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Politique Publié le mardi 21 avril 2009 | Notre Voie

Karamoko Yayoro, président du Rassemblement des jeunes républicains (RJR) : “La violence ne peut pas nous permettre de développer notre pays”

Karamoko Yayoro est le président du Rassemblement des Jeunes Républicains (RJR), le mouvement de jeunesse du Rassemblement des républicains (RDR). Notre Voie l’a rencontré au siège de son parti à la rue Lepic à Cocody pour évoquer avec lui la situation socio-politique en Côte d’Ivoire.


Notre Voie : L’opération d’enrôlement et d’identification prend bientôt fin. Selon le président de la CEI, le 30 avril est la date butoir. Or il reste encore plus de 2 millions d’Ivoiriens qui attendent d’être enrôlés. Pensez-vous que ce délai convienne pour arrêter l’opération ?

Karamoko Yayoro : Je voudrais avant tout profiter de ce moment pour remercier la direction générale de Notre Voie pour l’opportunité que vous me donnez de m’adresser directement aux militants du FPI, à l’opinion nationale et internationale. C’est le signe que nous sommes véritablement dans un jeu démocratique. Et que, ce qui importe ce sont les idées, les propositions que nous allons faire pour permettre à notre pays, la Côte d’Ivoire, d’être une Nation forte, une Nation où il fait bon vivre et où les contradictions au niveau des idées sont véritablement reines.
Pour la préoccupation posée, il y a une structure chargée des élections qui est la Commission électorale indépendante (CEI). Il y a aussi un cadre dans lequel les grands acteurs politiques se retrouvent, le Cadre permanent de concertation (CPC). La CEI a fait le point au Comité d’évaluation et d’accompagnement (CEA) et au CPC. Pour nous, la prochaine date que la CEI proposera, relèvera forcément d’une concertation. Nous ne sommes donc pas inquiets. Certainement que la projection des 8 millions d’électeurs s’avère un peu élevée par rapport à la réalité, ce sera en fonction de l’exposé que la CEI va faire au prochain CPC que la dernière décision doit être prise. Mais il est important qu’on mette la pression sur les Ivoiriens afin qu’ils ne croient pas que c’est une opération élastique qui ne doit jamais prendre fin. Il va falloir dissocier la question de l’enrôlement pour les élections et celle de l’identification qui est une question permanente. Et voir les structures qui vont poursuivre l’identification des Ivoiriens, c’est-à-dire leur donner une carte nationale d’identité afin que chacun puisse circuler librement dans le pays.


N.V. : Vous dites qu’il faut faire pression sur les Ivoiriens. Cependant la reconstitution des registres de l’état civil n’est pas encore effective. Alors que fait-on de ces nombreux Ivoiriens qui attendent d’obtenir un extrait d’acte de naissance ?

K. Y : Je voudrais regretter avec vous que cela ne se passe pas tel que nous l’aurions souhaité. Au niveau du Rassemblement des Jeunes Républicains, nous avons été les premiers et les seuls, bien entendu avec la Direction de notre parti, à dire qu’après les audiences foraines, il aurait fallu faire l’identification.

Ensuite passer à l’enrôlement. Cela n’a pas été possible. Tous les acteurs politiques, dans le cadre du CPC ont choisi d’aller à l’enrôlement et à l’identification en même temps. Pensant certainement que les choses allaient se passer normalement. Aujourd’hui, tout le monde se rend compte des balbutiements de l’opération. Mais on ne peut pas indéfiniment s’installer dans la crise. Les acteurs politiques sont tous d’accord que pour une véritable sortie de crise, ce sera par les élections. Donc il vaut mieux que les Ivoiriens arrêtent de souffrir. Que les Ivoiriens nea continuent pas de plonger. Il faut qu’on aille aux élections avec des listes électorales consensuelles. Et comme le CPC permet à chacun des grands acteurs politiques de donner sa position, sa vision et donc son accord, je pense que s’il est acquis à ce niveau, on peut aller aux élections avec ce nombre que nous avons, on ne peut qu’y aller.


