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Art et Culture Publié le samedi 4 avril 2009 | Fraternité Matin

Morceau imposé à Podium 1979 : “Gagloudji”conté par son auteur

Retiré dans son village, à Sinfra, après quatre disques mis sur le marché, l'auteur compositeur du titre à succès Gagloudji choisi comme morceau imposé à Podium 1979, y a été surpris par notre équipe. Entretien.

Vous êtes le doyen de la musique gouro, retiré de la scène depuis plus de 20 ans. Que pouvez- vous dire à vos fans que vous avez brutalement sevrés et aux jeunes générations qui ne vous ont pas connu ?

Je voudrais d'abord me présenter à ceux qui, comme vous le dites, ne m'ont pas connu. Je m'appelle Wêhi Bi Gokon Germain. Je suis né en 1957. Mon nom d'artiste est Kayéli. Tout jeune, j'étais allé rendre visite à mon oncle dans son village. Une fois, lui et moi, nous sommes allés en brousse et il a coupé un arbre qu'il a taillé pour en faire une guitare à l'aide de fil de fer servant à faire le frein de vélo. C'est la première fois que je voyais une guitare. J'ai demandé à mon oncle de me dire ce à quoi cela servait. Il me l'a expliqué et dès le lendemain, j'ai demandé à retourner chez moi au village à Prôgnanindji. Car si je restais chez lui, il n'allait certainement pas me laisser l'imiter.

Arrivé dans mon village, j'ai confectionné ma guitare à moi et j'ai commencé à m'exercer à la chanson. Un jour, un de nos oncles décède et je m'y rends pour chanter. Tout le monde était agréablement surpris. J'interprétais en gouro des morceaux de certains doyens alors en vogue : Aspro Bernard, Mamadou Doumbia, Anouma Brou Féix, Yapi Jazz, etc. Quelque temps plus tard, mon grand-frère Njoléa Kouamé m'a apporté une guitare d'Abidjan. Cela me permettait désormais d'aller chanter dans des villages voisins. C'est ainsi que j'ai commencé à m'imposer.

Et comment vous est- il venu l'idée de créer un orchestre, le KAYELI BAND ?

KAYELI veut dire en gouro : "Vous verrez plus tard". Au départ, certains ne croyaient pas à ce que nous faisions. Puis à force de persévérance, nous avons sorti notre premier disque dans les années 1970 avec comme morceau phare : Gagloudji qui nous a propulsés en 1979, lorsqu'il a été choisi comme chanson imposée à Podium de la même année.

Que signifie Gagloudji ?

Cette chanson concerne un jeune frère du nom de Zanhan. Il profitait de nos soirées dansantes pour courtiser une jeune fille. Il avait tellement pris goût à cela qu'il nous mettait chaque fois la pression pour que nous organisions des soirées. Un jour, il a passé la nuit avec cette jeune fille. Ils se sont laissé surprendre le lendemain matin par le père de celle-ci. Pendant ce temps, son propre père était malade et hospitalisé à l'hôpital général de Bouaflé.

Le père de la fille était si fâché qu'il s'était armé d'une machette et menaçait de tuer Zanhan, s'il le trouvait. Vu la situation qui prévalait, j'ai conseillé à Zanhan d'aller cacher la jeune fille chez ses parents maternels, le temps de calmer le père. En outre, il ne pouvait pas se marier, alors que son père était hospitalisé. Zanhan ne m'a pas écouté et s'est marié avec la fille. Cela a inspiré le morceau Gagloudji que j'ai chanté avec mon groupe. Il fallait voir les parents.

Tout le monde était content d'entendre ce morceau. Certains ne se lassaient pas de l'écouter. Ils me disaient : "Depuis que tu chantes, c'est aujourd'hui que tu es véritablement en train de chanter." Ceux qui avaient les moyens, me donnaient qui 25F, qui 50F. A cette époque, c'étaient de fortes sommes. Les plus nantis me donnaient jusqu'à 1000F, tellement ils étaient contents d'entendre le morceau. Des gens venaient des villages voisins pour me demander de chanter le même morceau pour eux ; ce que je faisais avec plaisir.

