x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mercredi 4 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Pourquoi le FPI ne peut plus diriger la Côte d`Ivoire - Les grosses révélations du Pr Hubert Oulaye

La récente convention du FPI qui s'est déroulée les 26-27-28 février 2004 a-t-elle tenu toutes ses promesses ? A cette interrogation, nombre d'observateurs avertis répondront par l'affirmative. En effet, au-delà de l'affaire LIDA (qui est un conflit interne de lutte d'influence au sein du FPI), affaire qui, par ailleurs, a failli noyer le thème même de cette rencontre, nous avons eu droit à des confessions tout aussi intéressantes que capitales.

S'il est vrai que l'affaire LIDA nous concerne en ce qu'elle touche à la gestion d'un secteur aussi vital que la défense et surtout à la guerre qu'a connue notre pays depuis le 19 septembre, force est de constater que le bilan à mi-parcours du FPI après trois années d'exercice du pouvoir (thème principal de la Convention) présenté et dressé par les différents organes du parti est révélateur de l'esprit de ceux qui nous gouvernent depuis le coup d'Etat de décembre 1999.
Ecoutons plutôt les propos d'un des nombreux journaux (le journal n°220 du 28-29 février 2004). Pourtant très proche du cercle des refondateurs :


Un bilan mitigé de la gestion du pouvoir

Là où bon nombre de militants FPI jugent avec satisfaction l'exercice du pouvoir par leur parti, le président du comité de contrôle pense qu'il faut relativiser. Pour lui, tout n'est pas aussi beau qu'on pourrait le penser. La preuve en est que le professeur OULAYE reconnaît avec beaucoup de courage et de mérite que le parti au pouvoir a péché par la non préparation de ses membres à la gestion du pouvoir. Cela aurait pu être corrigé par les séminaires, colloques et autres ateliers de formation. Mais le parti n'a rien fait. Les faiblesses ont aussi pour nom, l'absence de directives dans la gestion du pouvoir, la frustration des militants à l'endroit desquels il n'existe aucune stratégie de promotion. Hubert OULAYE résume l'explication de ce revirement de situation chez les leaders du FPI depuis l'avènement de leur parti au pouvoir par l'affairisme qui a gagné les uns et les autres. Le FPI tendant à confondre le parti et l'Etat. Ce qui fait dire à Hubert OULAYE que "l'Etat a bu le sang du parti".

Ces aveux de poids et de taille qui sont relevés dans les rapports du président du parti et du secrétaire général nous inspirent les remarques suivantes :

1) Le FPI n'était point préparé pour diriger la Côte d'Ivoire. Ce n'est un secret pour personne que la Côte d'Ivoire, locomotive de la sous-région, n'a occupé cette position que parce qu'à sa tête, il se trouvait des hommes et des femmes aguerris à l'expérience de la vie. Ces derniers étaient plutôt des hommes de terrain avec à leur tête un homme, Félix HOUPHOUET-BOIGNY, plus paysan (c'est-à-dire homme de terrain) qu'intellectuel, plus homme d'Etat que politologue c'est-à-dire théoricien de la politique. N'oublions pas que l'homme a participé à plusieurs gouvernements français, ce qui lui a permis de faire la part entre le discours du pouvoir (empreint de démagogie) et le discours d'Etat (proche de la réalité). N'est-ce pas cela la vraie formation ?
Cette dimension de l'homme va déteindre sur ses pairs qui, dès lors, se détourneront des grandes théories et des idéologies fascinantes venues de l'Occident pour s'investir dans l'école de la vie. L'expérience, dit-on, n'est-elle pas le bâton des aveugles ? Ce n'est donc pas sans raison que la Côte d'Ivoire, la benjamine des colonies françaises de l'Afrique de l'Ouest, se retrouvera à la tête du peloton : 1er producteur de cacao, 3e producteur de café (jusqu'au coup d'Etat), pays de l'Afrique de l'Ouest disposant d'infrastructures modernes (réseaux routiers, ports, aéroports, etc.) pays de l'Afrique de l'Ouest caractérisé par un PNB élevé etc.... Mais le plus significatif de cette politique réaliste se trouve être l'investissement humain de qualité et de quantité à nulle part égal en Afrique, et ceci, grâce à une politique scolaire exemplaire.
Oui, HOUPHOUET venait de tracer les sillons de la Côte d'Ivoire :
un pays plus pragmatique qu'idéologique. Cette vision politique, HOUPHOUET l'a tirée de l'expérience de la gestion publique qui lui a été enseignée que partout où l'idéologie était mise en avant c'étaient le chaos, la misère, la guerre, la pauvreté, le retard économique etc....
Les exemples tout près de nous comme ailleurs ne manquent point.
Les confessions courageuses du Professeur OULAYE ne donnent-elles pas raison au PDCI, parti nourri à la sève de l'houphouétisme et qui a garanti au pays près de quarante années de stabilité, de prospérité et surtout de paix avec à la clé le bonheur partagé pour tous ?
Trois années seulement de gestion du FPI ont suffi pour que s'installent la guerre, la pauvreté généralisée et par voie de conséquence la régression.


