Le Pr. Paul Yao N'dré est le président du conseil général du département de Divo. Dans cet entretien, il dresse le bilan de ses 6 années d'activités. Non sans interpeller tous ceux qui veulent se servir du conseil général pour faire leur promotion personnelle.
Président, pouvez-vous nous présenter le Conseil général de Divo en terme de démographie et d'étendue ?
Le Conseil général de Divo est un grand département au regard de sa superficie et de sa population. Le département de Divo est le 3e après Bouaké et Soubré. Si l'on se réfère au recensement de 1998, la population est de 534 mille habitants. Mais avec le phénomène de la guerre et les déplacements massifs, aujourd'hui, il compte autour de 700 mille âmes. Au point de vue de sa superficie, il s'étend sur une aire de 7920 km2. Au nombre des sous-préfectures, le département de Divo était composé de 4 sous-préfectures et de 4 communes. Avec l'arrivée du Président Gbagbo, le département a éclaté pour donner naissance aujourd'hui à 2 départements en l'occurrence le département de Guitry et celui de Fresco. Relativement aux communes, nous avons environ 21 communes. C'est donc un vaste département que nous avons en charge du point de vue de la gestion pour le développement durable.
Quel était l'état du développement de Divo avant votre arrivée à la tête du Conseil général ?
Il faut dire qu'il y a eu des actions qui ont été menées avant l'avènement des Conseils généraux. On ne peut pas dire qu'il y avait le vide. Les différents gouvernements avaient fait un effort de construire des bâtiments dans le domaine de l'Education, des infrastructures sanitaires, routières. Mais le programme de gouvernement et les propositions pour gouverner la Côte d'Ivoire autrement du président Laurent Gbagbo, devraient en principe nous procurer un développement durable, s'il n'y avait pas eu cette guerre. Puisqu'il avait été prévu 3 milliards de Fcfa par an pour chaque département. Aujourd'hui, non seulement notre budget d'investissement est de l'ordre de 290 millions. Mais du point de vue d'approvisionnement, nous avons d'énormes difficultés. C'est ce qui a quelque peu retardé les échéances. Mais aux actions du gouvernement passé, les infrastructures scolaires, sociales, sanitaires et routières, il faut dire qu'il a eu une grande participation de la population sous le parti unique.
Quel est donc l'état des lieux avec les activités du Conseil général à Divo ?
Depuis que nous sommes arrivés, en matière d'électrification rurale, nous avons électrifié une dizaine de villages. Il en reste encore beaucoup à Guitry et à Fresco. Au niveau de Hiré, nous avons électrifié Bokasso. Dans la commune et sous-préfecture de Divo, nous avons électrifié les villages de Guéhou, de Gouan, de Grozo, de Gnéhiri, d'Anoumabou et autres. Nous avons au total, avec peu de moyens, pu donner du courant à 10 villages. Au plan d'adduction d'eau, le Conseil général a construit un château d'eau à Didoko, à Gogobro, à Zaroko-Boakako et à Tabléguikou. Nous avons été stoppé aussi par la non disponibilité de moyens financiers.
On dit souvent que la route précède le développement. Quelles sont vos réalisations dans ce sens ?
Au niveau des infrastructures routières, nous avons fait une option. Parce que nous sommes dans un milieu tropical pluvieux. Nous avons réalisé beaucoup de ponts pour accéder aux différentes localités. Le Conseil général a reprofilé plusieurs routes notamment celles reliant Dahiri à Okroumoudou dans la sous-préfecture de Fresco, Ahouati - carrefour route de Ménéhiri, la voie Didoko-Zéhiri-Iroporia pour ne citer que ces routes-là. Ce sont plus de 1000 km de routes que le Conseil général de Divo a pu réaliser. Nous avons fait quelques reprofilages légers et lourds. Mais une fois que la saison est terminée, un an après, il n'y a plus de route avec les pluies torrentielles. Nous avons des machines pour travailler mais la non disponibilité de moyens pose encore problème parce que les opérateurs économiques qui nous viennent en aide, une fois le travail achevé, n'ont pas d'espoir d'entrer en possession de leur argent dans un bref délai. Mais je puis affirmer que Divo sans être prétentieux, au regard de notre bilan, nous pouvons figurer parmi les 5 premiers Conseils généraux du pays.
