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Politique Publié le vendredi 27 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Maurice Douho (cadre Dan, président du PNDCI) : "Gbagbo n`est pas le bienvenu à l`Ouest"

Maurice Douho est le président du Parti national démocrate de Côte d'Ivoire (PNDCI). Dans cet entretien qu'il nous a accordé hier, dans nos locaux, il précise qu'il intervient surtout en tant que " cadre dan ", originaire de l'ouest montagneux. Il parle de la visite controversée de Laurent Gbagbo dans le fief du général Robert Guéi et s'insurge contre celle-ci, fermement


Vous êtes dans nos locaux et vous souhaitez réagir après l'interview accordée par le président de la Cour suprême M. Tia Koné à un confrère. Qu'est-ce que vous avez à dire ?

Je voudrais d'abord dire merci à votre organe de presse qui accepte de m’accorder cette interview. L'interview accordée par le président Tia Koné de la Cour suprême mérite qu'on lui réponde. Dans la logique, ce sont des gens qui devraient comprendre ce que sait que la dignité surtout en ce qui concerne le président Tia Koné. Je comprends mal qu'un président d'une institution, qui est le troisième pouvoir, soit celui-là qui soit à la traîne d'un autre pouvoir. Mais c'est lui seul qui sait pourquoi il se comporte de cette façon. On ne peut pas occulter la vérité, et cette vérité doit être sue. Je pense que nous nous sommes suffisamment prononcé sur cette vérité. Il est important aujourd'hui que Tia Koné comprenne sa place et qu'il la respecte. Parce qu'un président de la Cour suprême n'est pas n'importe qui dans un pays. Je ne peux pas comprendre qu'il soit en train d'être aujourd'hui, celui-là même qui est chargé d'organiser la visite d'un chef d'Etat. Mais quel est le rôle des élus dans une région si c'est lui qui est président d'Institution qui doit être là pour faire des boulots de bas étage ? Ça ne lui ressemble pas. Donc nous voulons l'interpeller à respecter le grade qu'il a et qu'il se comporte comme tel, qu'il laisse les élus, les politiciens faire leur travail. C'est un terrain qui n'est pas le sien, il ne doit pas s'y trouver. Voilà la mise au point que je voulais faire. Il est important qu'il se mette dans la peau d'un troisième pouvoir qui est un pouvoir important dans un pays. Il ne doit pas se trouver à cette place d'organisation de la visite du chef de l'Etat dans les 18 Montagnes. Qu'il laisse la place aux politiciens, à la population, d’organiser la visite du chef de l'Etat si cette population est d'accord. Mais ce que tout le monde dit tout bas, c'est ce que nous sommes prêt dire haut. C'est pour cela que nous sommes là maintenant.


Qu'est-ce que vous avez à dire concernant ce que tout le monde dit tout bas ?

