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Politique Publié le mercredi 6 mai 2009 | Le Patriote

Au pouvoir depuis 2000 - Comment Gbagbo a tué la jeunesse en 9 ans

Dis-moi qui est le président de ton pays et je te dirai quel genre de jeune tu es. Alors que dans de nombreux pays africains, les gouvernants tiennent à la jeunesse comme à la prunelle de leurs yeux, en Côte d’Ivoire, les jeunes constituent le dernier maillon de la chaîne. La Refondation au pouvoir depuis bientôt une décennie, a réussi l’exploit de transformer la jeunesse en tout, sauf en une jeunesse responsable. Toutes les structures et infrastructures qui pouvaient leur permettre de se réaliser ont été détruites. L’Ecole? Elle n’existe désormais que de nom. Tout est déglingué. Les cycles Primaire, secondaire et supérieur sont en déconfiture. Preuve de l’échec des refondateurs à sauver le système éducatif ivoirien qui faisait pourtant la fierté du pays. Lorsqu’il était encore opposant et qu’il manipulait dans l’ombre certains syndicats, Laurent Gbagbo avait lancé ce bout de phrase devenu célèbre: «Avec 10 petits milliards, je règle le problème de l’Ecole». Une profession de foi qui avait eu le mérite de rallier beaucoup d’élèves, étudiants et parents d’élèves à la cause de celui se plaisait à se faire appeler le leader de l’opposition ivoirienne. Mais celui qui a trouvé la non moins célèbre formule «la critique est aisée, et l’art difficile’’ n’a pas eu tort. Passée la période des discours creux et populistes, le chef de file de la Refondation qui est parvenu à la magistrature suprême du pays un certain mois d’0ctobre 2000, s’est rendu compte de la célèbre phrase de l’Ecclésiaste selon laquelle, «vanité des vanités, tout est vanité».

Puis éclata la guerre
en septembre 2002

En effet, sous le régime des Profs, l’Ecole ivoirienne ne s’est pas autant très mal portée. Les étudiants qui représentaient la crème sous le régime du Vieux et du président Henri Konan Bédié, sont devenus des bouchers. Ils règlent leurs comptes et leurs malentendus désormais à coups de machette. Ce que l’opinion nationale et internationale a appelé «la guerre des machettes» a été inventée par un certain Charles Blé Goudé, alors secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Blé qui voulait forcément succéder à Guillaume Soro qui a marqué l’histoire du syndicalisme étudiant des années 90, s’es imposé face à Karamoko Yayoro, à coups de machettes. Ainsi naquit une autre race d’étudiants. Avec eux, les stylos ont disparu pour laisser la place aux armes blanches. Les cités universitaires sont devenues de véritables poudrières où pullulent armes blanches et armes à feu. Et ceci, au vu et au su des gouvernants. Dans ces mêmes cités vivent des étudiants qui, en réalité n’y ont plus droit. Les étudiants eux-mêmes sont devenus des guérilleros. Et règnent en vrais potentats sur l’Université. Avec eux, fini le droit au respect de l’enseignant et de la hiérarchie. Les Professeurs d’université sont battus par leurs propres étudiants. Autrefois sacrés et idolâtrés à la limite, les Maîtres ne sont désormais que de simples personnes qui subissent les humeurs des nouveaux maîtres, c’est-à-dire les étudiants. Pour un oui ou pour un non, les seconds n’hésitent pas à molester les premiers.
Assurés de leur impunité et sans doute de leur protection au sommet de l’Etat, les élèves et étudiants qui sont devenus pour la plupart, les porte-voix du nouveau régime, n’ont peur de rien. Ni même de ceux qui font la loi. Les magistrats l’apprendront d’ailleurs à leur dépens. Les pauvres! Ils ont été copieusement tabassés par les étudiants et les désœuvrés de la Sorbonne. Aucun d’entre eux n’a été mis aux arrêts.
Cette jeunesse qui n’avait déjà peur de rien ni de personne, va encore plus se faire entendre dès l’éclatement de la guerre le 19 septembre 2002. Sous le fallacieux prétexte d’un patriotisme débridé et de mauvais aloi, la délinquance juvénile s’est accentué. Les casses et autres vols, viols, pillages destructions de biens publics et d’autrui, atteinte à l’honorabilité d’honnêtes citoyens sont devenus monnaie courante. La guerre ayant le dos large, ils se sont baptisés ‘’jeunes patriotes’’. C’est le nouveau vocable, une espèce de laissez-passer pour s’attaquer qui conque se met en travers de leur chemin. Et cela avec la protection et même la bénédiction du pouvoir qui prétendait avoir été attaqué par des étrangers. Les ressortissants français et beaucoup de leurs entreprises sont attaqués. Très vite, la haine raciale se développe. C’est alors que, pour la toute première fois dans la jeune histoire du pays, l’on a entendu la fameuse phrase lancée par un ancien leader de la FESCI, en l’occurrence Jean-Yves Dibopieu, «A chacun son petit français». La suite de cet appel à la haine et au racisme se passe de commentaires. Comme se passe tout aussi de commentaires, la prolifération et la floraison des miliciens. Ces derniers sont tous des partisans du régime de Laurent Gbagbo, qu’ils disent défendre. Ils envahissent des camps de fortune et s’entraînent à la kalachnikov. Des fusils d’assaut qu’ils n’hésitent d’ailleurs pas à brandir. Ils le font à la vue de tout le monde. Pour espérer bénéficier des prébendes, des centaines de milliers de jeunes désœuvrés se font enrôler comme miliciens. