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Politique Publié le vendredi 27 février 2009 | Le Patriote

Juges, préfets, policiers, gendarmes - Comment ils utilisent l’enrôlement comme fonds de commerce

Ouellé. Poste de contrôle d’ Anada. Décembre 2008, Dame Aïssata Sangaré se présente au contrôle. Elle doit être à Bouaké pour ses activités commerciales. Elle brandit aux agents en service son récépissé d’enrôlement ainsi que d’autres pièces qui attestent son identité. Mais plutôt que de s’en tenir aux pièces fournies par la dame, les gendarmes en service avec à leur tête le MDL chef Adou la contraignent à dire et à avouer qu’elle est étrangère. Ils lui confisquent toutes ses pièces et lui exigent de payer 50 mille francs si elle tient à rentrer chez elle. Elle s’exécute et remet la somme au MDL chef Adou. Ce dernier la menace de ne pas ébruiter l’affaire.
Quelques jours plus tard, la maréchaussée de Ouellé convoque M. Dramane Sangaré, concubin de Dame Aïssata Sangaré. A son arrivée, il est déshabillé et jeté au violon. A son audition, le MDL chef Adou lui demande d’avouer qu’il est un ressortissant malien. Refus poli de la victime. Il est donc gardé jusqu’au lendemain où il sera libéré. Avant d’être reçu le même jour par le commandant de brigade, l’adjudant chef Kouakou Yao Alphonse. Celui-ci l’oblige à reconnaître qu’il est malien, faute de quoi, il sera remis en prison. Vu son état de santé précaire qui nécessite un traitement assidu, le vieux Dramane Sangaré cède. Le commandant de brigade pour sa libération lui exige de payer en outre 150 mille. Somme qui sera intégralement payée entre les mains du MDL chef Adou. Avant d’être libéré, on lui retire son certificat de nationalité ivoirienne, son extrait de naissance, son attestation d’identité et son reçu d’enrôlement.
Le même cas est arrivé à M. Abou Bakary Diarra qui a été interpellé et jeté au violon par les gendarmes de Ouellé pendant qu’il se rendait à Bouaké. Il a dû payer comme les autres la somme de 80 mille de francs, pour sa libération. L’original de son attestation d’identité a été confisqué.
Quant à M. Mamadou Traoré, il a dû quitter la ville, après son enrôlement, sur les menaces de la gendarmerie de Ouellé qui dit détenir une liste d’étrangers où figurerait son nom. N’ayant pu mettre la main sur lui, le commandant de brigade Kouakou Yao Alphonse et le MDL chef Adou se sont rendus dans la cour familiale des Traoré et ont emporté deux têtes de machines à coudre appartenant à la famille. L’affaire a été portée à la connaissance du commandant supérieur de la Gendarmerie, le général Edouard Tiapé Kassaraté. Une plainte contre l’adjudant Kouakou Yao Alphonse et le MDL chef de brigade de Ouellé pour abus d’autorité, arrestation arbitraire, extorsion de fonds, voies de fait et vol a été déposée devant le tribunal militaire à l’intention du commissaire du gouvernement, le colonel Ange Kessy Kouamé.

Ces cas ne sont pas les seuls. On rencontre plusieurs milliers de genre à travers tout le pays depuis que l’opération d’identification et d’enrôlement a été lancée par les autorités. Depuis qu’elle a commencé, nombreux sont les magistrats, préfets, sous-préfets, gendarmes et policiers qui voient en cette opération une occasion de se faire de l’argent sur le dos de pauvres citoyens ou de booster leur carrière en veilleuse. L’un des cas les plus parlant est celui du substitut du procureur de Dabou, Mme M’Man Ouattara. Cette dernière maintient arbitrairement MM Koné Djakaridja, Traoré Drissa et Diallo Daouda. Pire le substitut du procureur de Dabou refuse obstinément de libérer ces trois personnes malgré plusieurs demandes de mise en liberté introduites auprès d’elle. Et pourtant, le juge Ouattara avoue ne rien reprocher aux mis en cause accusés de faux et usage de faux pour avoir voulu exercé leur droit d’être identifiés et enrôlés. Les raisons de l’entêtement du premier responsable de section de tribunal de Yopougon à Dabou se trouve dans ces propos qu’elle-même a confié au conseil des victimes : «Je ne peux pas les libérer de peur que je sois mal notée par mes supérieurs hiérarchiques. Depuis 10 ans que je suis magistrat je n’avance pas. Si vous voulez qu’ils soient libérés, adressez-vous à mes chefs.» Sans commentaires. Mais malgré l’intervention du procureur de la République du parquet de Yopougon, Rouba Daléba et le président du Tribunal de Yopougon, Palé Bi Boka, les choses n’ont pas avancé. Le juge Ouattara plus préoccupée par sa carrière qu’à dire le droit, s’obstine toujours à maintenir en détention les malheureux. Partout en ce moment en Côte d’Ivoire, par la faute du zèle de certains agents de l’administration et de la justice, de nombreux militants du Rassemblement des Républicains souffrent le martyre. A Tabou, pour les mêmes raisons évoquées un peu plus haut, Mme Aïssata Diallo a été condamnée à 1 an de prison. M. Djakaridja Koné, toujours pour le fallacieux motif de faux et usage de faux, a été condamné à six mois. M. Lanzeni Doumbia est en détention et attend son procès. Quant à Salimata Coulibaly et Abou Koné, ils ont été condamnés avec sursis après être passés devant le juge. A Sassandra, Djakaridja Koné, Drissa Traoré et Daouda Diallo sont toujours maintenus dans les liens de la détention. Comme pour la plupart des cas le délit étant non constitué, à M’Bahiakro, Tenin Ouattara, Nahoua Diallo, Minata Maïga, Korotoumou Maïga et Diallo Diallo, élève en terminal ont été libérés après avoir été accusés à tort au moment où ils procédaient à leur enrôlement. A Sinfra, Brahima Kébé dans les mêmes circonstances et pour les mêmes motifs, après avoir été arrêté le 23 février dernier, a été élargi le lendemain. La liste n’est pas exhaustive. Chaque jour, des milliers d’Ivoiriens subissent la plus grande des humiliations. Celle d’être taxé d’étrangers dans leur propre pays. Comme quoi, les plaies de la crise ivoirienne ne sont pas prêtes de se cicatriser. Les vieux démons de la division font leur retour en force. Il y a de quoi à avoir peur pour l’avenir.


Jean-Claude Coulibaly
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