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Politique Publié le mardi 31 mars 2009 | Notre Voie

Crise à l’UDPCI : Mabri de plus en plus isolé

Créé officiellement en février 2001, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) a connu trois présidents. Feu le général Robert Guéi, fondateur du parti et premier président à l’issue du premier congrès ordinaire de l’UDPCI tenu les 19 et 20 mai 2002. A la mort de Guéi en septembre 2002, son vice-président, Paul Akoto Yao a pris le fauteuil. Avant d’être évincé au terme d’un congrès controversé organisé les 9 et 10 avril 2005. Ce congrès, qui a porté Albert Mabri Toikeusse dit El Hadj Abdallah (du fait de sa conversion à l’islam) à la tête du parti, n’a jamais été reconnu par la tendance Paul Akoto Yao, qui considère l’acte posé par Mabri et ses soutiens comme «un coup d’Etat».

Ce congrès a marqué le début de la crise au sein de l’UDPCI. Une crise qui s’est traduite par de nombreux départs de cadres importants du parti mais surtout par l’isolement progressif du nouveau patron de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, Mabri Toikeusse.


Tout le monde abandonne Mabri

Mai 2002-mai 2009, cela fera bientôt six années que Mabri Toikeusse dirige l’UDPCI avec des fortunes diverses. Cette période a surtout été ponctuée par la descente du «navire Mabri» de personnalités que l’on disait très proches du président de l’UDPCI. Le cas le plus notable est celui du doyen Siki Blon Blaise dit «Bulldozer» ou «le fétiche de l’UDPCI». Même s’il reste encore militant de l’UDPCI et membre de la direction du parti (il est conseiller spécial du président de l’UDPCI chargé de la région des montagnes), ses relations avec Albert Mabri Toikeusse ne sont plus ce qu’elles étaient il y a quelques années. Selon les confidences de certains militants du parti de Robert Guéi, la déchirure entre Siki Blon Blaise et Mabri est liée à «un problème personnel qui a opposé les deux hommes» (par pudeur, nous n’évoquerons pas ce différend dans ce dossier). Depuis l’éclatement de ce problème, le président du conseil général de Man a abandonné son «poulain», le ministre du transport, Mabri Toikeusse. En dépit des missions de bons offices entreprises par des patriarches de l’Ouest montagneux pour les réconcilier. Siki Blon Blaise a certes dit avoir pardonné à son «petit», mais, pour les habitués du marigot politique de l’UDPCI, ce pardon est de façade. «Bulldozer ne peut pas pardonner à Mabri ce qu’il lui a fait. Surtout quand on sait que, sans des personnalités de poids telle que Siki Blon, Mabri n’aurait jamais pris le parti», soutient un militant. En effet, Siki Blon Blaise fait partie de ceux qui ont constitué le rempart pour Mabri Toikeusse lors de «la guerre» entre Mabri et Paul Akoto Yao pour le contrôle de l’UDPCI. Après la disparition du général Robert Guéi, le clan Mabri a estimé que Akoto Yao n’était pas assez imprégné «de la vision du général Guéi» pour diriger l’UDPCI. Le clan Akoto et certains de ses membres influents tels que Mme Tia Monnet Bertine et Kaé Eric ont élevé la voix pour condamner cette fronde contre Akoto perçue comme «un putsch». Siki Blon Blaise, Woï Messé et autres ont fait front en brouillant même leurs rapports avec Tia Monnet et d’autres cadres de l’UDPCI originaires de l’Ouest montagneux. A travers le recul de Siki Blon Blaise, Mabri a perdu un soutien de taille. Tout comme il a perdu Tia Koné, le président de la Cour suprême, qui était pourtant un des artisans de la création de l’UDPCI. Il avait initié en vain plusieurs rencontres à Grand-Bassam pour réconcilier les clans Mabri et Akoto Yao. Le clash entre les deux clans a entrainé le départ de nombreux cadres de l’UDPCI du parti. Sans renier l’UDPCI originel de Guéi, Paul Akoto Yao s’éloigne de l’UDPCI version Mabri. D’autres cadres en feront autant. Il s’agit, entre autres, de Bleu Lainé, Oulaï Tiabass, Célestin Noutoua Youdé, Kaé Eric, Oulé Tia, Danièle Boni Claverie, Tia Monné Bertine. Les uns créent leurs partis politiques. C’est le cas, par exemple, de Bleu Lainé et Danièle Boni Claverie avec l’URD, Tia Monnet Bertine sortie des entrailles de l’UDPCI pour créer l’UDT-CI, Oulé Tia Séraphin qui a fondé le RDP avec Tia Koné. Quant à Kaé Eric, il a créé l’AIRD. Les autres comme Oulaï Tiabass et Akoto Yao n’ont certes pas créé de partis, mais ne songent plus à regagner l’UDPCI tant que Mabri Toikeusse «en sera le président».
Ces personnalités qui ne veulent avoir «aucun commerce» avec Mabri Toikeusse lui reprochent beaucoup de choses, a-t-on appris au cours de nos investigations. Notamment son ethno-centrisme (il ramène tout au peuple dan alors que Guéi voulait un parti politique à vocation nationale), son arrogance et son ingratitude (Mabri ne reconnaît plus et combat ceux qui l’ont fait «roi», c’est-à-dire ministre) et son manque de profil pour diriger l’UDPCI, l’héritage politique de Robert Guéi (ils estiment que Mabri ne figurait pas parmi ceux qui constituaient le cercle d’influence politique autour de Guéi ; alors il n’est pas l’homme de la situation pour conduire l’UDPCI).

«Le président légal, le seul de l’Udpci après le président Guéi, c’est Paul Akoto Yao», soutenait Mme Tia Monnet Bertine au cours d’un meeting à la «place de la Concorde» à Duékoué, le 26 novembre 2005. Au plus fort de «la guerre» entre pro-Akoto et pro-Mabri. Aujourd’hui encore, non seulement la position de Mme Tia n’a pas changé, mais ils sont nombreux, les cadres de l’UDPCI partis qui pensent comme la présidente du conseil général de Biankouma.


Les fidèles de Mabri

Seule une poignée de cadres est restée fidèle à Mabri Toikeusse. Parmi eux, quelques anciens dont les vice-présidents Gnédéa Jean et Pierre Séka Roch, Alhassane Salif N’Diaye, secrétaire général de l’UDPCI, et Blé Guirao, l’ex-président de la jeunesse du parti et actuel SG adjoint du parti chargé de la mobilisation et l’organisation. En dépit de cette situation, le mal demeure. Mabri apparaît de plus en plus isolé. D’où son peu d’autorité pour s’imposer comme «leader» durant les préparatifs de la prochaine visite d’Etat du président de la République, Laurent Gbagbo, dans l’Ouest montagneux. Malgré son rang de chef de parti politique, l’UDPCI.


Didier Depry: didierdepri@yahoo.fr
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