Zanhan, lui, ne devait pas être content, n'est-ce pas ?

Zanhan était très fâché. Il m'a demandé pourquoi j'ai chanté son nom. Il m'a même fait des histoires. Il voulait se battre avec moi, alors que j'avais la guitare en bandoulière. Je l'ai enlevée de mon cou afin de mieux l'affronter. Son ami qui l'accompagnait s'en est emparé pour aller la cacher dans la maison de Zanhan.

Un jour, j'ai profité de son absence pour aller prendre ma guitare chez lui. Le même jour, j'ai réuni le village le soir pour chanter. Zanhan s'est demandé comment j'ai pu récupérer la guitare qu'il avait cachée dans sa maison. Tout fâché, il est allé porter plainte contre moi à la brigade de gendarmerie de Sinfra au motif que j'ai volé sa guitare qui contiendrait la somme de 60.000f. J'ai répondu à la convocation et lorsque les populations ont appris cela, elles se sont rendues en masse à la brigade.

Les gendarmes m'ont demandé pourquoi quelqu'un met son argent dans sa guitare et je m'en vais le voler. J'ai, à mon tour, demandé aux gendarmes si une guitare est une banque pour qu'on y garde de l'argent. Je leur ai expliqué que si j'ai pris la guitare, c'est parce qu'elle m'appartenait. Mais dire que cette guitare contenait de l'argent, pour moi, c'est du mensonge. Le chef (le gendarme, ndlr) a dit que ce sont eux qui jugent et non moi. C'est donc à eux de me poser des questions. J'ai dit "d'accord" et je me suis mis à donner ma version des faits.

Le chef a dit à Zanhan si la guitare lui appartient, de jouer pour en donner la preuve. Zanhan n'a pu la jouer. Le même chef m'a demandé de jouer à mon tour, ce que j'ai fait à la satisfaction de tous en chantant le morceau Gagloudji. J'ai alors expliqué aux gendarmes que c'est à cause de cette chanson que Zanhan s'est fâché avec moi, m'a fait des histoires et est venu me convoquer à la gendarmerie. Il a été reconnu comme un menteur et les gendarmes lui ont demandé de mettre les pieds au mur. C'est alors qu'il a dit toute la vérité.

Est- il vivant ?

Il est mort maintenant. Je continue pour dire qu'à sa sortie d'hôpital, le père de Zanhan a été informé de ce qui s'était passé. Les gens lui ont dit: "Tout le monde est en train de pleurer pour toi, mais c'est le jeune Bi Gokon qui s'est vraiment lamenté pour ton sort. Il t'a même dédié une chanson". Le Vieux nous a invités à chanter pour lui à la tombée de la nuit. C'est ce jour -là que nous avons eu beaucoup d'argent. Le Vieux nous a offert la somme de 5000F.

Combien de disques avez-vous mis sur le marché avant de quitter la scène musicale ?

Quatre. Le morceau phare du premier disque c'est Gagloudji. Puis il y a eu "Zan Lou Goula" qui est le titre phare du deuxième volume.

Non, non ! Zan Lou Goula et Gagloudji figurent sur le même volume que j'ai d'ailleurs avec d'autres titres comme "Djeleka", "Botti Bi", "Luka Luka", etc.

(Eclats de rire). Vous connaissez vraiment mes morceaux. Vous avez raison. Le titre phare du deuxième volume c'est "Gnronnon" et le troisième est intitulé "Zouzouata". C'est le quatrième que j'ai oublié.

Ne conservez-vous pas des exemplaires de vos disques pour vos propres archives ?

Mes frères sont venus prendre les disques qui étaient avec moi pour Abidjan.

Aujourd'hui, la question que tout le monde se pose c'est : "Pourquoi Kayéli a-t-il arrêté de chanter ?"

