Il y a quelques jours, j'ai dîné avec un couple de Français qui totalise cinquante ans de présence en Côte d'Ivoire. Enseignants à la retraite, ils ne comprenaient pas comment nos Refondateurs, qui sont tous des enseignants, pouvaient assassiner ainsi l'école ivoirienne. Et nous avons passé une partie de la soirée à essayer d'éclaircir ce mystère. Parce qu'il paraît tellement évident qu'un pays, quel qu'il soit, un pouvoir, aussi médiocre soit-il, ne peut parler sérieusement de développement que s'il s'attelle à la formation de sa jeunesse. Pourquoi donc nos Refondateurs, qui affirment qu'ils veulent libérer notre pays, voire tout le continent africain du colonialisme, du néocolonialisme, faire de notre pays une puissance capable de rivaliser avec la France laissent-ils la FESCI détruire ainsi le seul outil qui pouvait nous faire rêver de ce futur radieux qu'ils nous promettent ? Pourquoi ont-ils tué l'ENA qui nous avait permis d'avoir une administration performante ? Comment un pays peut-il se développer sans une bonne administration ?
Après réflexion, je suis arrivé à la conclusion qu'au-delà de leurs limites intellectuelles, il fallait rechercher la réponse dans la façon dont les Refondateurs sont arrivés au pouvoir, et dans les moyens qu'ils utilisent pour conserver ce pouvoir.
Dans les années 90, c'est en instrumentalisant l'école qu'ils ont réussi à ébranler le pouvoir d'Houphouët-Boigny. A cette époque, tous les syndicats d'enseignants étaient du côté de l'opposition. C'était le milieu des enseignants, milieu d'intellectuels par excellence, qui était le plus sensible au discours de l'opposition. Et c'est cette opposition qui a aidé à la création de la FESCI et en fait son instrument de contestation du pouvoir. On a fait porter à la FESCI le masque d'un syndicat d'étudiant, mais en réalité il n'était qu'un appendice des partis d'opposition, dont la mission était de mener le combat à leur place. Les membres de la FESCI avaient pour eux la jeunesse et l'inconscience. Toutes les grèves, toutes les manifestations importantes partaient de l'école. Et tout le monde était sensible au problème de l'école parce que chacun de nous avait son fils, son frère, son neveu à l'école. Et en Côte d'Ivoire, à cette époque en tout cas, l'école était la seule voie de réussite des enfants. Souvenez-vous de la réaction des Ivoiriens lorsqu'il avait été question pour la première fois d'une année blanche. La FESCI fonctionnera comme une armée au service de l'opposition. Une armée ayant bien assimilé toutes les techniques de la guérilla urbaine. Ce n'est pas anodin qu'au sein de cette organisation ils se donnent des titres militaires.
N'oublions pas que la plupart des opposants de cette époque s'étaient tous formés dans les cellules communistes clandestines où l'on apprenait avant tout l'art de la subversion.
Lorsque Bédié est arrivé au pouvoir, c'est cette même école qui empoisonnera tout son règne. Ce furent des grèves sur des grèves, des manifestations sur des manifestations, le tout orchestré par l'opposition et exécuté par la FESCI ; et c'était l'émoi lorsque les leaders de la FESCI étaient arrêtés. On se souvient de la fameuse photo de Blé Goudé enchaîné sur son lit d'hôpital. Lorsque le RDR et le FPI créèrent le Front Républicain, ce fut la FESCI que ce front utilisa pour harceler le pouvoir de Bédié. Ce n'est pas un hasard si la FESCI commença à se diviser lorsque le Front Républicain éclata. Guillaume Soro et son groupe suivirent alors le RDR et Blé Goudé et les siens, le FPI. Dans une certaine mesure, c'est cette agitation permanente qui fragilisera et finira par emporter le régime de Bédié. Après la chute de Bédié, Blé Goudé avouera d'ailleurs à la télévision le caractère éminemment politique de la FESCI, en déclarant qu'il ne pouvait pas accepter que des membres de la FESCI militent au PDCI. La FESCI jouera également un rôle important dans les mouvements de foule qui emporteront le pouvoir de Robert Gueï.