Quelle a été la place de l'éducation dans vos activités ?
Dans tous les pays du monde, la base du développement, c'est l'éducation, la formation. De ce point de vue, nous avons beaucoup travaillé dans ce sens. Depuis 2003 jusqu'à ce jour, nous avons toujours programmé des réalisations en matière des infrastructures scolaires (construction de salles de classes, cantines scolaires, de laboratoires, des dortoirs, clôture de lycées). Le Conseil général a également équipé les écoles en tables bancs et autres matériels didactiques. Il ne faut pas oublier la construction des logements des instituteurs. En matière d'éducation, le Conseil général de Divo a beaucoup travaillé parce qu'elle constitue la base du développement durable. Et nous nous inscrivons dans cette perspective en donnant la priorité à la formation. Soulignons qu'au secondaire, le Conseil général de Divo a réhabilité des classes et transformé des dortoirs en classes, effectué des travaux de réfection de toiture et nous avons construit la clôture du lycée de Divo. Nous avons construit deux classes au lycée Assamoi et au lycée moderne de Guitry où nous avons aussi réalisé des travaux. Il en est de même au lycée de Fresco. Nous avons entrepris tous ces travaux dans le département en fonction de nos maigres moyens.
Qu'est-ce que vous avez pu réaliser en matière d'infrastructures sanitaires ?
Au plan sanitaire, nous avons construit des dispensaires, des maternités dans plusieurs villages. A titre d’exemples, citons çà et là, le dispensaire de Gnambouasso, la réhabilitation du centre de santé de Yocoboué, du centre de santé de Sakota, la construction du centre de santé de Labodougou, d'un dispensaire à Lobogrou Grogbalédou, d'une maternité à Krézoukoué, d'un centre de santé à Douaville. Nous avons équipé plusieurs centres de santé, soit en produits biomédicaux, soit en ambulance. Nous pouvons dire que sur ce plan, le Conseil général de Divo n'a pas lésiné sur les petits moyens qui ont été mis à sa disposition.
On vous accuse de favoriser certains villages dans le choix des projets à réaliser.
Ce sont des affirmations qui ne sont soutenues d'aucune preuve. Parce que le travail n'est pas fait de manière isolée et personnelle. Avant que je n'entre au gouvernement, nous avions organisé une tournée dans tout le département pour recueillir les besoins réels des populations. Et mon prédécesseur a fait ce travail. Donc c'est au vu des besoins exprimés par les populations elles-mêmes qu'un plan triennal est conçu chaque année, en prenant en compte ces préoccupations. Au lieu de mettre l'accent sur la construction des classes ou des établissements sanitaires pour ce qui concerne Hiré et même Zégo, il était préférable de mettre l'accent sur le château. Parce que depuis toujours, la première difficulté à laquelle sont confrontées les populations, c'est le problème d'eau potable. Il faut dire que c'est d'un commun accord que le budget est voté, une fois que le plan triennal a été approuvé. Le budget, une fois voté, prend en compte dans son cadrage avec les montants mis à notre disposition, tous ces besoins exprimés par les populations. C'est pour vous dire qu'il n'y a pas une préférence spéciale pour telle ou telle région. Ce que nous faisons, c'est de manière claire et transparente puisque c'est fait à une Assemblée plénière. Le Conseil est géré de manière collective au travers de l'organe délibérant qui est l'Assemblée du Conseil. Qui vote à bulletin secret, le budget. C'est pourquoi, il nous apparaît souvent farfelu et je dirai même irresponsable de la part de certains qui disent que les marchés attribués aux entrepreneurs au Conseil général de Divo sont surfacturés. Le budget est voté devant tout le monde, vous ne pouvez pas encore vous cacher pour augmenter les montants, ce n'est pas possible. Parfois, nous sommes obligés d'opérer des choix au regard de l'urgence. Quitte à régulariser l'opération plus tard. Il n'y a pas de parti pris dans nos programmations des projets à réaliser.
