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Politique Publié le mercredi 4 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Après la tournée du président Bédié dans le Sud-Comoé en janvier - Le ministre Guikahué fait le point : "On ne sait pas pourquoi Gbagbo s`est assis au palais" - "Koulibaly s`amuse. Achi Patrick n`a pas nommé Gossio au Port"

Le ministre Kakou Guikahué était l`une des chevilles ouvrières de la récente tournée politique du président Bédié dans le Sud Comoé. Le succès éclatant lui a procuré beaucoup de joie mais le secrétaire général adjoint chargé de la Mobilisation et de l’organisation du PDCI-RDA a la tête sur les épaules. Dans cette interview accordée à " Le Nouveau Réveil", le ministre Guikahué fait le point, critique et entrevoit les perspectives électorales. Il donne également son point de vue sur l`opinion du président Mamadou Koulibaly qui tend à dédouaner Gbagbo et son regime par rapport aux actes de gouvernements.

Le président vient de faire une tournée qui rassure davantage les militants et en même temps inquiète ses adversaires. Quel bilan faites-vous au terme de cette grande tournée à succès ?

Je suis heureux que vous-même, vous qualifiiez cette tournée de succès. Elle répondait à un certain nombre d`objectifs. Vous savez très bien que le président Bédié a commencé sa tournée depuis le mois de septembre 2007 par Dabou. C`était des meetings isolés. En avril 2008, nous avons tenté une expérience en allant à Soubré. Le président a fait des escales sur la route à l`aller et au retour. C`est à partir de la Vallée du Bandama où, au lieu d`aller dans un département et revenir, nous avons décidé de rester sur place et de tourner partout dans la zone. Les meetings se tenaient dans les chefs-lieux de département. Nous avons fait la même fête pendant sept jours. Nous avons ajouté un jour à partir de la région des Lacs. La particularité de la région du Sud Comoé, c`est que le président a fait beaucoup plus de jours : onze en tout. Ce qui nous rapproche des quinze jours légaux de campagne électorale. Il y avait un objectif d`entraînement en trois points : d`abord, l`endurance. Etions-nous capables de terminer tous les meetings ? Cela a été fait et le président a suivi son programme comme il avait été prescrit, sans modification ni retard. Toutes les étapes ont été franchies. Il a pris la parole au moins quarante fois lors des grands meetings. Il y a eu aussi des arrêts sur la route et, chaque fois, il prenait la parole. Nous avons testé nos capacités logistiques avec l`équipe disponible au niveau de l`organisation en allant dresser les bâches dans tous les lieux. Nous avons vécu avec les journalistes et apparemment, il n`y a rien eu de particulier. C`est-à-dire que, nous avons fait et réussi un entraînement grandeur nature de la campagne électorale. Nous pensons que nous pourrons faire facilement notre campagne électorale. Nous allons faire des réglages. Nous en avons les moyens humains, logistiques et les gens pourront tenir. La tournée a été vraiment une réussite parfaite. Il n`y a pas eu d`accrochage, ni d`accident encore moins de blessés. En tout cas, tout s`est bien terminé.

C`est vrai que la tournée suscite engouement, ferveur et mobilisation. Mais il y a l`aspect message, le français que le président Bédié parle dans ses discours est-il compris par tous les militants ?

Oui, le président Bédié a commencé à adopter un ton de campagne. Il ne fait pas de slogans. Mais le discours, de par sa construction, est classique. Son baromètre : l`applaudimètre. Dès qu`il arrive, il rappelle l`histoire de la région. Je pense que c`est le seul homme politique capable de faire cela parce qu`il a vécu l`histoire de la région. En plus, il cite les grandes figures. Chose qui fait plaisir aux populations présentes. Puis il fait maintenant une analyse critique de la gestion du FPI comparée à ce que nous avons fait par le passé. Et il termine par des perspectives et des propositions. Donc le discours est classique. Pour que le message passe, à tous les niveaux, nous le traduisons en langue locale. Selon l`importance des communautés des autres régions, nous faisons une traduction pour ces dernières également. Après, comme la population réagit très bien alors le message est passé. Ce n`est pas vulgaire mais judicieusement simplifié pour que beaucoup de personnes comprennent.


Justement à propos d`endurance, vous savez qu`il est le doyen de tous les candidats et donc il doit être ménagé…

C`est-à-dire ? Ménager comment ?


