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Politique Publié le lundi 2 février 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Départ annoncé des forces impartiales - "Les Ivoiriens doivent montrer leur capacité à organiser des élections apaisées"

Enrôlement, identification, unicité des caisses, réunification du pays, avenir des com`zones, départ des forces impartiales, grèves dans l`éducation, Le président de l`Union des nouvelles générations a donné la position de son parti au cours de l`émission d`ONUCI FM, dénommée «La semaine en revue». La CEI tient à mettre fin à l`enrôlement le 28 février, la CNSI juge cette date incertaine. Quelle est la position de l`UNG sur cette question ?
Je voudrais féliciter la CNSI pour avoir tenu compte des difficultés que rencontrent le processus d`identification et de recensement électoral. Concernant la date du 28 février, nous avions déjà dit que vu les difficultés sur le terrain cette date était difficilement tenable. La CEI avait déjà prévu la fin de l`opération le 15 janvier dernier. Après, nous sommes passé au 28 février. Je pense que la CEI doit tenir compte des avis de la CNSI et des acteurs politiques. On ne peut pas passer cinq mois à identifier trois millions d`Ivoiriens et, sachant qu`il y a huit millions d`Ivoiriens à identifier, espérer identifier les cinq millions restant en un mois, parce que l`Etat a débloqué quatre milliards. La CEI doit revenir à de meilleurs sentiments et permettre à tous les Ivoiriens de se faire enrôler. Pour cela, la CEI doit mettre la pression sur la Sagem et non sur les Ivoiriens.
Il faut tout de même une date butoir
Il ne faut pas mettre un terme à l`identification. Le rôle d`un état c`est d`identifier ses habitants. Il ne faut pas confondre l`identification et l`enrôlement. On enrôle en vue des élections. Il faudra bien entendu arrêter cette opération pour aller aux élections. Mais, l`identification doit se poursuivre. Quelle doit être , selon vous, la date de fin de l`enrôlement?
Ecoutez, nous ne sommes pas l`opérateur technique. Nous voulons certes aller aux élections, mais y aller avec des listes propres où seront inscrits tous ceux qui y ont droit, de sorte à éviter une autre crise.
Le débat autour du 28 février a éclaté par communiqués interposés. Alors la sortie de la CNSI peut-elle être considérée comme une trahison ?
La CNSI est bien la Commission nationale de supervision de l`identification.. Quand elle se rend compte que l`identification va mal, son rôle est de prendre son courage et dénoncer les problèmes. Et, c`est ce qu`elle a fait. On a l`impression d`un éternel recommencement dans l`éducation où les promesses rattrapent le gouvernement
Le gouvernement a fait des promesses aux enseignants l`an passé, en précisant que la situation du pays ne permettait pas de satisfaire toutes les revendications. Malheureusement, les élections du 30 novembre n`ont pu se tenir. A partir de ce moment, il est difficile de prendre en compte toutes ces revendications. Le chef de l`Etat que vous avez décidé de soutenir, depuis votre convention de Yamoussoukro soutenez, affirmait dans l`opposition qu`il suffisait de 10 milliards pour régler les problèmes de l`école. Avec les grèves qu`on voit aujourd`hui, le problème de l`école n`est-il pas finalement plus profond ?
Je ne peux pas répondre à ce que le président Gbagbo a dit lorsqu`il était dans l`opposition, parce que je ne suis pas Laurent Gbagbo. Je peux cependant dire qu`il faut une réforme globale du système éducatif. En même temps, il faut savoir que les problèmes de l`éducation ne peuvent pas être résolus dans un pays dont la situation politiquement instable. Toutes les revendications par voie de grève sont légitimes. Est-ce cependant, le moment de faire des revendications, alors que nous sommes en face d`un gouvernement politique ? Un gouvernement technique ne peut pas régler les problèmes techniques, Réglons le problème politique par la tenue des élections. Après quoi, nous pourrons attaquer les problèmes techniques. Nous pensons qu`il faut appeler les Ivoiriens à une trêve sociale. Il faut éviter qu`on nous donne encore l`argument de tous les remous sociaux pour justifier la non tenue des élections. Allons y aux élections et
installons un gouvernement capable de s`attaquer aux problèmes techniques.
Les syndicats et les organisations de la société civile sont-ils obligés d`avancer au rythme des politiques qui traînent le pas?
Nous sommes dans la mise en œuvre de l`accord politique de Ouagadougou…
L`accord était prévu pour 10 mois, nous sommes à deux ans maintenant
Nous sommes certes à deux ans. Mais, nous notons que c`est l`accord qui a eu le plus d`avancées. L`accord a notamment fait avancer la réunification et le redéploiement de l`administration. Cet accord est donc entrain de faire son petit bonhomme de chemin. Nous sommes pressés, mais ne confondons pas vitesse et précipitation. Si nous nous précipitons pour aller aux élections, les risques seront très grands. Certes, certains politiques traînent les pas, parce que la situation actuelle leur profite. Mais, nous devons faire bloc derrière le chef de l`Etat et le Premier ministre pour nous sortir de cette situation de crise.
