Gnamien Yao, N'Zi Paul David et N'Dri Appolinaire, sont tous convoqués devant le conseil de discipline de leur parti, le Pdci-Rda. Il aurait agi contre les intérêts de celui-ci et pour l'avoir fait, ils sont appelés à s'expliquer. Mais ce qui gène dans ce tribunal politique, c'est son caractère tribal. En effet, les trois prévenus ont la particularité d'appartenir au même groupe ethnique, plus précisément à l'ethnie Baoulé. Ce qui laisse croire qu'au Pdci, le président Bédié ne tolère aucune contradiction venant de ses " frères " baoulé comme lui. L'attitude du libre-penseur qu'entretiennent ces hauts cadres baoulé s'écarte diamétralement du concept politique basé sur le tribalisme rampant tel que prôné par le président Bédié. " On a l'impression que c'est une cabale contre un groupe ethnique". A accusé l'un des convoqués, Gnamien Yao. En effet, la cabale est bel et bien présente, mais Gnamien se trompe s'il croit qu'elle est orientée contre lui et les baoulé. Au contraire, ce sont des baoulé qui, n'appréciant pas que d'autres baoulé soutiennent la politique du Président Laurent Gbagbo, s'attaquent à lui. La preuve, l'autre particularité, ces cadres du vieux parti ont l'honneur et le privilège de servir la Nation aux côtés de l'acteur Président de la République Sem. Laurent Gbagbo. Le premier, Gnamien, a été ministre des Pme sous Gbagbo avant d'être débarqué, aujourd'hui il est Ambassadeur grâce toujours au Président Gbagbo dont il est le conseiller. Le deuxième, N'Dri, est Gouverneur du District autonome de Yamoussoukro, il doit ce poste à l'actuel chef de l'Etat. Le troisième, N'Zi Paul, ancien préfet de région pendant le régime Pdci-Rda, est depuis l'avènement du Président Gbagbo à la magistrature suprême du pays, le Directeur de cabinet du Président de la République. Il est également président de conseil général de Toumodi. Si seulement ces trois personnalités servaient le pays sans faire des tournées de soutien à la politique de Gbagbo, cela aurait été accepté au sein de leur parti originel. Mais alors question : qui au Pdci ou même ailleurs, aurait fait mieux qu'eux et eu le courage de vilipender celui qui les a fais roi ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question. Qu'on ne se voile pas la face, le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, est un vieux tribun qui veut tenir la haute main sur un héritage qu'il a pour mission de perpétuer. Le Likê (*) ce Pdci-Rda est d'abord celui des Akan avant d'être celui du reste des habitants de la Côte d'Ivoire. Le président Bédié en est si conscient qu'il n'hésite pas à l'évoquer au cours de ses meetings. En tournée l'an dernier à Soubré, il insistait là-dessus. " Il serait surprenant que le Pdci-Rda perde les élections. Nous constituons une majorité sociologique indéniable et cela surprendrait que le Pdci-Rda perde les élections ". Bédié étayait ses assertions par cette déclarations de guerre aux baoulé venus nombreux l'écouter des campements du département de Soubré.
S. Allard
S. Allard
