Noël Nemin, président du conseil de discipline du Pdci Rda, explique dans cet entretien la décision d’exclure les militants N’Zi Paul David, Appolinaire N’Dri et Gnamien Yao des instances du parti dirigé par Bédié.
•Que repondez-vous, président, à tous ceux qui estiment que le conseil de discipline a eu la main trop lourde en optant pour l’exclusion des militants N’Zi Paul David, Appolinaire N’Dri et Gnamien Yao tous membres du bureau politique du Pdci Rda ?
Nous avons pris une décision que nous croyons conforme aux statuts du Pdci Rda. Jusqu’ici, c’est vrai, il n’y a pas eu beaucoup de sanctions. Le Pdci a été seul comme parti politique sur la scène nationale jusqu’en 1990. Depuis le multipartisme, beaucoup de partis se sont créés, les Ivoiriens sont libres de militer dans le parti qu’ils veulent. Donc nous avons une obligation impérieuse de mettre la discipline dans nos rangs. C’est pour cela que nous ne pouvons pas laisser des responsables divaguer, dire ce qu’ils veulent au prétexte que c’est la liberté. Un parti politique, c’est l’association d’hommes libres qui se mettent ensemble pour la conquête du pouvoir. Avec l’intention de conserver ce pouvoir. Si vous ne vous sentez plus dans ce pouvoir, partez ! Mais on ne peut pas dire qu’on reste dedans et combattre le parti. C’est incompatible. Il faut prendre des décisions pour clarifier les choses.
•En clair, vous voulez que le cas de ces cadres radiés serve d’exemple aux autres…
Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. Si vous ne tirez pas de leçons des situations, c’est que vous n’êtes pas un homme.
•A quoi s’exposent s’ils persistent dans la défiance ?
Ils sont sortis du parti. Qu’ils crient, qu’ils pleurent, c’est leur affaire. Ils ne risquent rien. Ils peuvent toujours crier, insulter. Peu m’en chaut comme diraient les Français.
•L’ancien ministre Gnamien Yao a souligné dans une déclaration que la décision du conseil de discipline est nulle et de nul effet. Qu’en dites-vous?
C’est son problème à lui. Qu’est-ce qui lui permet de dire cela ?
•Il s’appuie sur l’article 134 du règlement intérieur de votre parti qui stipule, selon lui, que l’exclusion relève de la compétence du congrès.
Nous avons pris une décision d’exclusion. J’ai amené les statuts pour que vous les examinez pour dire la vérité aux Ivoiriens. Il ne s’agit pas de raconter ce qu’on a envie de raconter. L’article 123 dit : « Les sanctions énumérées à l’article 122 sont prononcées dans les cas suivants : atteinte à l’unité du parti, atteinte à l’honorabilité du président, insoumission aux décisions du parti, etc ». Nous avons été saisi par le secrétaire général et nous avons pris la décision. Quelle contrariété y a-t-il?
•Mais il soutient que l’exclusion définitive relève du congrès.
Exclusion temporaire ou exclusion définitive, où est la différence ? Il y a quatre sanctions qui sont prévues : avertissement, blâme, suspension, l’exclusion temporaire et l’exclusion définitive. Les deux dernières sanctions qui sont les plus graves relèvent du conseil de discipline sur saisine du secrétaire général. Il nous a saisi et nous avons statué. Nous avons pris une décision conforme aux statuts. Gnamien Yao raconte des histoires. Je vous le dis et je maintiens. Il y a beaucoup de militants qui croyaient qu’à partir de l’instant qu’ils sont dans les hautes instances du parti, c’est fini. Ils vont attendre le congrès dans cinq ans, pendant ce temps, ils détruisent le parti et on ne peut rien dire. Ce serait bête et aucune structure ne peut se baser sur les textes de ce genre. Dans la vie du parti, il y a des comportements. Il faudrait bien que ces comportements soient sanctionnés sinon c’est le laisser-aller.
•Il a été très dur avec vous en vous traitant de « suiveur impénitent »
Laissez Gnamien Yao. C’est mon petit. On ne peut pas empêcher un enfant de pleurer quand il a été frappé. Laissez-le pleurer. Dans ses pleurs, il dit n’importe quoi. Je lui pardonne. C’est tout.
