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Politique Publié le lundi 4 mai 2009 | Fraternité Matin

Front populaire ivoirien : Que devient la fête de la Liberté?

Après 12 éditions successives, on s’interroge sur la date de la prochaine commémoration. La dernière remonte à 2002.

Que devient la Fête de la liberté? A quand la prochaine édition? Telles sont les questions que se posent certains Ivoiriens au nombre desquels des militants du Front populaire ivoirien (Fpi), parti politique qui l’a instituée et en a célébré 12 éditions successivement de 1991 à 2002. Depuis cette date, en effet, il n’y a plus de manifestation au point que des adversaires politiques ont déclaré, il y a quelque temps, que le parti était «mort» parce qu’incapable de célébrer une manifestation qu’il considérait comme essentielle. La raison officielle invoquée ou que tout le monde semble avoir considéré comme telle, c’est la guerre que vit le pays depuis le 19 septembre 2002. Elle a empêché la célébration de 13e édition qui devait se dérouler en 2003 à Bongouanou, région natale du nouveau président du parti, Pascal Affi N’Guessan. Lequel a succédé à Laurent Gbagbo, élu Président de la République le 22 octobre 2000 et qui devient de ce fait «un influent militant de base du Fpi», selon les propres termes d’Affi N’Guessan.

Le présent dossier vise donc à rappeler les circonstances de l’institution de la manifestation et ce qu’elle a apporté à la vie du parti, comprendre les fondements réels de sa suspension et entrevoir les perspectives. L’ancien ministre Koffi Koffi Lazare qui est Secrétaire national du Fpi chargé des relations avec les partis politiques et les syndicats et la société civile, rappelle les circonstances dudit événement qui marque une rupture avec le parti unique. «La Fête de la liberté visait deux objectifs. D’une part, la célébration de la conquête du multipartisme parce que le Pdci-Rda avait reconnu, le 30 avril 1990, au cours d’une réunion de ses instances, la nécessité de le restaurer. Pour nous, Fpi, parti d’opposition, c’était un bon moment. Nous n’avons pas été suivis par le Parti ivoirien des travailleurs et l’Union des socio-démocrates qui préféraient la date du 3 mai, jugée légale à travers la décision prise en Conseil des ministres. D’autre part, la Fête de la liberté était une occasion de célébrer notre parcours dans la conquête de toutes les libertés. Nous avions acquis le multipartisme, mais existait-il la liberté d’entreprendre? C’était donc pour mesurer le parcours et voir ce qui a été fait et ce qui reste à conquérir». Ainsi, chaque édition qui se déroulait dans une grande ville du pays était très attendue non seulement par les instances et les militants du parti, mais aussi par les populations locales. Car c’était aussi une occasion de faire des affaires. Pour le Fpi, cette cérémonie qui avait lieu du 30 avril au 1er ou le 2 mai, apparaissait surtout comme «un grand moment de rassemblement, de mobilisation, de cohésion interne mais aussi de la masse», explique Koffi Koffi Lazare. C’est le même sentiment pour Mme Koré Thérèse, membre du bureau national de l’Organisation des femmes du Fpi (Offpi) chargée de la région de la Vallée du Bandama II (Katiola / Dabakala). «C’était une fête intéressante. C’est un moment où les fédérations faisaient le bilan de leurs activités, où les militants fraternisaient et se donnaient des conseils ; occasion de partage, de rencontres, c’était le socialisme vrai. Le grand meeting était suivi à la fin d’un grand défilé», se souvient, «avec beaucoup de regrets», cette grande militante et qui a pris part à neuf éditions sur 12. Revenant sur la dernière qui s’est déroulée en 2002, à Daloa, Mme Koré n’oublie pas cette grande pluie qui a failli gâcher la fête alors qu’il y avait une grande mobilisation. A cela s’ajoutent les agressions de certains militants par ceux du Rdr, parti qui venait de remporter l’élection municipale non seulement à Daloa mais la majorité des communes du pays. Alors qu’il s’était abstenu de participer aux législatives pour protester contre l’invalidation de la candidature de son président, Alassane Ouattara, par la Justice. Un acte d’ailleurs condamné par le secrétaire national de la jeunesse du Fpi, Konaté Navigué, dans son discours d’alors.

A Daloa, le message du président du Fpi était donc très clair : «Mobilisation, solidarité et cohésion autour des candidats du parti» afin de remporter les élections départementales prévues en juillet 2002 après le relâchement aux municipales.

La tentative de coup d’Etat de septembre 2002 qui s’est muée en rébellion armée a mis fin à la commémoration de la Fête de la liberté au moment même où il avait été décidé de la rendre définitivement tournante. «Elle a été arrêtée à cause de la guerre. C’est par principe. Beaucoup de fédérations n’étaient pas en mesure de se déplacer parce que le pays était occupé et divisé en deux. Etant entendu que c’était une fête nationale, il était anormal de la célébrer sur une partie seulement du territoire», a fait savoir Konaté Navigué. Et la secrétaire nationale de l’Offpi de renchérir : «Nous ne sommes pas en liberté, c’est pourquoi nous n’avons pas encore repris la fête». Depuis lors, le sujet est devenu presque tabou aux réunions du parti et chez les militants. En lieu et place désormais, la résistance contre la rébellion et la défense des institutions républicaines en particulier la Présidence de la République. Ce que confirment certains cadres du parti. «Je n’ai jamais été interpellé sur la question ni à la base ni aux réunions des instances du parti. Tout le monde est préoccupé par la sortie de crise et l’identification», a indiqué le député de Guiglo, Guiriéoulou Emile. Le fédéral Fpi d’Abidjan-Banco (Yopougon et Songon), Zaba Zadi Lazar, ne dit pas le contraire. Et de regretter la fête: «C’était de grands moments de rassemblement, de retrouvailles, de bilan mais aussi pour dégager des perspectives. On est vraiment malheureux qu’on ne puisse pas organiser cette manifestation». Selon le Pr Dédi Séry, sociologue, membre du cabinet d’Affi N’Guessan et du secrétariat général du chargé de la doctrine du parti, la guerre n’autorisait pas une telle célébration. «Nous étions sur un front très prenant, déstructurant. La fête mobilise et elle est nationale. Quand il y a des problèmes plus urgents, on peut la mettre entre parenthèses», estime-t-il.



Paulin N. Zobo
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