Des experts des Nations unies (Onu), viennent d'avoir la pensée analytique ivoirienne. Et comment ?
1- Les faits
Le 5 mars 2009, un groupe d'experts onusien sur la Côte d'Ivoire, dirigé par Lipika M. Roy Chouhury, a adressé un courrier au Dg de Fraternité Matin : "Blé Goudé doit être astreint, dans le cadre des sanctions, à des revenus de subsistance. Il lui est interdit d'avoir d'autres revenus y compris des droits d'auteur. Frat-Mat est en infraction. Il vous faut écrire au Conseil de sécurité pour avoir des informations complémentaires". Ce courrier a provoqué et continue de le faire, l'émoi collectif des Ivoiriens, en faveur du leader de la jeunesse patriotique ivoirienne. Pour certains, l'acte de l'Onu vise Laurent Gbagbo. Pour d'autres, l'Organisation de Ban-Ki Moon veut saboter le processus de paix. Mais selon Hamadoun Touré, le porte-parole de l'Opération des Nations Unies en Côte d' Ivoire (Onuci), "Je ne pense pas que cela menace le processus de paix parce que le comité a rencontré les personnes sous sanction et leur a expliqué ce qu'il fallait faire pour la levée de ces sanctions." Pour ma part, c'est là où se trouve la clé de voûte de cette énigme.
2- La réalité qui perturbe la démarche intellectuelle
Pourquoi attaquer aujourd'hui Charles Blé Goudé, alors qu'il constitue, qu'on le veuille ou non, un symbole dans les efforts pour le retour à la paix ? Tôt, il a parlé avec les rebelles, fait de Wattao, un ami et multiplié des actions pour la paix avec la rébellion, au point même où il s'est attiré des inimitiés parmi les radicaux, au sein de la galaxie patriotique. En plus, son livre édité par Frat-Mat, n'est pas une exhortation à la haine, mais présente une vision de la reconstruction de la paix. Pourquoi donc l'Onu peut-elle l'attaquer en ce moment précis ?
L'Onu sait que la production littéraire n'est pas la source de financement des activités de Blé Goudé. Que valent 11 millions de Fcfa, aujourd'hui, dans le pouvoir financier du président du Cojep ? Rien. En demandant aux Ivoiriens de sortir dans la rue, la nuit du 6 novembre 2004, pour défendre la République contre l'occupation française, il n'a pas eu recours à des droits d'auteur ou au support d'un livre. Ils sont sortis pourtant. Il a commencé à financer les projets de jeunes (Sentinelles du Cojep de Marcory…), bien avant l'édition de son livre et la création de la structure de Communication, Leader's Team, dont il est le patron. Les moyens mis en œuvre pour ses gigantesques tournées en faveur de la paix et pour Laurent Gbagbo, ne peuvent sortir des maigres 11 millions d'un livre. L'Onu sait donc que Charles Blé Goudé a de puissantes sources de financement, des robinets bien juteux, en dehors des gains de sa plume, qu'elle n'a pas la possibilité de fermer. Elle est consciente que sa provocation à l'égard de Blé Goudé, viserait Laurent Gbagbo, si et seulement si, elle pouvait induire, à travers la réaction de l'intéressé, le délitement de l'Etat. Chose que l'Onu même sait improbable, persuadée qu'il est des inconditionnels de l'actuel Président de la République. De même, pour la défense de ses droits d'auteur, le leader de l'Alliance de la jeunesse patriotique, ne peut se permettre de perturber la sortie crise, en appelant à la rue, sous les balles de soldats onusiens ou français, les patriotes.
Si donc, elle est convaincue que son attaque contre Blé Goudé ne gênerait pas Gbagbo, que d'ailleurs son représentant Y.J. Choi comprend bien, si elle apprécie les efforts de paix du jeune leader, pourquoi alors, cette attitude de l'Onu contre Blé ?
