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Société Publié le mardi 14 avril 2009 | Parence

Que cache la tricherie ?

Certains enfants ont une tendance à tricher de façon systématique et pourtant ils semblent assez intelligents pour appréhender les diverses circonstances qui se présentent. Cela donne l`impression d`un défaut psychologique, d`une espèce de crainte de se tromper, d`un manque d`assurance ou de confiance en soi qui pourrait avoir ses racines dans l`éducation reçue. Comment reconnaître cette affection chez l`enfant? Quels remèdes devant une telle situation?


Qu’est-ce que la tricherie ?

Tricher, selon le dictionnaire, c`est enfreindre les règles d`un jeu en vue de gagner; c’est agir d`une manière déloyale pour gagner ou réussir. C’est également dissimuler, frauder, mentir, tromper, truquer…

La tricherie apparait chez l’enfant vers 5 ou 6 ans, lorsque la conscience sociale commence à s’élaborer ; c’est-à-dire quand, chez l’enfant, l’égocentrisme (qui est prépondérant vers 3 ans) s’efface pour laisser place à une prise de conscience des autres. Avant cette période, on ne parle pas de tricherie chez l’enfant. Ainsi, à cet âge où la pensée devient plus logique, l’enfant se rend compte qu’il doit composer avec les autres pour vivre en société. Il a tendance à tricher, tout simplement parce qu’il veut gagner, être le chef, le plus fort, dominer, prendre la place de la mère ou du père… c’est un défaut « normal » qui peut disparaitre si l’enfant a assez de maturité pour connaître et comprendre les règles, dans les jeux comme à l`école. Ce défaut peut malheureusement s’aggraver et devenir carrément pathologique. C’est alors un trouble du comportement mais non une maladie en tant que telle.


Pourquoi l’enfant triche?

La capacité chez l’enfant à enfreindre les règles, à les contourner pour s’assurer une réussite met en relief un défaut d’élaboration du jugement moral chez cet enfant. Or le jugement moral se construit en rapport avec le modèle éducatif. Sa conscience sociale se modèle sur celle des parents et du reste de la famille. Il apprend ainsi, au fur et à mesure, à être responsable de lui-même. Il ne faut manquer aucune occasion pour lui faire comprendre vos valeurs sociales - dans des termes qui lui soient accessibles. Il vous revient de développer chez votre enfant, la prise de conscience de ce qui est bon et de ce qui est mal, le goût de l’effort et du travail bien fait. L’enfant doit apprendre à dire la vérité, à ne pas prendre ce qui ne lui appartient pas (avant 5-6 ans, tout ce qui lui plait est à lui, même les jouets des autres et ce n’est pas du vol).

Si l’enfant cherche à duper une personne de son entourage en particulier, c’est qu’il se sent en état d’infériorité vis-à-vis de cette personne (au cours du jeu par exemple)

À l’inverse si, systématiquement, la tricherie est au rendez-vous, cette attitude traduit soit :

-la nécessité psychique de ne pas prendre en compte le ou les partenaires de jeux. Dans ce cas, l’enfant a souvent un caractère possessif et il recherche une position dominante pour exclure ceux qu’il considère comme des prédateurs/rivaux.

-l’enfant estime qu’il lui faut réussir par tous les moyens, il refuse l’échec. Mais il n’a pas appris comment réussir.


Comment savoir qu’un enfant triche ?

La façon de tricher dépend de chaque enfant, si vous connaissez votre enfant vous finirez par savoir qu’il triche, ou il se fera attraper soit par la maitresse, soit dénoncer par un camarade.


Que faire ?

Lorsque vous constatez que votre enfant triche, il est important d’adopter une attitude calme. Demandez-vous : A quel moment l’enfant triche et pourquoi ? Est-ce dans le jeu ? Avec ses camarades ? Avec la famille ? A l’école ? Pour des choses minimes ou importantes ? Est-il de mauvaise foi lors des jeux ?

Vous devez surtout évitez des propos du genre : « Est-ce que tu voudrais que tes amis trichent avec toi ? » « Est-ce que tu cherches à contrarier ta maîtresse ou moi ? Je suis déçu, parce que je ne t’en croyais pas capable. », « Si tu gagnes en trichant, ton ami ne voudra plus jouer avec toi, ou alors il apprendra à tricher aussi. C`est ce que tu veux? »…

Il est plus facile de venir à bout des tricheries en abordant le sujet avec franchise et douceur. Il est important que vous expliquiez les conséquences de tels agissements sans être moralisateur.
Ne le punissez pas sans lui avoir expliqué pourquoi il ne doit pas tricher. Pensez à lui apprendre comment réussir sans avoir besoin de tricher.

Bien heureusement, le temps arrange (9 fois sur 10 !) les choses. Aux contacts des autres, l’enfant sera obligé de mûrir et d’attacher une importance à son entourage. Sinon, les sanctions tomberont. L’espace de socialisation, que constitue l’école ou le sport, lui fera comprendre qu’à vouloir prendre la place d’autrui et à vouloir être toujours le plus fort (sans effort), il y laissera quelques plumes... car les tricheurs ne sont pas très appréciés.

Prenez aussi le temps de jouer avec votre enfant et il pourra constater que même les grands perdent... et que ce n’est pas un drame en soi. La preuve en est que l’adulte garde le sourire et donne à voir qu’on peut toujours se relever. C’est ainsi que votre petit d’Homme saisira, par identification, que l’existence comporte toujours de quoi se redresser et qu’avec la vie, il ne sert à rien de tricher. Apprenez-lui qu’il possède de quoi repartir toujours plus haut et que « l’effort fait les forts ! »

Mais si vous-même trichez avec la vie et dans la vie, ce message sera difficile à faire passer. Car souvenez-vous, que le jugement moral de l’enfant se façonne au regard de votre façon de vous comporter. Si votre enfant vous entend dire : « débrouillez, ce n’est pas voler, la fin justifie les moyens… »… cela l’encouragera à continuer.

Dr BISSOUMA
Dr. En psychiatrie Spécialiste en
Psychologie infanto juvénile
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