Son regard incisif, son arme le verbe, sa passion la musique. Tiken Jah, le descesdant de Fakoly vient de s'ouvrir un chemin, celui de l'humanitaire. ''Un concert, une école'' est la nouvelle philosophie que prône l'artiste. Dans cet entretien accordé à l'IA, Tiken Jah décortique l'actualité nationale.
Tiken Jah parle aujourd’hui de promotion de l’éducation. Doit-on penser que l’artiste a changé de fusil d’épaule ?
Non pas du tout ! Je n’ai pas changé mon fusil d’épaule. Je pense que ce geste humanitaire qui est de construire une école est une manière de faire passer un message. Je continuerai à dénoncer tant que l’Afrique ira mal. Je continuerai à critiquer les gouvernants qui ont la clé des solutions. Mais, aujourd’hui, j’ai décidé de poser des actes. Cette fois-ci, j’ai décidé de faire passer des messages par rapport à l’importance de l’éducation dans un pays en voie de développement. Si les politiques se comportent en véritables tyrans aujourd’hui, c’est tout simplement, parce qu’ils savent qu’il y a des gens qu’on peut encore malheureusement manipuler. Il y a encore des gens qui se laissent manœuvrer. Le comble, c’est qu’il y a encore des gens qui iront voter parce qu’on leur a donné un tee-shirt ou parce qu’on leur a donné mille (1000) francs CFA. Je pense que lorsque la majorité des populations africaines ira à l’école, les politiciens n’auront plus d’arme pour les manipuler. Je n’ai pas baissé les bras. Je reste le combattant de la liberté, de la justice et de l’égalité. Et ce, tant que l’Afrique va mal.
Depuis peu, les Forces Nouvelles (FN) exigent la démission du Premier ministre Guillaume Soro. Vous êtes un Ivoirien qui aspire au retour définitif de la paix. Est-ce qu’une telle décision est judicieuse ?
Je pense que si les Forces Nouvelles ont appelé le Premier ministre à démissionner, cela veut dire qu’elles sont confrontées à des difficultés avec ceux qui sont en face, précisément avec ceux qui sont en collaboration au sein du gouvernement. En Europe, c’est comme ça que ça se passe. Quand l’on te confie une mission et que tu constates que tu as des difficultés à le faire ou que tu ne peux pas le faire, la plus raisonnable des manières pour sortir par la grande porte, c’est de démissionner. Je pense que si certains proches du Premier ministre lui ont demandé de démissionner, ça veut dire qu’ils en veulent plus. C’est dommage qu’on n’en arrive là. Les élections doivent être organisées le plus vite possible pour qu’on choisisse notre Président, pour qu’on puisse avoir un autre programme. Parce que le programme actuel est l’Accord de Ouaga. Dans l’APO, tout ce que le peuple gagne, c’est la petite tranquillité. Il n’y a pas de création d’entreprises, il n’y a pas d’embauches pour les jeunes.
Le 30 avril prochain, ce sera la 3ème édition de la Nuit du Zouglou. Cette musique était à l’origine une mélodie de revendication, d’éveil des consciences tout comme la musique Reggae. 19 ans après, est-ce que la musique Zouglou au regard de l’artiste Reggaeman que vous êtes, n’a- t- elle pas retourné sa veste ?
Je pense que le Zouglou est une musique qui doit rester attachée à son idéologie originelle. C’est une musique dont le message nous a ouvert les yeux il y a quelques années, par rapport aux difficultés des étudiants sur le Campus. Par rapport à des faits sociaux, par rapport aux difficultés des populations, je pense que le Zouglou doit rester sur cette voie. Le Zouglou doit faire attention. Maintenant, si les gens qui doivent promouvoir cette musique, le font parce qu’ils ont envie que le Zouglou dépasse les frontières de la Côte d’Ivoire et qu’ils arrivent à vivre de leur art, c’est salutaire. Aux artistes Zougloumen, je demande de faire leur possible pour maintenir le cap. C’est à eux de choisir le chemin qu’ils ont envie de prendre, tout en sachant que le côté revendication du Zouglou est ce qui plaît aux gens. Donc, s’ils gardent cela, ils auront de l’audience auprès des mélomanes. Mais, si jamais ils penchent d’un côté qui est opposé à leur ancien message, ils n’auront plus personne pour acheter leurs albums, plus personne pour venir à leurs concerts.
