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Afrique Publié le samedi 4 avril 2009 | Fraternité Matin

R. D Congo/ Colette Tshomba Ntundu, Vice-ministre des congolais de l’étranger : “La grande commission mixte entre la Côte d’Ivoire et la Rdc doit être redynamisée”

En visite de travail à Abidjan, la vice-ministre des Congolais de l’étranger parle de son pays et de la coopération avec la Côte d’Ivoire.

Mme la ministre, peut-on savoir les raisons de votre visite en Côte d’Ivoire ?

Vice-ministre aux Affaires étrangères, en charge des Congolais de l’étranger, je suis venue m’entretenir avec les Congolais qui vivent en Côte d’Ivoire pour me rendre compte de l’étendue de leurs problèmes.

Par ailleurs, vous n’êtes pas sans ignorer que les Léopards de la République démocratique du Congo, notre équipe nationale, a remporté la première édition du Championnat d’Afrique des Nations (Chan) 2009 ici même en Côte d’Ivoire.

Il était donc nécessaire que je vienne pour communier avec notre communauté qui était mobilisée à cet effet.

Lors de votre entretien avec la communauté congolaise en Côte d’Ivoire, qu’avez-vous retenu comme difficultés à leur niveau ?

Comme difficultés, nous avons le coût élevé de la carte de séjour et une variation en ce qui concerne les frais de scolarité, le minerval. Ce sont des choses qui, dans le cas d’une négociation, pourraient trouver une solution rapidement.

La crise qui a perturbé la Côte d’Ivoire les a également touchés. Je crois que maintenant avec la pacification de tout le territoire ivoirien, mais aussi avec les assurances données par le Président Laurent Gbagbo quant à l’organisation des élections, notre communauté est confiante.

La République démocratique du Congo, vainqueur de la première édition du Chan organisé en Côte d’Ivoire. Quels commentaires en faites-vous ?

C’est un hasard assez significatif. Un pays post-conflit, la Côte d’Ivoire, accepte d’abriter cette première édition du Chan. Il l’organise dans les meilleures conditions et la République démocratique du Congo, un autre pays post-conflit remporte la victoire. Pour nous, c’est très significatif. Cela montre que nous ne devons pas laisser les bras et qu’il y a une lueur d’espoir qui se profile à l’horizon pour nos deux pays.

Comment se porte aujourd’hui la coopération ivoiro-congolaise ?

Comme l’a si bien dit le Chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, les relations entre nos deux pays sont au beau fixe. Il ne reste plus qu’à redynamiser la Grande commission mixte entre les deux pays. Ayant connu des périodes de crise, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo n’ont pu organiser cette Grande commission dans tel ou tel domaine.

Mais, il n’y a pas longtemps, les Chefs d’Etat ivoirien et congolais se sont rencontrés à Paris. Il n’y a rien à dire, nos relations sont prometteuses.

La Côte d’Ivoire, par ailleurs, est en train de sortir de la crise. C’est une très bonne chose. On l’a souvent dit et entendu. Ce pays est le poumon économique de l’Afrique de l’ouest et si la Côte d’Ivoire est malade, la sous-région ouest-africaine ne peut que l’être aussi.

Quelle est la situation aujourd’hui dans l’est de la République démocratique du Congo ?

Les Fdlr ont été traqués par une opération mixte des Forces armées congolaises et rwandaises. Les troupes rwandaises sont reparties chez elles. On peut estimer que l’opération a atteint 60% de son objectif. Les Forces armées congolaises vont continuer à redoubler d’effort. Afin de mettre la main sur les Fdlr partout où ils se trouvent pour que finalement la paix puisse revenir chez nos citoyens dans les milieux les plus reculés où ils sont souvent menacés par ces Fdlr.

La paix rime, sans doute, avec l’arrestation de général congolais déchu Laurent Nkunda…

Laurent Nkunda est aujourd’hui en résidence surveillée au Rwanda. Le gouvernement congolais a demandé son extradition. Son homologue rwandais a donné son accord. Nous sommes en train de nous organiser pour que le mécanisme se mette en place. Laurent Nkunda a toujours menacé nos populations de l’est avec ses incursions.

Que dites-vous des rapports assez conflictuels entre la Rdc et le Rwanda depuis un certain nombre d’années ?

La Rdc a été victime de sa proximité géographique avec le Rwanda. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’à l’issue du changement de régime dans ce pays dans les années 1994 après le génocide, les populations, dand leur majorité, notamment les Fdlr et les Interamwe se sont réfugiées au Congo.

Les uns se sentant menacés par personnes au pouvoir au Rwanda, les autres par la présence des génocidaires au Congo, ont fait que la situation en Rdc n’a pu que prendre un coup.

La guerre entre Tutsi et Hutu rwandais étant transposée sur notre territoire.