Aujourd'hui, il est de notoriété publique que le peuple Dan est le peuple qui a subi la misère de la guerre en Côte d'Ivoire à commencer par le premier si nous pouvons l'appeler ainsi, parce qu'il a été chef d'Etat en Côte d'Ivoire. Je veux parler de son excellence feu le Général Robert Guéi. Il a dirigé ce pays de façon honnête. Mais celui-ci a été assassiné aux premières heures de cette rébellion que nous voyons et qui se perpétue en Côte d'Ivoire. Le régime FPI a déclaré par tous ses responsables que ce sont eux qui l'ont tué, parce qu'il était sur le terrain de la guerre, qu'il avait les armes en main, il combattait et il partait se proclamer président de la République. Mais vous convenez avec moi que la réponse est cinglante, la vérité a ressurgi parce que Dieu est vivant. Guéi a été pris entre 5h et 6h du matin à la cathédrale où il s'était réfugié pour justement échapper à l'assassinat dont il devrait être l'objet. C'est là-bas qu'il a été enlevé par les militaires envoyés par le pouvoir en place. Et quelques heures après, nous avons vu, comme tous les Ivoiriens, comme toutes les Ivoiriennes, ainsi que toute la communauté internationale, le corps de ce général émérite, chef d'Etat, traîner dans les broussailles. Et comme aucun crime n'est parfait, tout le monde l'a vu, nous connaissons bien toutes les rues d'Abidjan, quand quelqu'un s'en va vers la télévision, son corps ne peut pas être dans le sens contraire. Comme quoi aucun crime n'est parfait. Le clergé ivoirien l'a dit de façon claire. Guéi n'était pas sur le champ de bataille, il a été attrapé dans la cathédrale et il a été assassiné purement et simplement. Donc les allégations qui font état de ce que le Général Robert Guéi était sur le champ de bataille sont fausses. Ces allégations sont absolument fausses. Il est important pour nous, et c'est la première condition que nous posons au Président Gbagbo, pour qu'il effectue sa visite dans les régions Dan, aujourd'hui il est urgent qu'il rétablisse le Général Robert Guéi dans sa dignité. Et qu'il le dise de façon publique, que le Général n'est en rien responsable de cette rébellion parce que les preuves sont là. Les cassettes sonores de RFI sont là. Il le sait, nous le savons. Même si celles qui sont à la RTI sont détruites d'après ce qui a été dit, d'autres cassettes sont en lieu sûr. Nous, nous exigeons que la mémoire du Général Robert Guéi soit rétablie dans sa dignité. C'est la première condition.


Et quelles sont les autres conditions, s'il y en a ?

La deuxième condition, c'est qu'au pays Dan, nous disons et nous insistons, lorsqu'un chef tombe, il y a des méthodes pour l'enterrer. On ne vilipende pas le corps d'un chef comme celui de Guéi l’a été. Il est important que le corps de feu Guéi soit rendu au peuple Dan et qu'il soit dignement enterré sur sa terre natale.

La troisième et dernière condition, nous demandons au Président Gbagbo de présenter des excuses au peuple Dan. Le peuple Dan n'est pas à l'origine de la guerre qui est arrivée en Côte d'Ivoire. Mais comment le chef de l'Etat a-t-il osé armer des avions de guerre, de bombe et qu'ils les ont largué sur le peuple Dan ? Nous ne pouvons pas accepter ça. Nous ne disons pas que nous sommes contre sa visite, quel qu'en soit le nom que ce soit visite d'Etat ou quoi. Ça c'est leur problème. Mais nous disons que s'il veut rendre visite au peuple Dan, nous sommes d'accord. Mais il faudrait qu'il remplisse ces trois conditions.


S'il ne remplit pas ces trois conditions, autrement dit, il n'est pas le bienvenu ?

Il n'est pas le bienvenu du tout s'il ne remplit pas ces trois conditions. Et nous disons que ce serait une injure de plus au peuple Dan. Je vous donne un exemple. Vous êtes au courant des cocotiers qui ont été coupés à l'aéroport Houphouët-Boigny. Le peuple d'Abiabou s'est révolté et a cassé tout un pan de la clôture de l'aéroport. Qu'est-ce que le Président Laurent Gbagbo a fait ? Ce dernier a invité le peuple et lui a présenté des excuses publiques, au palais de la présidence. Alors M. Silver Konan, je voudrais savoir, d'un cocotier ou d'un être humain, qu'est-ce qui est plus important ? Donc si je comprends bien, le cocotier vaut mieux que la vie d'un Dan dans la République de Côte d'Ivoire ? Je suis désolé. Si ce n'est pas fait, c'est une injure au peuple Dan que consistera cette visite. Et tout le monde devra en tirer les conséquences.


Etes-vous en train de dire que le peuple Dan n'est pas prêt totalement pour recevoir le chef de l'Etat s'il ne présente pas ses excuses ?

Absolument. Ceux qui font croire que le peuple Dan est totalement prêt à recevoir Gbagbo, je pense qu'ils sont dans la logique de ceux qui prennent le malin plaisir de se tromper eux-mêmes.
Même Tia Koné, les Bleu Lainé, les Douaty et autres, ils savent bien ce qui leur est répondu quand ils vont à l'Ouest. Mais comme ils ont l'habitude de travailler pour leur ventre, alors ils viennent tromper le chef de l'Etat. C'est parce que nous aimons le chef de l'Etat, nous voulons la paix, que nous voulons que notre peuple soit rétabli dans la dignité. Que le peuple ait le cœur apaisé pour recevoir le Président de la République dans la région des 18 Montagnes.


