Le premier magistrat de la commune de Bouaké élu sous la bannière Rdr parle ici de la situation de son parti, le Rdr, dans la capitale de la paix. Fanny Ibrahima s’exprime également sur les rapports entre les Forces nouvelles, le Rhdp et sa formation.
•Comment se porte le Rdr dans la vallée du Bandama ?
Depuis la création du Rdr à Bouaké en 1994, nous nous sommes attelé à faire de ce parti la première force politique de la région. Aujourd`hui nous pouvons nous estimer heureux. Nos objectifs sont en passe d`être atteints. Partout, nous sommes bien accueilli dans la vallée du Bandama. Ce qui n`était pas le cas au début. Nous avons eu d`énormes difficultés pour nous faire accepter. Pendant cette crise, nos activités politiques ont presque cessé. Mais, cela n`a été que de courte durée. Car, un an après le début de la guerre, nous sommes revenu et le parti a pu retrouver tout doucement sa plénitude. Aujourd`hui, nous sommes heureux. Nous avons une bonne et belle équipe prête à jouer pleinement son rôle pour porter notre mentor aux affaires.
•A entendre votre leader, la date du 11 octobre n`est pas négociable pour la tenue des élections?
Quand Alassane a parlé, je n`ai plus rien à dire. Si notre président dit que la date du 11 octobre n`est pas négociable, je dis aussi que ce n`est pas négociable. Il n`y a rien à craindre. Ici, nous sommes certain d`avoir fait enrôler plus de 80% de nos militants. Donc nous sommes prêt.
•Avez-vous une idée des raisons qui ont motivé votre choix en tant que directeur régional de campagne par ADO ?
Je ne pense pas avoir eu plus de mérite que les autres cadres du parti. Mais, ceux qui m`ont désigné ont certainement leurs critères. C`est au président de notre parti qu`il faut le demander. Je profite d`ailleurs de l`occasion pour le remercier de m`avoir confié un tel poste de responsabilité. J`ai, en toute modestie, contribué en tant que pionnier parmi tant d`autres à l`éclosion du parti dans la capitale du Centre.
•A combien peut-on évaluer le coût de la campagne en préparation au niveau de Bouaké ? Qui va la financer ? Le parti, ou bien les militants ?
Au départ, la direction centrale nous avait demandé de concevoir un budget. Mais, nous avons demandé au directeur national de ne pas jouer à ce jeu. Sinon l`on ne s`en sortira pas. Notre parti est un parti d`opposition. Nous ne prenons pas d`argent dans les caisses de l`Etat, c`est la poche de notre président et de ses amitiés. Nous n`allons donc pas aller sur ce terrain. Nous allons laisser la latitude au parti de nous donner les moyens dont il dispose. La plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu`elle a. Notre leader ne peut donner que ce qu`il a. Mais, nous autres, ses collaborateurs en tant qu`êtres pensants, humains et responsables, nous allons donner notre contribution. Je pense qu`il a choisi les Drc en tenant compte de certains éléments. Le peu que nous avons, nous allons l`ajouter à la contribution du parti et de son président pour le faire élire. Je suis parfaitement d`accord avec vous que la campagne coûte cher. Au cas échéant nous allons faire appel à nos militants qui sont dévoués. Ils nous viendront certainement en aide.
•Vos adversaires racontent aux Ivoiriens que votre leader est à la base de cette guerre. Il aurait créé la rébellion. Que leur répondez-vous ?
Nous avons déjà battu en brèche ces arguments fallacieux. La guerre n`est pas une denrée avec laquelle on se promène. Ce sont des éléments qui créent la guerre. Le candidat Ouattara n`est pas concerné par ces affirmations. Lorsqu`on déchirait les cartes d`identité d`honorables citoyens ivoiriens sur les routes, lorsque certains Ivoiriens traitaient d`autres d`étrangers ou de sous-hommes… Ouattara était-il à la base de tout cela ? C`est de la plaisanterie. Nous nous mettons au-dessus de la mêlée. Les arguments sont là. ADO est un homme pacifique. Toute sa vie il a géré les hommes avec courtoisie et respect, selon les normes de l`éducation qu`il a reçues.
•Votre pronostic pour l`élection présidentielle ?