Quels sont les projets en terme de création de richesses que le Conseil général de Divo a pu réaliser ?
Sur ce volet, on peut retenir trois projets. Nous avons initié l'"opération permis de conduire " qui a pris en compte 20 jeunes des différentes localités. Le choix de ces jeunes a été fait par les villageois eux-mêmes sous la supervision des chefs. Nous avons créé un fonds destiné à financer les projets des jeunes. Ce fonds s'élevait à 40 millions de Fcfa. Une commission d'attribution de ce fonds a été mise en place et présidée par Koffi Dadié Pierre. Malheureusement, il a été rapporté aux jeunes que le président du Conseil général et le payeur voulaient détourner leur argent. Et les jeunes sont venus nous réclamer cet argent. Ce qui a fait que l'action que nous avons voulu mener à ce niveau, n'a pas tellement eu les effets escomptés. Nous étions obligés de donner des fonds individuellement à chaque jeune. Si quelques-uns ont su tirer leur épingle du jeu, l'opération n'a pas atteint l'objectif que nous nous sommes fixé. Nous allons reprendre les choses et nous croyons que ça pourrait aller parce qu'on ne va plus céder à la pression. Nous allons créer des projets et remettre les jeunes au travail pour qu'ils deviennent eux-mêmes propriétaires un jour. Le 3e projet qui préoccupe le Conseil général de Divo, c'est l'opération de l'hévéaculture organisée par la Gtz et la Banque mondiale. Ce projet consiste à former des hommes d'affaires (des jeunes). Les bailleurs de fonds nous ont conseillé de décentraliser l'opération. Il faut faire en sorte que ces jeunes puissent être des propriétaires des pépinières. Le Conseil général paye 4 millions, la Banque mondiale également 4 millions et l'intéressé doit verser un à deux millions. Ils deviendront propriétaires des pépinières à même de ravitailler tous ceux qui désirent s'investir dans l'hévéaculture. Donc, on en a fait à Hiré, Guitry et Divo. Ce sont là, des opérations qui nous permettent d'espérer. Mais notre projet de 40 millions aurait pu connaître un succès si l'on nous avait écouté et si on nous avait donné le temps de réagir. Malheureusement, la politique avait pris le pas sur la raison et cela a quelque peu terni l'image de cette opération.
Et la place de la femme dans tout ça, président ?
Elles étaient prises en compte, les femmes aussi parce qu'il y avait des coopératives des femmes qui ont reçu de l'argent dans cette opération. Les idées ne manquent pas, ce qui fait défaut, ce sont les moyens financiers. Et quand vous voyez que la demande est forte et que vous n'avez pas les moyens pour satisfaire de telles demandes, alors on est quelque peu triste. Mais on essaie de leur expliquer que ce n'est pas de manière délibérée que nous refusons mais nous n'avons pas d'argent.
Qu'est-ce que vos populations et la toute la Côte d'Ivoire peuvent retenir de vos 6 années d'activités ?
