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Société Publié le lundi 6 avril 2009 | Nord-Sud

Pédophilie - Attention, les prédateurs d`enfants sont parmi vous

Depuis un certain temps les cas de pédophilie sont fréquemment cités dans les anales de la justice ivoirienne. La police criminelle et la gendarmerie reçoivent, de leurs côtés, de nombreuses plaintes pour « viol » sur des enfants de 6 à 10 ans. Nord-Sud Quotidien a enquêté.

L'on se souvient encore du « violeur de Gbatanikro », arrêté le 2 mars par la gendarmerie de Treichville. Ce commerçant de 41 ans, du nom de D.T.A.A, est accusé d'avoir violé Asta, une fillette de 10 ans. Le pédophile est actuellement à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). Les faits se sont déroulés du samedi 28 au dimanche 29 février. Asta a été facilement attirée le samedi matin par D.T.A.A, alors qu'elle était devant sa porte. Ce géant d'environ 2 mètres a usé de techniques qui lui sont propres. Il l'a amenée dans sa maison. Alors que les parents de la fillette étaient à sa recherche, c'est seulement le dimanche à minuit qu'elle donne signe de vie. Deux jours de délit sexuel. La fillette garde encore le traumatisme de ces actes. A l’examen, elle présentait des blessures et du pus dans le vagin, selon le rapport médical. Une violence sexuelle que les parents de la gamine ne sont pas prêts d'oublier. Indexé, D.T.A.A a d’abord nié les faits. Il sera accablé par les preuves.
Plusieurs cas de pédophilie dans les anales de la justice

Notamment le témoignage de la fillette qui révélera que son agresseur a une blessure sur son pénis. Vérification faite, l'homme est arrêté. Autre cas. Cette fois-ci, la victime est un garçon. Le pédophile est Koko Yves, un informaticien. Le tribunal des flagrants délits l'a condamné à 10 ans d'emprisonnement et à 20 millions de Fcfa de dommages et intérêts. Le trentenaire qui habite les II-Plateaux-Aghien a enlevé, le 11 février dernier, le petit D. J. I, âgé de 6 ans. L'enfant habitait la cour voisine, dans le quartier. Sa technique est bien différente de celle de D.T.A.A. En effet, après avoir proposé à la mère de l'enfant, D. Fatoumata, de soigner le gamin qui s'était blessé en montant à vélo, l'informaticien l'a conduit dans sa chambre. Une fois seuls, il le sodomise. La mère trouvera son gosse évanoui sur le lit de Koko. Conduit à la Police criminelle, Koko Yves a rejeté l'accusation de sodomie et de pédophilie. Le témoignage de l'enfant et celui d'autres personnes proches de lui auront raison du pédophile. La semaine suivante, un autre cas de pédophilie dans les dossiers des flagrants délits. L'auteur est G. Mathias, 25 ans, étudiant. On le juge pour « attentat à la pudeur » sur la personne de T. K. Une fillette de 7 ans, élève en classe de CE1. L'affaire se passe au Plateau-Dokui et remonte au 4 novembre 2008. A cette date, lorsque la mère de T.K fait sa toilette, elle constate que sa fille ressent des douleurs abdominales. Inquiète, elle interroge l'écolière. « C'est Mathias. A trois reprises, il m'a conduite dans sa chambre. C'est ainsi à chaque fois. Il se couche sur moi et introduit son doigt dans mon sexe », explique celle-ci. (Ces propos ont été rapportés dans le procès verbal de la police). Tout comme les précédents, G. Mathias rejettera les accusations portées contre lui avant de céder sous le poids des témoignages. Il est arrêté par la police du 34ème arrondissement, les hommes du commissaire Ahi Raphaël. Il sera condamné à 12 mois de prison ferme. Vendredi 3 avril. En plein procès dans la salle des flagrants délits, la juge met tout le monde dehors. Le tribunal doit juger un cas d' « attentat à la pudeur ». Plus précisément une affaire de pédophilie que les parents des victimes veulent régler à huis-clos. L'auteur des faits aurait violé deux jeunes filles mineures. La première, T.B, et la seconde, A.A. Il se nomme lui-même Ousmane X. pour l'instant, nous n'avons pas encore connaissance des circonstances de son délit. Toutefois, tout comme ces faits le démontrent, il est difficile de passer une semaine au tribunal du Plateau sans tomber sur un cas de pédophile.
« C'est vrai. On assiste de plus en plus à des cas de pédophilie en Côte d'Ivoire. Les enfants deviennent la cible des adultes qui leur arrachent leur innocence », constate Me Traoré Drissa. Cet avocat pense que le phénomène tend à prendre de l'ampleur en Côte d'Ivoire. Pour lui, les enfants sont ciblés pour plusieurs raisons. D'abord, ce sont des personnes faciles à détourner avec de l'argent ou des bonbons. Contrairement à un adulte qui nécessite plus de sérieux. Ensuite, l'enfant ne juge la gravité des faits que lorsqu'on le lui reproche. Il ne résiste pas à l'acte sexuel. Ainsi, les pédophiles, qui ont un problème psychique, n'ont pas du mal à les approcher. « Il faut noter que la plupart des auteurs d'acte de pédophile ont le plus souvent des perturbations mentales », explique-t-il.
Pourquoi la pratique prend de l'ampleur