C'est quand j'ai perdu quatre de mes musiciens que j'ai arrêté de chanter. J'ai perdu Attila Gooré, Zan Eugène, Gooré Makossa et Djessan Bi Gooré Wassa. C'étaient des éléments clés de mon orchestre dont l'absence ne pouvait que me perturber. C'est comme une équipe de football. Aujourd'hui, si Drogba ne joue pas dans notre équipe nationale, nous ne seront pas contents, parce que nous ne sommes pas sûrs de pouvoir gagner. La mort de ces quatre artistes m'avait vraiment découragé.

Ce qui m'a le plus poussé à arrêter, c'est lorsque je suis allé consulter et qu'on m'a dit qu' en réalité, c'est moi qui étais visé et puisque ceux qui m'en voulaient n'arrivaient pas à m'avoir, ils ont préféré m'isoler en tuant mes musiciens. Car lorsque quelqu'un dit qu'il est fort et qu'on casse ses bras, est-ce qu'il va encore avoir la force ? C'est ce qu'ils m'ont fait et qui m'a amené à prendre peur et à arrêter de chanter. Tuer quatre personnes à cause de moi ? Je me suis dit que si je persiste dans la chanson, ils finiront par m'avoir aussi.

Ceux qui vous en voulaient, que vous reprochaient- ils exactement ?

C'est une bonne question. J'ai arrêté de chanter, la guitare est là. Puisqu'ils ne veulent pas que je chante, ils devaient venir prendre la guitare. Mais ils ne l'ont pas fait. C'est la preuve que ceux qui ont tué mes musiciens ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils font le mal pour le mal. Cela n'a pas de sens. Mais en fin de compte, je me suis dit que tout ce qui est arrivé relève de la volonté de Dieu. Car je ne suis pas un charlatan pour savoir qui fait quoi. C'est pourquoi je dis que c'est la volonté de Dieu.

Croyez-vous en Dieu ?

Moi, je crois en Dieu.

Vous parlez à la fois de Dieu et de charlatan. C'est pourquoi je vous pose cette question.

Les deux existent, parce que quand ma mère vivait, c'est elle qui faisait tout pour moi. Quand elle allait consulter les charlatans, ceux-ci lui disaient de venir me demander de faire un sacrifice de mouton. Et lorsque je faisais cela, j'avais des contrats qui me rapportaient 400.000 F, parfois 600.000F. J'ai donc constaté que cela donnait un poids. Mais, dans le même temps, lorsqu'on va chez le féticheur, il dit: "Si Dieu est grand, tout ce que j'ai fait pour vous va marcher." C'est dire que le féticheur, lui-même, parle de Dieu. Il reconnaît la puissance de Dieu. C'est pourquoi, moi je dis que Dieu existe et c'est lui qui a tout créé, y compris le fétiche. Prenons le cas du serpent ; il tue. Mais qui l'a créé ? C'est Dieu. Donc, je crois en Dieu.

Et depuis que vous ne faites plus la musique, qu'êtes-vous devenu ?

Quand je chantais, je faisais mon champ parallèlement à la musique. J'avais conseillé cela à tous mes musiciens, mais beaucoup avaient refusé. Ils disaient qu'ils ne pouvaient pas être des vedettes et dans le même temps, aller prendre la machette. Or moi, j'ai toujours dit qu'un homme doit pouvoir faire plusieurs choses à la fois. C'est ce que les Blancs appellent : "avoir plusieurs cordes à son arc".

Voyez les Ghanéens, ils peuvent être à la fois chauffeurs, mécaniciens, plombiers, couturiers, etc. Quand ils constatent qu'une activité ne marche pas, ils se rabattent sur l'autre. En Côte d'Ivoire, on aime avoir un seul travail, de sorte que quand ce travail ne marche pas, on est bloqué. Si, parallèlement à la musique, je n'avais pas fait mon champ, aujourd'hui, je serais sur le carreau. Ce sont mes deux hectares de cacao qui me font vivre actuellement. C'est grâce à cela que j'arrive à scolariser mes enfants. Si je dois solliciter un prêt, c'est grâce à mon champ que je le fais, parce que celui à qui je demande le prêt sait que je peux lui rembourser son argent.

