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Politique Publié le vendredi 20 mars 2009 | Nord-Sud

Accusé d`incitation à l`insurrection : Anaky Kobena interpellé et détenu depuis hier à la DST

Le président du Mouvement des forces d’avenir a été interpellé hier et entendu plusieurs heures durant à la Direction de surveillance du territoire. Il y demeurait encore au moment où nous mettions sous presse.

La détermination de la centaine de militants du Mfa qui ont effectué le déplacement n’aura visiblement pas suffi. Il est 22h. L’ancien ministre des Transports, Anaky Kobena, leur leader, vient de passer sa sixième heure de détention dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire. Ce service de police l’avait interpellé aux alentours de 16h à son domicile, à Marcory (Bietry), pour qu’il réponde de ses propos tenus lors d’un débat télévisé, propos jugés «incitatifs à l’insurrection» par les autorités. La relaxe du patron du Mfa avait pourtant été annoncée comme imminente aux alentours de 19h. Mais, alors que ses militants s’attendaient à le voir sortir, ce sont plutôt quatre cargos des forces de l’ordre qui sont apparus. Des véhicules de la Bae(2), du Cecos (1) et de la Crs (1) qui ont déversé plusieurs centaines d’éléments armés de Kalachnikovs et de grenades lacrymogènes. Les militants, à l’issue d’un long face-à-face avec les policiers, ont fini par céder face à la menace de bastonnade. Contraints de battre en retrait, abandonnant leur leader qui, selon toute vraisemblance, devait passer la nuit en détention.

Tout commence aux environs de 12h hier. Anaky Kobena vient de boucler une interview dans les locaux de la radio onusienne. Il s’apprête à regagner son domicile lorsque plusieurs coups de fil lui annoncent qu’une opération visant son arrestation se prépare. Anaky laisse la menace venir. De fait, 48h plutôt, soit mercredi 19 mars, il était l’invité d’un débat télévisé sur la première chaîne. Le ministre y avait exprimé ses positions sur un ton assez corsé. Parlant de la sortie de crise, il avait dit : «Chers Ivoiriens, ce qui vient de se passer à Madagascar est édifiant. C’est la preuve que tout est possible. Cela veut dire que vous pouvez obtenir ce que vous voulez si vous êtes déterminés. Cela doit donc vous servir d’exemple pour balayer Gbagbo du pouvoir pour mettre en place une vraie transition». Ces propos ont fait la une de plusieurs journaux dont les «bleus» (proches du camp présidentiel) n’avaient pas hésité à appeler ouvertement à la mise aux arrêts d’Anaky. Le patron du Mfa explique à ses camarades qu’il a été invité en tant que leader politique et que si la démocratie fonctionne réellement, l’information de son arrestation ne devrait relever que de la simple rumeur. Que non ! Rentré chez lui, il est surpris aux alentours de 16h par un détachement de la police qui vient lui tendre une convocation en exigeant qu’il l’accompagne à la Dst, à Cocody. L’information de son arrestation part comme une traînée de poudre. Nous entreprenons de la recouper aussitôt. Joint par téléphone, le secrétaire général du Mfa, Légré Philippe, confirme : «Les policiers sont effectivement venus arrêter notre président. Comme ils doivent le conduire à la Dst, Anaky m’a demandé de les devancer ici. Je suis actuellement devant les locaux de la Dst». Légré est sous le choc. «Je pense que c’est certainement à cause de son passage sur le plateau de la Rti. Ce n’est pas normal. Il a donné son opinion. Si nous ne sommes plus libres de nous exprimer, c’est que plus rien ne vaut la peine dans ce pays. On ne peut pas nous demander d’applaudir alors que tout va mal. Nous sommes indigné. Ce qu’Anaky a dit, d’autres ont dit pire dans ce pays sous Houphouët-Boigny sans être inquiétés», a affirmé M. Légré. Le ministre Anaky que nous avons quelques instants plus tard au bout du fil veut relativiser. «Non ! Je ne suis pas arrêté. Je suis simplement convoqué. Donc actuellement, je m’apprête entrer à la Dst pour répondre à la convocation. C’est même un commissaire de police qui est venu me demander poliment de venir, donc je viens !», confie-t-il avant de couper pour ne plus être joignable. Il est alors 17h 05mn. Nous entreprenons de nous rendre à la Dst où nous trouvons du monde devant les locaux. Plus d’une vingtaine de véhicules personnels sont stationnés. Autour, une centaine de militants du Mfa devisent pas petits groupes. «Anaky est en train d’être entendu à l’intérieur», apprend-on. De nombreux journalistes de la presse nationale et internationale sont aux aguets. Plus d’une dizaine d’avocats attendent dont l’ancien ministre de l’Industrie, Me Ahoussou Jeannot. Ils avaient tous souhaité assister à l’interrogatoire. Mais, le directeur de la Dst, Negblé César, leur a opposé un refus catégorique exigeant qu’un seul défenseur accompagne M. Anaky en plus du secrétaire général du Mfa, Légré Philippe. C’est Me Akré qui est désigné par ses pairs. L’attente paraît interminable dehors. Les jeunes grognent mais observent. Il est 18h30, toujours aucune suite. C’est alors qu’arrive Blé Guirao, Sga à la mobilisation de l’Udpci, un parti frère du Rhdp. Lui dit ne pas comprendre pourquoi les choses traînent. Il frappe fort le grand portail et exige d’avoir des nouvelles d’Anaky. Dès que le portail s’entrouvre, Blé tente d’entrer. Il est violemment bousculé. Des cris d’indignation fusent du côté des militants du Mfa qui foncent vers le portail qu’ils frappent à coups de pied et de pierres. Blé Guirao s’adresse à la foule : «Levons-nous mes frères. Si nous restons les bras croisés c’est fini ! Nous serons tous arrêtés demain». Son message a touché la cible. Autour de la Dst, Kpangni Siméon (Pdt des jeunes du Mfa) galvanise ses troupes. On crie : «Libérez Anaky», on frappe le portail. Les policiers choisissent de jouer la carte de l’accalmie. Ils dépêchent le Sg du parti d’Anaky qui apparaît à la grande joie des militants et annonce :«C’est fini. Anaky sera libéré». Les jeunes hurlent de joie, mais sont sceptiques. Arrive alors le responsable de la jeunesse du Pdci, KKB qui est ovationné. Quelques instants plus tard, apparaît l’avocat d’Anaky qui précise à son tour que son client est juste en train de relire son Pv et qu’il sortirait dès qu’il l’aurait signé. «Ils lui ont posé des questions sur le débat. Ils ont surtout demandé pourquoi il a fait le parallèle avec Madagascar. Anaky leur a dit qu’il n’a pas incité à l’insurrection. Il a précisé son idée en disant qu’il a plutôt demandé au peuple de prendre conscience que lui seul peut ramener la paix. Mais qu’il n’a pas demandé aux populations de se soulever contre qui que ce soit», relate Me Akré. Sa sortie autorisée par la police visait visiblement juste à gagner du temps. Car, dans l’attente de la libération de leur leader, les militants sont surpris par plusieurs dizaines de policiers qui viendront à bout de leur mobilisation. Le petit monde s’est ainsi dispersé, abandonnant les lieux aux treillis. Anaky sera-t-il libéré aujourd’hui ? Pas très sur, si l’on s’en tient aux confidences d’une source qui explique que les autorités ont décidé de «frapper fort» afin de prévenir toute autre sortie de ce type de la part d’un leader de l’opposition. La réaction du Rhdp est attendue.


Djama Stanislas
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