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Politique Publié le vendredi 3 avril 2009 | Le Repère

Yaya Ouattara (Vice-président PDCI) : "On n`est pas à l`abri de certaines surprises"

A quelques semaines de la visite du président Henri Konan Bedié, candidat du PDCI-RDA à la présidentielle, dans le Zanzan, nous avons rencontré le ministre YAYA Ouattara, vice-président du PDCI-RDA. Dans cet entretien, il parle de ce voyage du président Bédié et de l'état de santé du PDCI-RDA dans le Zanzan. Il s'est aussi prononcé sur l'actualité socio politique du pays.


M. le vice-président du PDCI-RDA, vous avez eu en charge pendant des années, la délégation de Bondoukou. Aujourd'hui, vous avez passé la main à cinq de vos jeunes. Vous sortez d'une grande réunion avec eux pour le voyage du président Bédié. Quelles sont vos impressions ?

Mes impressions sont bonnes en raison de l'enthousiasme que j'ai constaté pendant cette séance de travail. Qui s'est transformée en un meeting à l'annonce de la nouvelle selon laquelle le président Bédié et son épouse nous feront l'honneur de venir nous saluer dans quelques semaines. Il y avait déjà longtemps que nous attendions cette visite. Comprenez par nous les militants et les populations. Effectivement, j'avais en charge le département de Bondoukou. Et je le disais aux réunions du parti que c'est la délégation la plus grande dans la mesure où elle part depuis la Comoé jusqu'à la Volta noire. Et à l'époque, j'avais divisé la délégation en 8 zones où les cadres aujourd'hui en charge des délégations y travaillaient déjà. Les cinq délégués faisaient déjà ce travail dans ces zones. Aujourd'hui, je pense qu'ils me donnent satisfaction en si peu de temps, malgré leur jeune âge.


Que représente pour vous ce voyage du président Bédié et de son épouse dans votre région, le Zanzan ?

Il fallait que le président Bédié rende visite à ses frères et sœurs sur toute l'étendue du territoire. D'abord, comme le veut la coutume, pour s'excuser du tort que son départ a pu causer aux autres. Parce que cela s'est fait brutalement. Il vient donc pour demander aux populations de reprendre confiance. Et que ses frères et sœurs aussi continuent de lui faire confiance afin que très rapidement, il puisse recouvrer tout ce qu'il a pu perdre. Nous pensons que c'est le lieu de faire en sorte que le pouvoir d'Etat qui lui a été arraché brutalement par le coup d'Etat militaire, il puisse le retrouver avec beaucoup de bonheur. C'est en cela que ce déplacement est important. Au-delà des excuses pour le mal que les uns et les autres ont pu subir et les difficultés du moment, trouver des mots apaisants qu'il faut pour qu'ils supportent, en attendant des lendemains meilleurs. Parce que nous vivons des moments difficiles. Le régime en place n'est pas en train de nous mettre dans les conditions idéales pour notre développement et l'amélioration de nos conditions de vie. Voyez-vous ce que nous avons perdu en quelques années ? Les gens calculent ça en termes de 8 ans, 10 ans. Mais quand vous faites une analyse profonde c'est un recul. La Côte d'Ivoire ne mérite pas ça. Voyez, depuis le coup d'Etat, ce que nous vivons. Où allons-nous ? Une Côte d'Ivoire qui était admirée de tous, aujourd'hui, nous luttons pour être dans les pays les plus pauvres. Au bout, il y a 500 milliards. Mais l'image de la Côte d'Ivoire est ternie. Passez voir un peu partout : au Burkina, au Ghana. Nous avions initié des échangeurs dans des pays. Et aujourd'hui, ces pays vont nous dépasser dans ce domaine. Les échangeurs sont une œuvre de développement… Il n'y a plus d'investisseurs parce qu'il n'y a pas la confiance. Or, tout ça, nous pensons que Bédié, revenu et ayant décidé de rencontrer les populations, son passage va faire oublier la pauvreté. Les gens s'appauvrissent chaque jour. La visite de Bédié suscite de l'espoir car cela va permettre aux gens d'oublier un peu. Donc, nous sommes heureux qu'enfin, ils viennent chez nous. Les militants le réclamaient déjà. A chaque passage de l'envoyé du parti, (Djédjé Mady est passé plusieurs fois), les populations le lui ont signifié. Les gens ont soif de le voir. Il vient, nous pensons qu'on en est heureux. Notre souhait est qu'il reste le plus longtemps possible à nos côtés. Même s’il sera appelé à aller, à ailleurs, nous avons voulu qu'il visite les sous-préfectures… S'il pouvait passer à Assuéfry et à Transua, à Doropo et à Tehini et à Sorobango ainsi qu'à Sapli Sepingo, ça pourrait nous faire plaisir. Vous avez vu dans la salle, les uns et les autres auraient voulu qu'ils aillent chez eux ou au moins dans les sous-préfectures. Mais il ne peut pas… Toutefois, nous essayerons avec lui de faire en sorte que le programme lui permette même si ce n'est pas des meetings, qu'il rende quelques visites aux lieux historiques comme l'arrière Zanzan, Doropo, Tehini, Transua, Assuéfry.