Vous conditionnez votre retour définitif au pays par un cilmat sécuritaire plus serein. Doit-on penser que Tiken Jah doute de la bonne foi des Ivoiriens ?
C’est simplement que je n’ai pas la langue dans la poche. Je vais continuer à parler. S’il y a des sujets, je continuerai à en parler. Donc, je ne cherche pas palabre où il n’y en a pas. La paix est effective mais je suis un leader d’opinion. Je suis un artiste qui n’épargne personne. Je suis un artiste qui doit savoir où mettre les pieds et avancer prudemment. Je préfère qu’il y ait un autre régime. Ça peut être le Président Gbagbo qui est élu, Alassane Ouattara ou Bédié. Moi, je veux une nouvelle Côte d’Ivoire, une Côte d’Ivoire stable capable d’assurer la sécurité de ses citoyens. Parce que jusqu’à présent, on va enlever des gens à leurs domiciles. Sans créer la polémique, je souhaiterais attendre après les élections, que le nouveau président assure la sécurité de ses concitoyens. Je préfère rester aujourd’hui au Mali et je reviendrai après les élections.
Tiken Jah, si l’on vous demandait de choisir entre faire la promotion de la démocratie et celle de l’éducation... Que choisirez-vous ?
Je choisirai l’éducation parce qu’elle imposera forcément la démocratie. L’éducation forme, instruit et donne une ouverture qui amènera inévitablement les gens vers la démocratie.
Pourquoi avez-vous offert un corbillard à la ville d’Odienné ? Parce que le Président Laurent Gbagbo a offert le même cadeau à la ville d’Agboville et cela a soulevé un tollé...
Normalement ça ne devrait pas être un événement quand un Président de la République offre un corbillard. Parce que son devoir régalien est d’offrir corbillard, ambulance, soins de santé, éducation etc. Je pense qu’on ne doit pas en faire un événement. Pour moi, ce n’était pas normal que les corps soient transportés dans des conditions peu recommandables. Lorsque quelqu’un meurt, il faut que l’image de la personne soit protégée. Que le défunt ait droit à des honneurs avant d’aller à sa dernière demeure. Après cela, j’ai offert des médicaments. Ça veut dire que je voulais aussi que des gens soient soignés quand même.
La piraterie est l’abcès qui gangrène le monde musical aujourd’hui. Vous accusez les gouvernants de suivre cela sans même lever le petit doigt. Que reprochez-vous véritablement aux politiques africains dans la lutte contre la piraterie ?
La lutte contre la piraterie est un manque de volonté politique de la part des gouvernants africains. On a observé en Côte d’Ivoire, quand le Burida a créé sa police, les Cd & cassettes piratés n’entraient pas au pays. Aujourd’hui, ils ont envahi le marché. On a l’impression que c’est légal. C’est un manque de volonté politique. Il suffit qu’à un Conseil des ministres, le Président de la République instruise son ministre de l’Intérieur et de la Sécurité en indiquant : « Je ne veux plus voir de Cd piratés ». Et le tour est joué. Il faut une décision gouvernementale par rapport à la lutte contre la piraterie, qui condamne fermement les pirateries. Pourquoi ne vend-on pas de Cd piratés en France ? Parce que simplement la Police française ne pardonnera pas ça. Tout cela vient du fait que la corruption est beaucoup trop développée en Afrique. Au lieu de condamner, les dirigeants du continent Noir encouragent la piraterie.
Votre prochain album s’intitule « African Revolution ». A quelle date sortira cet album et de quoi parlez-vous ?
L’album sortira au mois de septembre 2010 dans un (1) an. Le message de l’album « African Revolution » s’adressera pour la plupart aux Africains. Les Français ont fait leur révolution. En 1968, une autre génération de Français a fait sa révolution. Les Américains ont fait leur révolution. Tout le monde a fait la leur. Nous, les Africains, on attend que les gens viennent faire notre révolution à notre place. Alors que ce ne sont pas les Chinois qui ont fait la révolution à la place des Français. Notre révolution peut passer par l’éducation par exemple, par la prise de conscience de beaucoup de choses sur le continent.