En 2000 les Refondateurs arrivent au pouvoir. C'est le triomphe de la branche de la FESCI qui est proche d'eux, celle de Blé Goudé. Sans doute pour services rendus, on lui offre une licence et une bourse pour la Grande Bretagne. La branche de la FESCI qui était proche du RDR part alors en exil et en reviendra en septembre 2002, les armes à la main.
Les Refondateurs qui ont utilisé l'école pour arriver au pouvoir savent mieux que quiconque que c'est par l'école seule que leur pouvoir pouvait être contesté. Ce n'était pas la nouvelle opposition, sonnée par tout ce qui venait de lui arriver et dont une bonne partie cherchait à se faire une place autour de la table du repas qui allait inquiéter les Refondateurs. Il était donc primordial pour nos Refondateurs de garder le contrôle total de l'école. Carte blanche est donc donnée à la FESCI. Elle est libre de faire ce qu'elle veut de l'école, pourvu qu'il n'en sorte aucune contestation du pouvoir. Les syndicats d'enseignants, tout comme les autres aussi d'ailleurs, sont aussi mis sous contrôle strict.
A partir de septembre 2002, le pouvoir qui a eu la trouille de sa vie et qui avait cru qu'il allait perdre le pouvoir dont il commençait à peine à apprécier les délices se fascise. Des escadrons de la mort font leur apparition. Et jusqu'à ce jour, aucune enquête n'a été diligentée pour retrouver les membres de ces escadrons qui ont assassiné des dizaines de personnes. Tout comme aucune enquête n'a été menée pour retrouver ces fameuses " forces parallèles ", selon le terme du ministre Bléou, qui avaient assassiné au moins une centaine de personnes en mars 2004. Et naturellement, tout comme le pouvoir, la FESCI se fascise à son tour. Elle ne peut souffrir la moindre concurrence. Et c'est ainsi que le jeune Habib Dodo qui voulait créer un syndicat estudiantin concurrent est assassiné. Une jeune fille qui militait dans ce nouveau syndicat est enlevée et violée sur le campus. Et, comme vous l'aurez remarqué, aucune enquête n'a été menée pour retrouver les assassins d'Habib Dodo et les violeurs de la jeune fille, malgré tous les détails qui ont été fournis et qui auraient permis au plus idiot des policiers de retrouver les coupables. Il ne faut surtout pas toucher à la FESCI qui est devenue la gardienne sourcilleuse des intérêts du pouvoir. Lorsque des enseignants s'en prennent au pouvoir pour réclamer une amélioration de leur situation, ils trouvent la FESCI sur leur chemin. La LIDHO abrite-t-elle une réunion d'enseignants en grève ? Son siège est saccagé par la FESCI, sous l'œil complice des policiers. L'école ? Il est le cadet des soucis des Refondateurs. L'important est leur maintien au pouvoir. Relisez l'interview qu'Amani N'guessan, alors ministre de l'Education nationale, avait accordée à Fraternité Matin le 1er mars 2005, après que des membres de la FESCI eurent battu à sang le proviseur d'un lycée : " les jeunes gens d'aujourd'hui ont l'impression d'être les sacrifiés de notre époque. C'est une impression qui se développe de plus en plus et je crois qu'adultes que nous sommes et gestionnaire du système éducatif, nous devons aider ces enfants. Non pas en les brimant, mais il faudrait qu'on les comprenne. Les comprendre suppose que nous jouions notre rôle d'éducateur, mais surtout en développant une sécurité au niveau de l'intégration économique. L'école aujourd'hui ne garantit pas à l'enfant l'intégration sociale. Bien au contraire, on peut affirmer que l'école concourt à la désintégration sociale de l'enfant puisque, diplômé de l'école ou pas, vous n'arrivez pas à vous insérer dans le circuit de la production. " Et lorsque le journaliste lui demande si tout ce charabia ne visait pas à justifier ce que la FESCI avait fait, le ministre répond : " je crois que les Ivoiriens doivent prendre leur courage à deux mains pour dénoncer leur école qui est là et qui a montré ses limites. Qu'on les appelle FESCI ou autrement, les enfants