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Politique Publié le samedi 21 février 2009 | Fraternité Matin

Interview/ Jean Blé Guirao (Sga chargé de l’organisation et de la mobilisation de l’Udpci) : “L’idée de la candidature unique au Rhdp prend forme, il faut qu’on en définisse les critères”

Le secrétaire général adjoint de l’Union pour la démocratie et la paix se prononce sur le processus de paix.

Blé Guirao, quelle est votre appréciation, vous qui revenez de maladie, du communiqué final qui a sanctionné la 6e réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (Cea) qui s’est tenu le 16 février à Ouagadougou ?

Je voudrais d’emblée préciser que j’ai seulement fait deux semaines de maladie. Mes nouvelles fonctions de secrétaire général adjoint chargé de l’organisation et de la mobilisation, au sein du parti, exige, de nous, un travail de terrain qui n’est pas celui des déclarations. Je ne suis pas non plus le porte-parole du parti. Beaucoup de gens s’interrogent sur mon silence. Sinon que mes camarades et moi travaillons pour une mobilisation rationnelle. Concernant la réunion du Cea, il faut reconnaître qu’il y a eu des avancées notables, pour lesquelles les Ivoiriens attendent l’application. Nous espérons que le 4 mars, il y aura véritablement la passation des charges entre les commandants de zone et le corps préfectoral, que l’unicité des caisses qui a commencé va atteindre sa vitesse de croisière. Ensuite, le Cea a demandé un chronogramme pour les élections. C’est ce chronogramme que tout le monde attend. Le Cea a dit que l’identification va prendre fin le 28 février ; à ce niveau, des problèmes majeurs demeurent. Pour ce que nous avons constaté dans les régions, il y a le manque de groupes électrogènes, de photocopieuses, l’insuffisance de valises Sagem, les tensions de trésorerie à l’origine des grèves. Tous ces problèmes font qu’il y a eu du retard. Par exemple à Bloléquin, sur 60 centres de collecte prévus, il n’y a que 09 valises Sagem. Ainsi, des rotations sont faites, mais au détriment de certaines populations.
Justement s’agissant de l’identification, la plupart des partis politiques ont demandé une prolongation après la date butoir du 28 février. Est-ce l’avis du membre de la direction de l’Udpci que vous êtes ?
Nous sommes devant un dilemme parce que nous voulons que l’année 2009 soit une année électorale pour la Côte d’Ivoire, c’est-à-dire une année de sortie de crise effective. Mais en même temps, et c’est là le dilemme, nous sommes devant le fait que l’identification qui est la base de la réussite de ces élections et pour laquelle nous attendons une adhésion populaire est en train d’être retardée à cause des problèmes d’intendance, de matériels et de la mauvaise foi parfois. Devons-nous prendre le risque de dire : allons aux élections sans qu’on ait identifié tous les Ivoiriens ? Si nous nous opposons, nous ferons le jeu de ceux qui veulent retarder le processus. Mais je pense qu’à un moment donné, il faudrait qu’on soit courageux pour arrêter le processus et aller aux élections avec les personnes qui se sont fait enrôler.
A l’Udpci, nous voulons que l’année 2009 soit l’année électorale. J’ai lu que des gens disent qu’il ne faut pas aller aux élections avec un chrono en main. Mais attention, le temps joue contre nous. Les bailleurs de fonds qui, depuis le début de la crise, sont à nos côtés et qui font d’énormes efforts, tant matériels que financiers, risquent, à un moment donné, d’être essoufflés. Ils vont se dire qu’ils donnent de l’argent, mais ne voient pas ce que nous faisons avec. Il faut donc que, avec tout notre sérieux, nous montrions notre volonté d’aller à ces élections et que les préalables soient levés : l’identification et l’enrôlement mais aussi le désarmement, la réinsertion sociale des ex-combattants, faire en sorte qu’il n’y ait pas de contestation au sujet des listes électorales.
Quel délai supplémentaire souhaitez-vous pour la prorogation ?
La question doit être posée autrement. Il faut que la Cei nous dise la période indiquée pour les élections. A partir de là, nous dirons ce qui est humainement et raisonnablement possible pour la prolongation. Qu’on le veuille ou non, il y aura une prolongation parce que beaucoup d’Ivoiriens que ce soit à Abidjan et à l’intérieur du pays, n’ont pas encore pu se faire enrôler.
Vous posez-là la question du chronogramme qui a été demandé à la Cei !
Exactement ! Et je suis d’accord avec le 6e Cea qui demande un chronogramme précis à la Cei. En même temps que l’identification prendra fin le 28 février, en même temps, se poursuivra la reconstitution des registres de l’état civil disparus ou détruits. A quel moment les personnes concernées vont se faire enrôler ? Forcément, il y aura une prolongation, mais celle-ci ne doit pas concerner uniquement ceux qui sont dans ce cas de figure ; il faut que ça soit élargi à tous les Ivoiriens. Il faut qu’on aille à des élections consensuelles en levant toutes ces équivoques.