•Ne pensez-vous pas que cette sanction va diviser davantage le Pdci qui a besoin de faire son unité à l’approche des élections ?
Il y a eu plus que ça. Beaucoup de hauts cadres ont quitté le Pdci pour créer leur parti politique. Est-ce que ça a empêché le Pdci de vivre. Ces sanctions doivent faire comprendre à chaque militant et chaque responsable surtout qu’il y a un minimum de choses à faire dans un parti, il y a une discipline. Si on ne peut pas respecter cette discipline, on sort du parti. Personne ne vous en voudra. On ne peut pas être et ne pas être à la fois.
•Le père fondateur du Pdci, Félix Houphouët Boigny, doit se retouner dans sa tombe après ces sanctions qui sont contraires au dialogue qu’il a toujours prôné.
Je vous ai dit quelque chose d’entrée de jeu. Nous étions seul sur la scène politique. Il n’y avait pas d’autres partis. On parlait de rassemblement, on essayait de ramener tous ceux qu’on pouvait ramener. C’était la cuisine intérieure. Mais aujourd’hui, le problème n’est plus le même, nous avons plusieurs partis qui se battent pour la conquête du pouvoir. S’il n’y a pas un minimum de discipline, il n’y aurait pas de parti.
•Quel autre recours reste-t-il à ces cadres radiés ? Est-ce qu’ils peuvent être réhabilités, si oui comment ?
Si je suis radié et que je me sens Pdci dans l’âme, je ferai amende honorable, j’écrirerai au président du parti de pardonner et je me remettrai dans les rangs.
•Le président Bédié est-il en accord avec les décisions du conseil de discipline?
Il ne peut pas ne pas être en accord parce que les textes disent que la décision est prise sous l’autorité du président.
•Gnamien Yao défie la direction du parti en donnant rendez-vous aux militants au congrès. Qu’est ce qui bloque aujourd’hui la tenue de ce congrès ?
Vous n’allez pas nous apprendre qui va convoquer notre congrès ! Les statuts le disent. On a déjà choisi notre candidat pour les élections qui viennent. Après Marcoussis, Accra puis Pretoria, il y a eu des conventions qui ont été arrêtées. C’est tellement vrai que ceux qui n’étaient pas éligibles sont devenus éligibles. On reste donc dans ce contexte-là jusqu’à ce que les élections s’organisent. Entre temps, on ne peut pas s’amuser à faire un autre congrès.
•Pour revitaliser le parti peut-être?
Cela supposerait d’autres conséquences.
•Lesquelles ?
Si on refait le congrès, on va demander d’abord de faire des conventions pour désigner d’autres candidats, on ne s’en sortira plus. Ça sera un perpétuel recommencement. Nous avons arrêté des choses. Il y a eu des conventions qui ont choisi le candidat. Une fois que les élections ont lieu, la prochaine étape sera un congrès avec d’autres conventions.
•Il y a des élus parmis les radiés. Ne craignez-vous pas que ces responsables se retournent plus tard contre vous pour faire perdre le Pdci dans leurs zones ?
Croyez-vous que les militants ont suivi N’Zi Paul David parce qu’il est le phénix des hauts de ces bois comme le dirait la fable de la Fontaine? Non ! On l’a suivi parce qu’il était Pdci ; s’il ne l’est plus, croyez-vous que les gens vont le suivre ? Je crois que non.
•Que vous inspire le drame qui s’est produit dimanche au stade Félix Houphouêt Boigny ?
J’ai été malheureux d’apprendre cette triste nouvelle. Le peu que je sais sur cette affaire c’est que c’est un portail qui s’est effrondré et il y a eu des grenades lacrymogènes ce qui a surmultiplié la débandade. Cet incident est grave parce que cela veut dire que la sécurité n’était pas bonne. En principe celui qui est chargé de l’ordre doit répondre de ses actes parce que c’est tout à fait anormal qu’un portail s’écroule à l’occasion d’un match de football et qu’il y ait tant de morts. 19 morts, c’est trop et c’est dramatique. Ça veut dire que nous ne sommes pas encore au point dans notre organisation sécuritaire.