Le Zanzan était le bastion du PDCI-RDA. Aux dernières élections, vous avez perdu des postes. A ce niveau, avec l'arrivée du président Bédié, est-ce que vous pouvez rassurer la direction de votre parti et les militants de ce que vous reprendriez ces postes aux mains du FPI ?

Les deux postes que nous avons perdus, nous les avons perdus accidentellement. Nous pouvons dire que la discipline du parti n'a pas été respectée. Mais, on comprend cela. Notre génération, je dirais, est plus disciplinée que la génération actuelle. On a l'impression que nos jeunes actuels sont très pressés. Quand on leur demande d'attendre leur tour, ils n'entendent pas souvent de cette façon-là.


Est-ce que cela n'est pas aussi de votre faute au niveau des choix que votre opérez ?

Je ne pense pas .Parce que nous avons pris déjà le pouls que c'est tel candidat qu'il aurait fallu que nous présentions. C'est une tradition chez nous. Les gens acceptent difficilement que celui qui vient juste d'arriver soit au devant… Mais si nous nous étions mis d'accord, cela n'aurait pas pu arriver. Nous continuons d'être un bastion du PDCI. Quand vous voyez les résultats de nos différents candidats réunis, on battait de loin les candidats du FPI. C'est pour cela que nous avons compris la leçon et dans le futur, nous mettrons tout en œuvre pour que la victoire nous revienne.


La victoire du PDCI-RDA dépendra aussi de la bonne conduite de l'opération d'identification. A ce niveau, nous avons entendu des voix qui ont exprimé quelques inquiétudes .Qu'en dites-vous ?

C'est vrai, il y a des inquiétudes parce que certains pensent que nous en sommes responsables. Mais, il aurait fallu qu'on soit plus vigilants. Sur le terrain, il y a eu beaucoup de problèmes liés aux agents des structures en charge de l'opération. Parfois, ces agents ont été mis dans des conditions telles que les choses se passent comme elles se sont passées faute de moyens… D'abord, les équipes sont arrivées tardivement et quand elles sont arrivées, elles n'ont pas été mises dans de bonnes conditions… Nous occupons le terrain. Ce n'est pas un manque de modestie. Il y a cette erreur qui nous a conduits à perdre ces deux postes sur les 9 par notre faute. Prochainement, nous nous entendrons. Nous allons faire le maximum pour que ça soit consensuel.


Le processus de sortie de crise piétine. Tout le monde est inquiet. Quelle est votre analyse sur la question, M. le vice-président du PDCI ?

D'ordinaire, je suis un homme optimiste. Mais depuis un certain temps, le pessimisme me gagne. Quand on regarde ce qui se passe autour de nous, on a l'impression qu'il y a quelque mauvaise foi. On ne comprend pas qu'au niveau des décideurs, on prenne un malin plaisir à retarder toutes les opérations. Quand on retarde les opérations, ça profite au pouvoir en place. Je ne peux pas dire ça profite à Soro. Ça profite à Gbagbo. Le temps travaille pour lui.