Si Ouattara est élu à 50,5% c`est largement suffisant pour qu`il soit le président de la République.
•Il vous est reproché de dormir sur vos lauriers.
Laissez-les penser ce qu`ils désirent. Nous n`avons jamais dit que nous étions un rocher planté à Bouaké. Les élections sont programmées. L`on nous jugera au résultat. S`ils pensent que c`est en étant assis dans des salons feutrés à Abidjan qu`on gagne une élection, ils nous trouveront sur place à Bouaké. Nous sommes toujours resté aux côtés des populations pendant toute cette guerre, dans l`obscurité. Et les populations elles-mêmes le disent. Le moment venu elles sauront s`en souvenir.
•A quand le prochain meeting d`ADO à Bouaké ?
Notre leader se prépare. Je suis convié à une réunion dans les prochains jours. A mon retour vous aurez la date exacte et officielle de l`arrivée du président du parti à Bouaké.
•N`avez-vous pas peur de vos adversaires sur le terrain ?
Seul notre allié, le Pdci, peut compter aujourd`hui face au Rdr dans la vallée du Bandama. Les autres existent, mais ne nous font aucunement peur.
•Quel bilan peut-on dresser de votre mandat ? Quelles sont vos réalisations ?
J`ai effectivement fait 12 mois d`activité avant que la guerre n`éclate. En dehors de cette période, au cours des 6 autres années, nous avons navigué à vue. Mais je n`ai pas quitté Bouaké. Je suis resté auprès des populations pour sauver ce que je pouvais. Vous le constatez, Bouaké sort certes de la guerre, mais Bouaké n`est pas à zéro. Les visiteurs que nous recevons se rendent compte que la ville est propre. Nous avons obtenu des engins neufs, des bennes avec l`Union européenne pour le ramassage des ordures. Des voies ont été bitumées. Bouaké est aujourd`hui bien éclairée. Je ne dis pas que l`argent vient des caisses de la commune. Mais, nous y avons pris part. En dépit de la situation, nous avons fait ce qui était de notre devoir pour que la ville reste sur pied. De ce point de vue, une personne sensée ne peut me demander de faire un bilan. Si on vous donne 5 ans pour un travail et que vous n`avez pu travailler qu`une seule année, le bon sens demande à ceux qui vous ont mis en mission d`agir avec beaucoup de discernement.
•Avez-vous le sentiment que la guerre vous a volé un mandat ?
C`est effectivement le mot. La guerre m`a volé un mandat. Mais, vous savez, Voltaire a dit qu`«Il n`y a point de mal dont il ne naisse un bien». Peut-être que cette guerre nous apportera un autre bien.
•Le Rhdp ne tient pratiquement plus de réunion à Bouaké. Y a-t-il des divergences entre les houphouétistes dans la capitale du Centre ?
Au Rhdp, c`est la tête qui nous intéresse. Les démembrements ne représentent véritablement pas grand-chose. En ce sens que c`est un mouvement informel dans le fond qui a été mis sur pied au cours d`une rencontre des leaders. On nous a demandé de l`animer dans nos localités respectives. C`est ce que nous avons fait à un moment donné. En ce qui nous concerne les instructions viennent de la haute direction du parti. Je ne peux donc pas trop en parler.
•Le nouveau découpage de la commune de Bouaké en 4 communes pourrait aiguiser les appétits de plusieurs cadres. Ne craignez-vous pas des déchirures internes pour le partage des postes électifs ?
Nous avons la base et la direction du parti pour trancher ces problèmes. Tous ceux qui sont candidats vont se soumettre au verdict de la base. Ensuite viendra l`arbitrage de la haute direction. Mais, en ce qui nous concerne à Bouaké, nous nous connaissons suffisamment. Je ne crains pas ce genre de problèmes. Il y a une discipline. Chacun sait ce qu`il veut. A mon avis nous trouverons bien un terrain d`entente. Pour ce qui est des engouements, des appétits, cela rentre dans la condition humaine.
•Pourrait-on voir des coalitions Rdr-Pdci ou simplement Rhdp pour la conquête des postes ?
