Andry Rajoelina a pris hier les pleins pouvoirs à la suite de la démission du président Marc Ravalomanana et sera investi samedi à la tête de Madagascar. La question est de savoir s’il pourra mieux faire, une fois son but atteint, que Marc Ravalomanana qu’il a voué aux gémonies.
Saura-t-il faire mentir le dicton qui dit : «Qui règne par l’épée, périra par l’épée» ? Ou comme on le dit chez nous, «de la manière tu viens au pouvoir, c’est comme ça tu t’en vas ». Après avoir réussi avec la complicité des militaires à chasser le président Marc Ravalomanana du pouvoir sur la Grande Ile, Andry Rajoelina a pris les rênes du pays. Le jeune maire d’Antanarivo, 34 ans, doit savoir que l’histoire est un perpétuel recommencement. C’est dans un élan populaire comme ce qui s’est passé mardi que Marc Ravalomanana avait été porté au pouvoir en 2002, évinçant Didier Ratsiraka de la scène politique qu’il occupait depuis près de 30 ans. Mais très vite, le rêve a tourné au cauchemar pour les Malgaches. Surfant sur les mécontentements qui lui avaient permis d’être élu au premier tour en 2002, puis d’être réélu en 2006, le tombeur de Ratsiraka avait promis un “développement économique et rapide”. Mais il n’a pas tenu parole. Il avait projeté de réformer en profondeur la société et l’économie dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Il n’a pas concrétisé ses promesses d’ouverture démocratique: le code électoral qu’il avait tant critiqué en 2002 n’a pas été réformé, l’opposition n’a pas accès à l’audiovisuel public, et de nombreux médias ont été fermés. Ravalomanana avait trop tiré sur la corde. D’abord en 2006, lors de sa réélection, contestée, dès le premier tour. Puis lorsqu’il modifia la Constitution malgache et la loi électorale quelques mois plus tard. Plusieurs autres affaires sont venues alimenter la colère du peuple. Comme cet avion que le président s’est offert, moitié de sa poche, moitié grâce au ministère du Budget, à hauteur de 30 millions de dollars. Au lendemain de sa prise de pouvoir, Andry Rajoelina a promis un changement de cap. Devant des milliers de partisans, le nouveau maître de la Grande Ile a promis de rédiger une nouvelle Constitution et d’organiser des élections d’ici deux ans. Et faire de la lutte contre la pauvreté sa priorité. «Je ferai tout mon possible pour que les Malgaches sortent de la pauvreté», a-t-il déclaré la main sur le cœur peu après que la Haute cour constitutionnelle (HCC) eut confirmé qu’il exerçait la fonction de président de la République de Madagascar. Il a également promis de «faire baisser le prix du riz», aliment de base dans ce pays. Andry Rajoelina est donc «président» en attendant de nouvelles élections. La Haute cour constitutionnelle a validé hier l’ordonnance de transfert des pouvoirs par le directoire militaire. Il exerce la fonction de président de la République pour une transition ne pouvant dépasser 24 mois. Là où la Constitution prévoyait 2 mois. Selon le texte fondamental, c’est le président de la chambre haute du parlement qui aurait dû assumer la transition après la démission du chef de l’Etat. Les observateurs se demandent si après avoir consolidé son pouvoir en nommant les officiers qui lui sont acquis, « TGV » tentera de faire modifier la loi fondamentale. La loi électorale souligne que le président doit avoir au minimum 40 ans, alors que l’ancien Dj n’en a que 34. Acceptera-t-il de laisser un pouvoir conquis dans le sang ? Les troubles qui ont éclaté en fin janvier, ont fait 135 morts et porté un coup aux investissements étrangers dans le secteur minier et au tourisme, deux des principales ressources du pays. L’erreur de Marc Ravalomanana accusé d’être un président ‘’businessman’’ est partie du tort fait aux investisseurs locaux en monopolisant plusieurs secteurs économiques. L’opacité autour du projet mené par le Sud-Coréen Daewoo Logistics, pour exploiter jusqu’à 1,3 million d’hectares sur la Grande Ile, a aussi attisé les rancœurs de ceux qui accusaient le successeur de Ratsiraka de brader le foncier à travers de colossaux projets miniers notamment. Mais avec Andry Rajoelina, les Malgaches ne doivent pas s’attendre à autre chose. Avec son ambition appuyée pour le pouvoir, le jeune maire de Tana, commettra sûrement les mêmes erreurs que son prédécesseur. Il est lui aussi un homme d’affaires, qui a crée très tôt des entreprises dans la publicité. Au départ, une forte rivalité commerciale a opposée les deux hommes. Ravalo a d’ailleurs fait enlever des panneaux publicitaires appartenant à Rajoelina. C’est la raison, dit-on, qui a poussé l’ex-Dj à entrer en politique. Les deux hommes partagent des points communs. Ils sont tous les deux des libéraux à « l’américaine », qui se sont retournés contre l’ancien président Ratsiraka.
