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Politique Publié le jeudi 2 avril 2009 | Notre Voie

Alassane Ouattara, Président du RDR : "En 1999, les conditions étaient réunies pour un coup d’Etat"

Coup d’État de 1999 et septembre 2002

Je suis heureux que M. le Directeur général ait posé cette question (relative à son implication dans le coup d’Etat de décembre 1999 et la tentative du coup d’Etat de septembre 2002 qui s’est mué en rébellion armée. Ndlr). Souvenez-vous qu’en 1999, quand il y a eu le coup d’Etat, Mme Henriette Diabaté, Secrétaire général du Rdr, M. Amadou Coulibaly et d’autres personnes étaient en prison. Sur les dix membres de la Direction du parti, huit étaient en prison. Moi-même, j’étais en France. Je ne pouvais rentrer au pays puisqu’il y avait un mandat d’arrêt contre moi. Il aurait fallu que nous soyons très forts pour que, malgré l’absence du président du parti et l’emprisonnement de la Direction du Rdr, nous puissions organiser un coup d’Etat. Les manipulations et intoxications ont trop duré. Surtout après dix ans, on devrait pouvoir apporter les preuves de notre implication dans les coups dont on parle. On devrait pouvoir dire: “Sur la base de telle chose, Alassane Ouattara est responsable de ce coup d’Etat”. J’attends qu’on apporte de telles preuves, parce qu’elles n’existent pas. Le mensonge a trop duré. Je ne voudrais pas m’étendre sur ces questions. Je ne voudrais pas m’étendre sur le passé. Mais j’estime que la Côte d’Ivoire a besoin de vérité. Et la vérité est que nous n’avons rien à voir avec ce coup d’Etat; mais tout simplement, comme je le disais avant que la question ne me soit posée, les conditions étaient réunies pour un coup d’Etat. Quand il y a des tensions sociales très graves, quand il y a une détérioration économique très forte, quand les populations estiment qu’il y a un décalage entre le régime en place, entre les leaders et elles… cela conduit nécessairement à ce genre de situation : insurrection à Madagascar, coup d’Etat ici et là. Il est temps qu’on arrête de chercher des boucs émissaires et qu’on se consacre à faire en sorte que notre pays sorte de la misère, des injustices pour nous garantir un pays véritablement démocratique qui va faire son chemin dans le développement.

En ce qui concerne 2002, j’étais chez moi tranquillement, en train de déjeuner avec ma femme et des amis quand des chars sont venus attaquer ma résidence. Je ne pense pas que je sois un génie. Je ne peux pas organiser un coup d’Etat, m’asseoir chez moi et me comporter comme si de rien n’était. J’aurais au moins pris la précaution de quitter le pays tout de même. Je crois savoir que le général Robert Guéi avait été accusé d’être le cerveau de ce coup d’Etat. Il a été assassiné pour rien. J’apprends dans la presse, ces temps-ci qu’on dit que le général Guéï n’était pas un rebelle et n’avait rien à voir avec le coup d’Etat. Dans quel pays sommes-nous ? Je crois qu’il est temps qu’on arrête d’accuser les gens à tort. Il faut qu’il y ait des commissions d’enquête à un moment donné pour faire la lumière sur toutes ces affaires et qu’on puisse dire publiquement qu’Alassane Ouattara n’avait rien à voir ni avec le coup d’Etat de 1999 ni avec la tentative de coup d’Etat de 2002. Ceci me paraît essentiel. Que des personnes essaient de créer des preuves, nous allons les démonter très facilement. Parce que je suis contre les coups d’Etat. Je n’ai participé à aucun coup d’Etat, par conséquent, je dénie totalement toutes les accusations mensongères qui ont été portées à mon endroit.


Relations avec les autres leaders

Il est vrai que les questions de sortie de crise ne se résument pas à l’enrôlement. Les contacts humains, la nécessité pour les uns et les autres d’avoir des rapports courtois sont un devoir national. Je ne pense pas que le rôle d’un opposant soit de s’opposer systématiquement à ce que fait le gouvernement. Je suis allé aux obsèques de Mme Bongo au Gabon. Le Président Gbagbo y était également. Nous nous sommes salués, nous nous sommes fait la bise. Et la télévision gabonaise a fait beaucoup de commentaires : “Ah, mais c’est formidable ! A l’occasion des obsèques de Maman Edith Bongo, le Président Laurent Gbagbo et son principal adversaire se sont serré la main, se sont fait la bise, etc.” Laurent Gbagbo est un ami, c’est un frère. Mais il est candidat à l’élection présidentielle. Tout comme moi. Et j’espère le battre; comme lui aussi l’espère. Mais cela n’empêche pas que nous ayons des rapports d’amitié et de grande courtoisie.
Laurent Gbagbo est rentré du Gabon un jeudi soir, moi j’ai regagné Abidjan le vendredi soir. Et j’ai été accueilli par Amadou Gon Coulibaly qui m’a appris l’arrestation du président Anaky Kobena, il était à la Dst (Direction de la surveillance du territoire). J’ai alors appelé le Secrétariat du Président Laurent Gbagbo. On m’a dit que le Chef de l’Etat était en audience et qu’il me rappellerait dix minutes plus tard. Ce qu’il a fait effectivement. Alors, je lui ai dit: “Ecoute Laurent, ce que j’apprends n’est pas bon pour le pays. Je souhaite vraiment que tu libères Anaky dès que possible, ce soir, si possible”. Il m’a répondu: “Merci. Quand on m’a dit que tu appelais, te connaissant, je savais que c’était pour Anaky”. Et le lendemain matin, Anaky a été libéré. C’est pour vous dire de ne pas croire que nous sommes là, en train de nous tuer, des couteaux entre les dents. Henri Konan Bédié, c’est mon allié, donc nous nous parlons. Chaque fois que je voyage, je l’appelle pour le lui dire. Puis, quand je reviens, je l’appelle pour lui dire que je suis de retour. Je reçois d’autres chefs de parti, Wodié, Mabri... Moi, je n’ai pas de problème avec qui que ce soit. Etre en compétition, ne veut pas dire que nous sommes des ennemis. Après tout, je n’ai qu’une voix, de même que Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié... C’est vous autres qui allez nous élire. Si je pouvais, je vous appellerais, chacun, tous les jours, pour vous dire: “Votez pour moi”. Pour moi, entretenir des relations normales avec les leaders, Laurent Gbagbo, Soro Guillaume, Henri Konan Bédié et tous les autres, est tout à fait normal. Ce sont les relations humaines qui font avancer les choses et qu’il faut nécessairement s’y appuyer…

(In Fraternité Matin n°13316 du31 mars 2009)
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