N.V. : D’aucuns disent que le RDR n’est plus arc-bouté sur le combat contre l’exclusion parce que le parti est prêt à aller aux élections avec des Ivoiriens qui ne vont pas y participer. C’est bien cela ?

k.Y. : Non, le RDR ne conçoit pas l’exclusion de cette façon. L’exclusion est l’impossibilité pour des Ivoiriens, selon le code de nationalité, de faire valoir leurs droits. Notre code de nationalité qui est clair dit que, est ivoirien, celui qui a au moins un parent ivoirien. On est aussi ivoirien par na-turalisation, par adoption ou par le mariage. Ce sont autant de données que nous devons respecter. Si tel n’est pas le cas, nous devons tous dénoncer les manquements. Maintenant pour ce qui est de l’identification et des élections, si on s’entend pour dire que les 8 millions étaient une projection et que nous n’avons pas 8 millions d’électeurs recensés mais 6 ou 7 millions et qu’on peut aller aux élections avec ce nombre, il n’y a pas de problème.


N.V. : Ceux qui ne pourront pas voter ne seront-ils pas en droit de se soulever pour réclamer justice, du fait qu’ils n’ont pas pu obtenir l’extrait de naissance par la faute de l’administration ?

K.Y. : Je souhaite que nous recentrions le débat. Faire comprendre à tout le monde qu’il y a en réalité des Ivoiriens, même s’ils ont les pièces, qui ne pourront pas voter. Il n’est pas dit que c’est quand on a la pièce qu’on va voter. Même en temps normal, tout le monde ne vote pas. Ce qu’il faut plutôt faire, c’est de mettre en place un mécanisme qui va nous permettre désormais de faire en sorte que la question de l’identification ne soit plus prise en otage par les hommes politiques. Mais que ce soit une question qui coule comme de l’eau.

A ce niveau, la Commission nationale des droits de l’homme doit faire la propagande autour de l’identité ivoirienne. Il faut que les lois sur l’identité soient connues afin que nous ne soyons plus esclaves des dirigeants de notre pays.

Ce sont donc ces choses que nous devons tous, en tant qu’acteurs politiques, expliquer à la population pour qu’il y ait l’apaisement et pour qu’on aille à la paix. Maintenant ceux qui ne seront pas pris en compte, il va sans dire que, soit c’est le fait de la non reconstitution des registres de l’état civil, soit le fait qu’eux-mêmes ne sont pas concentrés sur la question de l’identification. Parce que, disons-le, il y a même des intellectuels ici à Abidjan, des hauts cadres, qui, malgré le fait qu’ils ont toutes les pièces, ne se sont pas encore fait identifier. J’invite donc tous ceux qui n’ont pas encore été enrôlés à y aller rapidement.

J’invite aussi la CEI et la CNSI à faciliter l’acquisition de la carte nationale d’identité à ceux qui vont obtenir leurs pièces après la reconstitution des registres de l’état civil.


N.V. : Il ne se passe pas de jour sans que des agents recenseurs sur le terrain ne se révoltent. Que pensez-vous de cette situation ?

K.Y. : Je pense que c’est la mauvaise gestion. Nous déplorons tout cela. Des jeunes gens, soit par manque de travail, soit par conviction, ont décidé de participer de façon active et effective à la sortie de crise. Ils vivent dans des conditions difficiles. Nous avons été à Bayota, nous venons de Mankono, de Gagnoa. Mais ce sont des jeunes gens qui ne savent même pas où dormir. Ils ne savent pas ce qu’il faut manger le soir. Et on ne leur verse pas leurs salaires. Ils sont obligés de vivoter. C’est pourquoi, nous avons invité, en son temps, les responsables de la CEI à aller dans les campements pour voir les conditions d’existence de ces jeunes gens. Certains avaient pensé que nous avions quelque chose contre eux. Non, nous les avions invités simplement pour qu’ils aillent voir réellement les conditions de travail sur le terrain. Sans électricité, sans logement, sans nourriture, sans salaire. Comment faire pour améliorer le processus afin qu’il n’y ait pas de problème de ce côté. C’est cela la vérité. Nous souhaitons que l’Etat honore ses engagements afin qu’il n’y ait plus de grève et que l’opération se déroule dans la tranquillité.


N.V. : Pensez-vous que les conditions actuelles permettent d’organiser les élections ?

K.Y. : Je pense que nous pouvons aller aux élections. Les préfets sont redéployés dans les zones centre, nord et ouest, il y a deux ans. Petit à petit, ils sont en train de recouvrer l’entièreté de leur pouvoir. Pour nous, c’est une donnée importante. La sécurisation de ces zones a commencé avec les audiences foraines où le centre de commandement intégré (CCI) a assuré la sécurité dans toute la Côte d’Ivoire.