3- L'agacement au Cnrd
En 2008, on a constaté que la galaxie patriotique est traversée par des courants contradictoires. Au sein des jeunesses, l'unanimité n'est pas observée. Il y a beaucoup des guerres de positionnement et on ne parvient pas à parler d'une seule voix, comme une entité. Le Cnrd, soucieux de l'union des forces dans la mouvance présidentielle, a mis en place une commission dirigée par l'honorable Ben Soumahoro, pour entendre les différents responsables des mouvements de jeunes. Tous ont parlé et exprimé leurs griefs, à l'exception de Charles Blé Goudé, qui ne s'est pas montré disponible. Dès lors, " des doyens " du Cnrd, qui avaient de l'estime pour lui, ont pris un coup de froid et commencé à réviser leur regard vis-à-vis de lui. Ils ont pris conscience que le président du Cojep se sent déjà dans la peau d'un futur chef d'Etat. Même des gens avec lesquels Blé avait des meilleurs contacts, ont cessé de l'appeler. Ils estiment que c'en était trop et que Blé les a ridiculisés, eux, ses aînés. Bien d'observateurs ont remarqué que, généralement, Blé Goudé ne se rend pas à une cérémonie où il n'est pas la vedette. Ce coup à la commission d'arbitrage de Ben Soumahoro et l'adversité au sein même de la galaxie patriotique, avaient sensiblement grignoté sa popularité. Et il avait l'impression de vivre sur la vitesse acquise. En plus de ses tournées et autres actions médiatisées, il avait besoin d'être à la Une des journaux et davantage dans l'estime de l'opinion.
4- L'admiration de l'Onu pour Blé Goudé
Or, depuis longtemps, un groupe de lobby onusien est tombé sous le charme du leader de la jeunesse patriotique de Côte d'Ivoire et a décidé de le positionner pour l'après Gbagbo. Blé Goudé a toujours clamé qu'il n'est pas militant du Front populaire ivoirien (Fpi), mais partisan de Gbagbo. Il a sa structure para-politique, Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep). Une structure qu'il ne cesse d'équiper et d'implanter à travers le pays. Qui, certainement comme le Rpp de Laurent Dona Fologo, prendra son envol, le moment venu. Laurent Gbagbo ne sera pas éternellement le Président de la Côte d'Ivoire. Et la guerre de l'après Gbagbo que se livrent furtivement Affi N'Guessan (président du Fpi) et Mamadou Koulibaly (président de l'Assemblée nationale et 3e vice-président du parti), donc tous du Fpi, n'intéresse pas ces experts de l'Onu. On se souvient que pendant les manifestations violentes des jeunes patriotes contre la décision du Gti (Groupe de travail international), relative à la dissolution de l'Assemblée nationale, début janvier 2006, Charles Blé Goudé n'était pas sur le terrain de la violence. Couché devant l'ambassade de France, il observait une grève de la faim. Mais l'Onu avait tout fait pour le repêcher, et le mettre sur la liste des sanctionnés, c'est-à-dire des gens qui ont été violents : il était devenu, dès lors, un martyr.
L'Onu a tiré leçon de sa fronde contre Gbagbo : Si des attaques de front lancées contre Laurent Gbagbo l'ont rendu plus fort, des attaques de front lancées aujourd'hui, contre Blé Goudé le rendront plus fort pour l'après Gbagbo. C'est une façon de l'aider à faire ses armes, vu ses qualités (tribun, non-violent, mobilisateur) démontrées pendant la crise. La création de scandales artificiels est une vieille méthode utilisée par certains hommes publics pour faire remonter leur cote de popularité en berne. Et là, je crains fort qu'il n'y ait un deal entre le groupe d'experts de l'Onu, auteur du courrier envoyé à Frat-Mat, et notre compatriote Charles Blé Goudé. Courrier qui a atteint son objectif : l'émoi général. Voyez la levée de boucliers depuis la révélation de ce courrier. Les éditoriaux élogieux sont relancés pour la " victime " de l'Onu, les articles au vitriol, rappelant les hauts faits de Blé, sont écrits contre les Nations unies ; les Sms de soutien distribués, les parlements et agoras sont en ébullition. L'Onu a donc ouvert une fausse polémique, rien que pour se jouer de nos intelligences et faire la promotion d'un des nôtres. Et nos analyses de semi intellectuels se sont littéralement fourvoyées.
Blé Goudé a le droit d'être ambitieux. C'est humain. Restant sur son signal d'indépendant, après l'élection ou non de Gbagbo, il va engager dans des batailles départementales, ses forces qu'il est en train d'accumuler. Et là, il peut jeter des jeunes dans les compétitions, même contre le camp présidentiel. Mais que les hommes de Blé Goudé prennent des sièges au parlement, parmi les conseils généraux et les maires, ne nuirait pas à la politique de Gbagbo, dont il reste un proche. Mais si l'Onu ne reproche rien à Blé Goudé et veut même le positionner pour l'après Gbagbo, qu'elle le fasse honnêtement, sans nous tourner en bourrique. Cela ferait partie de la réconciliation générale.