Ces personnes que vous avez citées disent qu'il est important de tourner la page. Pourquoi n'acceptez-vous pas de tourner cette page ?

Ce n'est pas que nous n'acceptons pas de tourner cette page. Nous sommes clair dans notre langage. Je ne suis pas la seule personne. Nous sommes nombreux, des milliers, la pétition a été signée par plus de 1500 personnes. Je l'ai publiée plusieurs fois. Même pas plus tard que le 10 février, j'ai donné une interview à un autre journal, à un de vos confrères. J'ai été clair dans ce que nus disons. Nous voulons tourner la page. Mais il est important que pour tourner cette page, il faut que la vérité soit faite. Quand un peuple ne peut pas être géré dans la vérité et la justice, il n'y aura jamais de paix. Alors que nous voulons une véritable paix ; celle qui est basée sur la vérité, le respect des autres. Je voudrais au passage, signaler que ceux que j'ai cités au début y compris les Youde Célestin et autres font croire à la population Dan que c'est le Président Gbagbo qui a l'argent pour développer notre région. Mais ce sont des arguments absolument farfelus, parce que nous avons des conseils généraux, des communes qui sont pourvus en moyen pour le développement de ces régions. Alors comment ose-t-on dire qu'il faut que Gbagbo vienne visiter notre région pour pouvoir la développer ? Mais qu'est-ce que le conseil général, les mairies font avec l'argent qui leur a été donné pour le développement de nos régions pour dire que c'est Gbagbo qui a l'argent pour développer la région ? Je suis désolé. Ce n'est pas comme ça. Le développement commence par la population elle-même. C'est dans cette optique que l'Etat donne les moyens de développement à ce peuple. Voilà ce que je voulais dire. Aujourd'hui, nous, nous ne sommes pas dans le fond comme ils le sont actuellement pour la visite du Président. Nous, nous sommes dans la forme. Il faut que cette forme soit respectée pour que nous entrions dans le fond mais ceux qui agissent pour leur ventre et qui trompent leur population, ils rendront compte demain à l'histoire. Pour nous, la dignité du peuple Dan est absolue et nous ne jouons pas avec. Il faudrait que le peuple Dan soit respecté dans sa dimension pour qu'il se sente concerné par l'Etat de Côte d'Ivoire. Il est important que Tia Koné, Douaty, Bleu Lainé, Youde Célestin comprennent cela. Le peuple Dan a subi des misères absolues. Il faut que le chef de l'Etat apporte sa compassion à ce peuple de façon publique. Mais l'argument qui veut que le chef de l'Etat arrive à Biankouma avant de présenter les circonstances de la mort de Guéi n'est pas notre avis. Nous n'avons pas besoin des circonstances, nous savons qui a tué Guéi. Cela a été dit de façon claire. C'est à Abidjan que Guéi a été tué. Il n'a pas été assassiné à Kabakouma et non plus, il n'appartenait pas à Kabakouma, il appartenait au peuple de Côte d'Ivoire, c'est Abidjan. Il est important que cela se fasse ici. Nous demandons à Gbagbo, s'il se respecte lui-même, s'il a une dignité, s'il respecte la dignité du peuple Dan, alors qu'il invite ce peuple Dan et qu'il lui présente ses excuses. Aussi qu'il réhabilite la mémoire du général Robert Guéi à travers cette rencontre. Si cela n'est pas fait, alors qu'il considère que sa visite est une insulte au peuple Dan. Je précise que la vie d'un Dan n'est pas moins importante que celle d'un cocotier. Comme nous l'avons dit plusieurs fois et qu'ils sont en train de s'entêter, nous revenons à la charge.

Interview réalisée par André Silver Konan et IY (stagiaire)
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