Argent. Ce mot de six lettres vaut aujourd`hui plus que tout en Côte d`Ivoire. Tous veulent en avoir en quantité, quelle qu`en soit la manière.
Détournement de fonds par-ci, escroquerie par-là. Racket par-ci… Que de mauvais chemins pour s`enrichir en Côte d`Ivoire! L`argent est devenu le premier centre d`intérêt des Ivoiriens. Il faut l`avoir à tout prix et par tous les moyens. Une des illustrations de cette grande cupidité a été le phénomène des « banques volantes ». Les animateurs de ces structures, venues collecter des prêts contre des intérêts faramineux, n`ont pas eu de mal à attirer des clients. Sans discernement ni prudence, des milliers, voire des millions de personnes ont raclé leurs épargnes pour courir vers cette nouvelle race de banquiers qui vont plus tard s`avérer n`être que des marchands d`illusion. Comment comprendre que dans un pays où les banques les plus solides peinent à pratiquer des taux d`intérêt de 10%, des structures, parfois informelles, puissent rembourser des placements à hauteur de plus de 100% de la somme placée? Les promesses ont même souvent frôlé les 1.000%. Si ces intérêts prodigieux ont été payés aux premiers souscripteurs utilisés pour attirer la masse, les autres, ceux qui ont apporté les plus gros montants, ont été floués. Incapables de rembourser ne serait-ce que les placements. Beaucoup de vendeurs de rêve ont disparu au grand désarroi de leurs victimes. Sans honte, ni scrupules, les partisans de la facilité sont descendus dans les rues pour perturber l`ordre public. Ils ont été régulièrement gazés. Dans ce type de pratique, qui change régulièrement de forme, certains arnaqueurs n`hésitent pas à se servir du nom de Dieu. Voilà comment un certain Likabet Roland Darios, ancien pensionnaire de la Maca, a grugé des fidèles de plusieurs églises évangéliques. Il s`est présenté dans les temples avec des offres d`emplois réservées aux « enfants de Dieu.» Chaque fidèle était invité à fournir un dossier complet y compris des frais et honoraires allant de 31.500 Fcfa pour les candidats du niveau CM2, à 79.500F pour les Bac plus 3.
Gangrène nationale
Ils devaient être embauchés dans des firmes internationales. En réalité, des entreprises fictives. 600 personnes, y compris des pasteurs, ont mordu à l`appât. Quelle crédulité !
Après avoir empoché près de 2 millions de Fcfa, le « guide » s`est sauvé avant d`être rattrapé par la justice qui l`a ramené en prison pour 36 mois. Pour le fric, les Ivoiriens sont prêts au pire. On se demande encore comment des individus ont eu le culot d`accueillir à Abidjan des produits chimiques qui ont semé la mort en 2006. Même si d`aventure les importateurs de déchets toxiques disposaient de moyens de techniques pour les traiter sans nuire à la population, la morale aurait voulu que ce ne soit pas la Côte d`Ivoire qui accepte de recevoir ces slots que tous les pays avaient refusés.
On ne peut pas ne pas évoquer les dessous du drame survenu dimanche au stade Félix Houphouët Boigny. A l`occasion de l`opposition Côte d`Ivoire-Malawi, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2010, 19 supporters sont morts et 132 autres se sont blessés dans une bousculade à l`entrée du stade. Ils avaient acheté leur ticket pour une rencontre à guichets fermés. Mais à la surprise générale, il n`y avait plus de place à l`intérieur. Certaines sources disent que les organisateurs ont, comme d`habitude, en pareille situation, vendu plus de tickets qu`il n`y a de places. D`autres rétorquent que ce sont les agents de sécurité qui ont vendu l`accès au stade à des supporters qui n`avaient pas de tickets. Dans ce pays, lorsque quelqu`un se bât pour accéder à un haut poste administratif ou électif, il vise d`abord les ressources publiques qui vont lui offrir l`opulence et toutes sortes d`exccès, et jamais le service qu`il va rendre à la collectivité. Résultat, sur terrain, les fonds destinés à des projets d`intérêt général sont en partie ou totalement détournés par les décideurs. Le pays s`est offert des outils comme l`Inspection générale de l`Etat pour veiller à la transparence dans la gestion et pour la bonne gouvernance. Mais, que peuvent ces gendarmes dans un Etat gangréné par le vol des deniers publics? Ceux qui doivent donner force à la punition sont eux-mêmes au banc des accusés. C`est l`impunité générale. Au point où du jour au lendemain, vous pouvez amasser des milliards de Fcfa sans que personne ne lève le petit doigt. Pour ne pas rester les parents pauvres de ce système déréglé, les subalternes cherchent leur part chez les administrés. C`est le racket. Ah, ce racket ! Il sévit dans les bureaux, sur les routes, partout. Pour jouir d`un service public, le contribuable doit payer des frais officiels et glisser, entre les mains de salariés de l`Etat, d`autres sommes très officieuses qui sont malheureusement plus élevées que l`officielle. Tous les documents administratifs sont désormais soumis à cette règle. Sans oublier les concours de la Fonction publique, de l`armée et de la police. Même des décisions de justice sont vendues. Qu`est-ce qui a plongé le pays dans une telle pourriture morale qui compromet tout développement ? Jusqu`à quand cela va durer ? Que faut-il faire pour réduire le mal ? Qu`en pensent le citoyen ordinaire, les guides réligieux, les organisations de droit l`homme …Le débat est ouvert.
