Décidée de commun accord, il y a quelques semaines, la baisse des tarifs des transports n’est pas effective. C’est que gouvernement et transporteurs entretiennent le statu-quo à la grande joie des usagers qui préfèrent les arrangements.
Dramane Touré a donné l’impression de tomber des nus, lorsque nous lui avons parlé de la baisse des tarifs des transports. Au volant de son mini-car « gbaka » en partance pour Abobo, Dramane déclare, l’air étonné : « mon frère, ce débat est clos. Est-ce que tu vois que quelqu’un en parle encore. Il faut avancer ». Visiblement peu intéressé par notre préoccupation et pressé de répondre aux sollicitations de certains de ses clients, Dramane est néanmoins allé au bout de sa pensée : « les tarifs actuels arrangent nos clients. Est-ce que vous les voyez se plaindre. Laissez cette histoire de tarifs, parce que nous, nous savons comment nous arranger entre nous ». Le mot est donc lâché: arrangement. Nous apostrophons donc une passagère qui a effectué le voyage par le biais de ce deal. Elle avoue : « ils ont accepté que je ne paie que 200 FCFA au lieu de 300 FCFA, soit une réduction de 100 FCFA, au lieu de 25 FCFA comme cela avait été convenu. Cela veut dire que nous nous en sortons plus avec les arrangements, qu’avec les baisses de tarifs annoncées ». Tuo Adama est chauffeur de taxi compteur. Selon lui, les arrangements permettent aux transporteurs de gérer mieux leurs activités, et pour cause : « c’est seulement à la fin du mois et surtout à l’aéroport que nous rencontrons des clients qui acceptent le tarif du compteur. L’essentiel de mes activités se déroule avec des arrangements, et cela arrange tout le monde », a-t-il alors précisé. Selon Ernest Kpan, chauffeur de Wôrô-wôrô sur la ligne Angré-Cocody, chaque client qui monte propose son tarif. « Nous nous faisons des propositions et généralement, nous tombons d’accord sur des tarifs qui nous arrangent tous », a indiqué Ernest, visiblement peu mécontent de ce deal. Il nous a ensuite expliqué pourquoi les chauffeurs ne veulent pas entendre parler de baisse des tarifs : « lors de la flambée des prix du pétrole, tous nos intrants ont augmenté. Les pneus, les batteries, les pièces détachées, les huiles de frein, etc. Même les tarifs du lavage de nos véhicules ont augmenté », a-t-il précisé, avant de terminer par une doléance : « ce que nous voulons, c’est que l’Etat reprenne la lutte contre le racket qui est en train de refaire surface, qu’on répare les routes pour que nos véhicules ne s’abîment pas. Que l’on sache qu’entre nos clients et nous, c’est l’entente parfaite à propos des tarifs ». Au constat, il serait difficile de contredire les propos de ces opérateurs qui se disent en phase avec les clients. Quand bien même les tarifs n’ont pas baissé d’un iota, contrairement à ce qui avait été convenu entre le gouvernement et les syndicats de transporteurs. Partout, c’est le calme et l’activité se déroule normalement. Partout, l’on assiste aux arrangements entre opérateurs et usagers qui finissent toujours par s’entendre sur un minimum consensuel, et c’est tant mieux. De là à affirmer que c’est c’est par résignation que les usagers ne se plaignent pas, et que le gouvernement est impuissant face aux transporteurs, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas franchir, rien que pour des soucis de paix sociale.