Bakayoko Youssouf
Saura-t-il faire mentir le dicton qui dit : «Qui règne par l’épée, périra par l’épée» ? Ou comme on le dit chez nous, «de la manière tu viens au pouvoir, c’est comme ça tu t’en vas ». Après avoir réussi avec la complicité des militaires à chasser le président Marc Ravalomanana du pouvoir sur la Grande Ile, Andry Rajoelina a pris les rênes du pays. Le jeune maire d’Antanarivo, 34 ans, doit savoir que l’histoire est un perpétuel recommencement. C’est dans un élan populaire comme ce qui s’est passé mardi que Marc Ravalomanana avait été porté au pouvoir en 2002, évinçant Didier Ratsiraka de la scène politique qu’il occupait depuis près de 30 ans. Mais très vite, le rêve a tourné au cauchemar pour les Malgaches. Surfant sur les mécontentements qui lui avaient permis d’être élu au premier tour en 2002, puis d’être réélu en 2006, le tombeur de Ratsiraka avait promis un “développement économique et rapide”. Mais il n’a pas tenu parole. Il avait projeté de réformer en profondeur la société et l’économie dans un pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Il n’a pas concrétisé ses promesses d’ouverture démocratique: le code électoral qu’il avait tant critiqué en 2002 n’a pas été réformé, l’opposition n’a pas accès à l’audiovisuel public, et de nombreux médias ont été fermés. Ravalomanana avait trop tiré sur la corde. D’abord en 2006, lors de sa réélection, contestée, dès le premier tour. Puis lorsqu’il modifia la Constitution malgache et la loi électorale quelques mois plus tard. Plusieurs autres affaires sont venues alimenter la colère du peuple. Comme cet avion que le président s’est offert, moitié de sa poche, moitié grâce au ministère du Budget, à hauteur de 30 millions de dollars. Au lendemain de sa prise de pouvoir, Andry Rajoelina a promis un changement de cap. Devant des milliers de partisans, le nouveau maître de la Grande Ile a promis de rédiger une nouvelle Constitution et d’organiser des élections d’ici deux ans. Et faire de la lutte contre la pauvreté sa priorité. «Je ferai tout mon possible pour que les Malgaches sortent de la pauvreté», a-t-il déclaré la main sur le cœur peu après que la Haute cour constitutionnelle (HCC) eut confirmé qu’il exerçait la fonction de président de la République de Madagascar. Il a également promis de «faire baisser le prix du riz», aliment de base dans ce pays. Andry Rajoelina est donc «président» en attendant de nouvelles élections. La Haute cour constitutionnelle a validé hier l’ordonnance de transfert des pouvoirs par le directoire militaire. Il exerce la fonction de président de la République pour une transition ne pouvant dépasser 24 mois. Là où la Constitution prévoyait 2 mois. Selon le texte fondamental, c’est le président de la chambre haute du parlement qui aurait dû assumer la transition après la démission du chef de l’Etat. Les observateurs se demandent si après avoir consolidé son pouvoir en nommant les officiers qui lui sont acquis, « TGV » tentera de faire modifier la loi fondamentale. La loi électorale souligne que le président doit avoir au minimum 40 ans, alors que l’ancien Dj n’en a que 34. Acceptera-t-il de laisser un pouvoir conquis dans le sang ? Les troubles qui ont éclaté en fin janvier, ont fait 135 morts et porté un coup aux investissements étrangers dans le secteur minier et au tourisme, deux des principales ressources du pays. L’erreur de Marc Ravalomanana accusé d’être un président ‘’businessman’’ est partie du tort fait aux investisseurs locaux en monopolisant plusieurs secteurs économiques. L’opacité autour du projet mené par le Sud-Coréen Daewoo Logistics, pour exploiter jusqu’à 1,3 million d’hectares sur la Grande Ile, a aussi attisé les rancœurs de ceux qui accusaient le successeur de Ratsiraka de brader le foncier à travers de colossaux projets miniers notamment. Mais avec Andry Rajoelina, les Malgaches ne doivent pas s’attendre à autre chose. Avec son ambition appuyée pour le pouvoir, le jeune maire de Tana, commettra sûrement les mêmes erreurs que son prédécesseur. Il est lui aussi un homme d’affaires, qui a crée très tôt des entreprises dans la publicité. Au départ, une forte rivalité commerciale a opposée les deux hommes. Ravalo a d’ailleurs fait enlever des panneaux publicitaires appartenant à Rajoelina. C’est la raison, dit-on, qui a poussé l’ex-Dj à entrer en politique. Les deux hommes partagent des points communs. Ils sont tous les deux des libéraux à « l’américaine », qui se sont retournés contre l’ancien président Ratsiraka.
Bakayoko Youssouf