C'est à ce niveau que beaucoup de personnes n'arrivent pas à comprendre vous les leaders de l'opposition. Vous ne réagissez pas ?

Il y a une chose qu'il faut considérer. Quand on parle de réaction, il y a plusieurs façons de réagir. Nous sommes un parti qui a toujours été non violent. Je ne veux pas qu'il faille forcement utiliser la violence. Au PDCI, on n'a pas cette culture-là. Nous essayons de faire comprendre aux uns et aux autres que ce n'est pas par la violence qu'on peut résoudre des problèmes. Néanmoins, nous essayons de faire entendre notre voix démocratiquement. Si la démocratie était respectée, nous aurions eu moins de problème. Elle n'est pas respectée parce que l'accès aux médias, voyez comme il nous est refusé. On accorde même à des gens qui n'ont aucune responsabilité nationale plus de temps que des responsables de parti. Ce n'est pas normal. Je vous dis honnêtement que le régime actuel est en train de tuer la démocratie dans notre pays. Rien ne se fait confortement aux règles démocratiques.


M. le vice-président, est-ce qu'aujourd'hui, le PDCI n'est pas victime de ce choix de non violence, de parti de paix ? Vous dites que c'est vous qui aviez construit la Côte d'Ivoire et par conséquent vous ne voulez pas la détruire. Mais le constat est là, les Ivoiriens souffrent avec ce régime et rien ne se fait de votre côté pour arrêter cela ?

C'est vrai, le fait que nous ne soyons pas violents s'explique. On sait quand commence la violence, mais on ne sait pas quand elle finit. Qu'on le veuille ou non, c'est nous qui avons construit ce pays. Le président Houphouët Boigny et le PDCI-RDA en ont fait un bijou. Quand, en 1995, on a parlé de boycott actif, ce n'était pas la meilleure voie. Cette voie consiste à tout détruire. Nous sommes un pays en développement, nous n'avons pas assez de structures. Si nous devrions en détruire, ce n'est pas bon. Nous étions opposés à ça. La Côte d'Ivoire, c'est un peu notre bébé. Nous en sommes fiers. Nous l'avions bâtie longuement, difficilement. Nous avions eu la meilleure réussite…


Que comptez-vous faire pour arracher ces élections sans utiliser la force ?

La persuasion. Amener le pouvoir à comprendre qu'il faut que nous allions aux élections dans l'intérêt de tout le monde. Plus cette situation durera, plus la Côte d'Ivoire va sombrer. Et ce n'est bon pour personne


Face à ces difficultés entretenues artificiellement, le leader du PIT, le Pr Francis Wodié, propose la révision de la Constitution qui débouchera sur une 3e république .Votre réaction ?

C'est une question délicate que vous nous posez. Il aurait fallu qu'après une consultation, on puisse parler. Mais, je donne mon sentiment pas au nom de mon parti. Peut-être qu'il est bon qu'il y ait des retouches. La Constitution mérite d'être retouchée. Comme il l'a dit, il y a des points qui ne vont pas avec notre culture, nos habitudes. Une constitution est faite pour ça. Au fur et à mesure que le pays évolue, on peut apporter des améliorations. Je suis pour qu'il y ait des retouches pour mieux garantir la démocratie, la liberté et l'amour du prochain parce que souvent les gens oublient cette Côte d'Ivoire-là de 322 000 km2… Il faut amener les Ivoiriens à comprendre qu'il faut faire la politique autrement. Quand on se dit démocrate, on doit poser des actes de démocrate. On ne peut pas dire qu'on est démocrate et puis vouloir en même temps jouer les dictateurs. Quand vous confisquez tout et quand vous voulez que ce soit votre raison qui soit la bonne, mais on arrive à des situations comme ça. Quand nous étions au pouvoir, les populations venaient vers le président Houphouët Boigny lui dire leur soutien pour ceci ou cela. Les gouvernants actuels se sont toujours opposés à cela parlant d'allégeance. Mais, il n'y a jamais eu autant de regroupements au palais que maintenant. Même lorsqu'on a raccordé un village au réseau national d'électricité, ça suscite des déplacements au palais. Quand on érige un village en une sous-préfecture on en fait autant. Mais enfin l'Etat, c'est quoi ? C'est ça. On ouvre une sous-préfecture, on oblige les populations à venir dire merci. Cette perte de temps et d'argent, est-ce qu'on est démocrate. Donc pour revenir à votre question nous pensons pouvoir persuader les gouvernants actuels de la nécessité pour notre pays de vivre comme un pays démocrate. Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui. Il faut éviter la violence.


