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Région Publié le jeudi 26 février 2009 | Notre Voie

Sortie-détente de la Mutaref : A la découverte des merveilles de Fresco

A l’invitation de Sama Henri César, ministre de la Communication sous la transition militaire, la Mutuelle des agents de la Refondation (Mutaref), a effectué une sortie-détente, le week-end dernier, à Fresco. 48h qui ont permis aux travailleurs de Notre Voie de non seulement s’amuser mais également de découvrir le riche potentiel touristique et culturel du département. Reportage.
Vendredi 20 février 2009. Service minimum à Notre Voie. Trois quarts des journalistes sont absents. Le journal est tenu par les chefs de service et les secrétaires généraux de rédaction. Dans les services annexes de la rédaction, même constat. Juste une permanence. Il ne s’agit pas ici d’un débrayage. Mais, ce vendredi, la Mutuelle des agents de la Refondation (MUTAREF) effectue une sortie-détente, à Fresco, à l’invitation de Sama Henri César, ministre de la Communication sous la transition militaire. Au programme, sortie à la plage de Kosso, visite du village de Dassioko et de la falaise de Fresco, un patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans leur majorité, les travailleurs ont décidé de découvrir ces merveilles.

Il est un peu plus de 10 h. Les premiers voyageurs sont enregistrés au siège de Notre Voie, à Cocody-Angré. Ils sont habillés de façon relaxe. Au fil du temps, le nombre grossit. Aux alentours de midi, le car pointe. Bientôt, le départ. La joie et l’enthousiasme se lisent sur les visages. Les mutualistes sont impatients de démarrer. Serges-Armand Didi, le président de la Mutaref, et son équipe procède à la vérification des présences. Les coups de fil fusent en direction des retardataires et du côté de Fresco. 13h 30 min. C’est le départ. Le car quitte Notre Voie sous les cris et les applaudissements des voyageurs.


Grand Lahou-Fresco : Un tronçon dégradé

Deux heures de route. Pas de bobo. Tout se passe bien. Jusqu’ici, l’état de la route permet un voyage tranquille, confortable. Ainsi, certains s’offrent une partie de sommeil. Le car traverse des grandes plantations de palmier à huile et d’hévéa… Nous voici sur un tronçon difficile, quelques kilomètres après Grand-Lahou. Des pans du bitume sont dégradés. De nombreuses crevasses jonchent la route. Le car balance dans tous les sens. Des appréhensions se lisent sur le visage des femmes. Nos collègues Jonas Ouattara et Koné Modeste prennent sur eux de raconter des blagues pour amuser la galerie. Sans effort, ils réussissent à dérider les mines. Le voyage se poursuit, mais la situation est loin de s’améliorer. La route devient de plus en plus mauvaise. Le véhicule roule très lentement. Après plusieurs heures de calvaire, une pancarte indique que Fresco est à 32 Kilomètres. Cela, grâce à une société de téléphonie mobile qui en a eu l’initiative et qui pallie ainsi l’absence des bornes kilométriques sur les routes ivoiriennes.
Soudain, une détonation se fait entendre. C’est une crevaison de pneu. Le car ralentit et s’arrête. Un arrêt d’une demi-heure pour remplacer la roue, et le voyage peut reprendre. 18h 15min, arrivée à Fresco. Le ministre Sama Henri César, rentré quelques heures plus tôt d’Abidjan, accueille les agents de la Mutaref, en compagnie de quelques notables de Fresco. La soirée est marquée par une prestation de danses traditionnelles du riche folklore Godié.

Samedi 21 février, 8h 55min. Départ pour Kosso, le village qui abrite la deuxième plus belle plage de la côtière, après Monogaga, à 35 kilomètres de Fresco. Serviettes au cou, vertus de T-shirt et de casquettes à l’effigie de la Mutaref, les travailleurs de Notre Voie sont bien dans le ton de l’événement. Chemin faisant, l’on peut découvrir que l’agriculture est l’activité principale à Fresco. Il y a des plantations de cacao, des plantations de café, des plantations d’hévéa, des palmeraies… La plupart sont cependant mal entretenues. Elles sont dans la brousse.

Le car progresse. Il règne une ambiance bon enfant, entre les voyageurs. Nous dépassons petit Bondoukou, Lélédou…Puis, Dassioko. Il est 9h 40min. Escale dans le village maternelle de Sama Henri César. Les parents tiennent à saluer les hôtes de leur fils.