2) Le FPI : c'est plus d'idéologie que de pragmatisme

Si les principaux responsables du parti ont égrené les maux qui minent leur gestion du pouvoir, ils n'ont cependant pas proposé les remèdes appropriés pour y remédier. Du moins les esquisses de solutions avancées par le président du comité de contrôle nous paraissent trop simplistes parce que empreintes de naïveté et cousues de contradictions.

On ne gère pas un Etat comme la Côte d'Ivoire comme on gère un syndicat ou une ONG. Les séminaires, les colloques ou les ateliers de formation peuvent-ils remplacer l'expérience du terrain ?

C'est la preuve que le FPI n'était pas préparé contrairement aux nombreuses professions de foi, à diriger la Côte d'Ivoire. Car la gestion d'un pays se prépare avec des hommes compétents et au fait de la gestion publique. Or le FPI a toujours refusé de participer concrètement à l'expérience gouvernementale malgré les nombreuses sollicitations depuis les présidents HOUPHOUET et BEDIE. Comment peut-il se plaindre (OULAYE) de ce que le parti n'ait point accordé un intérêt à la formation des hommes ? Honnêtement, entre les nombreuses marches de protestation et les innombrables meetings de contestation, de quel temps pouvait objectivement disposer le FPI pour se consacrer à la formation encore moins à entrer dans un gouvernement ? Et pourtant reconnaissons-lui le mérite d'avoir formé des hommes et des femmes et particulièrement la jeunesse universitaire à la violence et à la défiance. Quoi de plus normal que ce parti soit aujourd'hui amené à naviguer à vue tels des naufragés qui ont du mal à retrouver leur repère, leur repaire. Toute alternance politique qui survient sans un minimum d'expérience des acteurs et surtout sur fond de rancœur et de vengeance tribale ne peut que conduire au pire, c'est-à-dire, au chaos. Là encore, malheureusement, nous avons un exemple sous nos yeux.

Fort heureusement, l'opposition sénégalaise l'a si bien compris qu'elle s'est faite violence pour éviter l'aventure à leur pays. De sorte que, l'alternance aujourd'hui dans ce pays jouit du sceau de la continuité responsable parce que animée par des hommes et des femmes d'expérience et réalistes (nombreux sont ceux qui ont déjà une expérience de l'action gouvernementale ou de la gestion). Les grandes et belles théories qui sanctionnent généralement les séminaires, les colloques et les ateliers peuvent-elles remplacer ces hommes et ces femmes de terrain pétris d'expertise qui, pour des raisons idéologiques, ont été écartés de la gestion au lendemain de l'arrivée au pouvoir des refondateurs ? N'oublions pas que parmi ces cadres remerciés, certains n'appartiennent à aucune chapelle politique. Le slogan selon lequel le choix des responsables doit être basé, non sur la compétence, mais plutôt sur la confiance n'explique-t-il pas cet état de fait ? Quel gâchis !

Le rapport mentionne également parmi les griefs la "frustration des militants à l'endroit desquels il n'existe aucune stratégie de promotion". Mais de quoi parle OULAYE ? N'est-ce pas parce que l'on a préféré certains cadres vivant à l'extérieur pour la plupart et coupés des réalités du pays à des milliers d'hommes et de femmes de terrain ?

N'est-ce pas le contraire de ce qu'il vient d'affirmer plus haut ? N'est-ce pas parce que la promotion des militants, pourtant sans formation, ou insuffisamment formés, a été trop bien assurée que nous sommes dans cette situation ? N'est-ce pas parce que l'on a privilégié le militantisme au détriment de l'expertise que de nombreux cadres formés pourtant à grands frais par l'Etat de Côte d'Ivoire ont été écartés, oubliés ?