Quel est votre regard sur la situation sécuritaire du pays ?
Il y a deux types de sécurité. L’insécurité ordinaire n’a pas encore été totalement jugulée puisque le grand banditisme et les braquages continuent. C’est vous-mêmes qui rendez compte des attaques de domiciles, de magasins, etc. Cependant, il faut relever que c’est aussi lié à la guerre puisque beaucoup de jeunes qui ont manié les armes et ceux qui n’ont rien à faire du fait du chômage grandissant, sont aujourd’hui tentés de s’adonner à la facilité.
En revanche, l’autre type d’insécurité, occasionnée par le langage politique, a considérablement baissé. Il fut un temps où, par le langage, on exposait certains responsables politiques à la mort ou à la vindicte populaire. Mme Henriette Diabaté, secrétaire générale du Rdr, en a été victime à Akoupé, moi-même à Guiglo, Kouadio Bertin à Guibéroua. Cette insécurité a baissé parce que le ton a changé, des efforts ont été faits. Et c’est ce qui fait que les leaders des partis politiques circulent, animent les meetings. L’origine de la baisse des tensions au niveau du langage vient d’abord des accords de Ouagadougou. Les va-t-en guerre qui croyaient qu’un adversaire politique est un ennemi à abattre, ont commencé à changer de comportement et de langage. Il ne faut pas oublier le travail d’éducation, de sensibilisation des partis politiques. Et c’est tout le monde qui en bénéficie. Nous osons espérer que cette paix sera définitive pour qu’on arrive, et c’est là le gros challenge, à des élections sans troubles. Parce que si on n’a pas véritablement maîtrisé ce facteur, on ira à des élections avec des tensions inutiles. C’est pourquoi il faut remercier l’Onuci qui, par sa radio, et la presse écrite, qui font des efforts importants pour que les Ivoiriens comprennent qu’on peut être opposés politiquement sans être des ennemis.
Comment va l’Udpci et que faites-vous depuis que vous occupez le poste de secrétaire général adjoint III ?
L’Udpci va très bien. Je voudrais simplement vous dire que nous avons, pour l’année 2009, essayé d’élaborer un programme, qui va de janvier à fin septembre parce que nous pensons que nous ne devons pas nous laisser surprendre par les dates des élections. Chaque trimestre, le président du parti effectue deux tournées politiques. En 2008, il a eu à visiter les régions de la Marahoué, une partie du Fromager (Oumé, Diégonéfla), le Moyen-Cavally et Bangolo. Cette année, il était récemment dans le Bafing, et du 27 février au 2 mars, il sera dans le Denguélé. Sans tambours ni trompettes, l’Udpci est en train de visiter toutes les régions. Après le Denguélé, il se rendra dans la partie du Zanzan, Nassian et au-delà, où il n’a pu se rendre en 2007. Ce sera ensuite l’étape de la région des Lacs. Nous ne sommes plus dans le folklore, parce qu’un programme est disponible à l’avance. L’obstacle, cependant, c’est que n’ayant pas d’organe de presse, nous sommes peu médiatisés, mais la faute revient à l’Udpci et à ses cadres.
Quels sont les objectifs non encore atteints ?
A l’avant-dernière réunion de direction, à la demande du président Mabri Toikeusse, le point de l’implantation a été fait par le secrétariat adjoint II. 162 coordinations ont été implantées sur un total de 224. C’est donc dire qu’il y a du travail à faire. Mais ce décalage est lié aux nouvelles sous-préfectures qui ont été créées. Ensuite, les jeunes ont présenté un bilan de 170 coordinations, deux démembrements de la commission technique féminine et de la commission technique, estudiantine et scolaire. Il reste, la semaine prochaine, à voir le bilan des femmes. Nous sommes aujourd’hui représentés partout, même si des faiblesses peuvent être observées dans certaines régions. Ces vides seront comblés durant les tournées du président. Ce qui reste, c’est d’avoir un suivi de ce qui a été planté. Le parti a présenté son projet de société ‘‘Bâtir la Nation’’ en 2008 et s’apprête à présenter son programme de gouvernement. Nous attendons la convention pour le faire.
A quand cette convention ?
La convention va se dérouler à Abidjan. Initialement, elle était prévue en février ; mais le groupe de travail n’étant pas prêt, elle a été reportée. Je pense qu’elle aura probablement lieu en avril prochain. Le président m’a fait l’honneur de me nommer président du comité d’organisation et il m’a entouré d’une équipe qui est en train de travailler. Le candidat qui a été choisi au congrès d’avril 2005, Albert Mabri Toikeusse, est candidat à la présidentielle. Mabri Toikeusse souhaite être le candidat du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et pour la paix (Rhdp). Avez-vous déjà été approché sur ce projet ?