Fière chandelle à Mabri Toikeusse
Les opérateurs des transports terrestres ont été les plus concernés par la flambée des prix du pétrole. Ils sont les plus grands consommateurs de ce produit à la pompe. Ce corps de métier est d’autant plus important, qu’il pèse pour 600 milliards FCFA par an dans l’économie nationale, selon Touré Adama, le président de la coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire. Les transports terrestres, ce sont surtout des millions d’opérateurs toutes branches confondues : propriétaires et importateurs de véhicules, conducteurs routiers, chauffeurs urbains, apprentis-chauffeurs, etc. A tout ce monde il faut ajouter des dizaines de milliers d’autres citoyens qui vivent de ce secteur, à travers les occupations quotidiennes qui y sont directement liées. Ce sont les mécaniciens, les “coxers”, les “gnambros”, les convoyeurs de voyageurs, l’Etat (à travers la collecte des taxes et impôts), les services de délivrance de permis de conduire et des titres de transport, ainsi que les nombreux commerçants qui exercent dans les gares routières, sans oublier les laveurs de voitures, les entreprises de ventes des pièces détachées et même les agents des Forces de l’ordre racketteurs, etc. Le désordre dans le secteur des transports terrestres serait donc synonyme d’un drame économique grandeur nature, aux inconvénients impossibles à valoriser. Pour cela, tout ce qui concerne ce secteur et qui est à même d’y semer des troubles, doit être analysé et traité avec tact, souplesse et diplomatie, surtout qu’avec la crise, le tissus social et économique sont très fragilisés. C’est en cela qu’il faut saluer la démarche adoptée par le ministre des Transports, Abdallah Mabri Toikeusse, depuis le début des manifestations contre la vie chère. Plutôt que d’engager un bras de fer inutile qui n’aurait eu pour effet que de mettre transporteurs et usagers en conflit, il a privilégié la concertation et le dialogue, constamment à la recherche d’un minimum consensuel, acceptable par tous. Afin d’échanger franchement et sans faux-fuyants des hausses et baisses des tarifs, Mabri et les syndicats des transporteurs se sont rencontrés. Et pour la première fois en Côte d’Ivoire, aucun syndicaliste n’a usé, de coups de gueule ni utilisé la presse pour contrer les positions du gouvernement. Pour la première fois aussi, les syndicalistes les plus opposés ont été vus côte à côte, parlant comme d’une seule voix, dans un climat véritablement apaisé. Cette attitude responsable de Mabri et des syndicats a eu pour avantage d’éviter au pays un désordre de trop, en ces temps de normalisation tous azimuts de la vie socio-économique. Fière chandelle donc à Abdallah Mabri Toikeusse et aux nombreux syndicats de transporteurs, qui ont compris que la concertation est le seul autel sur lequel se règle tous conflits, si l’objectif est d’aboutir à un compromis. Tout en souhaitant que les populations ne subissent plus d’autres hausses de tarif, et que le gouvernement revoit à la hausse les revenus des ménages terriblement en bute à une pauvreté sans nom.
Dramane Touré a donné l’impression de tomber des nus, lorsque nous lui avons parlé de la baisse des tarifs des transports. Au volant de son mini-car « gbaka » en partance pour Abobo, Dramane déclare, l’air étonné : « mon frère, ce débat est clos. Est-ce que tu vois que quelqu’un en parle encore. Il faut avancer ». Visiblement peu intéressé par notre préoccupation et pressé de répondre aux sollicitations de certains de ses clients, Dramane est néanmoins allé au bout de sa pensée : « les tarifs actuels arrangent nos clients. Est-ce que vous les voyez se plaindre. Laissez cette histoire de tarifs, parce que nous, nous savons comment nous arranger entre nous ». Le mot est donc lâché: arrangement. Nous apostrophons donc une passagère qui a effectué le voyage par le biais de ce deal. Elle avoue : « ils ont accepté que je ne paie que 200 FCFA au lieu de 300 FCFA, soit une réduction de 100 FCFA, au lieu de 25 FCFA comme cela avait été convenu. Cela veut dire que nous nous en sortons plus avec les arrangements, qu’avec les baisses de tarifs annoncées ». Tuo Adama est chauffeur de taxi compteur. Selon lui, les arrangements permettent aux transporteurs de gérer mieux leurs activités, et pour cause : « c’est seulement à la fin du mois et surtout à l’aéroport que nous rencontrons des clients qui acceptent le tarif du compteur. L’essentiel de mes activités se déroule avec des arrangements, et cela arrange tout le monde », a-t-il alors précisé. Selon Ernest Kpan, chauffeur de Wôrô-wôrô sur la ligne Angré-Cocody, chaque client qui monte propose son tarif. « Nous nous faisons des propositions et généralement, nous tombons d’accord sur des tarifs qui nous arrangent tous », a indiqué Ernest, visiblement peu mécontent de ce deal. Il nous a ensuite expliqué pourquoi les chauffeurs ne veulent pas entendre parler de baisse des tarifs : « lors de la flambée des prix du pétrole, tous nos intrants ont augmenté. Les pneus, les batteries, les pièces détachées, les huiles de frein, etc. Même les tarifs du lavage de nos véhicules ont augmenté », a-t-il précisé, avant de terminer par une doléance : « ce que nous voulons, c’est que l’Etat reprenne la lutte contre le racket qui est en train de refaire surface, qu’on répare les routes pour que nos véhicules ne s’abîment pas. Que l’on sache qu’entre nos clients et nous, c’est l’entente parfaite à propos des tarifs ». Au constat, il serait difficile de contredire les propos de ces opérateurs qui se disent en phase avec les clients. Quand bien même les tarifs n’ont pas baissé d’un iota, contrairement à ce qui avait été convenu entre le gouvernement et les syndicats de transporteurs. Partout, c’est le calme et l’activité se déroule normalement. Partout, l’on assiste aux arrangements entre opérateurs et usagers qui finissent toujours par s’entendre sur un minimum consensuel, et c’est tant mieux. De là à affirmer que c’est c’est par résignation que les usagers ne se plaignent pas, et que le gouvernement est impuissant face aux transporteurs, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas franchir, rien que pour des soucis de paix sociale.
