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Politique Publié le jeudi 26 février 2009 | Le Patriote

INTERVIEW / Abel Djohoré Christian (Chef de cabinet du Secrétariat National des F.N. à l’Economie et aux Finances) -“500 dossiers ont été enregistrés trois semaines après le début de l’unicité de caisse”

Depuis le début de la mise en œuvre du programme pilote de l’unicité de caisse de l’Etat dans les deux sites d’expérimentation retenus, le Directeur Général du Port Autonome d’Abidjan, Marcel Gossio a initié une campagne de dénigrement systématique contre les Forces Nouvelles qu’il accuse de s’adonner à des actes de rackets et de tracasseries sur l’axe Ouangolodougou- Bouaké. Une campagne qui n’est pas du tout du goût des autorités de l’ex- rébellion. Par la voix donc de M Abel Djohoré Christian, chef de cabinet du Secrétaire National des F.N. chargé de l’Economie et des Finances, le mouvement dirigé par Guillaume Soro apporte la réplique à celui là même qui passe pour être le gérant de la caisse noire du FPI domiciliée au Port Autonome d’Abidjan. Il profite, par ailleurs, de cette occasion pour dresser un bref bilan de l’unicité de caisse de l’Etat, un mois après son lancement officiel.

LP : Quel bilan à mi parcours faites vous de l’ouverture, depuis bientôt trois semaines, du guichet unique à Bouaké et à Korhogo dans le cadre de l’unicité de caisse de l’Etat?
A D : Nous sommes à l’aboutissement d’un processus pour ce qui est de l’unicité de caisse de l’Etat. Depuis que le 3e accord complémentaire de l’APO a fait cas de l’unicité de caisse et que cette opération a été, effectivement, confirmée par le 4e accord, sur instruction du Premier Ministre Guillaume Soro et sur recommandation ferme du Secrétaire National chargé de l’Economie et des Finances, le Ministre Dosso Moussa, nous nous sommes mis au travail avec nos amis du ministère de l’Economie et des Finances du gouvernement de Côte d’Ivoire. Nous avons travaillé dans l’ombre et dans la discrétion. Nous avons sorti une matrice d’actions consensuelles. Nous avons validé des tarifs forfaitaires concernant les engins roulants à immatriculer dans la zone CNO. Nous sommes aujourd’hui dans la phase d’exécution de l’opération comme vous le constatez sur le terrain. Malgré les coups de gueule de certains barons du FPI, notamment Pascal Affi N’guessan, William Atteby, Mamadou Koulibaly et autres qui ont fait du sujet de l’unicité de caisse de l’Etat leur principale préoccupation politicienne, nous sommes restés sereins et imperturbables. Nous avons continué à travailler de façon responsable depuis plus de neuf mois. C’est le résultat que vous constatez aujourd’hui. Les motos et les véhicules acquis sont en train d’être immatriculés à Bouaké et à Korhogo, les deux sites d’expérimentation ouverts avant la phase grandeur nature. Nous sommes aujourd’hui, après environs trois semaines d’activité sur le terrain, à plus de 500 dossiers enregistrés. Toutefois, il faut faire remarquer que les agents du Ministère de l’Economie et des Finances de connivence avec ceux de la Direction Générale des Douanes ont commencé à percevoir des droits de douane sur les engins roulants alors que le lancement officiel n’a pas encore eu lieu. Néanmoins, nous constatons un engouement extraordinaire de la part de nos populations. Nous pensons, sans nous tromper, que nous avons fait un bon travail.

L P : Parlant, justement, de coups de gueule comme vous le mentionniez tantôt, les Forces Nouvelles font l’objet d’attaques de la part des autorités portuaires d’Abidjan depuis quelques jours. Celles-ci accusent vos hommes de s’adonner à des actes de racket sur les voies de Pôgô, Laléraba, Djébonoua. Ces accusations sont-elles fondées, autrement dit quelle est la réalité sur le terrain du racket en zone CNO?
A D : C’est une occasion que vous me donnez de lancer un appel au Président de la République et au Premier Ministre. Si ces deux personnalités veulent voir leurs efforts de paix aboutir, qu’elles ne laissent plus les gens attaquer les Forces Nouvelles gratuitement. Dans tous les cas, à compter de maintenant, nous riposterons, du moins nous répondrons immédiatement à toute attaque d’où qu’elle vienne. Parce qu’en réalité, ce ne sont pas les sujets pour attaquer le FPI qui nous manquent.