Pour l'instant, je peux l'affirmer, les gens ont compris le bien-fondé du Conseil général. Et cela se résume par un seul mot. Le fait de ne plus leur demander de contribuer à la réalisation d'un projet dans leur village. C'est un élément important et c'est pour cela que nous leur demandons de bien recevoir tous ceux qui viennent pour réaliser les projets dans leur village. De les encadrer en les aidant à achever rapidement les projets. La deuxième leçon, c'est qu'au bout de ces 6 ans, les populations ont à cœur que si la guerre n'avait pas éclaté, elles auraient beaucoup bénéficié du Conseil général. Puisque dès l'instant qu'elles ne déboursent aucun fonds et que les projets sont réalisés dans leur village, elles sont très satisfaites. Les villageois estiment donc qu’après la guerre, les choses iront mieux. 3e leçon, le Conseil général est devenu un enjeu politique plutôt qu'un outil de développement. Le problème se pose moins aujourd'hui, avec nos adversaires des autres partis que dans nos propres partis. Parce qu'il y en a qui croit qu'ils vont terminer leur retraite à travers les Conseils généraux ou par les Conseils généraux. Il y en a qui pensent que c'est par les Conseils généraux qu'ils vont s'enrichir. D'où la pierre qui nous est souvent jetée. Si on vous voit construire une maison, on crie sur tous les toits pour vous accuser de détourner l'argent du Conseil général. Soit ils ne maîtrisent pas le fonctionnement des Conseil généraux, soit de manière délibérée, ils désinforment et intoxiquent les populations pour ternir l'image de marque de celui qui a en charge la gestion du Conseil général. C'est une manière de discréditer le Conseil général.
Votre mot de fin.
Je voulais indiquer que le Conseil général est un outil de développement. Et ceux qui sont au service du Conseil général font un travail important qu'il ne faut pas négliger. Autre remarque, c'est que l'ambition est légitime, mais il y a quand même des repères qu'il faut avoir pour ne pas taxer tout le monde de voleur. On ne sort pas de son coin un matin pour dire qu'on est candidat au Conseil général, à la mairie. Ou bien on a fini et on tend vers sa retraite et on veut faire du Conseil général, un fonds de commerce, ce n'est pas ça, l'esprit de la décentralisation. Nous avons été inspectés par deux délégations du ministère de tutelle et celui de l'Economie et des Finances qui nous ont félicités publiquement pour la transparence dans nos gestions. Elles nous ont plutôt conseillé de communiquer largement sur nos activités. Nous avons été blanchis par ces contrôleurs. Je puis affirmer que si nous faisons le bilan, le Conseil général de Divo sera parmi les 5 Conseils généraux qui auront accompli leurs missions.
Entretien réalisé par
Zéré de Mahi à Divo
Président, pouvez-vous nous présenter le Conseil général de Divo en terme de démographie et d'étendue ?
Le Conseil général de Divo est un grand département au regard de sa superficie et de sa population. Le département de Divo est le 3e après Bouaké et Soubré. Si l'on se réfère au recensement de 1998, la population est de 534 mille habitants. Mais avec le phénomène de la guerre et les déplacements massifs, aujourd'hui, il compte autour de 700 mille âmes. Au point de vue de sa superficie, il s'étend sur une aire de 7920 km2. Au nombre des sous-préfectures, le département de Divo était composé de 4 sous-préfectures et de 4 communes. Avec l'arrivée du Président Gbagbo, le département a éclaté pour donner naissance aujourd'hui à 2 départements en l'occurrence le département de Guitry et celui de Fresco. Relativement aux communes, nous avons environ 21 communes. C'est donc un vaste département que nous avons en charge du point de vue de la gestion pour le développement durable.
Quel était l'état du développement de Divo avant votre arrivée à la tête du Conseil général ?
Il faut dire qu'il y a eu des actions qui ont été menées avant l'avènement des Conseils généraux. On ne peut pas dire qu'il y avait le vide. Les différents gouvernements avaient fait un effort de construire des bâtiments dans le domaine de l'Education, des infrastructures sanitaires, routières. Mais le programme de gouvernement et les propositions pour gouverner la Côte d'Ivoire autrement du président Laurent Gbagbo, devraient en principe nous procurer un développement durable, s'il n'y avait pas eu cette guerre. Puisqu'il avait été prévu 3 milliards de Fcfa par an pour chaque département. Aujourd'hui, non seulement notre budget d'investissement est de l'ordre de 290 millions. Mais du point de vue d'approvisionnement, nous avons d'énormes difficultés. C'est ce qui a quelque peu retardé les échéances. Mais aux actions du gouvernement passé, les infrastructures scolaires, sociales, sanitaires et routières, il faut dire qu'il a eu une grande participation de la population sous le parti unique.
