x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Économie Publié le samedi 18 avril 2009 | Le Temps

Environnement des affaires en Cote d`Ivoire/ Omnifinance - La grosse arnaque qui menace des Ivoiriens

A la demande générale, nous vous reproposons le dossier sur la gestion d’Omnifinance qui a tout l’air d’une grosse arnaque.

C’est certainement l'une des plus grosses affaires déshumanisantes, ces dix dernières années en Côte d'Ivoire. Des banquiers venus du Nigeria voisin avec des appétits gargantuesques mènent une guerre sans merci à 80 employés nationaux ivoiriens qu'ils trouvent indésirables. Des hommes d'affaires qui ont décidé de jeter leur dévolu sur le milieu bancaire ivoirien en plein essor. Se croyant tout permis, ils défient la légalité. Incursion dans une affaire pour tenter de déchiffrer sa boule de gomme.
19 septembre 2002, la Côte d'Ivoire expérimente sa première rébellion. A ce moment, personne ne se doute que ce pays peut tenir la dragée haute aux attaques répétées. Certaines entreprises, face aux turbulences dues à la crise qui s'installe dans le temps, se replient sur les pays limitrophes. D'autres moins chanceuses, mettent la clé sous le paillasson. Dans cette grisaille, une catégorie d'entreprises se révèlent citoyennes et s'engagent à braver la crise au risque de leur vie. C'est dans cette catégorie que l'on répertorie la société bancaire Omnifinance. Managée par des cadres ivoiriens : Laurent Basque et de Jacob Amematekpo. Pour rien au monde, Laurent et Jacob n'abandonnent leur Patrie. A leur façon, ils vont alors mener le combat de la résistance économique. Sous leur houlette et malgré la bourrasque, Omnifinance tient la barre en s'appuyant sur un personnel pétri de nationalisme. La résistance économique dure pratiquement six (6) ans au cours desquels l'établissement tient la route.
Mars 2008, un groupe bancaire nigérian du nom de Acces Bank rachète Omnifinance et manifeste son envie d'opérer dans le milieu ivoirien des affaires. Son entrée dans le capital de la jadis banque citoyenne sera à hauteur de 88%. Une opération consécutive à l'augmentation du capital de trois (3) à dix (10) milliards de Fcfa.
Mais la situation existentiellement délicate d'Omnifinance nécessite une certaine prudence. Pour donc valider cette opération, un dossier d'agrément va être présenté à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao), par les anciens dirigeants : Laurent Basque et Jacob Amématekpo.
Dans le montage du dossier, certains éléments montrent clairement qu'il est question de la création d'une holding Access Pan Africa avec pour base Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire. C'est cette holding qui sera chargée de coordonner les activités de ce groupe dans l'espace l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Dans l'arrangement, Laurent Basque est pressenti au poste de futur Directeur général. Une nouvelle qui satisfait le milieu bancaire local et qui va permettre l'accélération du dossier. Laurent Basque utilise ses relations personnelles au haut niveau pour faire aboutir le dossier d'agrément.
Mais c'est mal connaître les nouveaux partenaires. Une fois l'agrément en leur possession, les nouveaux acquéreurs retournent la veste. Le partenaire nigérian de Laurent Basque, le nommé Bikpo Félix qui vient d'entrer, de façon fracassante, dans le monde des affaires en Côte d'Ivoire, se tourne vers d'autres partenaires. Avec qui ils constituent désormais une nouvelle équipe. Ces derniers se lancent dans une opération de démantèlement de tout le montage relatif à Laurent Basque. La nouvelle configuration de l'entreprise mise en place par Bikpo Félix et la Holding Access Pan Africa participe à l'éviction sans ménagement de Basque. Basque qui était pressenti nouveau Directeur général perd ses illusions … et sa place. Il est remercié, un autre Directeur général est pourvu à son remplacement en la personne de Guillaume Liby. Il est de nationalité ivoirienne, comme Laurent Basque. Mais ce n'était que de la pure diversion. Car, Guillaume Liby venu assurer les fonctions de Dg à la place de son concitoyen Basque va à son tour être remercié. Comme dans un tour de passe-passe, la maison mère, le Groupe nigérian Access Bank parachute un certain Benjamin Oviosu, de nationalité nigériane. Ce dernier est assisté par le Sénégalais Mamadou Ly venu tout droit de la Commission bancaire.