Un journaliste du groupe "Le Réveil" a été incarcéré à la Maca. Anaky Kobena, président du MFA, a été détenu 24 heures d’horloge à la DST sur ordre de Mangou Philippe, chef d'état major. Quel commentaire faites-vous de toutes ces arrestations et incarcérations ?

Je suis toujours en colère dans la mesure où s'agissant du journaliste il n'a fait que relater ce qu'il a constaté. Et j'ai dit et je le répète, ça ne suffit pas pour qu’on l'interpelle à plus forte raison qu'on le jette en prison. Je pense qu'il y a eu plus grave que ça en son temps. Moi-même, j'étais au gouvernement avec le président Houphouët quand pour la 1ère fois, on a entendu parler donc de " ALI BABA et les 40 voleurs ". Dieu seul sait, nous avons été des ministres honnêtes, corrects sous un président correct qui aimait beaucoup son pays. Mais, on n'a jamais inquiété quelqu'un, je peux vous dire. Si mes souvenirs sont exacts, c'est sous la plume de Raphaël Lakpé dans "Le Nouvel Horizon" appartenant aux journaux bleus de l'opposition de l'époque dont le chef de file s'appelait M. Laurent Gbagbo. Mais, personne n'a été inquiété. Ni les journalistes, ni le journal, personne n'a été inquiété. On en a ri… On s'étonne qu'aujourd'hui où il y a plus de dégâts avec les scandales financiers,... Dans l'agriculture, autour du président. Même les humoristes en parlent. Pendant que la pauvreté est en train de nous envelopper, les autres grossissent par le ventre. Les gouvernants actuels sont tous riches. Et puis, nous sommes dans ce pays, on se connaît. Nous n'avons pas eu de parents industriels. Nos parents sont tous des paysans ou de condition moyenne. Or, les gens vous construisent des villas en 6 mois, des châteaux en 6 mois, d'où sortent-ils cet argent. Il n'y a jamais eu autant de scandales que maintenant, autant de vols que maintenant. Des agents fictifs à la présidence de la république. Et puis, cette corruption qui se développe. C'est très grave. C'est maintenant que c'est plus grave. S'agissant d'Anaky, je suis d'autant plus en colère que Anaky a donné son sentiment en tant que citoyen. En démocratie, chacun a le droit de s'exprimer. Mais de là à l'interpeller en ignorant le minimum. Plus grave, il a l'immunité parlementaire, il est ancien membre du gouvernement… En plus de cela, ce n'est pas une affaire de l'armée. C'est comme si c'est l'armée qui se met en position insurrectionnelle. Il y a un procureur. Quand l'armée vient menacer les citoyens pour mettre en garde les autres qui s'amuseraient à suivre cette voie-là. Où sommes-nous ? C'est ça qui est un vrai coup d'Etat. Il ne faudrait pas que l'armée se mette à la place des gouvernements… L'armée ne doit pas s'immiscer dans les affaires qui ne sont pas les siennes. L'armée l'arrête, le questionne et fait des déclarations à la télé. On se croyait dans un régime militaire. C'est ça qu'il faut dénoncer. On est en train de tuer la démocratie dans notre pays et cela ne nous honore pas.


L'actualité, c'est l'admission de la Côte d'Ivoire au PPTE. Quelle est votre réaction puisque le pouvoir FPI en fait un trophée ?