Tiken Jah parle aujourd’hui de promotion de l’éducation. Doit-on penser que l’artiste a changé de fusil d’épaule ?
Non pas du tout ! Je n’ai pas changé mon fusil d’épaule. Je pense que ce geste humanitaire qui est de construire une école est une manière de faire passer un message. Je continuerai à dénoncer tant que l’Afrique ira mal. Je continuerai à critiquer les gouvernants qui ont la clé des solutions. Mais, aujourd’hui, j’ai décidé de poser des actes. Cette fois-ci, j’ai décidé de faire passer des messages par rapport à l’importance de l’éducation dans un pays en voie de développement. Si les politiques se comportent en véritables tyrans aujourd’hui, c’est tout simplement, parce qu’ils savent qu’il y a des gens qu’on peut encore malheureusement manipuler. Il y a encore des gens qui se laissent manœuvrer. Le comble, c’est qu’il y a encore des gens qui iront voter parce qu’on leur a donné un tee-shirt ou parce qu’on leur a donné mille (1000) francs CFA. Je pense que lorsque la majorité des populations africaines ira à l’école, les politiciens n’auront plus d’arme pour les manipuler. Je n’ai pas baissé les bras. Je reste le combattant de la liberté, de la justice et de l’égalité. Et ce, tant que l’Afrique va mal.
Depuis peu, les Forces Nouvelles (FN) exigent la démission du Premier ministre Guillaume Soro. Vous êtes un Ivoirien qui aspire au retour définitif de la paix. Est-ce qu’une telle décision est judicieuse ?
Je pense que si les Forces Nouvelles ont appelé le Premier ministre à démissionner, cela veut dire qu’elles sont confrontées à des difficultés avec ceux qui sont en face, précisément avec ceux qui sont en collaboration au sein du gouvernement. En Europe, c’est comme ça que ça se passe. Quand l’on te confie une mission et que tu constates que tu as des difficultés à le faire ou que tu ne peux pas le faire, la plus raisonnable des manières pour sortir par la grande porte, c’est de démissionner. Je pense que si certains proches du Premier ministre lui ont demandé de démissionner, ça veut dire qu’ils en veulent plus. C’est dommage qu’on n’en arrive là. Les élections doivent être organisées le plus vite possible pour qu’on choisisse notre Président, pour qu’on puisse avoir un autre programme. Parce que le programme actuel est l’Accord de Ouaga. Dans l’APO, tout ce que le peuple gagne, c’est la petite tranquillité. Il n’y a pas de création d’entreprises, il n’y a pas d’embauches pour les jeunes.
Le 30 avril prochain, ce sera la 3ème édition de la Nuit du Zouglou. Cette musique était à l’origine une mélodie de revendication, d’éveil des consciences tout comme la musique Reggae. 19 ans après, est-ce que la musique Zouglou au regard de l’artiste Reggaeman que vous êtes, n’a- t- elle pas retourné sa veste ?
Je pense que le Zouglou est une musique qui doit rester attachée à son idéologie originelle. C’est une musique dont le message nous a ouvert les yeux il y a quelques années, par rapport aux difficultés des étudiants sur le Campus. Par rapport à des faits sociaux, par rapport aux difficultés des populations, je pense que le Zouglou doit rester sur cette voie. Le Zouglou doit faire attention. Maintenant, si les gens qui doivent promouvoir cette musique, le font parce qu’ils ont envie que le Zouglou dépasse les frontières de la Côte d’Ivoire et qu’ils arrivent à vivre de leur art, c’est salutaire. Aux artistes Zougloumen, je demande de faire leur possible pour maintenir le cap. C’est à eux de choisir le chemin qu’ils ont envie de prendre, tout en sachant que le côté revendication du Zouglou est ce qui plaît aux gens. Donc, s’ils gardent cela, ils auront de l’audience auprès des mélomanes. Mais, si jamais ils penchent d’un côté qui est opposé à leur ancien message, ils n’auront plus personne pour acheter leurs albums, plus personne pour venir à leurs concerts.