L P : vous êtes si remonté. Y a-t-il une raison particulière à votre colère?
A D : Je ne suis pas du tout remonté. Mais, je constate que certains dirigeants du FPI ont la mémoire courte. Ils ont vite oublié leur passé lointain et récent. Et comme ils ont besoin qu’on leur rafraîchisse la mémoire, nous sommes prêts à le faire. De grâce, qu’on ne nous arrête pas sur notre lancée si nous commençons. Nous savons comment la crise est arrivée dans ce pays. Elle est la résultante, entre autres raisons, du mépris, de la suffisance et de l’arrogance de certains cadres du FPI dont Marcel Gossio ci-devant Président de la communauté portuaire. Evidemment, quand on sort d’une situation aussi piteuse que misérable comme celle que lui Gossio a vécue dans les années 90, quand les vicissitudes de la vie vous ont contraint à passer le clair de votre temps à jouer au jeu de dames, quand vous avez été rongés par le chômage et que vous étiez incapable de vous offrir et d’offrir à votre famille les trois repas quotidiens, quand on a passé une bonne partie de sa vie à se promener au Plateau, quartier des affaires à Abidjan, chaussées de sandales trouées comme Marcel Gossio, on ne peut qu’avoir la mémoire courte. Et si de surcroît, on vient à se retrouver, comme par un effet de baguette magique, à la tête d’une structure aussi importante que le Port Autonome d’Abidjan, on ne peut que perdre la tête. Je ne voudrais donc pas rappeler au Sieur Gossio les parenthèses honteuses de son existence. Mais, par devoir de mémoire, je voudrais, simplement, l’inviter à regarder un tant soit peu dans le rétroviseur de sa vie pour éviter d’être aussi suffisant et arrogant. Parce qu’après tout, on se connaît, tous, dans ce pays.

L P : Qu’en est-il de la question des rackets dans la zone Nord ?
A D : les Forces Nouvelles ne sont présentes ni à Noé, ni au port d’Abidjan encore moins à San Pedro. Et pourtant, les opérateurs économiques sont l’objet de rackets dans toutes ces localités du Sud. Sans cautionner cette pratique devenue un fléau national, je demande aux cadres du FPI de savoir poser, dorénavant, les problèmes pour qu’ensemble, nous puissions les régler sereinement. Je persiste pour dire que ce ne sont pas les Forces Nouvelles qui ont introduit le racket dans l’économie ivoirienne, ce ne sont pas non plus les Forces Nouvelles qui érigent les barrages à l’emporte pièce sur les artères d’Abidjan pour racketter les taxis, les gbakas et leurs passagers. Alors faisons attention. Nous adoptons des attitudes responsables pour faire aboutir le processus de paix parce que les Ivoiriens souffrent. Au demeurant, les Gossio et consorts sont à l’origine des maux dont souffre la Côte d’Ivoire, entre autres, le recrutement et l’entretien des milices tribales. Il est de notoriété publique que Gossio est le principal recruteur et le parrain attitré des milices tribales qui pullulent dans sa région natale de l’Ouest. Pire ! Des miliciens qu’il entretient avec les recettes de notre Port à tous. Qui lui demande des comptes ? Personne. Nous savons aussi que Gossio est le pourvoyeur numéro 1 des caisses noires du FPI au profit de son ami Laurent Gbagbo. Nous sommes informé qu’avant tout versement des recettes du Port au Trésor public, l’argent des contribuables ivoiriens transite, d’abord, par la Présidence et ses bureaux annexes. Là bas, des cotes parts sont déposées. Que veut-on nous faire croire dans ce pays ? Y a-t-il, dans ce pays, plus malhonnêtes que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui par accident ? Les Tapé Doh, Henri Amounzou, Mme Gomé Hilaire, la secrétaire particulière du Président de la République ainsi que les agents du Palais impliqués dans les emplois fictifs de la présidence ne sont que la face visible de l’iceberg.

