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Société Publié le mardi 3 mars 2009 | Le Temps

École ivoirienne : L’origine du mal

Le mal qui ronge actuellement l'école ivoirienne remonte aux années Ouattara. C'est, en tout cas, lui qui a posé les bases de la déstructuration.

Beaucoup lui en veulent aujourd'hui terriblement. Puisqu'il a été, à visage découvert, leur bourreau au nom d'un certain redressement de l'Etat. Elèves, étudiants et enseignants du début des années 1990, continuent de revire l'époque Ouattara à la Primature. Le messie qu'il était, il s'est révélé au fil des jours, comme un véritable bourreau de l'école ivoirienne, avec ses méthodes parfois très fascistes. Venu redresser l'économie ivoirienne, sous la bénédiction de feu Houphouët, Alassane a trouvé que l'école ivoirienne était inutilement budgétivore. C'est donc là-bas qu'il a commencé par faire des coupes très drastiques. C'est par exemple lui qui a raccroché les enseignants en 1991. Un cas unique au monde. La vague des enseignants sortis sous son ère, avait carrément la moitié des salaires de ceux fonction avant lui. Un véritable " apartheid " salarial qui a plombé l'école. A cette période, on ne devenait plus enseignant par vocation. Mais parce qu'on a rien eu ailleurs. Le salaire étant un traitement de misère. C'était le début de la démotivation et la fuite des cerveaux. " A cette époque, explique un enseignant, beaucoup de jeunes partaient dans l'enseignement juste pour se faire de l'argent un ou deux ans, puis partir." Partir où ? Mais bien entendu en Europe, à l'aventure ". Enfonce-t-il. C'était l'époque de la grande déprime et de la misère et de la clochardisation du métier d'enseignant. On se rappelle encore des enseignants pourtant du public, racketter leurs élèves. Puisque le pactole mensuel ne suffisait plus pour couvrir les besoins de la famille. L'époque de l'enseignant, fonctionnaire chéri de l'Etat est bien révolue par la faute d'un technocrate d'un autre genre. Ouattara ne portait pas l'école dans son cœur. Il y voyait un adversaire politique qui l'empêchait de tourner en rond. On se rappelle encore la répression qu'il a fait abattre sur les syndicats. Le Synesci en ce moment dirigé par Tapé Kipré et le Synares de Etté Marcel en savent quelque chose. Mais c'est la Fesci de Martial Ahipeaud qui en payera un lourd tribut. Ce syndicat estudiantin a été dissout, avec comme sanction suprême, l'emprisonnement de Martial Ahipeaud. Tout le monde connaît les événements du 18 février 1992. Pour réduire l'influence de la Fesci à l'Université, il introduit là-bas la violence. C'est, en effet, Ouattara qui a "loubardisé" l'école ivoirienne. Des étudiants pendant les années Ouattara, se souviennent encore avec beaucoup d'émotion les loubards dans les cités universitaires. Avec pour point culminant ce qu'il est convenu d'appeler la tragédie Zébié, non loin de la Cité Mermoz. C'était l'un des points culminants de la violence qu'il a introduit à l'école. En ce moment, l'un de ses hommes de main pour ces sales besognes était Hamed Bakayoko, aujourd'hui ministre. Pour Ouattara, l'étudiant était aussi un adversaire politique. Surtout qu'à cette époque, la plupart des opposants étaient des enseignants. L'étudiant était vu comme un jeune inconscient manipulé par l'opposition. Il fallait donc le frapper en lui arrachant ses privilèges. Il décide donc de supprimer le transport gratuit des étudiants par la Sotra, en leur retirant les cars. Sur le campus, c'était pire. La vie estudiantine commençait à se conjuguer avec galère " Il n'y a pas de social. L'étudiant sous Ouattara était un pestiféré. Nous étions constamment brimé par le pouvoir. Les Fds nous traquaient. Vous-mêmes, vous savez ce qui s'est passé à la cité de Yop". Se souvient douloureusement un jeune cadre. Dans les cités, en plus des renseignements généraux, les étudiants recevaient constamment les visites des Crs et des Commandos. C'est avec Ouattara qu'une expédition de para-commando a eu lieu nuitamment dans une cité universitaire. Bref, Ouattara n'avait aucun projet fiable pour l'école ivoirienne. Et même parti, n'étant plus Premier ministre, il a continué de déstructurer cette école. Sous la transition militaire, c'est lui qui a introduit les machettes dans les cités avec les Doumbia Major, Faya et autres étudiants à sa solde. L'homme voulait contrôler la Fesci, un syndicat qu'il a pourtant dissout quand il était au pouvoir. Il faut s'appeler Ouattara pour avoir un tel paradoxe.

Guéhi Brence
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