Quel est donc l'état des lieux avec les activités du Conseil général à Divo ?
Depuis que nous sommes arrivés, en matière d'électrification rurale, nous avons électrifié une dizaine de villages. Il en reste encore beaucoup à Guitry et à Fresco. Au niveau de Hiré, nous avons électrifié Bokasso. Dans la commune et sous-préfecture de Divo, nous avons électrifié les villages de Guéhou, de Gouan, de Grozo, de Gnéhiri, d'Anoumabou et autres. Nous avons au total, avec peu de moyens, pu donner du courant à 10 villages. Au plan d'adduction d'eau, le Conseil général a construit un château d'eau à Didoko, à Gogobro, à Zaroko-Boakako et à Tabléguikou. Nous avons été stoppé aussi par la non disponibilité de moyens financiers.
On dit souvent que la route précède le développement. Quelles sont vos réalisations dans ce sens ?
Au niveau des infrastructures routières, nous avons fait une option. Parce que nous sommes dans un milieu tropical pluvieux. Nous avons réalisé beaucoup de ponts pour accéder aux différentes localités. Le Conseil général a reprofilé plusieurs routes notamment celles reliant Dahiri à Okroumoudou dans la sous-préfecture de Fresco, Ahouati - carrefour route de Ménéhiri, la voie Didoko-Zéhiri-Iroporia pour ne citer que ces routes-là. Ce sont plus de 1000 km de routes que le Conseil général de Divo a pu réaliser. Nous avons fait quelques reprofilages légers et lourds. Mais une fois que la saison est terminée, un an après, il n'y a plus de route avec les pluies torrentielles. Nous avons des machines pour travailler mais la non disponibilité de moyens pose encore problème parce que les opérateurs économiques qui nous viennent en aide, une fois le travail achevé, n'ont pas d'espoir d'entrer en possession de leur argent dans un bref délai. Mais je puis affirmer que Divo sans être prétentieux, au regard de notre bilan, nous pouvons figurer parmi les 5 premiers Conseils généraux du pays.
Quelle a été la place de l'éducation dans vos activités ?
Dans tous les pays du monde, la base du développement, c'est l'éducation, la formation. De ce point de vue, nous avons beaucoup travaillé dans ce sens. Depuis 2003 jusqu'à ce jour, nous avons toujours programmé des réalisations en matière des infrastructures scolaires (construction de salles de classes, cantines scolaires, de laboratoires, des dortoirs, clôture de lycées). Le Conseil général a également équipé les écoles en tables bancs et autres matériels didactiques. Il ne faut pas oublier la construction des logements des instituteurs. En matière d'éducation, le Conseil général de Divo a beaucoup travaillé parce qu'elle constitue la base du développement durable. Et nous nous inscrivons dans cette perspective en donnant la priorité à la formation. Soulignons qu'au secondaire, le Conseil général de Divo a réhabilité des classes et transformé des dortoirs en classes, effectué des travaux de réfection de toiture et nous avons construit la clôture du lycée de Divo. Nous avons construit deux classes au lycée Assamoi et au lycée moderne de Guitry où nous avons aussi réalisé des travaux. Il en est de même au lycée de Fresco. Nous avons entrepris tous ces travaux dans le département en fonction de nos maigres moyens.
Qu'est-ce que vous avez pu réaliser en matière d'infrastructures sanitaires ?
Au plan sanitaire, nous avons construit des dispensaires, des maternités dans plusieurs villages. A titre d’exemples, citons çà et là, le dispensaire de Gnambouasso, la réhabilitation du centre de santé de Yocoboué, du centre de santé de Sakota, la construction du centre de santé de Labodougou, d'un dispensaire à Lobogrou Grogbalédou, d'une maternité à Krézoukoué, d'un centre de santé à Douaville. Nous avons équipé plusieurs centres de santé, soit en produits biomédicaux, soit en ambulance. Nous pouvons dire que sur ce plan, le Conseil général de Divo n'a pas lésiné sur les petits moyens qui ont été mis à sa disposition.