En plus de cette raison, Me Gouamené Hervé, un autre avocat, attribue le fait à des sectes religieuses. Ces sectes, selon lui, tirent leur puissance dans ce type de pratique indécente. C'est à dire, coucher avec des enfants. Toutefois, il ne va pas plus loin dans son explication. Quoi qu'il en soit, l'avocat pense que le fait que la question ne soit pas sérieusement abordée par les Ivoiriens contribue à l'évolution de la pédophilie. Il cite notamment le règlement du droit ivoirien. Ainsi, l'on est parti de cas isolés aux cas fréquents, selon lui. Son confère, Me Traoré Drissa, le rejoint par ailleurs sur ce volet. Il a déjà eu à traiter des cas d'attentat à la pudeur. « Mais, essentiellement des victimes âgées entre 16 ans et 18 ans», note-t-il. Or, selon un psychologue au département de psychologie à l'université de Cocody, il n'y a pédophilie que lorsque qu'un adulte commet des rapports sexuels avec un non-pubère âgé de 0 à 13 ans environ. (L'âge de fin de la puberté est en fait très variable selon les individus, mais il y a consensus pour dire qu'elle commence rarement avant 10 ans et qu'elle est généralement achevée à 15 ans. Avec un âge médian vers 12-13 ans). L'avocat trouve qu'il n'y a pas encore de disposition qui parle expressément de la pédophilie. « Je pense que le droit ivoirien n'arrive pas totalement à circonscrire cette pratique. Je n'ai pas encore vu de loi spéciale qui soit destinée au cas de la pédophilie. Le plus souvent, on l'attribue à un attentat à la pudeur sur mineur quand c'est un garçon, et, à un viol lorsqu'il s'agit d'une fillette », explique-t-il. Sur ce plan, la Côte d'Ivoire n'est pas le seul pays à être confronté à ce problème. En France, par exemple, le terme de pédophilie n'apparaît pas non plus dans les codes et règlement du droit et de la justice. Les termes utilisés pour décrire l'infraction de relations sexuelle entre un majeur et un mineur sont « atteinte » pour une relation avec consentement de l'enfant. On parle d' « agression » ou « viol » lorsque le consentement n'est pas reconnu. Il existe également des infractions de corruption de mineur pour l'incitation de mineur à des actes sexuels. L'âge limite du mineur qui caractérise l'infraction sexuelle (âge de majorité sexuelle) est de 15 ans en général. 18 ans si le majeur est une personne ayant autorité sur le mineur (professeur, parent, etc). Un autre fait auquel est confrontée la justice ivoirienne, c'est la peine attribuée aux pédophiles. Me Gouamené Hervé note que cette peine varie de 1 à 5 ans. Elle va au-delà lorsque l'auteur de l'acte commis est un proche de la victime ou un inconnu, et, aussi selon la gravité de l'acte. C'est par ailleurs le cas de Koko Yves qui a violé D. J. I, 6 ans. L'enfant a perdu connaissance pendant qu'il était sodomisé. L'informaticien a écopé de 10 ans d'emprisonnement et de 20 millions de Fcfa de dommage et intérêt. Il faut sévir si l'ont veut décourager les violeurs d'enfants, selon Me Drissa. Cet avocat, par ailleurs président du Mouvement ivoirien des droits humains (Midh), préconise une sensibilisation de la population sur cette question afin de décourager la pratique souvent ignorée comme vilaine par les auteurs. « La pédophilie est la pire des choses qui puisse arriver à un enfant. C'est pourquoi la convention sur les droits de l'enfant exige qu'il soit protégé de tout abus sexuel », affirme-t-il. L'Action pour la protection des droits de l'homme (Apdh) va dans le même sens. Son président Me Gouamené, pense qu'il faut au plan juridique, circonscrire cette pratique et tenter d'en aviser la population. Cependant, il reste que le pédophile demeure le seul qui peut véritablement concourir à arrêter le fléau.


Raphaël Tanoh
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