Il aura du mal à faire passer la pilule auprès de la communauté internationale. Andry Rajoelina veut montrer patte blanche après son coup d'Etat déguisé.
Le nouveau président de transition de Madagascar a du mal à convaincre. Andry Rajoelina qui a pris le pouvoir avec la complicité de l'armée cherche à prendre ses marques sur la Grande Ile. Il a annoncé hier la suspension des "activités de l'Assemblée nationale et du Sénat". Les pouvoirs du Parlement, supposé largement dominé par les partisans de Marc Ravalomanana forcé de démissionner de la présidence, seront exercés par deux nouvelles institutions - une "Haute autorité pour la transition" et un "Conseil pour le redressement économique et social" - ainsi que par le gouvernement. Le nouveau président est engagé dans le même temps dans une opération de séduction à l'endroit de la communauté internationale qui conteste son pouvoir. La communauté internationale, restée jusque-là prudente, a commencé hier à contester ce changement intervenu à la tête du pays. La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a indiqué qu'elle ne reconnaissait pas l'ancien maire d'Antananarivo dans ses nouvelles fonctions, appelant l'Union africaine (UA) à faire de même et menaçant de prendre des sanctions. "La SADC ne reconnaît pas Rajoelina comme président car sa nomination viole non seulement la Constitution de Madagascar mais aussi les principes internationaux comme les protocoles de la SADC, de l'UA et des Nations Unies", a indiqué, après une réunion extraordinaire, l'organe de sécurité du bloc régional dont la Grande Ile est membre. L'Afrique Australe, qui entend "aider à trouver une stratégie" de sortie de crise, prévient "qu'en cas de non respect et de non coopération par le régime de facto, la SADC considérerait des sanctions appropriées ou l'utilisation de tous les moyens disponibles pour rétablir l'ordre à Madagascar". Les Etats-Unis ont de leur côté estimé "non démocratique" ce changement à la tête de l'Etat et annoncé qu'ils étaient "en train d'évaluer l'impact que ce transfert va avoir" sur leurs relations avec le gouvernement de Madagascar. La Norvège, quant à elle, a décidé de poursuivre le gel de son aide bilatérale, estimée à 10,3 millions d'euros par an. L'UA a pour sa part reporté à aujourd'hui une réunion sur la situation à Madagascar de son Conseil de paix et de sécurité qui était prévue hier à Addis Abeba. Mercredi, l'ONU avait dit n'être pas en mesure de se prononcer sur la légalité du nouveau pouvoir, tout en indiquant ne pas tolérer les "changements de gouvernement anticonstitutionnels". Peut-être que les assurances reçues du nouvel ambassadeur de France à Madagascar Jean-Marc Châtaigner "en visite de courtoisie" y changeront quelque chose. M. Rajoelina a estimé au sortir d'une rencontre avec l'émissaire de l'Elysée que la question de la reconnaissance de son pouvoir par la communauté internationale ne se posait plus. "La question n'est plus la reconnaissance, mais la façon dont nous allons diriger la transition", a-t-il assuré. La quête de légitimité ne sera pas une partie de plaisir.
Bakayoko Youssouf
Le nouveau président de transition de Madagascar a du mal à convaincre. Andry Rajoelina qui a pris le pouvoir avec la complicité de l'armée cherche à prendre ses marques sur la Grande Ile. Il a annoncé hier la suspension des "activités de l'Assemblée nationale et du Sénat". Les pouvoirs du Parlement, supposé largement dominé par les partisans de Marc Ravalomanana forcé de démissionner de la présidence, seront exercés par deux nouvelles institutions - une "Haute autorité pour la transition" et un "Conseil pour le redressement économique et social" - ainsi que par le gouvernement. Le nouveau président est engagé dans le même temps dans une opération de séduction à l'endroit de la communauté internationale qui conteste son pouvoir. La communauté internationale, restée jusque-là prudente, a commencé hier à contester ce changement intervenu à la tête du pays. La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a indiqué qu'elle ne reconnaissait pas l'ancien maire d'Antananarivo dans ses nouvelles fonctions, appelant l'Union africaine (UA) à faire de même et menaçant de prendre des sanctions. "La SADC ne reconnaît pas Rajoelina comme président car sa nomination viole non seulement la Constitution de Madagascar mais aussi les principes internationaux comme les protocoles de la SADC, de l'UA et des Nations Unies", a indiqué, après une réunion extraordinaire, l'organe de sécurité du bloc régional dont la Grande Ile est membre. L'Afrique Australe, qui entend "aider à trouver une stratégie" de sortie de crise, prévient "qu'en cas de non respect et de non coopération par le régime de facto, la SADC considérerait des sanctions appropriées ou l'utilisation de tous les moyens disponibles pour rétablir l'ordre à Madagascar". Les Etats-Unis ont de leur côté estimé "non démocratique" ce changement à la tête de l'Etat et annoncé qu'ils étaient "en train d'évaluer l'impact que ce transfert va avoir" sur leurs relations avec le gouvernement de Madagascar. La Norvège, quant à elle, a décidé de poursuivre le gel de son aide bilatérale, estimée à 10,3 millions d'euros par an. L'UA a pour sa part reporté à aujourd'hui une réunion sur la situation à Madagascar de son Conseil de paix et de sécurité qui était prévue hier à Addis Abeba. Mercredi, l'ONU avait dit n'être pas en mesure de se prononcer sur la légalité du nouveau pouvoir, tout en indiquant ne pas tolérer les "changements de gouvernement anticonstitutionnels". Peut-être que les assurances reçues du nouvel ambassadeur de France à Madagascar Jean-Marc Châtaigner "en visite de courtoisie" y changeront quelque chose. M. Rajoelina a estimé au sortir d'une rencontre avec l'émissaire de l'Elysée que la question de la reconnaissance de son pouvoir par la communauté internationale ne se posait plus. "La question n'est plus la reconnaissance, mais la façon dont nous allons diriger la transition", a-t-il assuré. La quête de légitimité ne sera pas une partie de plaisir.
Bakayoko Youssouf