Fière chandelle à Mabri Toikeusse
Les opérateurs des transports terrestres ont été les plus concernés par la flambée des prix du pétrole. Ils sont les plus grands consommateurs de ce produit à la pompe. Ce corps de métier est d’autant plus important, qu’il pèse pour 600 milliards FCFA par an dans l’économie nationale, selon Touré Adama, le président de la coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire. Les transports terrestres, ce sont surtout des millions d’opérateurs toutes branches confondues : propriétaires et importateurs de véhicules, conducteurs routiers, chauffeurs urbains, apprentis-chauffeurs, etc. A tout ce monde il faut ajouter des dizaines de milliers d’autres citoyens qui vivent de ce secteur, à travers les occupations quotidiennes qui y sont directement liées. Ce sont les mécaniciens, les “coxers”, les “gnambros”, les convoyeurs de voyageurs, l’Etat (à travers la collecte des taxes et impôts), les services de délivrance de permis de conduire et des titres de transport, ainsi que les nombreux commerçants qui exercent dans les gares routières, sans oublier les laveurs de voitures, les entreprises de ventes des pièces détachées et même les agents des Forces de l’ordre racketteurs, etc. Le désordre dans le secteur des transports terrestres serait donc synonyme d’un drame économique grandeur nature, aux inconvénients impossibles à valoriser. Pour cela, tout ce qui concerne ce secteur et qui est à même d’y semer des troubles, doit être analysé et traité avec tact, souplesse et diplomatie, surtout qu’avec la crise, le tissus social et économique sont très fragilisés. C’est en cela qu’il faut saluer la démarche adoptée par le ministre des Transports, Abdallah Mabri Toikeusse, depuis le début des manifestations contre la vie chère. Plutôt que d’engager un bras de fer inutile qui n’aurait eu pour effet que de mettre transporteurs et usagers en conflit, il a privilégié la concertation et le dialogue, constamment à la recherche d’un minimum consensuel, acceptable par tous. Afin d’échanger franchement et sans faux-fuyants des hausses et baisses des tarifs, Mabri et les syndicats des transporteurs se sont rencontrés. Et pour la première fois en Côte d’Ivoire, aucun syndicaliste n’a usé, de coups de gueule ni utilisé la presse pour contrer les positions du gouvernement. Pour la première fois aussi, les syndicalistes les plus opposés ont été vus côte à côte, parlant comme d’une seule voix, dans un climat véritablement apaisé. Cette attitude responsable de Mabri et des syndicats a eu pour avantage d’éviter au pays un désordre de trop, en ces temps de normalisation tous azimuts de la vie socio-économique. Fière chandelle donc à Abdallah Mabri Toikeusse et aux nombreux syndicats de transporteurs, qui ont compris que la concertation est le seul autel sur lequel se règle tous conflits, si l’objectif est d’aboutir à un compromis. Tout en souhaitant que les populations ne subissent plus d’autres hausses de tarif, et que le gouvernement revoit à la hausse les revenus des ménages terriblement en bute à une pauvreté sans nom.