Le pouvoir en place en fait un trophée parce qu'il y aura quelques moyens qui vont nous permettre de résoudre des problèmes immédiats. Mais le long terme, est-ce qu'on en pense ? Est-ce qu'on pense à l'image de la vraie Côte d'Ivoire ? Je crois qu'il faut éviter les contradictions. Tantôt, on dit la Côte d'Ivoire est debout, on est solide… Si aujourd'hui, la crise à un certain niveau ne se ressent pas comme elle aurait pu se ressentir c'est parce qu'il y a eu des hommes et un parti qui ont bâti le pays. Qui en ont fait un pays solide.


Gbagbo vous accuse d'avoir contracté ces dettes qu'il est obligé de rembourser aujourd'hui ?

Quand on veut se développer, on s'endette. Vous connaissez un pays au monde qui ne s'endette pas ? Tout le monde s'endette pour construire, mais au moins on voit le résultat. On voit à quoi ça a servi. On s'est endetté pour construire le port, les universités, les barrages, les écoles, les hôpitaux, les routes. Jamais la Côte d'Ivoire n'a connu des routes dans un état aussi désastreux. Pour construire, il faut du bon travail, pour développer l'électricité. Gbagbo est fier de la SIR, du port autonome, mais on s'est endetté pour faire cela. Toutes ces réalisations dont il est fier ne datent pas d'aujourd'hui. On a emprunté pour tout cela. Ils ont tort de dire que la Côte d'Ivoire s'est endettée. Mais, les dettes ne nous écrasaient pas au point de ne pas continuer notre marche en avant. Tout le monde était fier de savoir qu'on a été les premiers en dehors des pays d'Afrique du Nord et de l'Afrique du Sud… Je dirais même que la Côte d'Ivoire est le premier en Afrique qui ait fait le plus d'effort pour attendre ce niveau développement puisque les pays du Nord et l'Afrique du sud ont été des pays de peuplement où tout ou presque à été construit par les Français en ce qui concerne le Maroc, la Tunisie, l'Algérie et les Anglais pour l'Afrique de sud. A côté de notre cacao et de notre café, nous avons dû emprunter pour nous développer… Alors, on ne peut pas nous accuser de nous être endettés inutilement. Et puis, les institutions financières ne vous aident pas si vous n'êtes pas en droit de rembourser. C'est pourquoi, on dit vulgairement qu'on ne prête qu'aux riches. Maintenant, on parle d'AZITO, de la SIR, du port, mais ça vient d'où ? Le port c'est sous Houphouët Boigny, Azito sous Bédié… On parle de faire l'autre port mais ce qui urge c'est le 3ème pont. Si ce pont avait été fait, cela aurait pu décongestionner la ville d'Abidjan aux heures de pointe. Personne ne peut dire que la Côte d'Ivoire s'est endettée donc le PDCI est responsable, sauf si on est de mauvaise foi. Si on n'est pas de bonne foi, on reconnaîtra que Houphouët Boigny et le PDCI ont mis leur génie au service de ce pays. Un homme comme Houphouët-Boigny je ne sais pas si on peut encore l’avoir. C'est un génie qui aime son pays… Je le disais, dans notre tradition, il faut éviter de commettre certains pêchés. On a traité Houphouët de voleur, lui qui a consacré sa vie, son temps, son argent à cette Côte d'Ivoire comme personne d'autre ne pourrait le faire… Et puis, de vous à moi, le régime actuel à fait quoi ? On a promis 3000F par kg de cacao. Aujourd'hui, ils devraient être les plus heureux. Mais, voyez-les, ils sont les plus pauvres. La caisse de stabilisation, l'opposition de l'époque a été à la base de sa dislocation parce qu'elle soutenait que c'était la caisse noire du PDCI-RDA. Ce qui n'était pas juste. Je suis heureux que Gbagbo reconnaisse que la caisse de stabilisation était une bonne chose. Bohoun Bouabré l'a déclaré… Houphouët a eu raison de mettre en place la caisse de stabilisation…


M. le vice-président, certains jeunes militants de votre parti saluent l'attitude de certains de leurs aînés. Par contre, ils déplorent celle d'autres aînés qui ont un militantisme à géométrie variable. Le cas des SERY Gnoleba, AHOUA N'guetta et autres. Comment analysez- vous leur attitude ?

