Incident lors des obsèques de Kassoum Coulibaly vendredi dernier - Les éclairages de Djédjé Mady

Pourquoi le PDCI-RDA n`a-t-il pu décorer son vice-président Kassoum Coulibaly à titre posthume le vendredi dernier ? Que s`est-il réellement passé ce jour en présence du chef de l`Etat ? Dans l`entretien qu`il a bien voulu nous accorder hier, le Secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady fait des éclairages.

M. le Secrétaire général du PDCI-RDA, vous avez conduit une importante délégation de votre parti à Korhogo où se sont déroulées les obsèques du vice-président du PDCI Kassoum Coulibaly. Comment est-ce que les choses se sont déroulées ?

Les choses se sont bien déroulées. Il y a eu la dernière cérémonie d`hommage de tous ceux qui ont accouru à Korhogo. La cérémonie a été certes longue mais elle s`est bien déroulée. Kassoum Coulibaly a été conduit à sa dernière demeure vers 17h l`après-midi.

Mais nous avons eu l`écho d`un incident qui se serait déroulé au moment où le PDCI-RDA s`apprêtait à rendre hommage au défunt à travers une décoration à titre posthume. Il semblerait que le chef de l`Etat-est opposé.

Je ne fais pas de toutes les situations des situations conflictuelles. Et il ne faut peut être pas attribuer à des personnes aussi importantes ou non importantes qu`elles soient, ce dont elles ne sont pas à l`origine. L`Ordre national a été créé par le PDCI-RDA. Les textes qui régissent l`ordre national de Côte d`Ivoire sont ceux laissés par le PDCI-RDA. Je ne crois pas que le régime FPI les ait modifiés. Au niveau d`une cérémonie, quand il y a une décoration dans l`ordre national, il n`y a pas un autre ordre qui puisse décorer. C`est le règlement, c`est comme ça. Et je ne crois pas que je puisse attribuer au Président Gbagbo le fait que le PDCI n`ait pas fait sa décoration. Le problème est au niveau des organisateurs, au niveau de la famille. Pour les hommes d`Etat que nous sommes, si nous savions qu`il était prévu une décoration nationale, nous aurions fait notre cérémonie avant. Dès le décès de Kassoum, le député Abou Nibi Coulibaly qui est le président du comité d`organisation a souhaité que le PDCI réhonore Kassoum par une autre distinction. Puisqu`il était déjà commandeur dans l`ordre du bélier. Ce que le Président Bédié a accepté. Et nous avons décidé de l`honorer au grade de grand officier de l`ordre du bélier. Nous avons donc demandé à M. Nibi Coulibaly, président du comité d`organisation où il souhaite qu`on remette cette décoration. A Abidjan à la levée du corps ? A Abidjan lorsque le PDCI rendait un hommage au défunt ? Ou bien à Korhogo ? Il a choisi l`étape de Korhogo. S`il nous avait prévenu dans son organisation que l`Etat prévoit une décoration, pour ce que nous avons été, pour ce que nous sommes, nous savons qu`aucun autre ordre ne peut être attribué au même moment où on attribue l`ordre national. Donc le problème n`est pas au niveau du protocole d`Etat ou de M. Gbagbo. Le problème est au niveau de la famille qui n`a pas su agencer, gérer les différentes propositions qui étaient faites. Même si on nous avait donné la parole après la décoration au titre de Grand officier dans l`Ordre national, nous aurions dit que le moment était inopportun. Et on ne l`aurait pas fait. Si M. Nibi Coulibaly qui est le président du comité d`organisation nous avait consulté, il ne serait même pas parti poser la question au Président Gbagbo. Puisqu`on l`a vu aller poser la question au Président Gbagbo après la décoration faite par le Grand Chancellier. On lui aurait dit que ça ne se fait pas. Il est allé lui poser la question et il lui aurait répondu " comme on vient de le décorer dans l`ordre national, si vous voulez, vous ferez la décoration dans l`ordre du bélier au caveau. Il a été poser cette question au Président Gbagbo sans notre avis. S`il nous avait consulté, il ne lui aurait pas posé la question. Donc nous nous sommes trouvés devant cette mauvaise gestion des cérémonies par la famille. Nous avons compris qu`on ne pouvait pas à ce même endroit décerner un ordre à côté de l`ordre national.


Qu`avez-vous fait alors de la médaille prévue pour le défunt?

Cela dit, nous avons laissé le président Ouassénan Koné qui doit aller aux cérémonies du 7e et 40e jours ce dimanche, (NDLR : hier) le soin de remettre à la famille en ce moment là la décoration que le PDCI-RDA avait décidée d`attribuer à M. Kassoum à titre posthume.


Il nous est revenu que ce qui a effarouché les uns et les autres, c`est le fait que le chef de l`Etat ait demandé au PDCI de faire sa décoration au caveau. Est-ce votre avis ?

Vous poserez la question à ceux que ça a effarouché. Quand on m`a donné cette information, moi j`ai dit que je n`entendais pas aller déposer la décoration au caveau. J`ai dit que je ne ferai pas la cérémonie à l`endroit qu`il a indiqué. Puisqu`il y a une dernière cérémonie qui devrait se dérouler ce dimanche (Ndlr:hier), nous avons choisi celle-là. Nous avons demandé au président Ouassénan Koné qui doit aller représenter le parti pour les sacrifices du 7e et 40e jours, de remettre les dons du parti et la décoration à titre posthume à la famille.


A vous entendre, il n`y a pas eu d`incident à proprement parler ?

Qu`est-ce que vous entendez par incident ? Je viens de dire qu`il y a une mauvaise gestion du programme par la famille. Si le PDCI avait su que l`Etat ferait une décoration dans l`ordre national qui est l`ordre au-dessus de tous les ordres, il aurait fait sa décoration bien avant. Au moment où on donne l`ordre national, en ce moment-là, on ne peut pas donner un ordre particulier. C`est une question d`éducation civique. Ce n`est donc pas par rapport à quelqu`un. Je n`appelle pas cela un incident. Ce qui est fâcheux, c`est que la famille n`ait pas géré correctement toutes les interventions qui devraient se faire. Si la famille nous avait prévenu pour dire qu`à Korhogo il y a l`Etat qui procéderait à une décoration, nous ne nous sérions pas attendu à remettre notre décoration en ce moment-là. On aurait trouvé un autre moment comme on l`a trouvé maintenant. Je ne considère pas ça comme une situation conflictuelle, scandaleuse, qui devrait nous amener à lever les bras au ciel comme si nous-mêmes, ayant géré ce pays, nous ne savons pas le minimum de règles par rapport à l`ordre national.

Entretien réalisé par
Akwaba Saint Clair