Le site en bordure de la route principale d’Abobo, dans le prolongement du quartier Sodeci, a été, hier matin, le théâtre d’échauffourée entre la police et les riverains et autres occupants des lieux. Ces derniers, voulant s’opposer à leur déguerpissement du site, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par deux contingents de policiers de la Crs et de la Bae. Avant l’arrivée des renforts de la police, les manifestants ont eu le temps de blesser grièvement à la tête à l’aide d’un projectile, le conducteur de la machine affrétée pour la démolition. Ce qui n’a pas permis à l’opération de se poursuivre. Maisonnettes, magasins et ateliers de toutes sortes ont été rasés sur des centaines de mètres le long de la route d’Abobo dans le sens d’Adjamé. Les sinistrés, sous l’œil des policiers en retrait et en observation, essayaient tant bien que mal de récupérer quelques objets parmi les débris des baraques cassées. Tout ceci, dans un vacarme indescriptible. Les personnes interrogées disent unanimement n’avoir pas reçu de mise en demeure avant de voir arriver un huissier de justice et des policiers, les sommant de dégager sans délai les lieux. Les récriminations des déguerpis sont battues en brèche par le propriétaire du site, M. Jamal Khalil, homme d’affaires libanais. Ce dernier nous produit tous les documents attestant non seulement de sa qualité de propriétaire du terrain, mais de sa trop grande magnanimité envers ces hommes et femmes qui, depuis plusieurs années, squattent son patrimoine. L’homme, qui agit au nom et pour le compte de sa sœur aînée, détentrice de tous les titres administratifs afférents à la propriété du site de plus de 20 ha, dit avoir bel et bien prévenu les occupants illites de l’opération de déguerpissement. Mais encouragés par des individus tapis dans l’ombre et qui percevaient indûment des loyers sur ce terrain, dont les taxes fiscales continuent d’être supportées par la propriétaire, comme en attestent les factures que nous avons vérifiées, les déguerpis se sont refusés à déménager librement. La version des faits de Jamal Khalil est confirmée du côté de la mairie d’Adjamé où le maire Youssouf Sylla a même pris un arrêté municipal, invitant les occupants de ce site à le libérer sans délai.
Landry Kohon
Landry Kohon