Pour le moment, nous n`en sommes pas à ce niveau. Si les élections présidentielles prennent fin et que tout se passe bien à ce niveau, le reste coulera de source. Je suis convaincu que celui qui sera élu président de la République parmi les 4 leaders des houphouétistes saura gérer en son temps le reste des élections avec ses frères. Là où il faudra aller en entente, ils nous le diront. Là où il faut aller séparément, ils nous le diront aussi. Donc, tout dépendra du bilan du Rhdp après les élections.
•Etes-vous prêt à associer le responsable départemental de l`Anci, M. Idrissa Diabaté à votre campagne ? Cet ex-transfuge du Rdr dit qu`il votera pour ADO.
Quand Idrissa Diabaté parle, moi je ne vois pas cela de la même manière que vous. Alors je préfère ne pas en parler. Si cet homme était conséquent avec lui, pourquoi est-il parti du Rdr ? Je me souviens aussi qu`avant son départ, il a dit que c`est notre leader qui est à la base de tous les malheurs de la Côte d`Ivoire. Un homme comme lui, je prends ses déclarations avec des pincettes.
•Et les Forces nouvelles. Prévoyez-vous une collaboration avec elles ?
Que ce soit au sein du Rdr, du Fpi, du Pdci ou des Forces nouvelles nous avons nos amis. Ce n`est pas parce que vous êtes Forces nouvelles aujourd`hui que si vous étiez Pdci, Fpi ou Rdr dans le fond que vous allez changer. Alors nous comptons sur tout le monde pour faire élire ADO. Alors j`associerai les Forces nouvelles qui le désirent à notre campagne afin de faire élire ADO.
•Quelle est la nature de vos rapports avec les Forces nouvelles notamment le Premier ministre Guillaume Soro, le Cema Soumaila Bakayoko et les commandants Chérif Ousmane et Ouattara Issiaka dit “Wattao “?
J`ai de très bons rapports avec les cadres FN. Le Premier ministre est un cadet que je respecte, que j`aime bien pour sa courtoisie, pour sa parfaite éducation. Le général Bakayoko est marié à l`une de mes cousines. Ma mère vient de la même région que lui. Je le considère donc comme un parent avant qu`il ne soit un général. Nous avions des relations bien avant la guerre. Pendant la guerre les choses n`ont pas varié. Quant aux commandants Wattao et Chérif, je ne les connaissais pas auparavant. Je les considère comme mes jeunes frères. Maintenant que nous nous connaissons mieux, nous avons appris à nous apprécier. Le courant passe bien. Nous nous rendons mutuellement visite. S`il y a eu des nuages par le passé, ils se sont dissipés. Le ciel s`est totalement éclairci.
•Avec l`Accord de Ouaga avez-vous retrouvé la plénitude de vos fonctions régaliennes de maire élu ?
Je pense que je suis aujourd`hui dans la plénitude de mes fonctions. Le drame c`est que les moyens manquent. Mais cela n`est pas du fait des Forces nouvelles. C`est le pouvoir central qui a décidé de nous sevrer. Si c`est ainsi qu`ils ont décidé de gérer le pays, c`est leur droit. Mais sachons que chaque chose a une fin. La fin n`est plus loin.
•Ce sont donc désormais vos services qui collectent les taxes municipales sur le marché ?
Oui, totalement ! Mais nous n`avons pas encore atteint la vitesse de croisière, parce que le pays est dans une situation de pauvreté totale.
•Il se raconte qu`il y a un accord secret entre vous et les Forces nouvelles concernant la gestion de ces recettes collectées ?
Il n`y a rien de secret. Nous avons pensé que dans un premier temps, les Forces nouvelles avaient besoin d`être soutenues, le temps que l`Etat prenne en charge les démobilisés. Malheureusement comme il n`y a pas grand-chose, les responsables Forces nouvelles ont fini par se décourager. Cela fait plus de deux mois, il n`y a plus rien. L`accord est donc mort de lui-même. Mais, on garde de bons rapports avec les Forces nouvelles.
•Vos agents municipaux revendiquent environ 80 mois d`arriérés de salaires ?
Ils sont dans leur droit. Ce n`est plus 80 mois car, 4 mois ont été payés. Mais, nous continuons de réclamer le reste tout comme eux. Nous verrons s`il faut payer 5, 10 ou 15 mois avec le peu d`argent que nous allons certainement recevoir ces jours-ci.