qui fréquentent cette école ont un sentiment qui n'est pas faux. Et il faut être de leur côté pour les comprendre. Ils sont sans repères, à l'image de la société elle-même. " Je crois qu'on ne saurait être plus clair : " l'école ne sert à rien. Au contraire elle gâte nos enfants. Il faut la détruire. " Et c'est bien ce à quoi se sont attelés les Refondateurs depuis qu'ils sont au pouvoir. Et c'est l'une des rares choses qu'ils réussissent bien. Mais entendons-nous bien. Ce n'est pas tant que les refondateurs ne croient pas de façon absolue à l'inutilité de l'école (c'est bien grâce à l'école qu'ils sont quand même devenus ce qu'ils sont), mais si l'école est libre et si elle forme vraiment des jeunes gens qui arrivent à utiliser leurs intelligences pour réfléchir, eux, Refondateurs, risquent de perdre leur pouvoir. Alors, puisque ce pouvoir est bien plus important que l'avenir de la Côte d'Ivoire, il faut la détruire pour la remplacer par les " agoras ", " parlements ", maquis, temples, églises et autres endroits servant à abrutir le peuple.
L'autre question que tout ceci m'amène à me poser est de savoir si les Refondateurs ont réussi à nous abrutir tous, pour que nous assistions ainsi à l'assassinat de l'intelligence de notre pays sans réagir. Que croyons-nous ? Même si nous, aujourd'hui, nous sommes montrés totalement incapables de chasser les prédateurs actuels du pouvoir, il arrivera fatalement le moment où ils s'en iront. Et quelle Côte d'Ivoire laisseront-ils ? Quelle Côte d'Ivoire nous laisseront-ils ? Y pensons-nous ? Parce que nous avons encore de l'électricité et de l'eau courante dans nos principales villes, nous fermons les yeux sur toutes les turpitudes des Refondateurs. Si vous avez lu et écouté les nouvelles, vous savez certainement que selon les experts de l'ONU, les différentes factions sont en train de se réarmer. Je crois que nous ne nous réveillerons que le jour où nous aurions atteint les bas-fonds dans lesquels des pays comme le Liberia et la Guinée-Bissau se sont retrouvés. Et comme ils ont vraiment réussi à nous abrutir, chacun de nous pense que cela se passera dans un futur lointain, ou quand il sera ailleurs. Continuons ainsi et nous verrons que cela viendra beaucoup plus vite qu'on ne le croit.
Venance Konan, journaliste, écrivain, email :venancekonan@yahoo.fr
Après réflexion, je suis arrivé à la conclusion qu'au-delà de leurs limites intellectuelles, il fallait rechercher la réponse dans la façon dont les Refondateurs sont arrivés au pouvoir, et dans les moyens qu'ils utilisent pour conserver ce pouvoir.
Dans les années 90, c'est en instrumentalisant l'école qu'ils ont réussi à ébranler le pouvoir d'Houphouët-Boigny. A cette époque, tous les syndicats d'enseignants étaient du côté de l'opposition. C'était le milieu des enseignants, milieu d'intellectuels par excellence, qui était le plus sensible au discours de l'opposition. Et c'est cette opposition qui a aidé à la création de la FESCI et en fait son instrument de contestation du pouvoir. On a fait porter à la FESCI le masque d'un syndicat d'étudiant, mais en réalité il n'était qu'un appendice des partis d'opposition, dont la mission était de mener le combat à leur place. Les membres de la FESCI avaient pour eux la jeunesse et l'inconscience. Toutes les grèves, toutes les manifestations importantes partaient de l'école. Et tout le monde était sensible au problème de l'école parce que chacun de nous avait son fils, son frère, son neveu à l'école. Et en Côte d'Ivoire, à cette époque en tout cas, l'école était la seule voie de réussite des enfants. Souvenez-vous de la réaction des Ivoiriens lorsqu'il avait été question pour la première fois d'une année blanche. La FESCI fonctionnera comme une armée au service de l'opposition. Une armée ayant bien assimilé toutes les techniques de la guérilla urbaine. Ce n'est pas anodin qu'au sein de cette organisation ils se donnent des titres militaires.