Ménager ses efforts par rapport au soleil, aux mouvements pour éviter ce qui peut être considéré l`incident à polémique de Tiapoum. Il a montré certainement l`endurance mais aussi des signes de fatigue ?

Oui ! Mais ce qui est arrivé n`est pas lié à son âge. Le vertige, cela peut arriver à quelqu`un de vingt (20) ans, ce n`est pas une affaire d`âge. Il l`a expliqué lui-même. Même les bébés connaissent ces coups de chaleur. Ça peut arriver à tout le monde. Ce n`est pas dû à l`âge. Moi, je pense que le programme auquel on a soumis le Président était dur comme un entraînement. Mais, il a tenu. Vraiment, nous sommes très heureux parce que nous savons aujourd`hui sa capacité d`endurance.

Les journaux proches du pouvoir ont voulu exploiter l`incident à partir de vos arguments propres. Vous avez parlé de trébuchement tandis que le Pr Djédjé Mady parlait de malaise.

Il n`y a pas eu d`arguments différents dans le fond. J`avais dit que lorsque le président a fini son discours, il a dit "Je vous remercie", il a dû esquisser un geste. Il a expliqué lui-même qu`il a fait un vertige. Et en même temps il a failli s`affaler. Mais on l`a aidé à s`asseoir. Pour l`asseoir, on n`a posé aucun geste de réanimation. Il n`y a pas eu de contradiction majeure. Donc, je pense que ce sont les journalistes qui veulent toujours créer la polémique.

Les gens ont dansé au palais, paraît-il. Comment réagissez-vous par rapport à cette information ?

Moi, je voulais dire que les gens doivent faire très attention parce qu`il y a un proverbe qui dit : "Tant qu`on n`a pas traversé la rivière pour être de l`autre côté de la rive, on ne se moque pas de celui qui se noie". Il y a eu un incident, mais la campagne n`a pas encore débuté. Et on ne sait pas le niveau d`endurance de chaque candidat. Ceux-mêmes qui jubilent, doivent être prudents, ils doivent savoir raison garder. La dernière fois à la présentation des vœux, c`était une cérémonie retranscrite en direct par la télévision. Nous avons tous vu. Les gens ont été obligés de couper le rang des Ambassadeurs, de fermer toutes les portes, de faire asseoir le président Gbagbo pendant cinq minutes avant de reprendre la présentation des vœux. Même, Houphouët-Boigny, malgré son âge, ne s`est jamais assis. Il n`a jamais interrompu une cérémonie pour s`asseoir. Même Bédié, quand il était président, ne s`est jamais assis. Alors, ils doivent faire attention. Si Gbagbo a été obligé de s`asseoir, c`est parce qu`il n`était pas bien. Donc, faisons très attention ! Car ce qu`ils souhaitent aux autres peut leur arriver. Mais, je pense que c`est dommage que certains aient cet esprit de nécrophagie. On ne doit pas se réjouir du malheur d`autrui. Tout le monde est humain. On peut avoir dix ans et mourir. Un nouveau-né peut mourir alors que quelqu`un peut atteindre 130 ans avant de mourir.

Le Pdci est le parti qui mobilise le plus dans les zones rurales aussi bien qu`urbaines. Est-ce que la ferveur qui anime les militants pendant les tournées du président Bédié lui donne le statut de favori dans la course au pouvoir ?

Je pense que "Le Nouveau Réveil" a fait oeuvre utile dans cette tournée du président Bédié. Car au fur et à mesure qu`on avance, on améliore l`organisation. Pour la première fois, après une tournée, vous avez donné la parole à un vice-président en l`occurrence Aka Aouélé. Et il a attiré l`attention de tous pour dire que le passage du président Bédié devrait servir de catalyseur au travail fourni sur le terrain. Cela veut dire que partout où le président Bédié passe, les responsables politiques de la zone doivent capitaliser les acquis. Si le président Bédié passe et que vous allez l`applaudir sans que vous ne figuriez sur la liste électorale, cela veut dire que vous ne servez à rien.

Récemment, le président Koulibaly a dit que ce gouvernement n`est pas celui du FPI, mais un gouvernement national. Donc tout ce qui est au passif du FPI est également imputable aux autres partis politiques qui siègent au gouvernement. Qu`en pensez-vous ?

