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Société Publié le vendredi 6 mars 2009 | Le Repère

Enquête express - Le tatouage au féminin : Entre beauté et séduction

Le tatouage, on le connaissait sous une forme, fait d'hénné populairement appelé " diaby ".Il était surtout (et l'est toujours) fait sur le corps des femmes musulmanes lors des grandes occasions de réjouissance telles que les mariages et baptêmes religieux. Des signes arabesques sont alors dessinés sur les mains ou dans les paumes et aussi aux pourtours des pieds avec une coloration de teinte rouge ou noire, selon le choix de la concernée. Elles s'en servent aussi pour en rougir leurs ongles. A côté de ce tatouage pour le moins traditionnel, une autre forme et un style particulier, inspirés des stars américaines, des télénovelas, des magazines people et autres, ont amené la gent féminine aujourd'hui à en faire un atout de beauté très prisé au point d'en faire des spécialistes. Qu'il soit fait sur le corps ou le plus souvent au niveau des sourcils, ce nouveau type de tatouage apparu dans les années 2000 répond, selon les unes et les autres, à un souci majeur : celui d'être toujours élégante, belle mais surtout admirée par tous.


Les sourcils

Ils sont effectués à partir d'un produit appelé " Bigen " par les filles qui se sont érigées en spécialistes en la matière au marché d'Adjamé. Ce produit contenu dans un flacon de six (06) grammes ressemble à du poivre moulu. Pour la préparation de la pâte à tatouage, une quantité infime de la poudre est renversée dans un sachet effilé et mélangée à un peu d'eau. Le sachet est alors solidement attaché et les éventuels grains que pourraient contenir la poudre sont malaxés par la spécialiste jusqu'à l'obtention d'un produit noirâtre. Le bout du sachet est légèrement percé et la pâte est alors fin prête pour 'l'opération'. Munie de son sachet comme d'une poche à douille, la spécialiste épile sa cliente si le besoin s'en fait ressentir et trace toujours à l'aide du sachet percé un arc relevé à quelques endroits sur les sourcils de sa cliente. Le tatouage part de la naissance des yeux à l'arcade sourcière et tout cela pour un prix qui oscille entre deux cents (200) et trois cents (300) francs CFA. Une fois tatouée, la cliente doit attendre environ une dizaine de minutes, le temps minimum pour que la pâte soit complètement sèche et cela grâce à un moyen gratuit et naturel : le vent. Le tatouage durera selon l'entretien qu'en fera la cliente, quatre, cinq jours, voire une semaine.

Les reins, les seins et les fesses aussi…

Ces tatouages jugés stratégiques en matière de séduction sont faits à la naissance du cou, des seins, de la cheville, des fesses, de l'aine, au niveau des reins (pour les fanatiques de taille basse), sur les mains ou encore sur le dos. Cette fois-ci, le coût est un peu plus élevé. Il coûte cinq cents (500) francs CFA et cela en raison de la méticulosité que demande le travail. Car ce sont des fleurs, des cœurs, des étoiles et des chaînes (aux pieds) qui sont dessinés. Tribale, crucifix, chaîne au pied, dragon,… sont entre autres quelques noms de tatouages effectués par les spécialistes. En ce qui concerne le style le plus demandé, les spécialistes affirment que rien ne prime sur l'autre car " la première cliente peut venir faire ses sourcils et la deuxième peut venir demander un tatouage avec fleur " nous a révélé Rolande K., tatoueuse au marché d'Adjamé.
Face à ce nouveau métier, l'on pourrait donc dire que cette activité est génératrice de revenus. Mais la majorité des spécialistes rencontrées au marché d'Adjamé avouent que cette activité ne marche plus comme à ses débuts car elles sont devenues nombreuses à le faire. " Maintenant ça ne marche pas, il y a des jours même où je n'ai pas une cliente (…) mais quand les fêtes arrivent, je peux gagner jusqu'à 9000 francs CFA ou plus, ça dépend", nous a avoué Mariam D. Pour Mansara C qui a 5 ans de métier de tatoueuse au marché de Belleville de Treichville, les gains semblent plus en hausse car si pour un tatouage sourcilier le prix est de cinq cents (500) francs CFA, celui des mains et autres parties du corps est dans la fourchette de mille cinq cents (1500) à deux mille (2000) francs CFA. C'est pourquoi, pour avoir une cliente, elles usent d'astuces. Dans presque tous les marchés, ces jeunes filles, installées pour la plupart près des tresseuses et vendeurs (ses) de mèches, accostent les éventuelles clientes par ces phrases rapides souvent peu audibles: " ma chérie y a pose de tatouages, faux cils". Tout réside également dans son application au travail, car s'il est bien fait, la cliente peut revenir mieux, y amener ses connaissances. A ce niveau, Klark Y, un tatoueur rencontré à Belleville nous précise : " Quand tu fais pour une cliente, si elle est satisfaite du travail, elle peut venir la prochaine fois avec dix (10) clientes et parmi ces dix (10) clientes, une peut venir aussi avec dix (10).C'est comme ça que ça se passe ".Comme quoi, tout est une question de lobbying et de marketing. Mais et surtout de travail de qualité.


Les tatouages permanents

A côté de ces tatouages temporaires, existe un autre type, celui dit permanent. A la différence des tatouages faits au " Bigen " et qui disparaissent quelques jours après, le tatouage permanent, lui, reste définitivement. Il est, à vie, présent sur le corps et est réservé- si l'on en juge par le prix- à une certaine couche de la population. C'est-à-dire les personnes nanties. A cet effet, Klark, le tatoueur, nous en dit davantage. " Pour les tatouages des sourcils, je reçois les dames d'un certain âge mais pour les autres je reçois les jeunes (…) Je fais les tatouages avec une machine spécialisée ou avec des aiguilles jetables " et de préciser que la différence entre ces deux types résident dans les prix. Le tatouage effectué à l'aide de la machine spécialisée est dans l'ordre de soixante mille (60 000) francs CFA tandis que le second (à l'aide des aiguilles) se fait à près de vingt mille (20 000) francs. Concernant les retombées financières de ce travail, il se veut clair: " ça ne marche plus comme avant mais c'est parce que je fais bien mon travail que je m'en sors ".


Les raisons

" Il y a des femmes qui n'aiment pas toujours mettre le crayon sur leurs sourcils. Celles-là préfèrent faire le tatouage " nous a précisé Rolande K exerçant le métier depuis trois ans au marché d'Adjamé. Et de poursuivre en ces termes : " D'autres disent que ça blesse alors que c'est comme le "yomo", (NDLR : colorant de couleur noire utilisé pour noircir les cheveux) ça peut aller avec toi comme ça peut ne pas aller aussi ". " Elles trouvent qu'on met quelque chose dedans alors que c'est faux ", renchérit-elle. Pour Mariam la "tatoueuse", ces blessures qu'occasionneraient les tatouages sont dues au fait que certaines d'entre elles emploient un produit semblable au produit original. Ce dernier n'est autre que de la contrefaçon. "C'est pour fatiguer les hommes, c'est ce qu'on appelle le chokanawa ", nous a révélé Klark en nous indiquant que les dames d'un certain âge, quant à elles le font juste pour se rajeunir.
Qu'il ait des effets néfastes sur leur peau à la longue ou à courte durée, par effet de mode ou par souci d'être toujours élégante, les femmes sont vraiment décidées à être toujours sur leur " T ", et cela grâce au tatouage. Comme le dit l'adage populaire, qui va se négliger ?

C.R.A (Stagiaire)
Photos : patricia ziahé
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