N'oublions pas que la plupart des opposants de cette époque s'étaient tous formés dans les cellules communistes clandestines où l'on apprenait avant tout l'art de la subversion.
Lorsque Bédié est arrivé au pouvoir, c'est cette même école qui empoisonnera tout son règne. Ce furent des grèves sur des grèves, des manifestations sur des manifestations, le tout orchestré par l'opposition et exécuté par la FESCI ; et c'était l'émoi lorsque les leaders de la FESCI étaient arrêtés. On se souvient de la fameuse photo de Blé Goudé enchaîné sur son lit d'hôpital. Lorsque le RDR et le FPI créèrent le Front Républicain, ce fut la FESCI que ce front utilisa pour harceler le pouvoir de Bédié. Ce n'est pas un hasard si la FESCI commença à se diviser lorsque le Front Républicain éclata. Guillaume Soro et son groupe suivirent alors le RDR et Blé Goudé et les siens, le FPI. Dans une certaine mesure, c'est cette agitation permanente qui fragilisera et finira par emporter le régime de Bédié. Après la chute de Bédié, Blé Goudé avouera d'ailleurs à la télévision le caractère éminemment politique de la FESCI, en déclarant qu'il ne pouvait pas accepter que des membres de la FESCI militent au PDCI. La FESCI jouera également un rôle important dans les mouvements de foule qui emporteront le pouvoir de Robert Gueï.
En 2000 les Refondateurs arrivent au pouvoir. C'est le triomphe de la branche de la FESCI qui est proche d'eux, celle de Blé Goudé. Sans doute pour services rendus, on lui offre une licence et une bourse pour la Grande Bretagne. La branche de la FESCI qui était proche du RDR part alors en exil et en reviendra en septembre 2002, les armes à la main.
Les Refondateurs qui ont utilisé l'école pour arriver au pouvoir savent mieux que quiconque que c'est par l'école seule que leur pouvoir pouvait être contesté. Ce n'était pas la nouvelle opposition, sonnée par tout ce qui venait de lui arriver et dont une bonne partie cherchait à se faire une place autour de la table du repas qui allait inquiéter les Refondateurs. Il était donc primordial pour nos Refondateurs de garder le contrôle total de l'école. Carte blanche est donc donnée à la FESCI. Elle est libre de faire ce qu'elle veut de l'école, pourvu qu'il n'en sorte aucune contestation du pouvoir. Les syndicats d'enseignants, tout comme les autres aussi d'ailleurs, sont aussi mis sous contrôle strict.
A partir de septembre 2002, le pouvoir qui a eu la trouille de sa vie et qui avait cru qu'il allait perdre le pouvoir dont il commençait à peine à apprécier les délices se fascise. Des escadrons de la mort font leur apparition. Et jusqu'à ce jour, aucune enquête n'a été diligentée pour retrouver les membres de ces escadrons qui ont assassiné des dizaines de personnes. Tout comme aucune enquête n'a été menée pour retrouver ces fameuses " forces parallèles ", selon le terme du ministre Bléou, qui avaient assassiné au moins une centaine de personnes en mars 2004. Et naturellement, tout comme le pouvoir, la FESCI se fascise à son tour. Elle ne peut souffrir la moindre concurrence. Et c'est ainsi que le jeune Habib Dodo qui voulait créer un syndicat estudiantin concurrent est assassiné. Une jeune fille qui militait dans ce nouveau syndicat est enlevée et violée sur le campus. Et, comme vous l'aurez remarqué, aucune enquête n'a été menée pour retrouver les assassins d'Habib Dodo et les violeurs de la jeune fille, malgré tous les détails qui ont été fournis et qui auraient permis au plus idiot des policiers de retrouver les coupables. Il ne faut surtout pas toucher à la FESCI qui est devenue la gardienne sourcilleuse des intérêts du pouvoir. Lorsque des enseignants s'en prennent au pouvoir pour réclamer une amélioration de leur situation, ils trouvent la FESCI sur leur chemin. La LIDHO abrite-t-elle une