N.V. : Mais, les pouvoir économique, administratif et militaire sont toujours concentrés entre les mains des com’zones .

K.Y. : Je n’ai pas une idée précise du fonctionnement de toutes ces choses sur le terrain. Quand nous allons dans les localités, nous saluons les administrateurs. Nous allons saluer le commandant de brigade. Comme nous le faisons pour les autres zones, si nous avons le temps, nous allons saluer les responsables des Forces nouvelles au niveau militaire pour leur dire que nous sommes dans leur zone. Et je pense que c’est ce que chacun fait.

Pour moi, il n’y a pas d’obstacle insurmontable pour aller aux élections. Parce qu’en réalité, les choses sont déjà mises en place. Et il faut donc poser la question au CNPRA pour nous faire le point du redéploiement. Afin que le gouvernement voit réellement si les conditions ne sont pas créées pour aller aux élections. Il faut lever tous les a priori pour éviter qu’il y ait des pressions qui vont empêcher chaque Ivoirien de faire valoir librement ses droits de vote au moment opportun.


N.V. : N’êtes-vous pas en train de partager l’idée de Morou Ouattara, le com’zone de Bouna, qui dit que le désarmement sera fait par le président qui sera élu, donc après les élections ?

K.Y. : Je n’ai pas lu cela.


N.V. : C’était dans jeune Afrique du 6 au 11 avril 2009.

K.Y. Ce que je sais, c’est qu’il y a un processus de désarmement. Je sais qu’il y a le casernement, la mise en place d’une nouvelle armée qui va comporter l’incorporation des éléments des Forces nouvelles. Ceux qui ne seront pas retenus pour faire partie de la nouvelle armée vont être dégagés pour une vie civile après une formation. Pour moi, le désarmement doit se faire de fait. Une fois qu’on met en place la nouvelle armée, il n’y a plus qu’une seule armée de Côte d’Ivoire. Il faut que le ministre de la défense et les deux chefs d’état-major procèdent à l’accélération du processus de la mise en place de la nouvelle armée. Une fois qu’on aura cette armée, on ne parlera plus de FAFN. Mais d’une armée nationale.


N.V. : Beaucoup d’Ivoiriens pensent que les com’zones ne veulent pas lâcher les privilèges qu’ils ont acquis depuis le début de la guerre. Partagez-vous cette idée ?

K.Y. : C’est ce que je vous disais tantôt. Si on met en place la nouvelle armée. Or tant qu’on n’aura pas accéléré la mise en place de la nouvelle armée, ils seront toujours là. Il y a déjà le Centre de commandement intégré qui doit jouer ce rôle. Et qui a en son sein des éléments des FAFN et des FDS. On peut déjà dire que l’idée de l’intégration est en cours. Pour moi, c’est un premier test. L’accord 4 de Ouagadougou indique que les FDS doivent fournir 4 000 éléments (policiers et gendarmes) et les FAFN le même nombre qui seront reversés au CCI. (Ndrl, le gouvernement a annoncé la semaine dernière le redéploiement de 5000 gendarmes et policiers issus des FAFN et FDS). Ce sont eux qui vont assurer la sécurité. Après ou avant le désarmement, pour nous, les élections doivent se tenir cette année. Il y a des gens qui sont payés par l’Etat de Côte d’Ivoire pour faire ce travail. Nous attendons qu’ils le fassent.
Et nous, politiciens, notre travail, c’est de mobiliser le maximum d’Ivoiriens. Faire en sorte que notre candidat, le Dr Alassane Dramane Ouattara soit élu afin que nous puissions venir avec nos idées pour donner une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire.


N.V. : Quelles sont, selon vous, les conditions pour l’organisation des élections cette année ?

