En présence du chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le commissaire du gouvernement Ange Kessi a présenté un réquisitoire sévère contre les éléments des Fds qui se livrent à des crimes et des abus de pouvoir, du fait de l’impunité généralisée.
Aujourd'hui s'ouvre au tribunal militaire d'Abidjan le procès du policier qui a donné la mort à un détenu de la Maca. Outre cette affaire, 69 autres dossiers criminels et correctionnels où sont impliqués 72 éléments des Forces de défense et de sécurité seront jugés. 117 témoins civils et militaires défileront à la barre. Ces précisions ont été apportées hier par Ange Kessi Kouamé Bernard, le commissaire du gouvernement, au cours de la cérémonie d'ouverture des audiences du tribunal militaire à laquelle a pris part le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Cette solennité a été l'occasion pour le patron du parquet militaire et des différents intervenants de dresser un sombre tableau du comportement des corps habillés en Côte d'Ivoire. « La liste est longue », a-t-il indiqué le magistrat-militaire au président de la république. Entre 2002 et 2008, a-t-il noté, le tribunal militaire a été saisi de 11.448 affaires de violations graves des droits humains dont des cas de viol, homicides, coups et blessures volontaires, séquestration. 7 dossiers d'attentat à la sureté de l'Etat, 6 dossiers d'attaque contre les Fds et les institutions de la défense nationale. Il y a eu 9.014 dossiers portant sur les atteintes contre les biens des personnes. Ce sont le vol, l'escroquerie, le détournement. Sur ce sujet, Me Claude Maintenon, bâtonnier dans l'ordre des avocats a été plus explicite. L'avocat a relaté au président de la République la bastonnade du célèbre footballeur ivoirien, Laurent Pokou, par des policiers lors d'un contrôle. Il a aussi pris l'exemple des éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCos) qui ont obligé des citoyens à faire l'amour tout en les filmant. Les films ont par ailleurs été mis sur internet, a-t-il déploré. Le dernier fait que le bâtonnier a évoqué, c'est le cas du prêtre Emile Koffi, passé à tabac par des policiers, parce qu'il aurait choisi de payer sa contravention au Trésor et non entre leur mains. Ces faits, selon lui, soulèvent la problématique de l'impunité en Côte d'Ivoire. Dans la même veine, le juge Hamed Coulibaly, président du Tribunal militaire, note que beaucoup d'abus sont constatés dans les commissariats. Parmi ces abus, il relève les cas des policiers qui détiennent très souvent des personnes en garde à vue dans les cellules puantes et mal éclairées. Ce qui est pourtant légalement interdit. Une garde à vue doit se faire dans les locaux du commissariat. Aussi, le juge note-t-il que lors des contrôles sur les voies, il est souvent arrivé que les policiers exigent aux automobilistes d'ouvrir le coffre de leur véhicule. Or, cela ne doit se faire que lorsqu'il y un indice qui met la voiture en doute. L'un des méfaits des Fds sur lequel les intervenants ont insisté face au président, c'est le racket. Selon Ange Kessi, depuis 2005, l'indice de la délinquance montre clairement une forte proportion des infractions que sont le racket et l'escroquerie. Entre 2005 et 2008, 800 plaintes relatives au racket ont été enregistrées, dont 135 jugées par le tribunal militaire. Malgré les dispositions mises en place, notamment en 2008 par le général Philipe Mangou, le chef d'état-major des Fds, le fléau perdure. Ange Kessi Bernard a donc préconisé au premier des Ivoiriens que la peine prévue contre le racket, qui est de 10 ans maximum soit portée à 20 ans. Cette mesure, gage-t-il, serait plus dissuasive. Le commissaire du gouvernement a déploré la lenteur des enquêtes en Côte d'Ivoire. « Nos concitoyens confondent hélas lenteur et enquêtes qui n'aboutissent pas », dit-il. Pour lui l'amalgame résulte de deux facteurs : l'ignorance de la procédure et l'ignorance du procès. « Beaucoup de procès ont eu lieu sans qu'on n'en rende compte », indique le magistrat-militaire. Parmi ces affaires, il cite le cas de l'élément du CeCos qui a abattu un chauffeur de gbaka à Yopougon. L'auteur a été condamné à 3 ans de prison. « Il y a également une catégorie de personnes qui ne savent pas que certaines affaires ayant fait l'objet d'une enquête et qui n'ont jamais connu de procès font partie de celles qui sont effacées et classées en raison de l'amnistie », précise-t-il. C'est le cas de nombreuses affaires qui ont défrayée la chronique et qui ont abouti à un classement du fait de l'amnistie. 1.254 militaires ont ainsi été sortis de prison et pardonnés en 2003. En 2007, ce sont 752 militaires qui ont retrouvé leurs familles, au nom de la paix. Par ces gestes, dit-il, le président de la République a redonné l'espoir à de nombreuses familles. « Un homme politique doit prendre des décisions (…). Peu importe qu'elles contentent tout le monde, mais il faut décider pour avancer. Monsieur le Président, quand vous décidez, les Ivoiriens avancent effectivement », a conclu le commissaire du gouvernement. Le juge Hamed Coulibaly a fait quelques doléances au chef de l'Etat parmi lesquelles le changement du code du tribunal militaire pour l'adapter aux contingences actuelles. Le lieutenant Gousounon Thomas, le sergent Gui Serge Olivier Sery, le sergent de police Ouattara K. Gilbert et le sergent N'Gouan Golier sont ceux qui on été désignés pour juger les 72 éléments des Fds à partir de demain.