Entretien réalisé par Jean Roche Kouamé
•Que repondez-vous, président, à tous ceux qui estiment que le conseil de discipline a eu la main trop lourde en optant pour l’exclusion des militants N’Zi Paul David, Appolinaire N’Dri et Gnamien Yao tous membres du bureau politique du Pdci Rda ?
Nous avons pris une décision que nous croyons conforme aux statuts du Pdci Rda. Jusqu’ici, c’est vrai, il n’y a pas eu beaucoup de sanctions. Le Pdci a été seul comme parti politique sur la scène nationale jusqu’en 1990. Depuis le multipartisme, beaucoup de partis se sont créés, les Ivoiriens sont libres de militer dans le parti qu’ils veulent. Donc nous avons une obligation impérieuse de mettre la discipline dans nos rangs. C’est pour cela que nous ne pouvons pas laisser des responsables divaguer, dire ce qu’ils veulent au prétexte que c’est la liberté. Un parti politique, c’est l’association d’hommes libres qui se mettent ensemble pour la conquête du pouvoir. Avec l’intention de conserver ce pouvoir. Si vous ne vous sentez plus dans ce pouvoir, partez ! Mais on ne peut pas dire qu’on reste dedans et combattre le parti. C’est incompatible. Il faut prendre des décisions pour clarifier les choses.
•En clair, vous voulez que le cas de ces cadres radiés serve d’exemple aux autres…
Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. Si vous ne tirez pas de leçons des situations, c’est que vous n’êtes pas un homme.
•A quoi s’exposent s’ils persistent dans la défiance ?
Ils sont sortis du parti. Qu’ils crient, qu’ils pleurent, c’est leur affaire. Ils ne risquent rien. Ils peuvent toujours crier, insulter. Peu m’en chaut comme diraient les Français.
•L’ancien ministre Gnamien Yao a souligné dans une déclaration que la décision du conseil de discipline est nulle et de nul effet. Qu’en dites-vous?
C’est son problème à lui. Qu’est-ce qui lui permet de dire cela ?
•Il s’appuie sur l’article 134 du règlement intérieur de votre parti qui stipule, selon lui, que l’exclusion relève de la compétence du congrès.
Nous avons pris une décision d’exclusion. J’ai amené les statuts pour que vous les examinez pour dire la vérité aux Ivoiriens. Il ne s’agit pas de raconter ce qu’on a envie de raconter. L’article 123 dit : « Les sanctions énumérées à l’article 122 sont prononcées dans les cas suivants : atteinte à l’unité du parti, atteinte à l’honorabilité du président, insoumission aux décisions du parti, etc ». Nous avons été saisi par le secrétaire général et nous avons pris la décision. Quelle contrariété y a-t-il?
•Mais il soutient que l’exclusion définitive relève du congrès.
Exclusion temporaire ou exclusion définitive, où est la différence ? Il y a quatre sanctions qui sont prévues : avertissement, blâme, suspension, l’exclusion temporaire et l’exclusion définitive. Les deux dernières sanctions qui sont les plus graves relèvent du conseil de discipline sur saisine du secrétaire général. Il nous a saisi et nous avons statué. Nous avons pris une décision conforme aux statuts. Gnamien Yao raconte des histoires. Je vous le dis et je maintiens. Il y a beaucoup de militants qui croyaient qu’à partir de l’instant qu’ils sont dans les hautes instances du parti, c’est fini. Ils vont attendre le congrès dans cinq ans, pendant ce temps, ils détruisent le parti et on ne peut rien dire. Ce serait bête et aucune structure ne peut se baser sur les textes de ce genre. Dans la vie du parti, il y a des comportements. Il faudrait bien que ces comportements soient sanctionnés sinon c’est le laisser-aller.
•Il a été très dur avec vous en vous traitant de « suiveur impénitent »
Laissez Gnamien Yao. C’est mon petit. On ne peut pas empêcher un enfant de pleurer quand il a été frappé. Laissez-le pleurer. Dans ses pleurs, il dit n’importe quoi. Je lui pardonne. C’est tout.