Un nouveau logiciel qui pose problème

Courant avril-mai 2009 agissant en sa qualité d'actionnaire majoritaire, le nouvel actionnaire décide d'importer de son Nigeria natal, un logiciel bancaire du Groupe. Ce logiciel s'appelle Flexcub. Pour son installation, la nouvelle direction fait venir du Nigeria, des experts. C'est dorénavant avec ce logiciel, Flexcub, que toutes les activités d'Omnifinance sont suivies et contrôlées depuis le Nigeria. Ce qui n'écarte pas l'éventualité des opérations bancaires depuis ce pays. Mais les experts venus du Nigeria montrent des insuffisances dans la gestion de ce logiciel du reste très sophistiqué et très complexe. Avec le temps, les employés s'aperçoivent que les ''experts'' venus du Nigeria ne maitrisent pas le nouveau produit. La migration vers le Flexcub prend du temps. Une lenteur qualifiée d'inadmissible par les employés nationaux ivoiriens dont l'expertise dans le domaine est avérée. Ils découvrent que Flexcub est un logiciel bancaire censé être opérationnel en temps réel. Depuis son installation ratée, tout le système des opérations d'Omnifinance a perdu sa fiabilité. Une situation désagréable qui, bien évidemment provoque de nombreuses plaintes de la part des clients de la banque. Face à cette situation, le personnel voyant l'image de l'entreprise s'effriter, attire l'attention des responsables sur cette déconvenue technologique. Dans sa requête, la délégation qui rencontre la direction générale explique que la déficience du système Flexcub expose dangereusement ses utilisateurs que sont les caissiers, les opérationnels et de façon générale, les employés du Front Office. Les interpellations des employés se multiplient mais la direction générale demeure inflexible et maintient l'utilisation de Flexcub sans toutefois l'améliorer. Feignant d'ignorer qu'un logiciel en matière bancaire est d'une délicatesse vitale.

Les préoccupations des agents se justifient

Et ce qui devait arriver, arriva. Dans la même période, les agents constatent des retraits fictifs de fortes sommes d'argent sur les chèques de la banque. La défaillance se situe au niveau du logiciel Flexcub en question et elle est vite décelée. Une fois de plus, la direction est saisie mais ne réagit pas. Alors s'installe un climat de suspicion et d'accusations mutuelles entre la nouvelle direction et les employés. La direction générale pointe du doigt certains agents. Faux, récusent les agents qui selon eux, l'équipe de Benjamin Oviosu aurait mis un mécanisme en place pour pomper l'argent de la banque qu'elle dépose sur des comptes à l'étranger. Le personnel continue de croire que le Dg Oviosu manigance pour jeter le discrédit sur certains des leurs contre qui, un plan de licenciement est déjà préparé. Ils sont confortés dans leur crainte, par la décision subite prise par le Dg.
Car, dans la foulée, quatre (4) employés sont démis de leurs fonctions. Ils sont accusés d'opérer des “décaissements illicites”. Ces derniers soutenus par l'ensemble du personnel estiment qu'ils sont accusés à tort et qu'il faut chercher la cause des décaissements illicites dans le mauvais fonctionnement du logiciel Flexcub. Convoqués à la police judiciaire, ils sont accusés de “fraude sur des chèques payés à la douane”.
“Les nouveaux dirigeants sont prêts à tous pour pomper l'argent de la banque Omnifinance à travers leur nouveau logiciel qui leur garantit toutes les manipulations depuis le siège au Nigeria. Ne vous y trompez pas, nous pouvons aujourd'hui, dire sans crainte qu'il y a des opportunités de blanchiment d'argent avec ces gens. Ce ne sont pas des enfants de cœur ", indique une source anonyme. Et une autre source arguant de la situation de crise que vit la Côte d'Ivoire de renchérir : "Un pays en guerre est la proie des individus véreux qui profitent pour y faire transiter de l'argent sale. Sinon comment expliquer l'entêtement de nos nouveaux dirigeants à ne pas changer ou, ne serait-ce que corriger le système du logiciel Flexcub alors qu'on leur a maintes fois fait remarquer qu'avec ce système, il y a risque de trafic sur les comptes des clients."