Votre village, Prôgnannindji, est aujourd'hui en pleine ville de Sinfra. Où est situé votre champ ?

Ma plantation est sur la route de Yamoussoukro, à environ un kilomètre de la ville.

Pourquoi n'avez-vous pas choisi de faire autre chose, étant donné que vous êtes en ville ? Vous auriez pu être menuisier, maçon ou autre plutôt que planteur.

Chacun de nous, sur la terre, fait ce à quoi Dieu l'a destiné. S'il avait voulu que je sois menuisier, je le serais devenu. C'est certainement lui qui a fait de moi à la fois chanteur et planteur et ces deux métiers me plaisent énormément. Ce sont deux métiers où il n'y a pas de retraite. Tant que ton inspiration ou ta force te le permet, tu peux les exercer.

A l'heure où je vous parle, j'ai près de mille chansons composées parfois en travaillant au champ. J'attends de les produire, mais les temps sont durs. Quand tu vas voir une personne sur qui tu penses pouvoir compter pour t'aider à te produire, dès que tu finis d'exposer ton problème, elle aussi se met à égrener les siens. Dans une telle situation, on ne sait plus que faire, sinon j'ai bien envie de revenir sur scène, surtout que beaucoup de personnes m'y encouragent.

Avec qui allez-vous reprendre en l'absence de vos quatre musiciens que vous avez perdus ?

Un proverbe gouro dit: "Quand une armée va en guerre, des soldats meurent mais il y en aura toujours d'autres pour constituer l'armée." Cela veut dire qu'il y aura toujours des chanteurs pour former un orchestre. Si j'abandonne, c'est que je ne suis pas un garçon. J'aurais fait plaisir à ceux qui ne veulent pas me voir chanter. A part les quatre qui sont morts, j'ai encore des anciens musiciens qui sont là. Il y a Jimmy qui est le chef du village de Zéménéfla.

Un jour, je lui ai dit que je souhaiterais qu'on recommence la chanson ; mais lui étant chef, cela pourrait être un obstacle. Il m'a répondu que le titre de chef se porte à la maison. Celui qui a un métier peut l'exercer en même temps qu'il joue son rôle de chef. Il y a un autre qui est chauffeur de taxi à Abidjan. Lui également est d'accord que nous reprenions la chanson. Mon soliste qui a joué dans le morceau Gagloudji et que tout le monde a apprécié, est là. Il s'appelle Pedro Vami et vit à Blontifla, notre village maternel. Il est prêt à reprendre avec nous.

En attendant votre retour sur scène, des jeunes comme Marcellin Dadjè Bi, Bi Pomi Junior, etc. occupent le terrain. En votre qualité de doyen, de précurseur, comment les trouvez-vous ?

Bi Pomi est de Progri, donc de Sinfra. C'est Dadjè Bi qui est de Bouaflé. Bi Pomi n'a pas travaillé avec moi. Sinon Dadjè Bi a joué dans mon orchestre. Ce qu'ils font me plaît car sans eux, on ne parlerait plus de musique gouro depuis que nous avons quitté la scène. C'est la raison pour laquelle, dès que j'apprends qu'un d'entre eux est en train de chanter quelque part, je fais tout pour aller le soutenir. Quant à la musique ivoirienne dans son ensemble, elle est aujourd'hui dominée par les jeunes générations avec le Zouglou, et tout ce qu'ils font comme musique d'animation. C'est différent de ce que faisaient les anciens comme Anouma Brou Félix, Aspro Bernard, Jimmy Hyacinthe, Lougah François. Mais ça plaît parce que c'est l'air du temps, comme on dit.

Qu'en est-il de vos royalties, vos droits d'auteur ?

Je les perçois, surtout que Meiway a interprété le morceau Gagloudji dont les droits me sont également versés.

A-t-il interprété le morceau avec votre permission ?

Il ne m'a pas contacté au départ. C'est après la sortie de sa cassette qu'il a demandé à me rencontrer. Cette rencontre a eu lieu dans un hôtel d'Abidjan. De prime abord, il s'est excusé en disant que nous les artistes, nous connaissons nos droits et ce n'est pas normal qu'on interprète le morceau de quelqu'un sans son avis. Mais que, si lui Meiway a interprété Gagloudji sans demander mon avis, c'est parce que ce titre, en 1979, lui a permis de s'imposer musicalement, tant il l'avait aimé, même si, à la finale, un mal de gorge dû à l'excès de répétition, lui a fait perdre la première place.

En le rejouant, il a dit que c'est une manière à lui de se racheter par rapport à son échec de 1979. Pour terminer, il a concrétisé sa demande de pardon par une somme qu'il m'a offerte et je ne souhaiterais pas la dévoiler ici. En plus, il est allé avec moi au Burida pour signer un accord qui me permet de toucher les droits. C'est ce que je fais depuis cette date.

Vous étiez, le samedi 17 janvier dernier, l'invité spécial à la cérémonie de proclamation des lauréats de Haut de Gamme organisée au Palais de la culture. Pouvez-vous en dire deux mots ?

Tout a commencé dans le village de Blontifla où le Conseil général a organisé un jour une cérémonie d'inauguration du foyer à laquelle il m'a invité. Je me suis demandé pourquoi m'inviter à une cérémonie qui se déroule dans mon village maternel où je peux me rendre quand je veux. Or, il s'agissait d'aller me décorer.

A mon arrivée sur la place indiquée, on m'a demandé de m'asseoir auprès du chef du village. J'étais surpris, étant donné que je ne suis pas un chef de village. Puis je me suis installé. Au terme de la cérémonie, le ministre de la Culture, M. Augustin Komoé, a pris la parole pour dire que s'il a accepté de présider cette cérémonie, c'est à cause d'une personne, d'un artiste. Nous étions plusieurs artistes présents ce jour-là.

Je ne savais pas qu'il s'agissait de moi. C'est pendant son intervention que j'ai compris qu'il parlait de moi. Il a achevé son discours en disant : "Je suis venu à Sinfra à cause de Germain Bi … " Il n'a même pas terminé que la foule a poussé un grand cri, scandant mon nom. Il a expliqué que c'est le ministre Lia Bi Douayoua (ancien ministre de la Communication, ndlr) qui lui a parlé de moi et il a décidé de venir m'honorer en me décernant la médaille de chevalier de l'Ordre national.

A sa suite, l'administrateur provisoire du Burida, M. Armand Obou, a dit qu'il a appris que son artiste se déplace à vélo. Cela lui fait mal et pour ça, il devait lui apporter une voiture. Mais les artistes sont nombreux. En attendant donc la voiture, voici ce que je lui ai emmené. Lorsqu'on a enlevé l'emballage, il y avait la belle moto que vous voyez garée là. C'était la joie totale dans la foule. Malgré l'absence d'orchestre, j'ai pris le micro pour exécuter trois morceaux.

Quelques jours plus tard, le ministre Douayoua m'a envoyé un message m'invitant à me rendre à Abidjan. Quand je suis arrivé à Abidjan, il m'a reçu et m'a demandé d'aller au Burida où tout le monde m'attendait. Dès que M.Obou m'a vu, il m'a dit que j'ai été appelé pour être l'invité spécial de Haut de Gamme. Ce fut un grand honneur pour moi. C'est ainsi que je me suis retrouvé à cette cérémonie le samedi 17 janvier dernier au Palais de la culture.

Germain Bi Gokon et la politique. Etes-vous militant d'un parti ?

Moi, je ne suis militant d'aucun parti. J'aime celui qui travaille pour le bien des Ivoiriens. C'est tout ce que je veux. C'est pourquoi, nous prions Dieu afin que la guerre prenne fin.



Interview realisée par Abel Doualy

Le printemps des anciennes gloires

Ils sont nombreux ceux qui, hier, ont fait les beaux jours des mélomanes ivoiriens et même au-delà de la Côte d’Ivoire. Peu connues des nouvelles générations, ces anciennes gloires semblaient squatter en quelque sorte l’arène du showbiz.