Mamadou Koulibaly fait une analyse politicienne de la question. Chaque fois qu`un problème se pose, les gens du FPI font recours à la Constitution. Mais il ne faut pas se dérober. De par la Loi fondamentale, le président de la République est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif. En tant que chef de l`Etat également, il est responsable de tout ce qui arrive comme avantage ou préjudice au territoire et aux citoyens. Comme il peut, il a le droit d`évaluer seul sans les autres partis politiques en le signifiant clairement. Auquel cas, il démissionne. Car aucun ministre ne peut faire de gaffes en se faisant cautionner par le chef de l`Etat. Gbagbo dit souvent pour démontrer qu`il est au pouvoir : "Je suis à la barre". Cela signifie qu`il est responsable et comptable de la gestion actuelle du pouvoir d`Etat. Personne d`autre que lui ne peut rendre compte à la nation. Le FPI et son leader Gbagbo sont exclusivement responsables des malheurs qui arrivent à la Côte d`Ivoire. Au Port d`Abidjan par exemple, le ministre Achi Patrick n`a pas nommé le Directeur Général Marcel Gossio. Ce n`est pas la peine que Mamadou Koulibaly cherche des fuites en avant.

On ne peut pas conclure la rencontre sans parler des récents évènements de Guibéroua où on a chassé des Baoulé. Qu`est-ce que tout cela signifie en réalité ?

C`est la réalité sociale. Depuis 1990, à l`approche des élections, les gens créent toujours de faux problèmes pour entraîner l`exode des populations non autochtones de la zone. Et après les élections, on fait des parodies de réconciliation. Durant 1990, 1995 et 2000, c`est la même chose. L`ironie du sorte qui entache l`histoire, c`est que le jour même où Gbagbo recevait certains Baoulé installés dans la région de Gagnoa pour leur dire qu`ils vivent en parfaite harmonie avec les Bété, en même temps, on chassait d`autres Baoulé à Guibéroua non loin de Gagnoa. Donc il appartient aux Ivoiriens d`en juger. Ils ont été rattrapés par leur propre mensonge. Car Dieu a fait ressurgir la vérité. Actuellement, nous suivons tous les évènements qui reflètent la réalité. Tout le monde réclame les élections, mais on constate partout des perturbations et des obstacles artificiels. Ce qui me fait rire souvent et en même temps me donne du chagrin, c`est qu`il s`agit de la vie des gens. Avant d`engager des actions d`envergure, il faut y mettre les moyens. Quand on me dit que l`argent manque cruellement, je dis non. Et que cela est faux. A partir du moment où le chef de l`Etat est parti dire qu`il mettait de côté tous les accords internationaux pour faire son dialogue direct depuis 2007, on savait bien qu`on devait aller aux élections. On nous a dit qu`on irait aux élections en 10 mois. Il suffisait de faire des économies pour savoir combien on aurait comme budget. C`est de la mathématique, un budget. Quand on est chef de l`Etat, on choisit des collaborateurs qui peuvent élaborer un budget. Il y a toujours eu des élections en Côte d`Ivoire. On connaît à peu près le nombre de bureaux de vote, les moyens à réunir, les besoins à pourvoir. On devait pouvoir savoir ce que coûte le recensement de 12 millions environ d`habitants. On définit dès lors la logistique suffisante et nécessaire pour faire réussir l`opération. Connaissant le personnel adéquat, tout devait se passer convenablement. Le problème des moyens ne tient pas. On ne peut pas parler de souveraineté et tendre la main à l`extérieur. Donc, on doit assumer les actes qu`on pose. C`est de la mauvaise foi que de tenir un tel raisonnement. Les gens ne veulent pas aller aux élections. Aujourd`hui, tout est démontré que Gbagbo a peur des élections. Sur les anciennes listes, il y avait 5,5 millions de personnes inscrites. A présent, on n`a même pas atteint 3,5 millions pour dire que c`est fatigant et coûteux. Si Gbagbo dit qu`il avait opté pour la réunification pour se justifier, c`est un mensonge. Il faudrait qu`il arrive à dépasser les chiffres de 2000 avant d`accuser les adversaires d`avoir choisi la voie la plus difficile et longue qui consiste à faire le recensement et l`identification. De toutes les façons, chaque citoyen a droit à sa carte d`identité et celle d`électeur. Le reste est une question d`honnêteté et de volonté politique.

Interview réalisée par Marc Koffi
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