Vous conditionnez votre retour définitif au pays par un cilmat sécuritaire plus serein. Doit-on penser que Tiken Jah doute de la bonne foi des Ivoiriens ?
C’est simplement que je n’ai pas la langue dans la poche. Je vais continuer à parler. S’il y a des sujets, je continuerai à en parler. Donc, je ne cherche pas palabre où il n’y en a pas. La paix est effective mais je suis un leader d’opinion. Je suis un artiste qui n’épargne personne. Je suis un artiste qui doit savoir où mettre les pieds et avancer prudemment. Je préfère qu’il y ait un autre régime. Ça peut être le Président Gbagbo qui est élu, Alassane Ouattara ou Bédié. Moi, je veux une nouvelle Côte d’Ivoire, une Côte d’Ivoire stable capable d’assurer la sécurité de ses citoyens. Parce que jusqu’à présent, on va enlever des gens à leurs domiciles. Sans créer la polémique, je souhaiterais attendre après les élections, que le nouveau président assure la sécurité de ses concitoyens. Je préfère rester aujourd’hui au Mali et je reviendrai après les élections.
Tiken Jah, si l’on vous demandait de choisir entre faire la promotion de la démocratie et celle de l’éducation... Que choisirez-vous ?
Je choisirai l’éducation parce qu’elle imposera forcément la démocratie. L’éducation forme, instruit et donne une ouverture qui amènera inévitablement les gens vers la démocratie.
Pourquoi avez-vous offert un corbillard à la ville d’Odienné ? Parce que le Président Laurent Gbagbo a offert le même cadeau à la ville d’Agboville et cela a soulevé un tollé...
Normalement ça ne devrait pas être un événement quand un Président de la République offre un corbillard. Parce que son devoir régalien est d’offrir corbillard, ambulance, soins de santé, éducation etc. Je pense qu’on ne doit pas en faire un événement. Pour moi, ce n’était pas normal que les corps soient transportés dans des conditions peu recommandables. Lorsque quelqu’un meurt, il faut que l’image de la personne soit protégée. Que le défunt ait droit à des honneurs avant d’aller à sa dernière demeure. Après cela, j’ai offert des médicaments. Ça veut dire que je voulais aussi que des gens soient soignés quand même.
La piraterie est l’abcès qui gangrène le monde musical aujourd’hui. Vous accusez les gouvernants de suivre cela sans même lever le petit doigt. Que reprochez-vous véritablement aux politiques africains dans la lutte contre la piraterie ?
La lutte contre la piraterie est un manque de volonté politique de la part des gouvernants africains. On a observé en Côte d’Ivoire, quand le Burida a créé sa police, les Cd & cassettes piratés n’entraient pas au pays. Aujourd’hui, ils ont envahi le marché. On a l’impression que c’est légal. C’est un manque de volonté politique. Il suffit qu’à un Conseil des ministres, le Président de la République instruise son ministre de l’Intérieur et de la Sécurité en indiquant : « Je ne veux plus voir de Cd piratés ». Et le tour est joué. Il faut une décision gouvernementale par rapport à la lutte contre la piraterie, qui condamne fermement les pirateries. Pourquoi ne vend-on pas de Cd piratés en France ? Parce que simplement la Police française ne pardonnera pas ça. Tout cela vient du fait que la corruption est beaucoup trop développée en Afrique. Au lieu de condamner, les dirigeants du continent Noir encouragent la piraterie.
Votre prochain album s’intitule « African Revolution ». A quelle date sortira cet album et de quoi parlez-vous ?
L’album sortira au mois de septembre 2010 dans un (1) an. Le message de l’album « African Revolution » s’adressera pour la plupart aux Africains. Les Français ont fait leur révolution. En 1968, une autre génération de Français a fait sa révolution. Les Américains ont fait leur révolution. Tout le monde a fait la leur. Nous, les Africains, on attend que les gens viennent faire notre révolution à notre place. Alors que ce ne sont pas les Chinois qui ont fait la révolution à la place des Français. Notre révolution peut passer par l’éducation par exemple, par la prise de conscience de beaucoup de choses sur le continent.