Entretien réalisé par Allah Kouamé, Correspondant régional
•Comment se porte le Rdr dans la vallée du Bandama ?
Depuis la création du Rdr à Bouaké en 1994, nous nous sommes attelé à faire de ce parti la première force politique de la région. Aujourd`hui nous pouvons nous estimer heureux. Nos objectifs sont en passe d`être atteints. Partout, nous sommes bien accueilli dans la vallée du Bandama. Ce qui n`était pas le cas au début. Nous avons eu d`énormes difficultés pour nous faire accepter. Pendant cette crise, nos activités politiques ont presque cessé. Mais, cela n`a été que de courte durée. Car, un an après le début de la guerre, nous sommes revenu et le parti a pu retrouver tout doucement sa plénitude. Aujourd`hui, nous sommes heureux. Nous avons une bonne et belle équipe prête à jouer pleinement son rôle pour porter notre mentor aux affaires.
•A entendre votre leader, la date du 11 octobre n`est pas négociable pour la tenue des élections?
Quand Alassane a parlé, je n`ai plus rien à dire. Si notre président dit que la date du 11 octobre n`est pas négociable, je dis aussi que ce n`est pas négociable. Il n`y a rien à craindre. Ici, nous sommes certain d`avoir fait enrôler plus de 80% de nos militants. Donc nous sommes prêt.
•Avez-vous une idée des raisons qui ont motivé votre choix en tant que directeur régional de campagne par ADO ?
Je ne pense pas avoir eu plus de mérite que les autres cadres du parti. Mais, ceux qui m`ont désigné ont certainement leurs critères. C`est au président de notre parti qu`il faut le demander. Je profite d`ailleurs de l`occasion pour le remercier de m`avoir confié un tel poste de responsabilité. J`ai, en toute modestie, contribué en tant que pionnier parmi tant d`autres à l`éclosion du parti dans la capitale du Centre.
•A combien peut-on évaluer le coût de la campagne en préparation au niveau de Bouaké ? Qui va la financer ? Le parti, ou bien les militants ?
Au départ, la direction centrale nous avait demandé de concevoir un budget. Mais, nous avons demandé au directeur national de ne pas jouer à ce jeu. Sinon l`on ne s`en sortira pas. Notre parti est un parti d`opposition. Nous ne prenons pas d`argent dans les caisses de l`Etat, c`est la poche de notre président et de ses amitiés. Nous n`allons donc pas aller sur ce terrain. Nous allons laisser la latitude au parti de nous donner les moyens dont il dispose. La plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu`elle a. Notre leader ne peut donner que ce qu`il a. Mais, nous autres, ses collaborateurs en tant qu`êtres pensants, humains et responsables, nous allons donner notre contribution. Je pense qu`il a choisi les Drc en tenant compte de certains éléments. Le peu que nous avons, nous allons l`ajouter à la contribution du parti et de son président pour le faire élire. Je suis parfaitement d`accord avec vous que la campagne coûte cher. Au cas échéant nous allons faire appel à nos militants qui sont dévoués. Ils nous viendront certainement en aide.
•Vos adversaires racontent aux Ivoiriens que votre leader est à la base de cette guerre. Il aurait créé la rébellion. Que leur répondez-vous ?
Nous avons déjà battu en brèche ces arguments fallacieux. La guerre n`est pas une denrée avec laquelle on se promène. Ce sont des éléments qui créent la guerre. Le candidat Ouattara n`est pas concerné par ces affirmations. Lorsqu`on déchirait les cartes d`identité d`honorables citoyens ivoiriens sur les routes, lorsque certains Ivoiriens traitaient d`autres d`étrangers ou de sous-hommes… Ouattara était-il à la base de tout cela ? C`est de la plaisanterie. Nous nous mettons au-dessus de la mêlée. Les arguments sont là. ADO est un homme pacifique. Toute sa vie il a géré les hommes avec courtoisie et respect, selon les normes de l`éducation qu`il a reçues.
•Votre pronostic pour l`élection présidentielle ?
Si Ouattara est élu à 50,5% c`est largement suffisant pour qu`il soit le président de la République.
