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Société Publié le mercredi 4 mars 2009 | Nord-Sud

Bardot : Une tache noire dans San-Pedro

Dans le plus grand bidonville de la sous-région, c'est le banditisme et la délinquance. Le maire, Nabo Bouéka Clément, compte mettre fin à ces fléaux à travers le développement et la modernisation de ce quartier qui défraie la chronique.

Les maisons en banco (terre) ont commencé à s'affaisser sous le poids des ans et de l'érosion. Les briques sont entassées en désordre en divers endroits. Sur les terrains nus, des constructions de types modernes commencent à sortir de terre. C'est l'image du nouveau Bardot. Ce 28 février, il est 7h30mn, lorsque le jeune S. Adama se réveille. Il sort de la maison le visage rabougri. Après avoir pris sa douche dans un espace assez commode (on peut le dire vu que la maison dont il sort est construite en dur), Adama ne se fait pas prier pour se soumettre à nos préoccupations. Il semble d'ailleurs gai. Sa famille fait partie des nombreuses familles qui ont déjà commencé à traduire en acte les instructions du maire. A savoir la construction de maisons modernes. S. Adama est employé au port de San Pedro. «Je ne touche pas grand chose. Mais il faut dire que depuis plus de 15 ans, on nous parle régulièrement de casser Bardot. Mais, cela n'a jamais été exécuté. De sorte qu'au Bardot, tu ne connais pas toujours ton voisin. On vit ici avec des individus de tout acabit. Avec le lotissement, ce sont plusieurs routes bitumées qui ont été faites dans les entrailles du quartier et les personnes dont les maisons ont été touchées par cette opération ont été recasées. Récemment un incendie s'est produit à Bardot 7, mais grâce aux voies, les sapeurs pompiers ont eu accès au feu. Pour nous, en plus du développement, nous pensons que ces nouvelles constructions peuvent constituer un frein à l'insécurité», indique-t-il.


Lutte contre la criminalité

La modernisation du plus grand ''ghetto'' de la sous-région conduira à la solution de nombreux fléaux qui minent la cité balnéaire. Au nombre de ces fléaux, les populations citent le vol, le viol et les méfaits des coupeurs de route en plein jour. Pour Moussa. D, employé d'un hôtel de la place, il ne se passe pas de semaine sans que les policiers ne viennent chercher des bandits dans ce bidonville. «Et le cas le plus marquant reste la mort d'un commissaire de police. En pleine journée, précisément aux environs de 13h, ce monsieur a été abattu on ne sait pourquoi ? De nombreuses personnes ont parlé de règlement de compte. Des enquêtes ont été menées après cet acte crapuleux mais on n'a finalement jamais su qui a commis ce crime. Et la vie a continué. C'est vous dire que Bardot, c'est la jungle. C'est un Etat dans un Etat. Mais, nous pensons que les constructions modernes, les écoles, la maternité, les routes etc.… permettront de mieux nous connaître et de dissuader les bandits», pense Moussa. D. Un avis que ne démentent pas les autorités de San Pedro. Rappelant que le bidonville est situé sur une surface de 169.35 ha, M. Say Thomas, directeur technique à la mairie de San-Pedro révèle que de nombreux sous quartiers de Bardot ont émis le vœu «de bénéficier du développement afin de se débarrasser des baraques qui sont en réalité des nids de voleurs, des vendeurs de drogue, des coupeurs de routes et autres criminels». C'est dans cette optique que les populations de Bardot 7, après l'incendie qui a ravagé certaines baraques, ont demandé au maire de détruire les maisons en terre cuite et d'ouvrir encore des voies pour rendre leur quartier plus accessible. Elles souhaitent que le maire y réalise des infrastructures à même de rendre leur quartier viable à la vie en communauté. Malheureusement, dans l'après-midi du 24 janvier, l'opération de démolition des baraques du Bardot 7 a tourné court. Un groupe de jeunes tout excité s'est énergiquement opposé au déguerpissement de ce sous-quartier. «Ils ont d'abord mis le feu au bulldozer offert par l'Union européenne à la mairie de San Pedro qui était stationné non loin du commissariat 2ème arrondissement du Bardot avant de s'en prendre au maire. Celui-ci a essuyé des jets de pierres et des coups de gourdin qui ont brisé les vitres de son véhicule», explique Diabaté Bakary, directeur de cabinet du maire Nabo Clément. Malgré cette agression, le premier magistrat de la ville reste ferme.

«Il m'ont élu pour travailler et je travaillerai. San Pedro ne sera pas en marge du développement», soutient Nabo Bouéka Clément. Cet homme politique, cadre du Rassemblement des républicains (Rdr), est fixé sur ses objectifs. Cependant certaines personnes continuent de s'opposer à ses actions de développement.

«Nous avons appris qu'après nous avoir déguerpis, le maire compte vendre notre terrain. C'est d'ailleurs ce qui a conduit les jeunes à poser cet acte le 24 janvier dernier », explique une vieille dame, assise devant son étal à l'entrée du sous-quartier.

Une information que dément le maire avec la dernière énergie. «Personne ne sera chassé de Bardot. Seulement je leur demande d'entreprendre des constructions en dur», clarifie Nabo Clément. Avec la cérémonie de réconciliation qui a eu lieu le samedi, espérons que la situation ira pour le mieux désormais à San Pedro.

Touré Yelly, Envoyée spéciale
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