En attendant la présidentielle - Le FPI se déchire en France - Guerre ouverte entre Brigitte Kuyo et Béatrice Guédé

Pour gaspiller l'argent des Ivoiriens, les refondateurs ne manquent d'imagination. On en a eu pour preuve la cérémonie de remise de médaille organisée le dimanche dernier par l'Association Diaspora pour Gbagbo qui est la représentation en France de CAP UR LG de Gervais Coulibaly. Une occasion aussi pour les nouveaux griots de Gbagbo de chanter les louanges d'un roi en perte de notoriété. Une cérémonie qui a aussi mis à nu la guerre entre la représentante du FPI en France, Brigitte Kuyo, et la présidente de l'Association Diaspora pour Gbagbo, Béatrice Guédé
Deux cent quarante récipiendaires, deux cent quarante médailles en or plaqué, deux cent quarante diplômes, une salle huppée au 199 bis de la rue Saint Martin dans le 3ème arrondissement de Paris. Combien tout cela a pu coûter ? Cinq, dix, quinze ou vingt millions de francs CFA. Où madame Béatrice Guédé, présidente de l'Association Diaspora pour Gbagbo et les membres de son bureau ont-ils retrouvé cette somme pour organiser une cérémonie d'une telle envergure? Si le porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, a essayé de distraire les journalistes en parlant de cotisation, les Ivoiriens lucides savent que c'est leur argent qui est ainsi gaspillé par les refondateurs. " LA MEDAILLE LAURENT GBAGBO POUR LA RESISTANCE ET LA RECONSTRUCTION ", c'est la trouvaille de l'Association Diaspora pour Gbagbo présidée par madame Béatrice Guédé et parrainée par Gervais Coulibaly, pour jeter encore l'argent du contribuable ivoirien par la fenêtre. A quoi répond cette manifestation ? Si Gervais Coulibaly la définit comme une cérémonie de précampagne, pour Mme Béatrice Guédé, " La nuit de la Reconstruction et des Hommages " au cours de laquelle a été décernée " la médaille Laurent Gbagbo " s'inscrit résolument dans une démarche unitaire, de cohésion et de retrouvailles de tous les enfants de la Côte d'Ivoire vivant en France, autour d'un homme, Laurent Gbagbo ; d'un Pays, la Côte d'Ivoire ; et d'une devise : Union-Discipline-Travail.
"Malheureusement, beaucoup de personnes ne se reconnaissaient pas dans cette distinction en laquelle elles voient un lobbying de la part des partisans de Laurent Gbagbo. " Je ne pouvais accepter cette distinction quoique honorable pour ma personne pour des questions de principes professionnels. En ma qualité de journaliste indépendant, et j'entends le demeurer, j'aurais failli aux règles éthique et déontologique en acceptant de recevoir une médaille qui porte le nom d'un candidat à l'élection présidentielle prochaine en Côte d'Ivoire. Là-dessus, je n'aurais pas dérogé à la règle que je me suis imposée si cette distinction portait le nom d'un autre candidat. Je pense, pour ma part, que le métier que nous exerçons, exige de nous une attitude impartiale et irréprochable. Pour être crédible et jouir de toute notre liberté en tant qu'acteurs des médias, nous devons éviter d'être liés à des choses qui vont nous empêcher de faire correctement notre travail, voire de tomber dans l'arbitraire ou dans la partisannerie primaire. Par contre, je ne cracherai pas sur une distinction ou une médaille qui porte le nom du Président de la République en tant que chef de l'Etat, remise par ses soins ou une institution apolitique qui se distingue des partis politiques et des mouvements de soutien à des candidatures ", explique Clément OKA, président de l'Union des Journalistes Ivoiriens en France. Mais ce qui a inquiété certaines personnes présentes à cette cérémonie, ce sont les propos tenus par le porte-parole de Gbagbo. " Je suis avec Gbagbo parce qu'il est courageux. Il ne saute dans le premier hélicoptère pour abandonner son peuple. Il ne saute pas non plus les clôtures quand le danger arrive ", a expliqué Gervais Coulibaly. Des déclarations qui font grincer les dents de certaines personnes qui ont été surprises par le goût de la violence de ceux qui suivent Gbagbo. " Je suis inquiet, regrette, M Marcel Youpé, président de Rhdp France. A travers ces propos, on voit que Gbagbo et ses partisans sont toujours dans la logique de la violence. Aujourd'hui, avec la signature d'un accord de défense avec l'Angola, et ces propos guerriers que lui et ses partisans tiennent, je sens que les refondateurs préparent un coup. C'est en cela que je lance un appel à tous les responsables des partis du Rhdp de prendre leurs responsabilités ". Cette cérémonie a aussi mis à nu la déchirure qui prévaut au sein du parti de Laurent Gbagbo en France. Une division qui a été confirmée par l'absence de la représentante du FPI en France, Brigitte KUYO, à cette cérémonie de remise de médaille. La guerre entre Mme Béatrice Guédé et Brigitte Kuyo est à l'origine de cette déchirure. Selon des sources bien concordantes, la responsable FPI France ne supporterait pas le fait que la direction de son parti la relègue au second plan au profit d'une présidente d'association de soutien. Les pluies de millions de Gbagbo tombent sur la France. Et le partage de l'argent du donateur est en train de tourner au vinaigre. Quoiqu'il en soit, c'est l'argent du contribuable ivoirien qui part en fumée pour des calculs électoraux.

Eugène YOBOUET
Correspondant permanent à Paris