La situation dégénère et aboutit à une grève des agents

Le 19 février 2009, le personnel débraye et décide d'un sit-in. Il s'agit pour les agents de montrer leur solidarité à leurs collègues " injustement interpellés ". Pendant que les quatre employés incriminés sont à l'audition à la Pj, le sit-in est effectif à la direction de la banque. Oviosu Benjamin n'apprécie guerre le mouvement de mécontentement de son personnel. Il tente de noyer le poisson. En leur adressant des demandes d'explication. Au motif, selon lui, que la grève serait " illégale ". Les agents de leurs côtés estiment que les demandes d'explications en question sont " sélectives et sont à la tête du client ". Ils comprennent alors que l'objectif du Dg Oviosu est d'affaiblir le mouvement en maintenant dans son viseur, certains agents considérés comme les meneurs. Il s'agit des mêmes qui ont toujours conduit la délégation qui interpelle la direction générale sur le dysfonctionnement du logiciel Flexcub. Chose curieuse, les destinataires des demandes d'explications ont tous une chose en commun. Ils étaient des collaborateurs directs de l'ancien staff dirigé par Laurent Basque. Selon des indiscrétions, M. Oviosu veut effacer toute trace du passé et ne voudrait plus travailler avec ce qui reste de l'ancienne équipe. Il fait tout pour écarter ces cadres qui, selon lui, jouent les empêcheurs de tourner en rond. " Il ne veut plus travailler avec l'ancien staff, et il l'a signifié clairement aux délégués partis le rencontrer pour trouver une issue heureuse à cette affaire. " S'est plaint un agent contraint à la porte de sortie.

80 personnes jetées à la rue

Apparemment, le Dg Oviosu est en passe de réussir son coup. Martyrisés par les méthodes jugées de mafieuses, des agents se sont résignés. Beaucoup parmi eux, ne sachant plus à quel saint se vouer en cas de " licenciement non justifié ", ont trouvé vital, d'accepter la solution de " départ négocié " que leur propose la nouvelle direction générale. Laquelle direction consent à mettre à leur disposition " des droits légaux et un bonus " de quatre (4) à six (6) mois de salaire. Mais à la seule condition qu'ils signent un " protocole d'accord additionnel " d'apurement des dettes en cours totaux pour les crédits ordinaires et une retenue de 66% sur les indemnités au titre d'avance pour les bénéficiaires des prêts immobiliers. Prêts qu'ils avaient auparavant consentis quand tout allait bien à Omnifinance. Mais le hic, c'est que ce nouveau protocole d'accord contredit et viole l'ancien qui avait prévalu pour la mise en place du crédit et la loi en matière de prêt et échéance. Laquelle loi permet au contractant à aller jusqu'à trois échéances impayées, voir extensible à six échéances. Et même à ce niveau, il faut une décision de justice pour obliger le contractant à apurer ses crédits. En outre, il n'a été prouvé qu'aucun agent n'a jusque-là signalé une quelconque impossibilité à honorer ses engagements. De ce point de vue, selon un expert du tribunal de travail, Benjamin Oviosu ne peut donc se prévaloir de son poste de directeur général pour, s'autosaisir, contraindre ses employés et retenir 66% sur leurs indemnités en guise d'avance comme il se plaît à targuer. Qu'à cela ne tienne.
Même là encore, les agents seront floués une fois de plus. En effet, pendant les discussions, M. Oviosu et Mamadou Ly, les deux dirigeants s'abstiennent de payer les droits des travailleurs sur le départ comme convenu. Mais dans un revirement dont ils ont seuls le secret, les deux complices disent aux agents que s'ils ne sont pas d'accord sur les thèmes et la procédure, ces derniers peuvent toujours ester en justice si le cœur leur en dit. " Nous vous signalons que cette procédure en justice sera très longue, donc ayez les reins solides. On sait comment ça se passe dans votre pays, il suffit d'un peu d'argent et nous, on en a suffisamment pour faire trainer la procédure pendant des années ". Ces propos auraient été tenus par les dirigeants.
Mais sachant que tous les magistrats ne sont pas des ripoux, Oviosu se serait ravisé : " Nous sommes disposés à interjeter appel chaque fois que la justice de votre pays nous donnera tort. Et même s'il faut aller au-delà de la justice ivoirienne, nous sommes prêts à aller jusqu’à Genève s'il le faut ". Vrai ou faux, M. Oviosu a-t-il réellement tenu ses propos que des agents lui attribuent ?


Simplice Allard al08062317@yahoo.fr
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Économie

Toutes les vidéos Économie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