L P : Quelles sont les propositions de solution que vous faites, dans ce cas, pour espérer régler le problème du racket dans le Nord et rassurer ainsi les opérateurs économiques des pays de l’hinterland ?
A D : vous savez, il y a des choses qui ont été dites dans ce pays. Or donc le Nord est utile pour faire vivre l’économie de ce pays ? Si la Côte d’Ivoire inutile est aujourd’hui utile pour tous, alors disons simplement Alléluia. Pour revenir à votre question, il faut rappeler à nos amis du FPI que personne n’a gagné la guerre. Nous devons donc faire preuve d’humilité. Et à l’instar du Président de la République et du Premier Ministre qui ont consenti à faire violence sur eux-mêmes pour signer l’Accord Politique de Ouagadougou en présence du Facilitateur Blaise Compaoré, nous devons tous œuvrer à chercher les solutions aux problèmes qui se posent à notre pays, un pays que nous aimons tous. Nous avons fait la guerre. Nous avons coupé le pays en deux. Chaque camp a fonctionné comme il a pu pour faire face à ses préoccupations. Aujourd’hui, nous sommes tous engagés dans un processus de sortie de crise qui inclut des aspects politique, militaire et économique. Quand un processus d’une telle envergure démarre, il suit un cours qui peut être jonché d’embûches. Si ce genre d’obstacles se pose, il faut les lever sans paniquer, sans accuser, ni insulter. C’est en toute responsabilité que le Premier Ministre, Secrétaire Général des Forces Nouvelles a saisi la main tendue du Président Laurent Gbagbo, Président du FPI il y a de cela huit ans. Ça, il faut le souligner. Nous avons été instruits par le Secrétaire National chargé de l’Economie et des Finances, le ministre Dosso Moussa, sur recommandation du Premier Ministre Guillaume Soro pour que nous levions tous les obstacles qui peuvent faire entrave au processus. Nous sommes au travail. Et il est temps que des gens de moralité douteuse comme Gossio qui ont tué des Ivoiriens avec le déversement des déchets toxiques en 2006 et qui doivent leur poste au quota des recettes du port qu’ils versent à la Présidence nous collent, définitivement, la paix. Ils n’aiment pas ce pays mieux que quiconque. Il y a de cela quelques temps, nous avons eu des séances de travail avec tous les grands opérateurs économiques. A cette occasion, ils nous ont fait des propositions concrètes. Ensuite, nous avons rencontré tous les agents des Forces Nouvelles qui interviennent dans l’économie sur l’axe Pôgô-Ouangolo jusqu’à Djébonoua. Nous avons réduit de façon significative les taxes qui étaient prélevées pour favoriser la fluidité routière et soulager les populations en général, et les opérateurs économiques en particulier. A titre d’exemple, la taxe cumulée sur le bétail est passée de 386 000F à 126 000F, soit une réduction de plus de 50%. Cette taxe est payable aujourd’hui en amont de sorte que l’opérateur n’ait plus à s’arrêter aux barrages. Et cette organisation mise en place marche bien. Nous avons travaillé dans un système conçu par notre intelligentsia pour assurer le minimum de moyens financiers à nos troupes. Parce que nous étions, tout de même, en guerre dans ce pays. Avec les mêmes intelligences, nous réglons de façon irréversible toutes les situations qui se présentent à nous dans notre zone. De grâce, que la bande à Gossio, ne se mette pas de pression inutile. Parce que nous évoluons au rythme du processus global. Si leur calcul est d’amasser les fonds du trafic Nord-Sud pour la campagne de leur candidat, qu’ils se détrompent et aillent chercher ailleurs. Pour finir, je voudrais dire à Marcel Gossio que le mieux qu’il puisse faire s’est de s’instruire, plus en profondeur, de la marche du processus en cours. Si son intelligence ne lui permet pas de comprendre comment nous avançons, qu’il vienne à nous. Nous sommes prêts à l’aider. Ensuite, je voudrais demander au Président de la République et Premier Ministre de bien vouloir analyser avec célérité notre demande d’audience que nous introduirons sous peu pour qu’ils nous reçoivent après le groupe de Gossio qui attend d’être reçu. Pour terminer, je voudrais dire aux gens du FPI que, dans ce pays, personne n’a le monopole de la violence verbale. Désormais, à toute action gauche de leur part contre les Forces Nouvelles, nous allons réagir de façon ferme et prompte. Dans tous les cas, nul n’est le propriétaire exclusif de ce pays.


Khristian Kara, envoyé spécial
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