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Politique Publié le mercredi 22 avril 2009 | Nord-Sud

Processus de sortie de crise : Une paix armée

Le climat de confiance qui a jusqu'ici porté l'Accord politique de Ouagadougou s'est véritablement détérioré au vu du communiqué qui a sanctionné le dernier conclave des Forces nouvelles à Bouaké.

L'Accord politique de Ouagadougou (Apo) est dangereusement menacé. Le conclave des Forces nouvelles tenu lundi à Bouaké témoigne, en effet, d'une forte détérioration du climat de confiance autour de cet accord signé le 4 mars 2007 dans la capitale burkinabé. Sans faux-fuyant, les Forces nouvelles, co-signataires de l'accord, ont mis le doigt sur les actes qui tendent à faire déraper le processus de paix en cours. « Par un jeu de rôles, savamment répartis entre ses différents démembrements, la mouvance présidentielle conduite par le Front populaire ivoirien, s'obstine pour des raisons inavouées à saboter le processus de sortie de crise », charge le conclave qui a réuni les ailes militaire et civile des Forces nouvelles. « Cette tactique classique de tromperie désormais connue de l'opinion nationale et internationale, ne doit plus faire recette dans une Côte d'Ivoire résolument engagée à réaliser et à consolider la paix », ajoute le communiqué qui met ainsi en relief les sabotages successifs des précédents accords, depuis Marcoussis, en 2003.

Le ton est dur. Il traduit assurément une perte de confiance dans la volonté de l'autre signataire à appliquer de bonne foi l'Apo. La décision de tenir désormais un conclave mensuel à l'effet d'évaluer le processus vient confirmer cette thèse. Pour bien traduire leurs doutes, les Forces nouvelles clament haut et fort qu'elles reconsidéreront leur participation au cas où les élections qui sont « techniquement possibles » ne se tenaient pas effectivement cette année.
Ce climat politique délétère ne doit rien au hasard. L'Apo avait semblé avoir pris toutes les garanties nécessaires pour éviter tout sabordage du processus. Son code de bonne conduite invitait à « éviter toute interprétation partisane » de l'accord. Les signataires se sont aussi engagés à « organiser une vaste campagne d'information et de sensibilisation auprès des populations vivant en Côte d'Ivoire, afin de les amener à adhérer pleinement au processus de sortie de crise et de réconciliation nationale. ». Enfin, le mécanisme de suivi mis en place était censé assurer un dialogue permanent qui excluait toute trahison. Au sein du Cadre permanent de concertation (Cpc), Henri Konan Bédié (Pdci) et Alassane Ouattara (Rdr) se retrouvaient aux côtés du Facilitateur, Blaise Compaoré, du président de la République, Laurent Gbagbo et du Premier ministre, Guillaume Soro.

Le Cadre permanent de concertation est un organe de veille et de dialogue permanent dans le but de renforcer la cohésion nationale.

Un Comité d'évaluation et d'accompagnement (Cea) était chargé d'évaluer périodiquement la mise en œuvre de l'accord, avec la possibilité de proposer des mesures correctrices. Il devait se réunir au moins une fois par mois en session ordinaire et, en tant que de besoin, en session extraordinaire, sur convocation de son président.

« Ce dispositif n'a pas réellement fonctionné. La sensibilisation de masse n'a jamais été menée. Le Cea a très vite pris du plomb dans l'aile. Les délégations pour le Cea se sont constituées parfois en fonction de la disponibilité ou non de tel ministre », révèle une source bien informée.
Il est vrai aussi que les deux parties signataires se sont crispées dès lors qu'il s'est agi des questions militaires. Le Fpi avait déjà engagé la bataille du désarmement immédiat et sans condition avant que l'Accord complémentaire IV ne vienne mettre de l'ordre. Le camp présidentiel n'a jamais caché sa volonté de redéployer au plus vite la police et la gendarmerie au Nord. A tel point que le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, avait voulu aller trop vite en besogne en affectant 2.000 policiers en zone Centre, Nord et Ouest (CNO). Ce que les Forces nouvelles ont rejeté. Il a aussi saboté la cérémonie de passation de charges entre les commandants de zones et les préfets.

L'ex-rébellion renvoie, elle, à l'application de l'Accord complémentaire IV : installation pleine du Centre de commandement intégré (Cci), démobilisation et Nouvelle armée. Le seul schéma accepté est celui qui donne au Cci le pouvoir de sécuriser la période électorale. Le Cci est composé de 4.000 éléments Fds-ci et de 4.000 éléments FaFn. A ce jour, le Cci demeure un tigre en papier qui attend toujours ses textes organisationnels et les moyens de son action. Coïncidence troublante : le ministère de la Défense, faut-il le rappeler, est tenu par un membre du camp présidentiel, Amani N'Guessan Michel. Alors que le Fpi exige leur retrait, les commandants de zone attendent toujours que le chef de l'Etat signe les décrets et ordonnance réglant leur cas, des textes pourtant contenus dans l'Apo IV. Une contradiction qui en dit long sur le cafouillage entretenu par le camp présidentiel.


Kesy B. Jacob

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