Parfois, le comportement de ceux que vous citez m'attriste. Mais, c'est un comportement qui ne peut que m'attrister, je ne suis pas en eux pour connaître leurs motivations réelles. Ils ont été très fidèles au président Houphouët Boigny, au PDCI-RDA. Je pourrais même dire que grâce au président Houphouët et au PDCI, ils ont émergé. Ils doivent même cela à son œuvre. L'œuvre que nous devons mieux entretenir, je crois que c'est le PDCI-RDA. Moi, je crois. Cela dit, ces frères sont mes aînés. Je n'ai pas eu à échanger avec eux pour comprendre leur attitude. Mais, j'aurais voulu qu'avec la somme d'expériences qu'ils ont, ils restent dans la maison pour développer cette autre œuvre de Houphouët qu'est le PDCI-RDA.


A les entendre parler, c'est le président Bédié qui est leur problème ?

Il fut un temps où les rapports entre eux étaient étroits… Mais, nous n'avons pas compris que du jour au lendemain ils se soient mis dans les positions où ils se trouvent. Mais, je peux ajouter pour les jeunes comme nous qui avions parfois accès à certaines informations, nous avions été amenés par curiosité d'abord et puis pour comprendre l'attitude des autres à poser la question au président Bédié lui-même. Mais, il faut reconnaître que le président Bédié, cela l'attriste de voir toutes ces choses-là. Il m'a répondu que ce sont des problèmes d'incompréhensions. Parfois, il les appelle, ils refusent de répondre. Tout cela nous amène à conclure que ça doit être tellement profond. Pour ma génération à moi, je dis que l'intérêt d'une chose commune ou des affaires de l'Etat ou du développement doit passer avant les autres détails. Notre souhait à nous est que ces frères révisent leur façon de voir les choses.


Comment voyez-vous l'avenir du PDCI pour les prochaines élections ?

Moi, je suis confiant malgré quelques désertions. Mais tout cela est dû au fait que les uns et les autres ne se sont pas ouverts, on n'a pas parlé avec eux au moment où il le fallait… Voyez-vous, Houphouët disait que l'homme qui a faim n'est pas un homme libre… On a faim de nourriture, On a faim de moyens. On a faim de savoir. On a faim de soin, de sécurité. Et cet ensemble constitue un minimum. Si vous ne les avez pas, vous ne vous maîtrisez plus. A partir de ce moment, toutes sortes de tentations peuvent vous conduire à avoir des comportements que le commun des mortels ne comprend pas. Nos aînés, il ne faut pas les juger. Le PDCI, il faut éviter d'amener certaines de nos militants, les jeunes, à avoir certains comportements.


Au terme de cet entretien, avez-vous un appel à l'endroit des militants ?

S'agissant de ma région depuis AKASSO et TEHINI, je dis à la population militante du PDCI-RDA que Bédié et son épouse viennent nous rendre visite. Employons-nous à les accueillir comme de grands militants. Réservons leur un accueil digne de leur rang. Mettons à profit ce séjour pour donner une autre dimension du PDCI-RDA dans le Zanzan. S'agissant des autres problèmes, c'est un appel modestement que je lance à nos compatriotes pour que quel que soit ce que nous pourrons vivre demain, que nous nous éloignions de la violence. La violence n'a jamais profité à qui que ce soit… Préservons les acquis et les œuvres de Félix Houphouët Boigny. Faisons en sorte que la main dans la main même si nous ne nous entendions pas sur la manière de gérer le pays que nous n'oubliions pas que nous sommes Ivoiriens. C'est ce qui explique que nous soyons de partis politiques différents. Nous devons tout faire pour sauver la Côte d'Ivoire. Il faut qu'il y ait des élections maintenant. S'il n'y a pas d'élections, rien ne peut être garanti. On n'est pas à l'abri de certaines surprises.

Entretien réalisé par JOEL ABALO
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