K.Y. : Les conditions sont connues. C’est l’identification, la mise en place de la nouvelle armée. Mais je pense que c’est surtout la volonté politique. Et notre volonté populaire pour aller à ces élections est réelle. Nous avons vu dans des pays où la situation est plus dangereuse (Irak, Afghanistan et certains autres pays où, chaque jour des attentats s’opèrent ), les acteurs politiques et les populations ont décidé que la normalisation doit se faire par les élections. Et les gens sont allés à des élections. Alors qu’ici, on se balade, on se promène depuis fort longtemps. Il n’y a plus trop de barrages. Tous les leaders politiques se déplacent dans toutes les zones. Le chef de l’Etat, la Première dame, le président du FPI ont séjourné dans les zones centre et nord.
Moi j’étais à Bayota où j’ai fait un meeting sans problème. Enfin, partout, on peut aller délivrer un message aux Ivoiriens sans être l’objet d’aucune violence. Je crois que c’est une donnée importante. Il ne faut donc pas avoir d’arrière-pensée.


N.V. : Ne faites-vous pas le constat que la violence continue, malgré la tenue des élections, dans les pays que vous venez de citer ? La violence continue parce que ces pays n’ont pas été démilitarisés comme il fallait. Tout près de nous il y a la RDC.

K.Y. : C’est pour cela que je dis qu’il faut accélérer le processus de désarmement. Il faut accélérer la refonte de l’armée. Parce que c’est à travers cela que nous mettrons fin à l’existence des groupes qui détiennent illégalement les armes.

Nous avons la chance en Côte d’Ivoire qu’il n’y a pas de petits groupes armés. Il y a une tête que nous connaissons. Il y a un commandement autorisé qui seul donne des ordres. Ceux qui doivent aller dans la nouvelle armée (on nous parle de 5 000 éléments des Forces nouvelles), on les identifie et on les intègre. Ceux qui ne doivent pas y aller, on les oriente ailleurs. Soit dans les centres de formation, soit à l’agriculture. Ici au Sud aussi, il y a des milices (ndlr : les groupes d’autodéfense qui ont défendu la République pendant la guerre). On recense les miliciens. Ceux qui veulent aller dans l’armée, si cela est admis, on les intègre. Ceux qui ne veulent pas y aller, on les oriente vers le service civique. Et c’est ainsi qu’on va mettre fin à l’existence des Forces armées des Forces nouvelles et des milices.

Ce qui va nous permettre d’avoir la tranquillité. Parce que, moi, je souhaite qu’il y ait la tranquillité. On ne peut pas être toujours dans la violence. Ça ne nous permettra pas de développer notre pays.


N.V. : Votre conviction est profonde. Vous dites qu’il faut sortir de l’ornière dans la tranquillité sans heurts. Or c’est en ce moment que certaines voix se lèvent pour souhaiter l’exemple malgache en Côte d’Ivoire. Anaky l’a dit. Blé Guirao l’a aussi dit. Pensez-vous que ces appels peuvent permettre d’aller tranquillement aux élections pour sortir de la crise ?

K.Y. : Je prends ces déclarations comme une manifestation d’impatience. Une volonté que nous sortions de cette situation. Pour moi, il y a une voie que mon parti a choisie. Qui est la voie électorale pour arriver aux élections. En tant que président des jeunes, donc écho de ce qu’a décidé ma direction, je me dois d’y travailler.


N.V. : Désapprouvez-vous donc ces appels ?

K.Y. : Je dis que pour le moment, l’orientation donnée par mon parti est d’aller aux élections. Travailler dans le sens que la majorité des électeurs ait la sympathie pour le RDR, pour Alassane Dramane Ouattara, pour que nous gagnions les élections au premier tour. C’est ce à quoi nous nous attelons. Les autres, nous observons parce qu’il y a plusieurs acteurs, plusieurs opinions qui permettent d’enrichir le débat.


N.V. Anaky est membre du RHDP comme le RDR votre parti…

K.Y. : Non, ce n’est pas une opinion du RHDP. Quand le RHDP va se réunir avec tous ses présidents et ses instances et qu’il va décider que c’est par une voie autre que les élections que le pays va sortir de la crise, nous allons exécuter. Nous sommes des soldats qui exécutons les mots d’ordre. Pour l’heure, notre direction dit que “ce sont les élections. Les jeunes allez sur le terrain conquérir de nouveaux adhérents”. C’est ce à quoi nous nous attelons. Et jusqu’à preuve du contraire, c’est ce que nous faisons.

J’espère que très rapidement, les élections auront lieu pour que les impatiences prennent fin.


N.V. : Que pensez-vous du cas malgache où le renversement du président a été fait par un jeune et dans la rue ?