Mais voilà que depuis quelque temps, ces artistes sont de plus en plus sollicités soit à travers leurs productions discographiques compilées en rétro et jouées dans les maquis-bars, lors des grandes cérémonies ou sur les antennes des médias. Soit en les invitant à se produire en play-back ou même en live.

On se souvient encore de la grande soirée des anciennes gloires de la musique ivoirienne organisée récemment et qui a regroupé Reine Pélagie, Aïcha Koné, Bailly Spinto, Johnny La Fleur, Chantal Taïba, etc. On se souvient également du passage mémorable de Germain Bi Gokon du groupe Kayéli Band le 17 janvier à la soirée des « Haut de gamme » au Palais de la culture à Treichville.

La reprise en play-back de son titre à succès « Gagloudji » avait soulevé la foule et conduit sur la piste de danse le ministre Léon Monnet et son épouse, la ministre Christine Adjobi de même que l’ancien ministre de la Communication, Théodule Lia Bi Douayoua, par ailleurs président du conseil général de Sinfra, ville d’origine de Bi Gokon. Où, le dimanche 8 mars dernier, nous avons surpris l’artiste alors que de Yamoussoukro, nous nous rendions à Gagnoa pour une mission.

Au moment où nous arrivions à Prôgnanindji, son village natal devenu un quartier de Sinfra, Germain Bi Gokon s’était rendu aux obsèques d’un parent de l’autre côté du village. « Nous cherchons le domicile du musicien Kayéli ». A cette adresse faite à un homme que nous avons rencontré au bord de la route, la réponse fut une réelle source de joie lorsque ce dernier nous lance : « Mais voici sa maison juste derrière à votre gauche ».

Notre équipe entre dans le quartier et nous sommes conduits dans la cour de l’artiste. Une modeste demeure qui en dit long sur ce qu’est devenu l’auteur compositeur chanteur du morceau à succès, morceau imposé de Podium 1979 : Gagloudji. On nous installe sous le manguier dans la cour, le temps d’aller avertir notre hôte qu’il a des visiteurs. Quelques instants plus tard, il arrive.

Si la physionomie n’a point changé, les traits eux, ont pris un coup de vieux avec des rides et quelques cheveux grisonnants. Nous lui expliquons les raisons de notre escale et, sans plus tarder, nous voici à l’œuvre. Un entretien d’environ 45 mn qui nous permettra, entre autres, d’apprendre que c’est l’administrateur provisoire du Burida, Armand Obou, appuyé par le ministre de la Culture, Augustin Komoé et le président du Conseil général de Sinfra, Lia Bi Douayoua, qui ont décidé d’honorer germain Bi Gokon. D’abord en le décorant, ensuite en lui offrant une moto flambant neuve avant de le convier à Haut de gamme à Abidjan comme invité spécial le 17 janvier dernier. «Ce fut un honneur pour moi», affirme Germain.

Le samedi 28 mars à 21 h toujours au Palais de la culture, il s’est produit de nouveau en compagnie d’autres gloires de la musique ivoirienne : Bailly Spinto, Aïcha Koné, Reine Pélagie, pour ne citer que ceux-là. C’était en hommage à la mémoire d’un des leurs décédé en 1996 et dont la sépulture a été réhabilitée et présentée officiellement le 18 mars 2009 à Lakota. Vous l’avez deviné : le Papa national, le très regretté Lougah François.

Avec cette chance qui lui sourit ces derniers temps d’être invité à de grandes cérémonies, Germain Bi Gokon pourrait réaliser un des rêves qui lui tient actuellement à cœur : se produire de nouveau pour un retour sur la scène musicale. En plus de ses 2ha de cacao qui représentent tout pour lui aujourd’hui.

Lui qui dit croire en Dieu, ne peut que prier ce dernier qui a toujours un plan parfait pour chacun de ses enfants. Le tout, c’est d’y croire et œuvrer dans ce sens. Et tout ira mieux par ces temps que d’aucuns qualifient de «printemps des anciennes gloires du showbiz ivoirien.»



A. Doualy
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