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Editorial Publié le lundi 16 février 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Editorial - Petite réflexion autour du 18 Février 1998

18 Février 1992-18 Février 2009. Ce Mercredi cela fera dix-sept ans que le citoyen Laurent Gbagbo, alors député à l’Assemblée Nationale était conduit dans les geôles de la Maison d’Arrêt et de Correction de Yopougon. Tant de choses et presque tout a été écrit sur cette partie de la vie du FPI et de la carrière politique du chef de l’Etat. A cette époque, l’auteur de ces lignes avait ressenti l’émoi créé par cette situation de tension vécue dans le pays. Croyant avoir atteint son objectif (parce que le pays ne s’était pas soulevé et n’avait pas manifesté pour exploser sa colère, une manière de démontrer à tous que le FPI et Gbagbo ne sont rien),les dirigeants de l’époque, à savoir Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara et le PDCI, ont eu une victoire au goût plutôt amer et ont passé plusieurs mois, à tenter de se débarrasser d’un encombrant prisonnier, en le faisant sortir de prison part tous les moyens. Finalement, ils ont accédé aux conditions de Laurent Gbagbo, qui a obtenu une amnistie et non une simple grâce. En clair, il est sorti de prison avant le terme de sa peine, sans se compromettre, sans être demandeur. Laurent Gbagbo a tiré plusieurs leçons de cette expérience. A notre niveau, nous retenons deux engagements : éviter de faire à son tour des prisonniers politiques, des prisonniers pour délit d’opinion d’une part et d’autre part dépénaliser la loi sur la presse, et permettre au débat d’idées de se réaliser grâce à des intellectuels et à la presse. En dehors donc des politiciens professionnels dans le strict cadre de l’action politique civilisée et légale, hors recours à la violence, en dehors également des journalistes dans le cadre de l’exercice de leur travail et non pour tout délit de droit commun, personne en Côte d’Ivoire, ne semble être à l’abri d’un séjour en prison. Qu’on soit la secrétaire particulière du Président de la République, qu’on soit DG et baron du régime, la case prison n’est plus jamais à exclure. C’est vrai, la prison est faite pour les hommes, et pour les femmes. La prison n’est pas faite pour les animaux. Faire donc la prison n’est pas en soi une mauvaise chose même si des traces restent dans le casier judiciaire et même s’il est difficile pour beaucoup de personnes de s’en remettre. Notre pays est dirigé par un homme dont le parcours a été jalonné de plusieurs séjours en prison. Et des pensionnaires de prison se remontent le moral en disant qu’aller en prison n’est pas donné à tout le monde, qu’il s’agit là d’une épreuve, d’un passage obligé. Rappelant l’épisode de Nelson Mandela qui a passé plusieurs années en prison et est devenu un symbole mondial, les pensionnaires de prisons en Côte d’Ivoire citent aussi volontiers cette célèbre phrase de Laurent Gbagbo : «On peut sortir de la Maca pour arriver au Palais présidentiel, tout comme on peut quitter le Palais présidentiel pour aller à la Maca». Aller en prison en Côte d’Ivoire est devenu quelque chose de presque banal. On pousse les gens à positiver, à en tirer une sorte de gloire et à le revendiquer sur leur CV. C’est celui qui n’a pas fait la prison qui n’est rien, qui n’a pas tout vécu. Ce n’est pas un citoyen accompli. Il n’a pas fait son service militaire. Presque le monde à l’envers tout simplement parce que depuis la prison chacun voit comment les plus gros malveillants et bandits sévissent librement! La prison est devenue une sorte de vrai miroir et de microcosme de la société ivoirienne. Elle n’est pas uniquement peuplée de ceux qui ont fauté et de ceux qui sont méchants. Dans les prisons ivoiriennes, il y a aussi ceux qui paient à la place des autres et ceux qui sont les victimes des injustices et des méchancetés de beaucoup d’hommes et de femmes. Parce qu’ils ont fait eux-mêmes l’expérience de la prison, le chef de l’Etat et les principaux dirigeants actuels, peuvent ne pas prendre mal, le fait d’y aller. Ils peuvent également estimer qu’il s’agit d’une période de formation, d’un passage utile pour se réarmer moralement et pour prendre l’engagement de changer. Ils peuvent ne s’en tenir qu’à la loi des hommes et aussi à la loi et à la justice de Dieu. Ils n’ont pas tort. Toutefois, dans le monde entier, les législateurs ont prévu des peines de substitution, des peines d’emprisonnement avec sursis et des amendes pour réguler les choses et permettre à chacun de se ressaisir. Et puis aller en prison lorsque l’on est dans un combat politique, comme Laurent Gbagbo en 1992, n’a pas le même impact ni le même goût qu’aller en prison si l’on ne s’y est pas du tout préparé. Souvent l’homme politique peut même être heureux d’aller en prison, pour capitaliser cette expérience dans son combat, tandis que le citoyen lambda court le risque d’en sortir traumatisé. Certes, cela est bon pour le moral, mais à tout prendre, il convient d’éviter la case prison tant qu’il est possible. En cette commémoration du 18 Février 1992, à côté des souvenirs et des témoignages sur les difficultés vécues et des coups bas subis par le FPI et ses dirigeants, il convient de se pencher sur le sort et les tourments de ceux qui croupissent dans nos prisons. Même si par nature et par réflexe, tous les prisonniers se disent innocents, non coupables et victimes d’injustices, et peuvent avoir tort de ne pas reconnaître leurs fautes, les délits et crimes commis, tout devrait être mis en œuvre par la société pour alléger leur souffrance et rendre le plus court possible tout séjour carcéral. Car plus une société a des prisonniers, plus elle donne la mesure de sa propre décrépitude et déchéance.



Par Assé Alafé
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