Cissé Sindou
Détournement de fonds par-ci, escroquerie par-là. Racket par-ci… Que de mauvais chemins pour s`enrichir en Côte d`Ivoire! L`argent est devenu le premier centre d`intérêt des Ivoiriens. Il faut l`avoir à tout prix et par tous les moyens. Une des illustrations de cette grande cupidité a été le phénomène des « banques volantes ». Les animateurs de ces structures, venues collecter des prêts contre des intérêts faramineux, n`ont pas eu de mal à attirer des clients. Sans discernement ni prudence, des milliers, voire des millions de personnes ont raclé leurs épargnes pour courir vers cette nouvelle race de banquiers qui vont plus tard s`avérer n`être que des marchands d`illusion. Comment comprendre que dans un pays où les banques les plus solides peinent à pratiquer des taux d`intérêt de 10%, des structures, parfois informelles, puissent rembourser des placements à hauteur de plus de 100% de la somme placée? Les promesses ont même souvent frôlé les 1.000%. Si ces intérêts prodigieux ont été payés aux premiers souscripteurs utilisés pour attirer la masse, les autres, ceux qui ont apporté les plus gros montants, ont été floués. Incapables de rembourser ne serait-ce que les placements. Beaucoup de vendeurs de rêve ont disparu au grand désarroi de leurs victimes. Sans honte, ni scrupules, les partisans de la facilité sont descendus dans les rues pour perturber l`ordre public. Ils ont été régulièrement gazés. Dans ce type de pratique, qui change régulièrement de forme, certains arnaqueurs n`hésitent pas à se servir du nom de Dieu. Voilà comment un certain Likabet Roland Darios, ancien pensionnaire de la Maca, a grugé des fidèles de plusieurs églises évangéliques. Il s`est présenté dans les temples avec des offres d`emplois réservées aux « enfants de Dieu.» Chaque fidèle était invité à fournir un dossier complet y compris des frais et honoraires allant de 31.500 Fcfa pour les candidats du niveau CM2, à 79.500F pour les Bac plus 3.
Gangrène nationale
Ils devaient être embauchés dans des firmes internationales. En réalité, des entreprises fictives. 600 personnes, y compris des pasteurs, ont mordu à l`appât. Quelle crédulité !
Après avoir empoché près de 2 millions de Fcfa, le « guide » s`est sauvé avant d`être rattrapé par la justice qui l`a ramené en prison pour 36 mois. Pour le fric, les Ivoiriens sont prêts au pire. On se demande encore comment des individus ont eu le culot d`accueillir à Abidjan des produits chimiques qui ont semé la mort en 2006. Même si d`aventure les importateurs de déchets toxiques disposaient de moyens de techniques pour les traiter sans nuire à la population, la morale aurait voulu que ce ne soit pas la Côte d`Ivoire qui accepte de recevoir ces slots que tous les pays avaient refusés.
On ne peut pas ne pas évoquer les dessous du drame survenu dimanche au stade Félix Houphouët Boigny. A l`occasion de l`opposition Côte d`Ivoire-Malawi, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2010, 19 supporters sont morts et 132 autres se sont blessés dans une bousculade à l`entrée du stade. Ils avaient acheté leur ticket pour une rencontre à guichets fermés. Mais à la surprise générale, il n`y avait plus de place à l`intérieur. Certaines sources disent que les organisateurs ont, comme d`habitude, en pareille situation, vendu plus de tickets qu`il n`y a de places. D`autres rétorquent que ce sont les agents de sécurité qui ont vendu l`accès au stade à des supporters qui n`avaient pas de tickets. Dans ce pays, lorsque quelqu`un se bât pour accéder à un haut poste administratif ou électif, il vise d`abord les ressources publiques qui vont lui offrir l`opulence et toutes sortes d`exccès, et jamais le service qu`il va rendre à la collectivité. Résultat, sur terrain, les fonds destinés à des projets d`intérêt général sont en partie ou totalement détournés par les décideurs. Le pays s`est offert des outils comme l`Inspection générale de l`Etat pour veiller à la transparence dans la gestion et pour la bonne gouvernance. Mais, que peuvent ces gendarmes dans un Etat gangréné par le vol des deniers publics? Ceux qui doivent donner force à la punition sont eux-mêmes au banc des accusés. C`est l`impunité générale. Au point où du jour au lendemain, vous pouvez amasser des milliards de Fcfa sans que personne ne lève le petit doigt. Pour ne pas rester les parents pauvres de ce système déréglé, les subalternes cherchent leur part chez les administrés. C`est le racket. Ah, ce racket ! Il sévit dans les bureaux, sur les routes, partout. Pour jouir d`un service public, le contribuable doit payer des frais officiels et glisser, entre les mains de salariés de l`Etat, d`autres sommes très officieuses qui sont malheureusement plus élevées que l`officielle. Tous les documents administratifs sont désormais soumis à cette règle. Sans oublier les concours de la Fonction publique, de l`armée et de la police. Même des décisions de justice sont vendues. Qu`est-ce qui a plongé le pays dans une telle pourriture morale qui compromet tout développement ? Jusqu`à quand cela va durer ? Que faut-il faire pour réduire le mal ? Qu`en pensent le citoyen ordinaire, les guides réligieux, les organisations de droit l`homme …Le débat est ouvert.
Cissé Sindou