Raphaël Tanoh
Aujourd'hui s'ouvre au tribunal militaire d'Abidjan le procès du policier qui a donné la mort à un détenu de la Maca. Outre cette affaire, 69 autres dossiers criminels et correctionnels où sont impliqués 72 éléments des Forces de défense et de sécurité seront jugés. 117 témoins civils et militaires défileront à la barre. Ces précisions ont été apportées hier par Ange Kessi Kouamé Bernard, le commissaire du gouvernement, au cours de la cérémonie d'ouverture des audiences du tribunal militaire à laquelle a pris part le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Cette solennité a été l'occasion pour le patron du parquet militaire et des différents intervenants de dresser un sombre tableau du comportement des corps habillés en Côte d'Ivoire. « La liste est longue », a-t-il indiqué le magistrat-militaire au président de la république. Entre 2002 et 2008, a-t-il noté, le tribunal militaire a été saisi de 11.448 affaires de violations graves des droits humains dont des cas de viol, homicides, coups et blessures volontaires, séquestration. 7 dossiers d'attentat à la sureté de l'Etat, 6 dossiers d'attaque contre les Fds et les institutions de la défense nationale. Il y a eu 9.014 dossiers portant sur les atteintes contre les biens des personnes. Ce sont le vol, l'escroquerie, le détournement. Sur ce sujet, Me Claude Maintenon, bâtonnier dans l'ordre des avocats a été plus explicite. L'avocat a relaté au président de la République la bastonnade du célèbre footballeur ivoirien, Laurent Pokou, par des policiers lors d'un contrôle. Il a aussi pris l'exemple des éléments du Centre de commandement des opérations de sécurité (CeCos) qui ont obligé des citoyens à faire l'amour tout en les filmant. Les films ont par ailleurs été mis sur internet, a-t-il déploré. Le dernier fait que le bâtonnier a évoqué, c'est le cas du prêtre Emile Koffi, passé à tabac par des policiers, parce qu'il aurait choisi de payer sa contravention au Trésor et non entre leur mains. Ces faits, selon lui, soulèvent la problématique de l'impunité en Côte d'Ivoire. Dans la même veine, le juge Hamed Coulibaly, président du Tribunal militaire, note que beaucoup d'abus sont constatés dans les commissariats. Parmi ces abus, il relève les cas des policiers qui détiennent très souvent des personnes en garde à vue dans les cellules puantes et mal éclairées. Ce qui est pourtant légalement interdit. Une garde à vue doit se faire dans les locaux du commissariat. Aussi, le juge note-t-il que lors des contrôles sur les voies, il est souvent arrivé que les policiers exigent aux automobilistes d'ouvrir le coffre de leur véhicule. Or, cela ne doit se faire que lorsqu'il y un indice qui met la voiture en doute. L'un des méfaits des Fds sur lequel les intervenants ont insisté face au président, c'est le racket. Selon Ange Kessi, depuis 2005, l'indice de la délinquance montre clairement une forte proportion des infractions que sont le racket et l'escroquerie. Entre 2005 et 2008, 800 plaintes relatives au racket ont été enregistrées, dont 135 jugées par le tribunal militaire. Malgré les dispositions mises en place, notamment en 2008 par le général Philipe Mangou, le chef d'état-major des Fds, le fléau perdure. Ange Kessi Bernard a donc préconisé au premier des Ivoiriens que la peine prévue contre le racket, qui est de 10 ans maximum soit portée à 20 ans. Cette mesure, gage-t-il, serait plus dissuasive. Le commissaire du gouvernement a déploré la lenteur des enquêtes en Côte d'Ivoire. « Nos concitoyens confondent hélas lenteur et enquêtes qui n'aboutissent pas », dit-il. Pour lui l'amalgame résulte de deux facteurs : l'ignorance de la procédure et l'ignorance du procès. « Beaucoup de procès ont eu lieu sans qu'on n'en rende compte », indique le magistrat-militaire. Parmi ces affaires, il cite le cas de l'élément du CeCos qui a abattu un chauffeur de gbaka à Yopougon. L'auteur a été condamné à 3 ans de prison. « Il y a également une catégorie de personnes qui ne savent pas que certaines affaires ayant fait l'objet d'une enquête et qui n'ont jamais connu de procès font partie de celles qui sont effacées et classées en raison de l'amnistie », précise-t-il. C'est le cas de nombreuses affaires qui ont défrayée la chronique et qui ont abouti à un classement du fait de l'amnistie. 1.254 militaires ont ainsi été sortis de prison et pardonnés en 2003. En 2007, ce sont 752 militaires qui ont retrouvé leurs familles, au nom de la paix. Par ces gestes, dit-il, le président de la République a redonné l'espoir à de nombreuses familles. « Un homme politique doit prendre des décisions (…). Peu importe qu'elles contentent tout le monde, mais il faut décider pour avancer. Monsieur le Président, quand vous décidez, les Ivoiriens avancent effectivement », a conclu le commissaire du gouvernement. Le juge Hamed Coulibaly a fait quelques doléances au chef de l'Etat parmi lesquelles le changement du code du tribunal militaire pour l'adapter aux contingences actuelles. Le lieutenant Gousounon Thomas, le sergent Gui Serge Olivier Sery, le sergent de police Ouattara K. Gilbert et le sergent N'Gouan Golier sont ceux qui on été désignés pour juger les 72 éléments des Fds à partir de demain.
Raphaël Tanoh