Pourtant, les derniers chiffres montrent qu`un Ivoirien sur deux est pauvre
Un ivoirien sur deux est pauvre, mais malgré cette crise, la Côte d`Ivoire a toujours payé ses fonctionnaires et elle continue de tenir ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale. La situation n`est certes pas bonne, mais elle n`est pas pour autant désespérée. La Côte d`Ivoire est sur la bonne voie. Il nous appartient donc de soutenir notre pays pour que nous allions aux élections.
Quel sort doit-on réserver aux com`zones, après le redéploiement de l`administration ?
Ecoutez, le sort des com`zones n`a pas à être traité à part. La question est de savoir quel sort réserve-t-on à tous ces Ivoiriens qui sont au chômage, qui ont tout perdu à cause de cette situation de crise. La question doit être réglée de façon globale. Encore une fois, je tiens à faire remarquer qu`on ne pourra régler ces problèmes qu`une fois sorti de la crise par les élections.
Alain Lobognon, le conseiller spécial du Premier ministre affirme que les com`zones doivent réintégrer l`armée. Qu`en pensez-vous ?
L`annexe 4 de l`accord complémentaire de Ouaga a traité de la question. Il est prévu l`intégration dans l`armée nouvelle de 5000 éléments des Forces nouvelles. Je crois que si les protagonistes, en qui les Ivoiriens ont cru, ont fait cette proposition, alors nous devons encore faire ce sacrifice. Nous avons tourné la page de la guerre donc on ne peut pas pour des raisons personnelles revenir en arrière..
Selon Alain Lobognon, les textes, en cours d`élaboration, sur la question des grades doivent être consensuels. Qu`est ce qui pourra mettre tout le monde d`accord ?
Vous me donnez là l`occasion de revenir sur certains propos du conseiller spécial du Premier ministre. Il n`a pas été dit que le calendrier de passation des charges entre le corps préfectoral et les com`zones doit être connu le 2 février. La passation de charges, selon Ouaga 4, qui était prévue pour le 15 janvier, a été reportée au 2 février pour permettre à toutes les parties de mettre en place leurs programmes de sensibilisation. Donc, le 2 février, il doit avoir passation de charges. Les textes sont certes en cours d`élaboration, mais ne prenons pas de décisions politiques qui pourraient créer d`autres problèmes. Je ne peux pas me prononcer sur la question des grades, alors que le décret devant régler les problèmes n`a pas encore été pris.
On accorde les grades Soro ou pas ?
Le problème n`est pas celui des grades. La question est de savoir s`ils sont prêts à réintégrer l`armée. Parce qu`en réalité, il y a plusieurs catégories de personnes parmi eux. Il y a ceux qui étaient dans l`armée avant la crise et ceux qui sont venus dans les Forces nouvelles. Je ne crois pas qu`on mette à l`écart ceux qui étaient déjà militaires. Les autres peuvent s`ils remplissent les critères, être pris dans l`armée. La Côte d`Ivoire a besoin de gendarmes, de policiers et de militaires.
La volonté des Forces nouvelles de voir les agents de la Centrale intégrer à la fonction publique peut-elle constituer un frein à l`unicité des caisses ?
C`est un souhait. Je ne panse pas que ce soit une exigence. Avant 2002, l`Etat de Côte d`Ivoire était administré. Avant 2002, ce qu`on appelle les zones CNO étaient administrées. Certains Ivoiriens ont fait un travail pour ne pas laisser mourir ces zones. Je crois que la proposition du ministre Dosso Moussa prend en compte les conditions d`entrée à la fonction publique. Encore que, là n`est pas le vrai débat. Le vrai débat, c`est l`unicité des caisses. Il faut uniformiser les impôts, les taxes, le prix du carburant, il faut accepter le retour de la douane sur tout le territoire pour mettre un terme à cette situation de double vitesse. Aujourd`hui, on parle de manque de financement. Eh bien, chacun doit comprendre qu`on ne peut pas continuer à financer le processus de sortie de crise sur les seules recettes d`une partie de la Côte d`Ivoire. Donc, la priorité n`est pas l`intégration de ceux qui ont géré en zone CNO, mais plutôt
l`unicité des caisses de l`Etat. Sur la question, je voudrais, une fois n`est pas coutume, saluer le Premier ministre qui semble cette fois bien déterminé à prendre le taureau par les cornes et rendre la mesure vraiment effective. Nous avons vu pendant longtemps des actes symboliques. On a vu le ministre de l`Economie et des Finances à Ouangolo, brandir une pancarte sur laquelle on pouvait lire «Halte douanes ivoiriennes». Après tous ces symboles, nous attendons l`effectivité de l`opération le 2 février, dans l`intérêt de notre pays.
Selon le bureau des Nations unies pour l`appui aux projets et services (UNOPS), 67 665 registres sont concernés par l`opération de reconstitution des registres lancée récemment. Ce chiffre vous semble-t-il raisonnable ?