Germain Séhoué
Président de la Coalition des Journalistes résistants de Côte d'Ivoire (Cjr-Ci)
gs05895444@yahoo.fr
1- Les faits
Le 5 mars 2009, un groupe d'experts onusien sur la Côte d'Ivoire, dirigé par Lipika M. Roy Chouhury, a adressé un courrier au Dg de Fraternité Matin : "Blé Goudé doit être astreint, dans le cadre des sanctions, à des revenus de subsistance. Il lui est interdit d'avoir d'autres revenus y compris des droits d'auteur. Frat-Mat est en infraction. Il vous faut écrire au Conseil de sécurité pour avoir des informations complémentaires". Ce courrier a provoqué et continue de le faire, l'émoi collectif des Ivoiriens, en faveur du leader de la jeunesse patriotique ivoirienne. Pour certains, l'acte de l'Onu vise Laurent Gbagbo. Pour d'autres, l'Organisation de Ban-Ki Moon veut saboter le processus de paix. Mais selon Hamadoun Touré, le porte-parole de l'Opération des Nations Unies en Côte d' Ivoire (Onuci), "Je ne pense pas que cela menace le processus de paix parce que le comité a rencontré les personnes sous sanction et leur a expliqué ce qu'il fallait faire pour la levée de ces sanctions." Pour ma part, c'est là où se trouve la clé de voûte de cette énigme.
2- La réalité qui perturbe la démarche intellectuelle
Pourquoi attaquer aujourd'hui Charles Blé Goudé, alors qu'il constitue, qu'on le veuille ou non, un symbole dans les efforts pour le retour à la paix ? Tôt, il a parlé avec les rebelles, fait de Wattao, un ami et multiplié des actions pour la paix avec la rébellion, au point même où il s'est attiré des inimitiés parmi les radicaux, au sein de la galaxie patriotique. En plus, son livre édité par Frat-Mat, n'est pas une exhortation à la haine, mais présente une vision de la reconstruction de la paix. Pourquoi donc l'Onu peut-elle l'attaquer en ce moment précis ?
L'Onu sait que la production littéraire n'est pas la source de financement des activités de Blé Goudé. Que valent 11 millions de Fcfa, aujourd'hui, dans le pouvoir financier du président du Cojep ? Rien. En demandant aux Ivoiriens de sortir dans la rue, la nuit du 6 novembre 2004, pour défendre la République contre l'occupation française, il n'a pas eu recours à des droits d'auteur ou au support d'un livre. Ils sont sortis pourtant. Il a commencé à financer les projets de jeunes (Sentinelles du Cojep de Marcory…), bien avant l'édition de son livre et la création de la structure de Communication, Leader's Team, dont il est le patron. Les moyens mis en œuvre pour ses gigantesques tournées en faveur de la paix et pour Laurent Gbagbo, ne peuvent sortir des maigres 11 millions d'un livre. L'Onu sait donc que Charles Blé Goudé a de puissantes sources de financement, des robinets bien juteux, en dehors des gains de sa plume, qu'elle n'a pas la possibilité de fermer. Elle est consciente que sa provocation à l'égard de Blé Goudé, viserait Laurent Gbagbo, si et seulement si, elle pouvait induire, à travers la réaction de l'intéressé, le délitement de l'Etat. Chose que l'Onu même sait improbable, persuadée qu'il est des inconditionnels de l'actuel Président de la République. De même, pour la défense de ses droits d'auteur, le leader de l'Alliance de la jeunesse patriotique, ne peut se permettre de perturber la sortie crise, en appelant à la rue, sous les balles de soldats onusiens ou français, les patriotes.
Si donc, elle est convaincue que son attaque contre Blé Goudé ne gênerait pas Gbagbo, que d'ailleurs son représentant Y.J. Choi comprend bien, si elle apprécie les efforts de paix du jeune leader, pourquoi alors, cette attitude de l'Onu contre Blé ?
