Le dernier rapport d’enquête du Conseil de sécurité de l’ONU montre l’ampleur du pillage des ressources ivoiriennes par les rebelles. En attendant le rapport définitif, on a déjà une idée des raisons pour lesquelles les hommes du Premier ministre poussent des boutons chaque fois que l’on parle de désarmement.
L’avant-projet du rapport d’une récente enquête du Conseil de sécurité de l’ONU en Côte d’Ivoire, a été rendu public avant-hier. Le document, détails à l’appui, montre clairement comment les ressources nationales sont pillées par les rebelles. Il dit aussi pourquoi il est impérieux que le redéploiement de l’administration et des autorités douanières se fasse maintenant. C’est qu’une économie de guerre s’est installée dans les zones contrôlées par la rébellion, qui menace de faire durer encore longtemps cette situation de ni paix ni guerre. Une situation qui, selon l’enquête, rapporte à souhait aux mafieux.
«Des éléments du gouvernement ivoirien et des éléments des Forces nouvelles exploitent de puissants réseaux économi-ques. Loin d’être des initiatives dispersées et isolées visant à détourner des fonds ou à profiter du commerce des ressources naturelles, ces réseaux sont bien ancrés dans les principaux secteurs de l’économie ivoirienne, notamment ceux du café, du bois, du coton et de la noix de cajou. Dans certains cas, ces réseaux transcendent la division politique Nord-Sud», note le rapport. On imagine aisément qui, dans ce gouvernement N’zassa, peut faire de telles affaires. Après tout, rebelles et hommes politiques ont créé une structure commune, le G7 ou même le RHDP. Ils sont donc ensemble pour tout.
Cependant, il est peu probable que cette solidarité joue pour ce qui est de l’exploitation douanière. Là-dessus, le rapport indique qu’à Ouangolodougou (frontière avec le Burkina Faso), chaque personne à bord d’un véhicule doit payer 1000 F, 25 000 F de licence d’exploitation pour les véhicules qui passent régulièrement dans la zone et 5000 F à chaque poste de contrôle.
Les sommes en jeu sont énormes. On parle de 80 millions de FCFA extorqués à chaque société cotonnière pour la campagne 2008-2009. 300.000 à 1 000.000 de FCFA pour tout chargement d’au moins 40 tonnes de cacao ou de café. Sans compter la taxe d’exploitation qui peut atteindre 50.000 FCFA et la somme de 1000 à 5000 FCFA qui doit être versée aux Forces nouvelles dans chaque ville. «Si le montant de chaque droit prélevé sur les particuliers ou les sociétés peut, au maximum, atteindre plusieurs centaines de milliers, voire quelques millions de francs, ces taxes sont si nombreuses et si répandues dans le nord de la Côte d’Ivoire que le revenu total qu’en retirent les éléments des Forces nouvelles se chiffre certainement en milliards de F.CFA chaque année», écrit le rapport. Voilà qui est clair !
Il n’est donc pas surprenant que l’équipe d’enquête se déclare convaincue de l’urgence de déployer l’administration douanière dans tout le pays. Or, l’on sait avec quelles difficultés le colonel Mangly a du mal à mettre ses hommes au travail dans ces zones, et même en route pour y aller. Mais aujourd’hui, l’on sait pourquoi les rebelles mettent tout en œuvre pour que la douane ne prenne pas pied dans la zone CNO.
Il est clair que pour eux, la fin de cette situation conduirait à abandonner une véritable manne. Cette économie sans loi leur permet de vivre comme des princes dans des territoires où tout leur appartient. Les revendications politiques, l’application stricte de l’accord de Ouaga, l’organisation des élections et autres, ne sont pas du tout leurs préoccupations. Ils refusent donc que l’Etat existe. Or, malgré leur situation irrégulière, ils profitent des acquis de l’Etat dont l’eau et l’électricité. Les sommes énormes qu’ils brassent peuvent permettre d’organiser les élections sans que le pays ait à mendier. Mais ils n’entendent pas cela de cette oreille. Il ne reste plus qu’à espérer que les pressions qui suivront ce rapport, produisent l’effet attendu. Afin que la Côte d’Ivoire se remette à respirer un peu.