Ecoutez, ce chiffre, semble-t-il, a été fourni sur des bases techniques. Nous pensons que c`est dans la moyenne.
Les politiques semblent divisés sur la reforme de l`état civil. Etes-vous favorable à une reforme en profondeur de l`état-civil en Côte d`Ivoire ?
Effectivement, notre état-civil doit être revu. A l`UNG nous avons déjà engagé une réflexion sur le sujet. Je pense qu`il faut faire en sorte que le ministère de l`Intérieur veille sur ce qui se passe dans les mairies. Il faut éviter que n`importe qui puisse délivrer des extraits de naissance. De façon générale, une reforme même de l`administration qui s`impose. Je suis convaincu qu`un état-civil reformé nous permettra d`éviter les cas de fraude à n`en point finir.
Quelle lecture faites-vous de la volonté de la France de réduire l`effectif de ses militaires en Côte d`Ivoire ?
Ca montre bien que l`accord politique de Ouagadougou (APO) marche. S`il ne marchait pas, on n`aurait pas réduire l`effectif des forces impartiales. Le peuple ivoirien a eu raison de soutenir l`APO. Et nous devons poursuivront notre soutien à l`APO jusqu`au retour définitif de la paix, parce qu`au fur et à mesure qu`on avance vers la paix, l`effectif des forces impartiales ira en se réduisant. C`est dans notre intérêt de faire preuve de maturité, en trouvant des solutions de sortie de crise qui marchent et qui donnent des résultats concrets. Je salue le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies qui a fait un rapport reflétant la réalité sur le terrain. Je crois que c`est ce qui a permis au Conseil de sécurité de décider de la diminution des effectifs des forces impartiales.
Certains pensent qu`il fallait maintenir les effectifs des forces impartiales en l`état jusqu`aux élections
Les maintenir pour quoi faire ? Ce ne sont pas les forces impartiales qui organisent les élections en Côte d`Ivoire. Si nous avons eu la maturité de mettre en place une Commission électorale indépendante dans laquelle siègent tous les partis politiques, si nous avons pu initier le dialogue directe et créer un cadre de règlement des contentieux, ça signifie que nous sommes capable de conduire la Côte d`Ivoire vers une sortie effective de la crise. Ne rentrons pas dans les débats de la supervision internationale. Nous avons dépassé cette étape là. Il s`agit maintenant pour les Ivoiriens de montrer leur capacité à poser d`avantage d`actes de maturité en vue de parvenir à des élections apaisées.
Pensez-vous qu`on peut avoir des élections apaisées, sécurisées par les FDS ?
Nous aurons des élections apaisées. Nous aurons des élections sécurisées par les FDS avec l`appui des forces internationales qui sont encore présentes. Mon souhait, en tant qu`acteur politique, c`est que les forces internationales s`impliquent en tant qu`observateurs. Organiser des élections est un acte de maturité pour un pays. Les ivoiriens sont matures et ils vont le montrer en réussissant les élections.
Selon les FN, les 2000 policiers, affectés dans les zones CNO devront travailler sous l`autorité du CCI et non du ministère de l`intérieur. Comprenez-vous cela ?
Les 2000 policiers ne pourront pas travailler sous l`autorité du CCI. Il faut de la bonne foi dans l`application de l`accord qui est entrain de nous conduire à la paix. Le redéploiement des policiers signifie qu`ils vont occuper les places qu`ils occupaient avant. Arrêtons de voir la mixité partout. Il ne s`agit pas d`unifier deux pays. Il y a eu une crise dans un pays. Une solution y a été trouvée et donc il s`agit de redéployer l`administration d`avant la crise. Est-ce le CCI ou le ministère de l`intérieur qui commandait les policiers avant la crise ? si c`est le ministère de l`intérieur, alors il nous faut revenir dans la situation d`avant le 19 septembre 2002. Voila la réalité. Il faut donc arrêter de tordre le cou aux accords, appliquons les plutôt avec franchise et bonne foi.
Que faire donc de tous ceux qui avaient en charge la sécurité dans ces zones ?
L`APO a pris cet aspect en compte. Je parlais tantôt de l`intégration de 5000 éléments des FN dans les FDS…
Cela sera fera après les élections
Nous ne savons pas encore. Je voudrais dire qu`ils pourront travailler partout, pas forcément à Bouaké. Ils peuvent intervenir à Abidjan, à Bouaké ou encore à Ouéllé. L`important c`est le redéploiement de l`administration. Et, nous disons que s`il y a présence de préfets, c`est qu`il faut des magistrats, des officiers de police judiciaire (OPJ). Tout va ensemble. On ne peut donc pas redéployer une partie de l`administration, sans redéployer l`administration militaire. Il ne s`agit pas forcément de trouver une solution aux problèmes des autres, parce qu`on procède actuellement au redéploiement des policiers. Nous avons pris la décision d`aller à la paix et nous y parviendrons par l`application pleine et entière de l`APO.

Propos retranscrits sur
ONUCI FM
par Faustin Yao K
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