N’y a-t-il pas un problème de leadership entre les deux pays dans la sous-région ?

Je ne le pense pas et je ne souhaite pas que cela soit une des raisons. Le leadership s’affirme. Il n’y a pas à en créer un qui n’existe pas entre ces pays.

A propos des rapports entre la Rdc et le Rwanda, le président français a fait une déclaration que les Congolais ont assimilée à une invitation au partage de leur pays. Qu’en dites-vous ?

Vous avez suivi dans les médias ce qu’en pensent la plupart des Congolais. Le Président Sarkozy, lorsqu’il s’est adressé à notre Nation, à travers les députés et sénateurs, a eu à rectifier le tir. Il a d’ailleurs loué le patriotisme des Congolais qui est à la base du développement du pays.

N’est-ce pas à cause de cette déclaration que le Président Kabila ne l’a pas accueilli à l’aéroport de Kinshasa ?

Cela n’a jamais été un problème. La plupart des Chefs d’Etat africains vont en France et le Président Sarkozy n’est pas toujours à l’aéroport pour les accueillir. Donc je ne vois pas le rapport que vous aimeriez établir entre l’accueil de Sarkozy par le Premier ministre congolais et l’absence du Chef de l’Etat Kabila à l’aéroport et l’accueil que vous estimez timide. Le peuple congolais s’était mobilisé pour cet accueil au plus haut niveau.

L’Assemblée nationale était remplie de députés, des membres du gouvernement, de sénateurs.

Après avoir traversé le Congo, le président Sarkozy demande à Brazzaville aux Africains de faire table rase du passé et d’avoir de nouveaux rapports. Qu’en pensez-vous ?

C’est une bonne chose que Sarkozy recommande aux Chefs d’Etat africains de faire table rase de ce qui s’est passé entre les Occidentaux et nous.

En Rdc, l’arrestation de Jean-Pierre Bemba retient l’attention des observateurs. Votre analyse de ce sujet…

Jean-Pierre Bemba a été vice-président de notre pays pendant la transition. Actuellement, il est sénateur. C’est le chef d’un parti politique. Mais je crois qu’avoir été à la tête d’une rébellion à un moment donné, fait que la République centrafricaine a porté plainte au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi). Il se trouve de fait à l’étranger pour répondre des accusations qui ont été portées contre lui.

C’est quand même dommage. Il aurait pu jouer un rôle important pour la reconstruction de notre pays dans le cadre de l’opposition.

Certains pensent que Jean-Pierre Bemba a été écarté de la scène politique congolaise car il était un adversaire assez coriace pour le Président Kabila ?

Ils se trompent. Ce n’est pas le Président Kabila qui avait en son temps amené Jean-Pierre Bemba à commettre les crimes dont il est accusé aujourd’hui.

Après les années de crise, quelle est la situation économique de la Rdc ?

Nous sommes en train d’assainir tous les milieux des affaires en dotant notre pays de certains textes, de faire des réformes dans les secteurs commerciaux, judiciaires et même des textes politiques. Qui puissent aider l’économie de la République démocratique du Congo à décoller. Nous n’allons pas échapper à la crise financière que connaît le monde. La première source de revenu de la Rdc, ce sont les mines. Avec les cours miniers actuels, il nous faut réorienter notre économie dans d’autres secteurs comme en Côte d’Ivoire, notamment l’agriculture. Afin qu’elle soit solide.

Mme la ministre, vous êtes une consoeur en tant que directeur de publication d’un magazine dans votre pays. Quel est aujourd’hui l’état de la presse au Congo ?

Nous sommes spécialiste, chez nous, du foisonnement en terme de chaînes audiovisuelles. Nous avons une quarantaine de chaînes de télévision, 70 titres de journaux. Dont certains paraissent à l’improviste.

Dès son accession au pouvoir, le Président Laurent Gbagbo a fait voter une loi pour la dépénalisation du délit de presse. Votre commentaire à cet effet…

C’est très courageux. Je l’en félicite. Très peu de Chefs d’Etat, jusqu’à aujourd’hui, pensent qu’il faudrait en arriver là. Encore que cela soit une recommandation.

J’ai eu à interviewer le Président Gbagbo, quand j’étais journaliste lors d’une de ses rencontres à Paris en 2003 avec le Président Kabila. J’étais un peu surprise, après avoir été nommée vice-ministre des Congolais de l’étranger, que le Président Gbagbo me demande comment on analyse les faits de société lorsque de journaliste on devient un homme politique.

Je lui ai dit qu’on a un autre regard, compte tenu des paramètres qui ne sont pas toujours les mêmes. Il a alors indiqué qu’il aimerait bien réunir tous les journalistes qui sont devenus politiciens pour échanger avec eux.



Interview réalisée par Ernest Aka Simon
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