L’appellation Côte d’Ivoire est partie d’ici

Après les civilités d’usage, le chef et les cadres présentent leur village aux étrangers du jour qui sont des hommes de médias. N’est-ce pas une bonne occasion pour la promotion de Dassioko ? M. Zoukoulè Bello Jules fait savoir que le nom “Côte d’Ivoire” est parti de cette contrée du pays. La Côte d’Ivoire est une appellation tirée de la dénomination des peuples de cette terre, les Logrègnoa (les gens des dents de l’éléphant). Par le passé, il y avait de l’ivoire en abondance dans cette localité. On en ramassait comme les coquillages en bordure de mer. Pour faire allusion aux habitants de cette contrée, on disait Logrègnoa. Pour dire, les gens issus de l’ivoire de l’éléphant. Les Logrègnoa sont un petit groupe de Godié à part. “Contrairement aux autres, nous ne sommes pas issus du groupe Krou. Nous sommes des Akans”. Le chef avance que ce peuple est venu du Ghana avec le grand groupe Akan. Après la traversée du fleuve Comoé, les Logrègnoa se sont dirigés au sud, dans les environs de Bonoua, à la recherche d’une terre paisible sur laquelle s’installer. Quelque temps après leur arrivée, ils seront contraints de quitter les lieux à la suite d’un litige avec les autochtones des lieux. Interrogés alors qu’ils partaient vers Fresco, ils diront “Mooussou” : là-bas est chaud (dans la langue du terroir). Les Logrègnoa sont arrivés à Divo. Ils n’y feront pas long feu parce qu’à Divo, ils n’ont pas d’accès à l’eau. Les Logrègnoa sont un peuple pêcheur. Ils se lancent alors à la recherche d’un territoire propice. De déplacements en déplacements, ils arrivent à Fresco. Ce site est différent de celui sur lequel le peuple vit aujourd’hui. Les Logrègnoa se sont installés sur de petites îles pour éviter que les ennemis ne les envahissent facilement. Pour des raisons de développement, aujourd’hui, ils ont quitté ces îles inaccessibles pour se regrouper en un autre lieu. C’est l’actuel site des villages. Avant ce long voyage, le peuple a vécu à Vridi. Un mot de la langue du terroir qui veut dire “Là où l’homme se baigne dans la mer”.

Le président de la Mutuelle de développement de Dassioko, Clément Dablé, expose les préoccupations des populations. Elles ont pour noms : expropriation de terre, manque d’infrastructures sanitaires, problème d’infrastructures éducatifs. En effet, il soutient qu’une partie des terres des populations est attribuée injustement à Sassandra. Une situation qui, dit-il, ne va pas sans désagrégement. Dassioko abrite une école primaire de 12 classes. Il aspire à un collège et un centre de santé. Le village a un problème de forêt. Une partie de la forêt a été classée par l’Etat. Aussi Clément Dablé demande-t-il à l’Etat de déclassée une partie de la forêt classée pour permettre aux villageois de s’adonner à l’agriculture. Il y a déjà des incursions des villageois dans cette forêt.

La belle surprise. Douka Alexis, le meilleur lecteur de Notre Voie à Dassioko. Il se présente à la Muturef. Il salue le travail abattu par les journalistes de Notre Voie, en dépit des risques auxquels ils sont exposés. Pour montrer sa fidélité à Notre Voie, il brandit un carton qui contient les derniers numéros. Et d’ajouter : “J’ai vendu le gros stock parce qu’à un moment donné, j’étais envahi de cafards”… Au nom de la Mutaref, Serge Armand Didi offre un T-shirt à M. Douka Alexis en souvenir.


Retour sur le passage historique de Gbagbo à Dassioko

Il est un peu plus de 12 h, Sama Henri César demande la route pour la suite du voyage qui nous conduira à Kosso, à la plage. Un des proches du chef reprend la parole. Il explique qu’en 1990, Laurent Gbagbo, aujourd’hui président de la Côte d’Ivoire, est passé à Dassioko. Pendant qu’il tenait son meeting, l’électricité a été brusquement interrompue. Les membres de la délégation et les cadres qui l’accompagnaient ont allumé les phares de leurs véhicules qu’ils ont positionnés autour de lui. C’est ce qui lui a permis de terminer le meeting. Après lui avoir fait des bénédictions, le chef a dit : “Si tu es arrivé chez nous, chez les gens des dents de l’éléphant, alors plus rien ne pourra t’arrêter jusqu’au pouvoir. Tu sera président de la République de la Côte d’Ivoire (…) Vous êtes des hommes de médias, nous passons par vous pour le féliciter et lui demander de revenir nous voir”, dira-t-il.