réunion d'enseignants en grève ? Son siège est saccagé par la FESCI, sous l'œil complice des policiers. L'école ? Il est le cadet des soucis des Refondateurs. L'important est leur maintien au pouvoir. Relisez l'interview qu'Amani N'guessan, alors ministre de l'Education nationale, avait accordée à Fraternité Matin le 1er mars 2005, après que des membres de la FESCI eurent battu à sang le proviseur d'un lycée : " les jeunes gens d'aujourd'hui ont l'impression d'être les sacrifiés de notre époque. C'est une impression qui se développe de plus en plus et je crois qu'adultes que nous sommes et gestionnaire du système éducatif, nous devons aider ces enfants. Non pas en les brimant, mais il faudrait qu'on les comprenne. Les comprendre suppose que nous jouions notre rôle d'éducateur, mais surtout en développant une sécurité au niveau de l'intégration économique. L'école aujourd'hui ne garantit pas à l'enfant l'intégration sociale. Bien au contraire, on peut affirmer que l'école concourt à la désintégration sociale de l'enfant puisque, diplômé de l'école ou pas, vous n'arrivez pas à vous insérer dans le circuit de la production. " Et lorsque le journaliste lui demande si tout ce charabia ne visait pas à justifier ce que la FESCI avait fait, le ministre répond : " je crois que les Ivoiriens doivent prendre leur courage à deux mains pour dénoncer leur école qui est là et qui a montré ses limites. Qu'on les appelle FESCI ou autrement, les enfants qui fréquentent cette école ont un sentiment qui n'est pas faux. Et il faut être de leur côté pour les comprendre. Ils sont sans repères, à l'image de la société elle-même. " Je crois qu'on ne saurait être plus clair : " l'école ne sert à rien. Au contraire elle gâte nos enfants. Il faut la détruire. " Et c'est bien ce à quoi se sont attelés les Refondateurs depuis qu'ils sont au pouvoir. Et c'est l'une des rares choses qu'ils réussissent bien. Mais entendons-nous bien. Ce n'est pas tant que les refondateurs ne croient pas de façon absolue à l'inutilité de l'école (c'est bien grâce à l'école qu'ils sont quand même devenus ce qu'ils sont), mais si l'école est libre et si elle forme vraiment des jeunes gens qui arrivent à utiliser leurs intelligences pour réfléchir, eux, Refondateurs, risquent de perdre leur pouvoir. Alors, puisque ce pouvoir est bien plus important que l'avenir de la Côte d'Ivoire, il faut la détruire pour la remplacer par les " agoras ", " parlements ", maquis, temples, églises et autres endroits servant à abrutir le peuple.
L'autre question que tout ceci m'amène à me poser est de savoir si les Refondateurs ont réussi à nous abrutir tous, pour que nous assistions ainsi à l'assassinat de l'intelligence de notre pays sans réagir. Que croyons-nous ? Même si nous, aujourd'hui, nous sommes montrés totalement incapables de chasser les prédateurs actuels du pouvoir, il arrivera fatalement le moment où ils s'en iront. Et quelle Côte d'Ivoire laisseront-ils ? Quelle Côte d'Ivoire nous laisseront-ils ? Y pensons-nous ? Parce que nous avons encore de l'électricité et de l'eau courante dans nos principales villes, nous fermons les yeux sur toutes les turpitudes des Refondateurs. Si vous avez lu et écouté les nouvelles, vous savez certainement que selon les experts de l'ONU, les différentes factions sont en train de se réarmer. Je crois que nous ne nous réveillerons que le jour où nous aurions atteint les bas-fonds dans lesquels des pays comme le Liberia et la Guinée-Bissau se sont retrouvés. Et comme ils ont vraiment réussi à nous abrutir, chacun de nous pense que cela se passera dans un futur lointain, ou quand il sera ailleurs. Continuons ainsi et nous verrons que cela viendra beaucoup plus vite qu'on ne le croit.
Venance Konan, journaliste, écrivain, email :venancekonan@yahoo.fr