3- L'agacement au Cnrd
En 2008, on a constaté que la galaxie patriotique est traversée par des courants contradictoires. Au sein des jeunesses, l'unanimité n'est pas observée. Il y a beaucoup des guerres de positionnement et on ne parvient pas à parler d'une seule voix, comme une entité. Le Cnrd, soucieux de l'union des forces dans la mouvance présidentielle, a mis en place une commission dirigée par l'honorable Ben Soumahoro, pour entendre les différents responsables des mouvements de jeunes. Tous ont parlé et exprimé leurs griefs, à l'exception de Charles Blé Goudé, qui ne s'est pas montré disponible. Dès lors, " des doyens " du Cnrd, qui avaient de l'estime pour lui, ont pris un coup de froid et commencé à réviser leur regard vis-à-vis de lui. Ils ont pris conscience que le président du Cojep se sent déjà dans la peau d'un futur chef d'Etat. Même des gens avec lesquels Blé avait des meilleurs contacts, ont cessé de l'appeler. Ils estiment que c'en était trop et que Blé les a ridiculisés, eux, ses aînés. Bien d'observateurs ont remarqué que, généralement, Blé Goudé ne se rend pas à une cérémonie où il n'est pas la vedette. Ce coup à la commission d'arbitrage de Ben Soumahoro et l'adversité au sein même de la galaxie patriotique, avaient sensiblement grignoté sa popularité. Et il avait l'impression de vivre sur la vitesse acquise. En plus de ses tournées et autres actions médiatisées, il avait besoin d'être à la Une des journaux et davantage dans l'estime de l'opinion.
4- L'admiration de l'Onu pour Blé Goudé
Or, depuis longtemps, un groupe de lobby onusien est tombé sous le charme du leader de la jeunesse patriotique de Côte d'Ivoire et a décidé de le positionner pour l'après Gbagbo. Blé Goudé a toujours clamé qu'il n'est pas militant du Front populaire ivoirien (Fpi), mais partisan de Gbagbo. Il a sa structure para-politique, Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep). Une structure qu'il ne cesse d'équiper et d'implanter à travers le pays. Qui, certainement comme le Rpp de Laurent Dona Fologo, prendra son envol, le moment venu. Laurent Gbagbo ne sera pas éternellement le Président de la Côte d'Ivoire. Et la guerre de l'après Gbagbo que se livrent furtivement Affi N'Guessan (président du Fpi) et Mamadou Koulibaly (président de l'Assemblée nationale et 3e vice-président du parti), donc tous du Fpi, n'intéresse pas ces experts de l'Onu. On se souvient que pendant les manifestations violentes des jeunes patriotes contre la décision du Gti (Groupe de travail international), relative à la dissolution de l'Assemblée nationale, début janvier 2006, Charles Blé Goudé n'était pas sur le terrain de la violence. Couché devant l'ambassade de France, il observait une grève de la faim. Mais l'Onu avait tout fait pour le repêcher, et le mettre sur la liste des sanctionnés, c'est-à-dire des gens qui ont été violents : il était devenu, dès lors, un martyr.
L'Onu a tiré leçon de sa fronde contre Gbagbo : Si des attaques de front lancées contre Laurent Gbagbo l'ont rendu plus fort, des attaques de front lancées aujourd'hui, contre Blé Goudé le rendront plus fort pour l'après Gbagbo. C'est une façon de l'aider à faire ses armes, vu ses qualités (tribun, non-violent, mobilisateur) démontrées pendant la crise. La création de scandales artificiels est une vieille méthode utilisée par certains hommes publics pour faire remonter leur cote de popularité en berne. Et là, je crains fort qu'il n'y ait un deal entre le groupe d'experts de l'Onu, auteur du courrier envoyé à Frat-Mat, et notre compatriote Charles Blé Goudé. Courrier qui a atteint son objectif : l'émoi général. Voyez la levée de boucliers depuis la révélation de ce courrier. Les éditoriaux élogieux sont relancés pour la " victime " de l'Onu, les articles au vitriol, rappelant les hauts faits de Blé, sont écrits contre les Nations unies ; les Sms de soutien distribués, les parlements et agoras sont en ébullition. L'Onu a donc ouvert une fausse polémique, rien que pour se jouer de nos intelligences et faire la promotion d'un des nôtres. Et nos analyses de semi intellectuels se sont littéralement fourvoyées.
Blé Goudé a le droit d'être ambitieux. C'est humain. Restant sur son signal d'indépendant, après l'élection ou non de Gbagbo, il va engager dans des batailles départementales, ses forces qu'il est en train d'accumuler. Et là, il peut jeter des jeunes dans les compétitions, même contre le camp présidentiel. Mais que les hommes de Blé Goudé prennent des sièges au parlement, parmi les conseils généraux et les maires, ne nuirait pas à la politique de Gbagbo, dont il reste un proche. Mais si l'Onu ne reproche rien à Blé Goudé et veut même le positionner pour l'après Gbagbo, qu'elle le fasse honnêtement, sans nous tourner en bourrique. Cela ferait partie de la réconciliation générale.
Germain Séhoué
Président de la Coalition des Journalistes résistants de Côte d'Ivoire (Cjr-Ci)
gs05895444@yahoo.fr