La plage féérique de Kosso

12 h 30. Le car reprend la route. Quelques minutes de parcours, nous prenons un détour sur une voie non bitumée. Un voyage périlleux ! Montée. Descente. Les côtes se chevauchent. Une côte assez élevée oblige les voyageurs à descendre du car. Il faut faire la montée à pied. Le voyage continue malgré tout. Le soleil est au zénith. Soudain, des toitures indiquent un village dans les environs. C’est Kosso. Un groupe de femmes accueille les visiteurs avec des chants du terroir. Une procession conduit à la place publique spécialement aménagée. Le chef et ses notables sont installés. Civilités d’usage. Présentation du village. Le chef M. N’guessan Béalé, raconte que Kosso, comme Dassioko est habité par les Logrègnoa. “Nous sommes des Akan, à la différence des autres Godié. Nous avons les mêmes habitudes vestimentaires et les mêmes coutumes que les autres ethnies du grand groupe Akan. Cependant, le brassage avec les Godié, originaires du groupe Krou, tend à entraîner des changements au niveau de certaines habitudes. Par exemple à l’origine, nous pratiquions le matriarcat. Au fil du temps, nous avons adopté le patriarcat avec le contact des frères Godié”, dira-t-il. Kosso vient de la déformation du nom de la ville ghanéenne Cape cost. “Les gens ont estimé qu’il y a une ressemblance entre les deux localités. La déformation a donné Kosso”. Kosso n’échappe pas au sort des localités du pays profond en Côte d’Ivoire. Problème d’infrastructures éducatives. Il y a une seule école de trois classes. Un directeur. Il se fait aidé par deux bénévoles. Compte tenu de l’accès difficile au village, il arrive que des enseignants affectés refusent de venir à leur poste. Pas de centre de santé, pas d’électricité, encore moins de l’eau potable. Le village revendique des terres “expropriées” par la COPAGRI. Les jeunes aspirent à être formés au métier de la pêche afin de pouvoir profiter pleinement des avantages de la mer.

14h. Cap sur la plage. A peine sort-on du village, une vaste étendue d’eau se découvre. La merest juste à côté de la lagune. Les deux sont séparés par une bande de terre. Une vue lointaine splendide ! Mais, il faut descendre une côte particulièrement élevée de 200 mètres pour s’y rendre. C’est un exercice qui est loin d’être un jeu d’enfant. Par mesure de prudence, certains agents se déchaussent. Plus de peur que de mal, tout se passe bien. La bande de terre s’étend à perte de vue. Des pirogues sont stationnées en bordure de mer. Des pêcheurs préparent leur filet pour la prochaine pêche. “Bonjour messieurs” “Bonjour”. Accent ghanéen.

La mer se signale par les vagues. Des hangars de fortune aménagés sur la bande de terre servent d’abri à ceux qui arrivent à cet endroit. Des moments de plaisir pour les travailleurs de Notre Voie. Un groupe est installé au bord de la mer. L’autre, le gros contingent, se retrouve dans la lagune. Deux heures de relaxation. Le temps avance vite. 16h 30 min, départ de Kosso pour Fresco. Un tronçon de 35 kilomètres. 17h 45min, le car est de retour à Fresco.
La suite du programme, un match de football entre l’Association sportive de la Refondation et l’équipe des vétérans de Fresco. Les journalistes ont juste le temps de porter leur maillot. La partie commence. Domination de l’équipe des vétérans. But. Egalisation. 2-1 pour les locaux…Puis finalement 3-2 pour la formation des vétérans. Très épuisés par leur périple de la journée, et certains joueurs ayant un peu trop levé le coude, l’AS Refondation plie l’échine. La nuit est tombée sur Fresco. Temps de repos pour recharger les batteries.

Dimanche 22 février. Au programme, Visite de la falaise de Fresco. A 9h, la mauvaise nouvelle tombe. “Il n’y aura plus de visite à la falaise, parce qu’il n’y a pas de pirogue pour transporter les passagers. Pourtant, c’est la plus belle falaise du monde après celle de Madagascar”, nous apprend le ministre. Nous n’avons plus qu’à prendre congé de notre hôte et son épouse. Au nom des agents de la Notre Voie, Serge Armand Didi exprime sa reconnaissance au ministre Sama Henri César. “Nous avons été marqués, on n’a vu de belles choses. On tient à vous dire merci. Nous témoignerons partout de ce que Fresco mérite d’être un grand pôle touristique”. L’ancien ministre de la Communication a dit sa joie pour l’honneur fait à sa personne. “Nous avions eu peur. On s’est dit on n’aura pas toutes les commodités à leur offrir, alors ils vont nous allumer. Mais on a vu des gens simples qui se sont intégrés…Je ne peux que demander à Dieu de vous accompagner”.

12h 35 min, départ de Fresco. Avec une boule dans la gorge. Tout le monde aurait voulu prolonger le séjour. Au bout de 4h de route, nous voici de retour à Abidjan. Chacun ayant fait le serment de retourner à Fresco dès que l’occasion se présentera.


César Ebrokié envoyé spécial
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