Paul D. Tayoro: ptayoro@yahoo.fr
L’avant-projet du rapport d’une récente enquête du Conseil de sécurité de l’ONU en Côte d’Ivoire, a été rendu public avant-hier. Le document, détails à l’appui, montre clairement comment les ressources nationales sont pillées par les rebelles. Il dit aussi pourquoi il est impérieux que le redéploiement de l’administration et des autorités douanières se fasse maintenant. C’est qu’une économie de guerre s’est installée dans les zones contrôlées par la rébellion, qui menace de faire durer encore longtemps cette situation de ni paix ni guerre. Une situation qui, selon l’enquête, rapporte à souhait aux mafieux.
«Des éléments du gouvernement ivoirien et des éléments des Forces nouvelles exploitent de puissants réseaux économi-ques. Loin d’être des initiatives dispersées et isolées visant à détourner des fonds ou à profiter du commerce des ressources naturelles, ces réseaux sont bien ancrés dans les principaux secteurs de l’économie ivoirienne, notamment ceux du café, du bois, du coton et de la noix de cajou. Dans certains cas, ces réseaux transcendent la division politique Nord-Sud», note le rapport. On imagine aisément qui, dans ce gouvernement N’zassa, peut faire de telles affaires. Après tout, rebelles et hommes politiques ont créé une structure commune, le G7 ou même le RHDP. Ils sont donc ensemble pour tout.
Cependant, il est peu probable que cette solidarité joue pour ce qui est de l’exploitation douanière. Là-dessus, le rapport indique qu’à Ouangolodougou (frontière avec le Burkina Faso), chaque personne à bord d’un véhicule doit payer 1000 F, 25 000 F de licence d’exploitation pour les véhicules qui passent régulièrement dans la zone et 5000 F à chaque poste de contrôle.
Les sommes en jeu sont énormes. On parle de 80 millions de FCFA extorqués à chaque société cotonnière pour la campagne 2008-2009. 300.000 à 1 000.000 de FCFA pour tout chargement d’au moins 40 tonnes de cacao ou de café. Sans compter la taxe d’exploitation qui peut atteindre 50.000 FCFA et la somme de 1000 à 5000 FCFA qui doit être versée aux Forces nouvelles dans chaque ville. «Si le montant de chaque droit prélevé sur les particuliers ou les sociétés peut, au maximum, atteindre plusieurs centaines de milliers, voire quelques millions de francs, ces taxes sont si nombreuses et si répandues dans le nord de la Côte d’Ivoire que le revenu total qu’en retirent les éléments des Forces nouvelles se chiffre certainement en milliards de F.CFA chaque année», écrit le rapport. Voilà qui est clair !
Il n’est donc pas surprenant que l’équipe d’enquête se déclare convaincue de l’urgence de déployer l’administration douanière dans tout le pays. Or, l’on sait avec quelles difficultés le colonel Mangly a du mal à mettre ses hommes au travail dans ces zones, et même en route pour y aller. Mais aujourd’hui, l’on sait pourquoi les rebelles mettent tout en œuvre pour que la douane ne prenne pas pied dans la zone CNO.
Il est clair que pour eux, la fin de cette situation conduirait à abandonner une véritable manne. Cette économie sans loi leur permet de vivre comme des princes dans des territoires où tout leur appartient. Les revendications politiques, l’application stricte de l’accord de Ouaga, l’organisation des élections et autres, ne sont pas du tout leurs préoccupations. Ils refusent donc que l’Etat existe. Or, malgré leur situation irrégulière, ils profitent des acquis de l’Etat dont l’eau et l’électricité. Les sommes énormes qu’ils brassent peuvent permettre d’organiser les élections sans que le pays ait à mendier. Mais ils n’entendent pas cela de cette oreille. Il ne reste plus qu’à espérer que les pressions qui suivront ce rapport, produisent l’effet attendu. Afin que la Côte d’Ivoire se remette à respirer un peu.
Paul D. Tayoro: ptayoro@yahoo.fr