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Politique Publié le jeudi 12 mars 2009 | Nord-Sud

Jean Paul Ney : "Seul Sarkozy peut me tirer d’affaire"

Le journaliste indépendant, Jean-Paul Ney, a été arrêté le 27 décembre 2007, dans le cadre du coup d’Etat “Noël à Abidjan”.


•L’Express.fr: Dans quelle circonstance êtes-vous venu en Côte d’Ivoire?

Jean-Paul Ney: J’ai été mis en relation par un intermédiaire avec quelqu’un. Au bout de trois ou quatre rendez-vous, cette personne m’a proposé de tourner un film documentaire sur l’un des principaux opposants au président ivoirien Laurent Gbagbo, Ibrahim Coulibaly. Une fois que nous sommes tombés d’accord, il n’a pas fallu cinq minutes pour obtenir un visa pour la Côte d’Ivoire. Sur le moment, je n’y ai pas prêté attention. J’aurais dû me méfier.


•Justement, est-ce que vous n’êtes pas parti un peu à l’aventure, alors même qu’un journaliste, Guy-André Kieffer, a mystérieusement disparu à Abidjan, le 16 avril 2004?

Je ne crois pas. J’avais balisé mon voyage. J’ai alerté des personnes en haut lieu. Je me réserve de le faire savoir au moment opportun. Et j’avais parlé de mon projet de reportage à un responsable de l’agence Gamma, avec laquelle j’ai travaillé à plusieurs reprises. Il savait parfaitement quelle était ma destination.


•Vous faites une escale au Bénin, puis vous arrivez à Abidjan, en compagnie de celui qui vous a proposé le reportage. Quelles sont les circonstances de votre arrestation?

Je n’étais pas avec mon “commanditaire”. Il m’avait demandé de monter vers le Nord du côté de Cité rouge. J’ai été interpellé, alors que je circulais avec mon guide dans une voiture. Là, j’en ai pris plein la gueule. Nous avons été braqués par des cow-boys qui nous ont frappé à coup de crosse. J’ai été emmené. Et j’ai passé deux jours terribles. J’ai été torturé. Je ne l’oublierai jamais. J’ai notamment été victime d’un simulacre d’exécution, et je ne vous dis pas tout. C’est une honte de faire ça à un être humain. Il y avait des gens en costume. J’espère pouvoir un jour demander des comptes.


•Il n’empêche que vous êtes toujours en prison...

Le problème, c’est que tout le monde a merdé dans ce dossier, à Paris comme à Abidjan. J’ai l’impression qu’on ne sait plus quoi faire de moi. Ceux qui m’ont envoyé au casse-pipe n’ont qu’une envie: que je reste ici en prison, alors qu’aujourd’hui, il n’y a plus d’enjeu politique à mon maintien en détention. J’en appelle au président Nicolas Sarkozy, lui seul peut me tirer d’affaire. En plus, j’ai la certitude que l’un des buts de cette opération était de le mettre en cause, de critiquer le rôle de la France.


•Comment vivez-vous votre détention à la maison d’arrêt et de correction (Maca) d’Abidjan?

Je me demande surtout combien de temps ça va encore durer. Il y a la chaleur, le bruit, les cafards, les rats. Je suis parfois sujet au découragement. A un moment, j’ai été malade, à cause de la typhoïde. Au mois d’août dernier, j’ai même fait une tentative de suicide.


•Qu’est-ce-qui vous aide à tenir?

L’espoir. L’’espoir d’être libéré bientôt. Et mon désir de raconter tout de A à Z. Ce livre, j’ai déjà commencé à l’écrire dans ma cellule.

Source L’Express
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