nous sommes tous marqués par son décès. Que Dieu nous apporte un autre Kassoum.». Et Affi de renchérir «Kassoum était un homme ancré dans la société ivoirienne. Il a contribué par ses réalisations, par sa générosité à aider les populations de cette région sur le terrain du développement économique et social. Il part donc en laissant une région éplorée. C’est une perte cruelle pour la région des Savanes.»
Au-delà de l’homme d’affaires, Silué Kagnon retient surtout sa dimension politique. «Depuis le 6 janvier, Korhogo est en pleurs. Le Pdci l’est encore plus, dans la mesure où il était notre baobab ; il était notre soutien. Il nous laisse une tâche très difficile, un grand vide qu’il sera difficile de combler. C’est pour cela que le Pdci, dans son ensemble, avec son secrétaire général à sa tête, a toujours été aux côtés de la famille et l’a accompagné jusqu’ici. Ce qui nous reste à faire, c’est de montrer davantage de cohésion dans le parti, de faire un travail collégial, sinon une seule personne ne peut réaliser ce que Kassoum a fait.» Sur le plan politique, il est admiré par Affi N’guessan pour qui «pendant cette période de crise, Kassoum est resté aux côtés des institutions de la République».
Kassoum est cet homme «multidimensionnel» par les vertus qu’il a développées autour de lui. «Kassoum, selon Amadou Gon, incarnait beaucoup de vertus. La première valeur qu’on peut retenir de lui, c’est le travail. Kassoum a montré face au monde entier ce que pourrait être le résultat du travail et de la détermination.» Ensuite, il était un homme exceptionnel, a relevé le supérieur évangéliste Toussaint Kragbé, responsable du christianisme céleste dans le Nord. «C’est depuis mon arrivée ici en 1999, raconte-t-il. Quand je l’ai rencontré pour me présenter, il m’a embrassé. En quelques minutes, je me suis rendu compte que c’est un homme exceptionnel. C’était quelqu’un. Je pense que Dieu permettra à une autre autorité de pouvoir faire comme Kassoum. Mais ce ne sera pas la même chose.» Enfin, tout le monde s’accorde à dire qu’il était généreux. Personne n’est donc étonné que ses funérailles aient une dimension nationale. «Toute l’affluence que vous voyez depuis Abidjan, c’est la traduction de tout ce qu’il a entretenu comme relations et bienfaits», relève Amadou. «La Bible dit que les actes que vous posez, on les voit. Vous voyez donc tout ce monde qui est là», a renchéri le supérieur Kragbé Toussaint.

Martial Niangoran
Correspondant régional



Repères

Partis et mouvements. Les partis politiques étaient fortement représentés. Les délégations du PDCI-RDA, du RDR, du PIT et du FPI étaient respectivement conduites par Djédjé Mady, Henriette Diabaté, Francis Wodié et Affi N’guessan. De même, une forte délégation des Forces nouvelles était conduite par son porte-parole, Sidiki Konaté.
Alliances ethniques. Les Koyaka, alliés des Sénoufo, n’ont pas manqué de traduire dans les faits cette si vieille tradition. Leur porte-parole, l’ex- ministre Koné Messemba, a réclamé un car, trois bœufs et la somme d’un million de francs. N’étant pas satisfaits, ils ont obstrué l’entrée du caveau pour éviter de se faire «doubler».
Associations islamiques. Le Conseil national islamique et le Conseil supérieur des imams étaient présents avec leurs présidents respectifs Idriss Koudouss Koné et Cheick Bouakary Fofana. Ils étaient entourés de nombreux autres imams venus des grandes villes de la Côte d’Ivoire
Délégations. De nombreuses délégations étaient présentes dont l’association des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, la famille Houphouet-Boigny conduite par les frères Banny, d’autres personnes venues du Mali, du Burkina et plusieurs chefs d’entreprise.
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