On vous accuse de favoriser certains villages dans le choix des projets à réaliser.
Ce sont des affirmations qui ne sont soutenues d'aucune preuve. Parce que le travail n'est pas fait de manière isolée et personnelle. Avant que je n'entre au gouvernement, nous avions organisé une tournée dans tout le département pour recueillir les besoins réels des populations. Et mon prédécesseur a fait ce travail. Donc c'est au vu des besoins exprimés par les populations elles-mêmes qu'un plan triennal est conçu chaque année, en prenant en compte ces préoccupations. Au lieu de mettre l'accent sur la construction des classes ou des établissements sanitaires pour ce qui concerne Hiré et même Zégo, il était préférable de mettre l'accent sur le château. Parce que depuis toujours, la première difficulté à laquelle sont confrontées les populations, c'est le problème d'eau potable. Il faut dire que c'est d'un commun accord que le budget est voté, une fois que le plan triennal a été approuvé. Le budget, une fois voté, prend en compte dans son cadrage avec les montants mis à notre disposition, tous ces besoins exprimés par les populations. C'est pour vous dire qu'il n'y a pas une préférence spéciale pour telle ou telle région. Ce que nous faisons, c'est de manière claire et transparente puisque c'est fait à une Assemblée plénière. Le Conseil est géré de manière collective au travers de l'organe délibérant qui est l'Assemblée du Conseil. Qui vote à bulletin secret, le budget. C'est pourquoi, il nous apparaît souvent farfelu et je dirai même irresponsable de la part de certains qui disent que les marchés attribués aux entrepreneurs au Conseil général de Divo sont surfacturés. Le budget est voté devant tout le monde, vous ne pouvez pas encore vous cacher pour augmenter les montants, ce n'est pas possible. Parfois, nous sommes obligés d'opérer des choix au regard de l'urgence. Quitte à régulariser l'opération plus tard. Il n'y a pas de parti pris dans nos programmations des projets à réaliser.
Quels sont les projets en terme de création de richesses que le Conseil général de Divo a pu réaliser ?
Sur ce volet, on peut retenir trois projets. Nous avons initié l'"opération permis de conduire " qui a pris en compte 20 jeunes des différentes localités. Le choix de ces jeunes a été fait par les villageois eux-mêmes sous la supervision des chefs. Nous avons créé un fonds destiné à financer les projets des jeunes. Ce fonds s'élevait à 40 millions de Fcfa. Une commission d'attribution de ce fonds a été mise en place et présidée par Koffi Dadié Pierre. Malheureusement, il a été rapporté aux jeunes que le président du Conseil général et le payeur voulaient détourner leur argent. Et les jeunes sont venus nous réclamer cet argent. Ce qui a fait que l'action que nous avons voulu mener à ce niveau, n'a pas tellement eu les effets escomptés. Nous étions obligés de donner des fonds individuellement à chaque jeune. Si quelques-uns ont su tirer leur épingle du jeu, l'opération n'a pas atteint l'objectif que nous nous sommes fixé. Nous allons reprendre les choses et nous croyons que ça pourrait aller parce qu'on ne va plus céder à la pression. Nous allons créer des projets et remettre les jeunes au travail pour qu'ils deviennent eux-mêmes propriétaires un jour. Le 3e projet qui préoccupe le Conseil général de Divo, c'est l'opération de l'hévéaculture organisée par la Gtz et la Banque mondiale. Ce projet consiste à former des hommes d'affaires (des jeunes). Les bailleurs de fonds nous ont conseillé de décentraliser l'opération. Il faut faire en sorte que ces jeunes puissent être des propriétaires des pépinières. Le Conseil général paye 4 millions, la Banque mondiale également 4 millions et l'intéressé doit verser un à deux millions. Ils deviendront propriétaires des pépinières à même de ravitailler tous ceux qui désirent s'investir dans l'hévéaculture. Donc, on en a fait à Hiré, Guitry et Divo. Ce sont là, des opérations qui nous permettent d'espérer. Mais notre projet de 40 millions aurait pu connaître un succès si l'on nous avait écouté et si on nous avait donné le temps de réagir. Malheureusement, la politique avait pris le pas sur la raison et cela a quelque peu terni l'image de cette opération.