•Il vous est reproché de dormir sur vos lauriers.
Laissez-les penser ce qu`ils désirent. Nous n`avons jamais dit que nous étions un rocher planté à Bouaké. Les élections sont programmées. L`on nous jugera au résultat. S`ils pensent que c`est en étant assis dans des salons feutrés à Abidjan qu`on gagne une élection, ils nous trouveront sur place à Bouaké. Nous sommes toujours resté aux côtés des populations pendant toute cette guerre, dans l`obscurité. Et les populations elles-mêmes le disent. Le moment venu elles sauront s`en souvenir.
•A quand le prochain meeting d`ADO à Bouaké ?
Notre leader se prépare. Je suis convié à une réunion dans les prochains jours. A mon retour vous aurez la date exacte et officielle de l`arrivée du président du parti à Bouaké.
•N`avez-vous pas peur de vos adversaires sur le terrain ?
Seul notre allié, le Pdci, peut compter aujourd`hui face au Rdr dans la vallée du Bandama. Les autres existent, mais ne nous font aucunement peur.
•Quel bilan peut-on dresser de votre mandat ? Quelles sont vos réalisations ?
J`ai effectivement fait 12 mois d`activité avant que la guerre n`éclate. En dehors de cette période, au cours des 6 autres années, nous avons navigué à vue. Mais je n`ai pas quitté Bouaké. Je suis resté auprès des populations pour sauver ce que je pouvais. Vous le constatez, Bouaké sort certes de la guerre, mais Bouaké n`est pas à zéro. Les visiteurs que nous recevons se rendent compte que la ville est propre. Nous avons obtenu des engins neufs, des bennes avec l`Union européenne pour le ramassage des ordures. Des voies ont été bitumées. Bouaké est aujourd`hui bien éclairée. Je ne dis pas que l`argent vient des caisses de la commune. Mais, nous y avons pris part. En dépit de la situation, nous avons fait ce qui était de notre devoir pour que la ville reste sur pied. De ce point de vue, une personne sensée ne peut me demander de faire un bilan. Si on vous donne 5 ans pour un travail et que vous n`avez pu travailler qu`une seule année, le bon sens demande à ceux qui vous ont mis en mission d`agir avec beaucoup de discernement.
•Avez-vous le sentiment que la guerre vous a volé un mandat ?
C`est effectivement le mot. La guerre m`a volé un mandat. Mais, vous savez, Voltaire a dit qu`«Il n`y a point de mal dont il ne naisse un bien». Peut-être que cette guerre nous apportera un autre bien.
•Le Rhdp ne tient pratiquement plus de réunion à Bouaké. Y a-t-il des divergences entre les houphouétistes dans la capitale du Centre ?
Au Rhdp, c`est la tête qui nous intéresse. Les démembrements ne représentent véritablement pas grand-chose. En ce sens que c`est un mouvement informel dans le fond qui a été mis sur pied au cours d`une rencontre des leaders. On nous a demandé de l`animer dans nos localités respectives. C`est ce que nous avons fait à un moment donné. En ce qui nous concerne les instructions viennent de la haute direction du parti. Je ne peux donc pas trop en parler.
•Le nouveau découpage de la commune de Bouaké en 4 communes pourrait aiguiser les appétits de plusieurs cadres. Ne craignez-vous pas des déchirures internes pour le partage des postes électifs ?
Nous avons la base et la direction du parti pour trancher ces problèmes. Tous ceux qui sont candidats vont se soumettre au verdict de la base. Ensuite viendra l`arbitrage de la haute direction. Mais, en ce qui nous concerne à Bouaké, nous nous connaissons suffisamment. Je ne crains pas ce genre de problèmes. Il y a une discipline. Chacun sait ce qu`il veut. A mon avis nous trouverons bien un terrain d`entente. Pour ce qui est des engouements, des appétits, cela rentre dans la condition humaine.
•Pourrait-on voir des coalitions Rdr-Pdci ou simplement Rhdp pour la conquête des postes ?
Pour le moment, nous n`en sommes pas à ce niveau. Si les élections présidentielles prennent fin et que tout se passe bien à ce niveau, le reste coulera de source. Je suis convaincu que celui qui sera élu président de la République parmi les 4 leaders des houphouétistes saura gérer en son temps le reste des élections avec ses frères. Là où il faudra aller en entente, ils nous le diront. Là où il faut aller séparément, ils nous le diront aussi. Donc, tout dépendra du bilan du Rhdp après les élections.