Le mérite du Professeur OULAYE aurait été plus grand s'il avait relevé cet état de choses à la base de tout le malheur qui s'abat aujourd'hui malheureusement sur tous les Ivoiriens et non seulement sur les militants du FPI. Le PDCI, dans sa gestion, n'a pas fait de discrimination en fonction de l'appartenance ethnique ou idéologique. La promotion de l'Ivoirien et non du camarade de parti était sa préoccupation majeure (comme l'atteste d'ailleurs le nombre de cadres dont regorge notre pays).

Mais dans quelle république sommes-nous ?

Le FPI doit, avant toute accusation, s'en prendre à lui-même ; les récriminations contenues dans le texte d'orientation de la Convention indexant le PDCI ne sont qu'une fuite en avant, une fuite de responsabilité.

Quoi de plus étonnant si l'affairisme, comme le confesse le président OULAYE, a pris le pas sur la gestion ? Ce constat n'est que la conséquence logique du choix des hommes et des femmes "triés sur le tas" sans formation politique, sans expérience de la gestion du bien public qui, pour la plupart, par pur opportunisme, ont débarqué fraîchement au parti sans aucune culture de gauche.

N'oublions pas que le parti a connu à un moment donné une véritable saignée avec le départ de nombreux cadres, tous des hommes de conviction, des hommes dotés d'une grande culture politique et qui ont porté le parti sur les fonts baptismaux. La nature ayant horreur du vide, très vite, ce vide a été comblé par des militants qui ne le sont que de nom.

Sûrement que le Professeur OULAYE, homme intelligent, en dressant cette critique, visait à apaiser le mécontentement de certains militants oubliés dans le partage du gâteau. C'est ce que corrobore le bilan dressé quant à la gestion du parti.

"Les militants sont aux abois et pour cause, de la tête à la base, il est noté un déficit criard de communication. Le comportement des cadres et élus du FPI a été fustigé. Il leur est reproché leur népotisme et l'attitude méprisante qu'ils affichent vis-à-vis de ceux qui, par leur lutte à la base, leur ont permis d'accéder aux postes de responsabilités qu'ils occupent. A telle enseigne que même au sein des structures du parti comme le secrétariat général, c'est la léthargie." (Le journal n°220 du Samedi 28 à Dimanche 29 p. 1)

Pouvait-il en être autrement ? La course à l'enrichissement n'est-elle pas le propre de tout opportuniste qui ne croit qu'en lui et en rien d'autre ? Face à une telle voracité (tels des vautours affamés) peut-on alors s'étonner, à moins d'être naïf ou de bonne foi, comme c'est le cas du Professeur OULAYE, de ce qui arrive aujourd'hui à notre pays ?

Le fait de négliger le parti par le refus de contribuer à son financement n'est-il pas la preuve par mille que les militants croient moins en leur parti (à les faire sortir de la misère) qu'en la capacité du chacun pour soi et du dieu pour tous. Que peut-on attendre d'autre de la part d'hommes et de femmes, sans conviction, et qui n'avaient jamais imaginé, même en rêve, être un jour aux affaires ? Le pouvoir tel un tourbillon de vent leur aura fait perdre la tête de sorte que là où il faut la patience, ils ont opposé la précipitation et, là où il fallait l'humilité et la pondération, ils ont fait preuve d'arrogance et de suffisance.

Quoi de plus logique que nous en soyons arrivés là ?

Pourtant quand sonnera l'heure du bilan, il faudra rendre compte, cette fois-ci, non plus à ses militants mais au peuple tout entier. La tâche ne sera pas du tout aisée pour le chef de l'Etat qui, en ce moment-là, se retrouvera tout seul à assumer la responsabilité. Mais ici encore, nous pouvons compter sur la versatilité de l'homme. C'est donc à juste titre que le journaliste, à propos des élections de 2005, conclut en ces termes :

"Que de problème donc au sein du parti dont AFFI N'Guessan tient les rênes et qui espère se maintenir au pouvoir à l'issue des élections générales de 2005 en gardant non seulement le fauteuil présidentiel mais aussi en donnant à Laurent GBAGBO une majorité confortable à l'Assemblée Nationale. Sans être une gageure, cela apparaît comme une entreprise titanesque au vu du sombre tableau qui précède".

Nous laissons les électeurs tirer les conclusions qui s'imposent. Pour notre part, retenons que lorsque des responsables d'un parti n'arrivent même pas à convaincre leurs propres militants et donc à se convaincre du programme qu'ils ont eux-mêmes élaboré, comment peuvent-ils convaincre tout un peuple ?

KOFFI Désiré
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