J’ai été approché, on a eu beaucoup de rencontres avec des cadres, des gens de la société civile qui pensent que le Rhdp doit présenter une candidature unique pour que l’alternative soit une réalité. Nous réfléchissons. Je crois que, une fois l’identification terminée, il va falloir pousser le bouchon de l’avant. On ne peut pas rester les bras croisés et regarder les Ivoiriens souffrir.
Je lis à ce sujet des commentaires de certains cadres des partis membres qui n’ont véritablement pas compris ce que nous voulons. Dans toutes activités politiques, il y a ce qu’on appelle la contradiction principale, celle qui est secondaire. La principale, aujourd’hui, pour le Rhdp, c’est de prendre le pouvoir d’Etat au détriment du Président Laurent Gbagbo et du Fpi. Le reste est secondaire, c’est-à-dire, qui sera à la tête de la République. Aujourd’hui, les Ivoiriens souffrent. On ne doit donc pas vouloir que ce soit moi forcément. Nous lisons certains propos désobligeants qui nous gênent, en tant qu’opposants. Cependant, il faut relever que l’idée est en train de prendre forme. Nous disons que c’est vrai que le Rhdp est né à Paris en mai 2005, où nous avons signé une plate-forme qui dit que chaque parti politique aura son candidat. Mais en politique comme en guerre, aucune stratégie n’est invariable. Si vous avez une stratégie qui ne varie pas, vous ne pouvez pas aller de l’avant parce que le contexte change. Il faut donc adapter sa stratégie et sa tactique. Nous disons que ce qui était vrai en 2005 ne l’est plus en 2009, parce qu’en 2005, le mandat du Président Gbagbo a pris fin ; mais il reste toujours Président de la République. C’est dire que ce qui était vrai ne l’est plus et les positions ont changé. Nous étions dans l’Accord de Marcoussis en 2005, aujourd’hui, nous sommes dans l’Accord de Ouagadougou IV. Donc les choses ont évolué. Si nous, en tant que groupement de partis politiques, nous n’arrivons pas à adapter notre stratégie à cette évolution qualitative, c’est que nous n’avons rien compris. C’est ce qui est déplorable pour certains cadres de ce groupement qui font des interprétations négatives. L’idée prend forme, il faut par conséquent qu’on s’asseye et qu’on en définisse les critères.
A quelle fin ?
Nous disons et pensons que nous avons la majorité sociologique. Il faut maintenant la transformer en majorité élective pour qu’on ne soit pas pris de cours et na pas regretter. Nous appelons les cadres de ces partis politiques à s’asseoir pour élaborer un document de base contenant des critères. Le leader qui va entrer dans le moule sera le candidat du Rhdp aux élections. Le dire, ce n’est pas être contre un parti politique, contre quelqu’un. Mais on vise à mettre un terme à la souffrance des Ivoiriens.
En tant que cadre de l’Udpci, nous allons y inclure des critères qui vont tendre vers le choix de notre président. Quand vous voyez la victoire d’Obama aux Etats-Unis, c’est une victoire qui fait rêver tout le monde, mais c’est une victoire de la jeunesse. Aujourd’hui, 75% des Ivoiriens qui vont voter sont des jeunes, et quelqu’un me disait, en rentrant ici (Ndlr : Rédaction) que c’est la génération 1990. Il n’a pas menti. Après la victoire d’Obama, il faut qu’on soit tous interpellés. Se dire que le moi l’ego, n’a plus de sens ; ce qui compte, c’est le peuple. Quel sacrifice est-on prêt à consentir pour le peuple ? Il y a du travail à faire notamment l’applicabilité de Ouaga IV. Il faut que le Rhdp ait le courage de laisser les ego, les moi et aller de l’avant pour prendre le pouvoir.
Dans les 4 partis politiques, il y a des milliers de cadres valables. On peut donc proposer une pléthore de cadres et le meilleur qui répond à ces critères sera présenté. Et il faut qu’on gagne ces élections. Les gens se trompent, si on va en rangs dispersés, on va perdre ces élections. Et si le Rhdp perd, ce sera dramatique pour la Côte d’Ivoire de voir la refondation faire encore un mandat de plus.
Le pays connaît un vent de réformes : la mission conjointe d’évaluation Fmi/Bm/Bad ; la filière café-cacao, les procès…
Votre regard ?
Je ne comprends pas le satisfecit que la mission conjointe Fmi/Bm/Bad a donné à la Côte d’Ivoire. Ces grandes institutions donnent des satisfecits alors que le peuple qui devait en jouir broie du noir. La bonne gestion, c’est au détriment du peuple ; la preuve, les médecins sont en grève, les enseignants et les mairies, hier. Donc de manière concrète, les Ivoiriens ne voient pas les effets des satisfecits.

Propos recueillis par Paulin N. Zobo
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