•Etes-vous prêt à associer le responsable départemental de l`Anci, M. Idrissa Diabaté à votre campagne ? Cet ex-transfuge du Rdr dit qu`il votera pour ADO.
Quand Idrissa Diabaté parle, moi je ne vois pas cela de la même manière que vous. Alors je préfère ne pas en parler. Si cet homme était conséquent avec lui, pourquoi est-il parti du Rdr ? Je me souviens aussi qu`avant son départ, il a dit que c`est notre leader qui est à la base de tous les malheurs de la Côte d`Ivoire. Un homme comme lui, je prends ses déclarations avec des pincettes.
•Et les Forces nouvelles. Prévoyez-vous une collaboration avec elles ?
Que ce soit au sein du Rdr, du Fpi, du Pdci ou des Forces nouvelles nous avons nos amis. Ce n`est pas parce que vous êtes Forces nouvelles aujourd`hui que si vous étiez Pdci, Fpi ou Rdr dans le fond que vous allez changer. Alors nous comptons sur tout le monde pour faire élire ADO. Alors j`associerai les Forces nouvelles qui le désirent à notre campagne afin de faire élire ADO.
•Quelle est la nature de vos rapports avec les Forces nouvelles notamment le Premier ministre Guillaume Soro, le Cema Soumaila Bakayoko et les commandants Chérif Ousmane et Ouattara Issiaka dit “Wattao “?
J`ai de très bons rapports avec les cadres FN. Le Premier ministre est un cadet que je respecte, que j`aime bien pour sa courtoisie, pour sa parfaite éducation. Le général Bakayoko est marié à l`une de mes cousines. Ma mère vient de la même région que lui. Je le considère donc comme un parent avant qu`il ne soit un général. Nous avions des relations bien avant la guerre. Pendant la guerre les choses n`ont pas varié. Quant aux commandants Wattao et Chérif, je ne les connaissais pas auparavant. Je les considère comme mes jeunes frères. Maintenant que nous nous connaissons mieux, nous avons appris à nous apprécier. Le courant passe bien. Nous nous rendons mutuellement visite. S`il y a eu des nuages par le passé, ils se sont dissipés. Le ciel s`est totalement éclairci.
•Avec l`Accord de Ouaga avez-vous retrouvé la plénitude de vos fonctions régaliennes de maire élu ?
Je pense que je suis aujourd`hui dans la plénitude de mes fonctions. Le drame c`est que les moyens manquent. Mais cela n`est pas du fait des Forces nouvelles. C`est le pouvoir central qui a décidé de nous sevrer. Si c`est ainsi qu`ils ont décidé de gérer le pays, c`est leur droit. Mais sachons que chaque chose a une fin. La fin n`est plus loin.
•Ce sont donc désormais vos services qui collectent les taxes municipales sur le marché ?
Oui, totalement ! Mais nous n`avons pas encore atteint la vitesse de croisière, parce que le pays est dans une situation de pauvreté totale.
•Il se raconte qu`il y a un accord secret entre vous et les Forces nouvelles concernant la gestion de ces recettes collectées ?
Il n`y a rien de secret. Nous avons pensé que dans un premier temps, les Forces nouvelles avaient besoin d`être soutenues, le temps que l`Etat prenne en charge les démobilisés. Malheureusement comme il n`y a pas grand-chose, les responsables Forces nouvelles ont fini par se décourager. Cela fait plus de deux mois, il n`y a plus rien. L`accord est donc mort de lui-même. Mais, on garde de bons rapports avec les Forces nouvelles.
•Vos agents municipaux revendiquent environ 80 mois d`arriérés de salaires ?
Ils sont dans leur droit. Ce n`est plus 80 mois car, 4 mois ont été payés. Mais, nous continuons de réclamer le reste tout comme eux. Nous verrons s`il faut payer 5, 10 ou 15 mois avec le peu d`argent que nous allons certainement recevoir ces jours-ci.
Entretien réalisé par Allah Kouamé, Correspondant régional