La rue…et l’histoire
« Les amis, la marche, ça marche ! La marche, ça marche, la marche, ça marche… ». Ce slogan, la rue abidjanaise l’a repris abondamment en chœur pendant les marches et autres actions de protestation de l’opposition ivoirienne. D’octobre 1995, date de l’élection de Henri Konan Bédié à la présidence de la République, celui qui a succédé à Houphouët Boigny au décès du premier président en 1993, fera face à des manifestations géantes conduites de main de maitre par Laurent Gbagbo. Le patron du Front populaire ivoirien, Fpi, était un expert des formules d’entrainement des foules que d’aucuns considéraient enflammées et dangereuses. Parmi celles-ci sa trouvaille, « la marche, ça marche » résumait le choix du socialiste ivoirien d’imposer ses vues au pouvoir par le recours à la rue. Jusqu’en 1998, où il s’était considérablement rapproché du régime Pdci avec lequel il avait ouvert des négociations bilatérales au grand dam de son partenaire du Front républicain, Djéni Kobina du Rdr, Laurent Gbagbo avait le pouvoir du verbe. Et devant les Ivoiriens il magnifiait les mouvements populaires, ou militaro politiques qui emportaient les pouvoirs autoritaires d’Afrique et d’ailleurs. Le président du Fpi ne se privait pas de saluer l’action des jeunes au Mali dont la révolte a abouti à la chute de Moussa Traoré, de féliciter le courage des Indonésiens face au général Suarto, de parler avec extase de l’entrée des hommes de Laurent Désiré Kabila à Kinshasa.
Ça marche
De sa parole, il indiquait les voies par lesquelles le changement pouvait s’opérer. Le Fpi et son chef aimaient tellement le recours à la rue que, en octobre 2000, c’est à elle que le candidat Gbagbo demandera de faire partir le général Guéï Robert. « Je demande aux Ivoiriens de descendre dans la rue jusqu’à ce que le général Guéï recule » avait lancé le président du Fpi sur les antennes d’une radio internationale. Et certains se posaient la question de savoir pourquoi un tel choix alors que les voies judiciaires de contestation des résultats électoraux existent. C’est une question de culture politique et de recherche de l’efficacité ont répondu quelques ex-amis des socialistes ivoiriens. « La marche, ça marche ». Et le général Guéï est effectivement tombé au bout d’une journée de marche. C’est vieux comme le monde, les bourreaux ont une peur bleue de se coucher sur le ventre. Et quand un opposant du régime Fpi fait allusion à Madagascar, un pays où le pouvoir a changé de main par la rue, qui s’étonne de la réaction brutale du système ? Qui s’étonne que le pouvoir l’interpelle et face monter l’armée au premier rang ? Il n’y a pas de quoi. Ceux qui connaissent l’histoire comprennent la frilosité du Fpi devant tout ce qui évoque…la rue !
Dembélé Al Seni
« Les amis, la marche, ça marche ! La marche, ça marche, la marche, ça marche… ». Ce slogan, la rue abidjanaise l’a repris abondamment en chœur pendant les marches et autres actions de protestation de l’opposition ivoirienne. D’octobre 1995, date de l’élection de Henri Konan Bédié à la présidence de la République, celui qui a succédé à Houphouët Boigny au décès du premier président en 1993, fera face à des manifestations géantes conduites de main de maitre par Laurent Gbagbo. Le patron du Front populaire ivoirien, Fpi, était un expert des formules d’entrainement des foules que d’aucuns considéraient enflammées et dangereuses. Parmi celles-ci sa trouvaille, « la marche, ça marche » résumait le choix du socialiste ivoirien d’imposer ses vues au pouvoir par le recours à la rue. Jusqu’en 1998, où il s’était considérablement rapproché du régime Pdci avec lequel il avait ouvert des négociations bilatérales au grand dam de son partenaire du Front républicain, Djéni Kobina du Rdr, Laurent Gbagbo avait le pouvoir du verbe. Et devant les Ivoiriens il magnifiait les mouvements populaires, ou militaro politiques qui emportaient les pouvoirs autoritaires d’Afrique et d’ailleurs. Le président du Fpi ne se privait pas de saluer l’action des jeunes au Mali dont la révolte a abouti à la chute de Moussa Traoré, de féliciter le courage des Indonésiens face au général Suarto, de parler avec extase de l’entrée des hommes de Laurent Désiré Kabila à Kinshasa.
Ça marche
De sa parole, il indiquait les voies par lesquelles le changement pouvait s’opérer. Le Fpi et son chef aimaient tellement le recours à la rue que, en octobre 2000, c’est à elle que le candidat Gbagbo demandera de faire partir le général Guéï Robert. « Je demande aux Ivoiriens de descendre dans la rue jusqu’à ce que le général Guéï recule » avait lancé le président du Fpi sur les antennes d’une radio internationale. Et certains se posaient la question de savoir pourquoi un tel choix alors que les voies judiciaires de contestation des résultats électoraux existent. C’est une question de culture politique et de recherche de l’efficacité ont répondu quelques ex-amis des socialistes ivoiriens. « La marche, ça marche ». Et le général Guéï est effectivement tombé au bout d’une journée de marche. C’est vieux comme le monde, les bourreaux ont une peur bleue de se coucher sur le ventre. Et quand un opposant du régime Fpi fait allusion à Madagascar, un pays où le pouvoir a changé de main par la rue, qui s’étonne de la réaction brutale du système ? Qui s’étonne que le pouvoir l’interpelle et face monter l’armée au premier rang ? Il n’y a pas de quoi. Ceux qui connaissent l’histoire comprennent la frilosité du Fpi devant tout ce qui évoque…la rue !
Dembélé Al Seni