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Politique Publié le samedi 28 mars 2009 | Nord-Sud

Changement de Constitution, Djédjé Mady répond à Wodié : “D’accord, mais après les élections”

Jeudi au cours d’une conférence à l’hôtel communal de Cocody, le président du Pit, le professeur Francis Wodié a proposé que l’on procède à un renouvellement de la loi fondamentale ivoirienne avant d’aller aux élections. Nous avons recueilli l’avis du secrétaire général du Pdci sur la question.


•Quelle est votre position sur le changement de la Constitution proposé par le professeur Francis Wodié ?

Nous sommes pour le changement de cette Constitution. Ce changement est d’ailleurs une nécessité.


•Pour vous ce changement doit s’opérer quand ? Avant ou après les élections ?

Le vrai débat porte effectivement sur le moment. Le problème c’est cela. Quand ? Au Pdci, nous pensons que le raisonnement intellectuel du professeur Wodié ne souffre d’aucune discussion. On est d’accord quant à la nécessité, intellectuellement, de rédiger d’abord la Constitution, pour que sur les bases de ce texte qui assigne une mission au prochain président, on aille ensuite aux élections. Ça ne se discute pas. Ce serait ça la norme. Mais, le problème qui se pose, c’est qu’il y a aussi la gestion de la réalité de tous les jours et d’autres urgences qui ne répondent pas forcément à la démarche de l’intellectuel que nous avons suivie hier soir (Ndlr : jeudi). Parce que la crise est réelle, il faut vite en sortir. On le dit tous. La nécessité d’organiser des élections pour recréer la confiance interne et externe est aussi réelle. Là aussi, il y a urgence. Or, la conception d’une nouvelle Constitution et l’organisation d’une consultation populaire prendront sûrement un temps important. Ce temps sera si important qu’on se demande s’il est politiquement indiqué de réviser ou changer la Constitution maintenant avant d’aller aux élections. J’estime personnellement qu’il serait bien d’aller aux élections dans le cadre de ces accords (Ndlr : Internationaux, notamment celui de Prétoria sur l’éligibilité de tous les participants à la table ronde de Marcoussis) pour que la prochaine autorité élue qui doit avoir conscience que la Côte d’Ivoire a besoin de réviser sa Constitution puisse conduire le chantier à tête reposée dans un climat moins agité et moins suspect pour faire un document qui soit vraiment consensuel dans un esprit participatif. Sinon, je pense que M. Wodié a raison, mais, le temps ne s’y prête pas. Donc, pour des raisons vitales, il serait bien d’aller d’abord aux élections de sorte qu’après on puisse faire la Constitution.


•Plusieurs candidatures à ces élections dont celle de votre candidat n’ont été validées que grâce à des accords internationaux. Pensez-vous qu’il n’y a pas un risque à être élu sur des bases en réalité non constitutionnelles ?

Nous sommes dans un problème. Cela est connu. Mais, on essaye de résoudre ce problème. Je pense qu’aujourd’hui, avec ce débat qui est lancé et qui ne date pas de maintenant, cela nous édifie tous. Tout individu ivoirien qui sera élu et qui est honnête, sait que cette Constitution doit être révisée et ce, en profondeur. Et si un nouveau texte est adopté par référendum, ce texte s’imposera au président élu qui doit pouvoir le respecter. Je pense que tout se pose en termes d’urgence et de nécessité vitale. Si nous n’allons pas par des élections à la sortie de cette crise dans le temps le plus court, le taux de paupérisation qui est déjà de 50% ce que l’autorité publique confirme, ira de mal en pis. Pour avoir une bonne Constitution, il faut être vivant. Soyons d’abord vivants avec une mauvaise Constitution de sorte que nous puissions améliorer notre vie plus tard avec une nouvelle Constitution. C’est pourquoi, je pense qu’au plan intellectuel, la proposition du professeur Wodié ne se discute pas. Mais, dans la réalité de tous les jours, dans ce que je pourrais appeler la phase prosaïque, il faut d’abord permettre aux Ivoiriens de survivre, avant de leur proposer une vie meilleure au plan des textes. C’est mon avis.


•Qu’est-ce qui se passera alors si un président élu s’accroche à cette Constitution qui a su démontrer qu’elle peut servir comme une arme redoutable contre des adversaires politiques ?

Avec des «Si », on peut faire beaucoup de choses. Et si on ne faisait jamais d’élection ? Et si nous nous passions définitivement de la Constitution ? Avec des «Si» on fait tout. Mais, moi j’essaye de mener la réflexion vers ce qui serait le plus urgent. Le président Wodié invite les uns et les autres à une réflexion sur le sujet. Continuons à réfléchir tous. L’idée que je donne est celle qui m’anime aujourd’hui au moment où vous m’interrogez. On est invité à la réflexion, allons y donc !

Interview réalisée par Djama Stanislas
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