•Ne pensez-vous pas que cette sanction va diviser davantage le Pdci qui a besoin de faire son unité à l’approche des élections ?
Il y a eu plus que ça. Beaucoup de hauts cadres ont quitté le Pdci pour créer leur parti politique. Est-ce que ça a empêché le Pdci de vivre. Ces sanctions doivent faire comprendre à chaque militant et chaque responsable surtout qu’il y a un minimum de choses à faire dans un parti, il y a une discipline. Si on ne peut pas respecter cette discipline, on sort du parti. Personne ne vous en voudra. On ne peut pas être et ne pas être à la fois.
•Le père fondateur du Pdci, Félix Houphouët Boigny, doit se retouner dans sa tombe après ces sanctions qui sont contraires au dialogue qu’il a toujours prôné.
Je vous ai dit quelque chose d’entrée de jeu. Nous étions seul sur la scène politique. Il n’y avait pas d’autres partis. On parlait de rassemblement, on essayait de ramener tous ceux qu’on pouvait ramener. C’était la cuisine intérieure. Mais aujourd’hui, le problème n’est plus le même, nous avons plusieurs partis qui se battent pour la conquête du pouvoir. S’il n’y a pas un minimum de discipline, il n’y aurait pas de parti.
•Quel autre recours reste-t-il à ces cadres radiés ? Est-ce qu’ils peuvent être réhabilités, si oui comment ?
Si je suis radié et que je me sens Pdci dans l’âme, je ferai amende honorable, j’écrirerai au président du parti de pardonner et je me remettrai dans les rangs.
•Le président Bédié est-il en accord avec les décisions du conseil de discipline?
Il ne peut pas ne pas être en accord parce que les textes disent que la décision est prise sous l’autorité du président.
•Gnamien Yao défie la direction du parti en donnant rendez-vous aux militants au congrès. Qu’est ce qui bloque aujourd’hui la tenue de ce congrès ?
Vous n’allez pas nous apprendre qui va convoquer notre congrès ! Les statuts le disent. On a déjà choisi notre candidat pour les élections qui viennent. Après Marcoussis, Accra puis Pretoria, il y a eu des conventions qui ont été arrêtées. C’est tellement vrai que ceux qui n’étaient pas éligibles sont devenus éligibles. On reste donc dans ce contexte-là jusqu’à ce que les élections s’organisent. Entre temps, on ne peut pas s’amuser à faire un autre congrès.
•Pour revitaliser le parti peut-être?
Cela supposerait d’autres conséquences.
•Lesquelles ?
Si on refait le congrès, on va demander d’abord de faire des conventions pour désigner d’autres candidats, on ne s’en sortira plus. Ça sera un perpétuel recommencement. Nous avons arrêté des choses. Il y a eu des conventions qui ont choisi le candidat. Une fois que les élections ont lieu, la prochaine étape sera un congrès avec d’autres conventions.
•Il y a des élus parmis les radiés. Ne craignez-vous pas que ces responsables se retournent plus tard contre vous pour faire perdre le Pdci dans leurs zones ?
Croyez-vous que les militants ont suivi N’Zi Paul David parce qu’il est le phénix des hauts de ces bois comme le dirait la fable de la Fontaine? Non ! On l’a suivi parce qu’il était Pdci ; s’il ne l’est plus, croyez-vous que les gens vont le suivre ? Je crois que non.
•Que vous inspire le drame qui s’est produit dimanche au stade Félix Houphouêt Boigny ?
J’ai été malheureux d’apprendre cette triste nouvelle. Le peu que je sais sur cette affaire c’est que c’est un portail qui s’est effrondré et il y a eu des grenades lacrymogènes ce qui a surmultiplié la débandade. Cet incident est grave parce que cela veut dire que la sécurité n’était pas bonne. En principe celui qui est chargé de l’ordre doit répondre de ses actes parce que c’est tout à fait anormal qu’un portail s’écroule à l’occasion d’un match de football et qu’il y ait tant de morts. 19 morts, c’est trop et c’est dramatique. Ça veut dire que nous ne sommes pas encore au point dans notre organisation sécuritaire.
Entretien réalisé par Jean Roche Kouamé