Et la place de la femme dans tout ça, président ?
Elles étaient prises en compte, les femmes aussi parce qu'il y avait des coopératives des femmes qui ont reçu de l'argent dans cette opération. Les idées ne manquent pas, ce qui fait défaut, ce sont les moyens financiers. Et quand vous voyez que la demande est forte et que vous n'avez pas les moyens pour satisfaire de telles demandes, alors on est quelque peu triste. Mais on essaie de leur expliquer que ce n'est pas de manière délibérée que nous refusons mais nous n'avons pas d'argent.
Qu'est-ce que vos populations et la toute la Côte d'Ivoire peuvent retenir de vos 6 années d'activités ?
Pour l'instant, je peux l'affirmer, les gens ont compris le bien-fondé du Conseil général. Et cela se résume par un seul mot. Le fait de ne plus leur demander de contribuer à la réalisation d'un projet dans leur village. C'est un élément important et c'est pour cela que nous leur demandons de bien recevoir tous ceux qui viennent pour réaliser les projets dans leur village. De les encadrer en les aidant à achever rapidement les projets. La deuxième leçon, c'est qu'au bout de ces 6 ans, les populations ont à cœur que si la guerre n'avait pas éclaté, elles auraient beaucoup bénéficié du Conseil général. Puisque dès l'instant qu'elles ne déboursent aucun fonds et que les projets sont réalisés dans leur village, elles sont très satisfaites. Les villageois estiment donc qu’après la guerre, les choses iront mieux. 3e leçon, le Conseil général est devenu un enjeu politique plutôt qu'un outil de développement. Le problème se pose moins aujourd'hui, avec nos adversaires des autres partis que dans nos propres partis. Parce qu'il y en a qui croit qu'ils vont terminer leur retraite à travers les Conseils généraux ou par les Conseils généraux. Il y en a qui pensent que c'est par les Conseils généraux qu'ils vont s'enrichir. D'où la pierre qui nous est souvent jetée. Si on vous voit construire une maison, on crie sur tous les toits pour vous accuser de détourner l'argent du Conseil général. Soit ils ne maîtrisent pas le fonctionnement des Conseil généraux, soit de manière délibérée, ils désinforment et intoxiquent les populations pour ternir l'image de marque de celui qui a en charge la gestion du Conseil général. C'est une manière de discréditer le Conseil général.
Votre mot de fin.
Je voulais indiquer que le Conseil général est un outil de développement. Et ceux qui sont au service du Conseil général font un travail important qu'il ne faut pas négliger. Autre remarque, c'est que l'ambition est légitime, mais il y a quand même des repères qu'il faut avoir pour ne pas taxer tout le monde de voleur. On ne sort pas de son coin un matin pour dire qu'on est candidat au Conseil général, à la mairie. Ou bien on a fini et on tend vers sa retraite et on veut faire du Conseil général, un fonds de commerce, ce n'est pas ça, l'esprit de la décentralisation. Nous avons été inspectés par deux délégations du ministère de tutelle et celui de l'Economie et des Finances qui nous ont félicités publiquement pour la transparence dans nos gestions. Elles nous ont plutôt conseillé de communiquer largement sur nos activités. Nous avons été blanchis par ces contrôleurs. Je puis affirmer que si nous faisons le bilan, le Conseil général de Divo sera parmi les 5 Conseils généraux qui auront accompli leurs missions.
Entretien réalisé par
Zéré de Mahi à Divo