K.Y. : (rires). Mais, peut-être que ce jeune a eu la chance de ne pas être le président d’une jeunesse de parti politique. (Rires encore).


N.V. : Vous dites bien la chance ?

K.Y. : Ah, je ne sais pas si c’est une chance. Mais je dis moi, je suis dans une organisation. Et je suis la ligne de cette organisation. Les jeunes de notre parti ont une mission qu’ils s’attellent à exécuter. Celle de sensibiliser, de mobiliser. Et faire en sorte que les Ivoiriens, dans leur entièreté, soient identifiés. Et que la majorité soit prête pour voter pour le Dr. Alassane. Et que nous puissions gagner au premier tour. Voilà notre mission.


N.V. : Vous ne répondez pas à la question…

K.Y. : Non je ne l’évite pas. Je réponds.


N.V. : Vous, en tant que jeune, dans quel contexte souhaiteriez-vous que les leaders des partis aillent aux élections ?

K.Y. : Je souhaite que les esprits soient dégagés et qu’ils y aillent dans la fraternité. Mon souhait est que les élections se fassent dans une ferveur populaire. Qu’on évite les heurts. Qu’on dise que nous sortons d’une crise et que, nous aussi, nous pouvons être un exemple de démocratie comme notre voisin, le Ghana. Je pense qu’on peut réussir cela. La Côte d’Ivoire a titubé. Mais elle n’est pas tombée. La Côte d’Ivoire n’a pas reculé. La Côte d’Ivoire a stagné pour un temps. Nous allons remonter très rapidement.


N.V. : Pensez-vous qu’on est dans un contexte beaucoup meilleur que 2005 pour organiser les élections ?

K.Y. : Oui, aujourd’hui les esprits sont quand même apaisés. Vous voyez, je parle à des journalistes de Notre Voie. Je ris avec vous. Nous pouvons rencontrer des militants du FPI sans qu’il y ait des heurts. Nous avons réappris à nous regarder, à nous réapprécier. Aujourd’hui, nous pouvons aller chez des chrétiens et leur parler du Dr Alassane et du RDR. Nous pouvons leur dire qu’il n’est pas le diable mais qu’il est un homme normal qui a une famille. Qui a une vie normale. Et les gens nous écoutent et nous comprennent. Nous avons des adhésions. Alors qu’il y a quelques années, en 2005, ce n’était pas possible. Donc c’est ce que nous souhaitons. Nous voulons qu’au bout du processus, tout le monde sache que la vie politique est animée par des acteurs. Qui vont forcément passer. Mais le pays reste. Ce qui importe, c’est de préserver le pays. Mais chaque acteur doit faire de sorte à ce que le pays reste éternel par son travail positif dans l’esprit des Ivoiriens.


N.V. : L’argent c’est le nerf de toute chose. La Côte d’Ivoire est admise au point de décision des PPTE. Quel sentiment ?

K.Y. : D’abord, pour un citoyen lambda, quand on dit que vous êtes un pays pauvre très endetté, on est très fâché. Mais, comment la Côte d’Ivoire qui était un pays émergent a pu couler pour revenir à la queue ? Je pense que c’est une leçon pour nous tous. Pour dire que vous pouvez avoir des potentialités. Mais si elles sont mal gérées elles peuvent vous appauvrir. Nous devons retenir cette leçon. Notre adhésion au point de décision à l’initiative PPTE doit donc nous faire prendre conscience qu’il faut respecter la chose publique. Faire en sorte que chaque Ivoirien soit rémunéré selon son savoir et soit positionné selon son savoir-faire, ses mérites. Et dire aux Ivoiriens qu’être au PPTE, ne signifie pas que le pays ne va plus payer ses dettes. Il faut savoir réorienter l’argent de cette dette. Dégageons ensemble les secteurs prioritaires et affectons effectivement cet argent à ces secteurs prioritaires : la santé n’existe pratiquement plus à Mankono, Kongasso. Partout, dans toutes les régions, les routes sont à refaire. Nous devons bien gérer les ressources issues de la suppression de la dette. Parce que, si nous tombons encore dans la gabegie, on va nous demander de rembourser. Et on va reprendre le service de remboursement de la dette. En ce moment, on ne sera plus PPTE, mais pays pauvre très très très endetté.


Interview réalisée par Dan Opeli et Delon’s Zadé
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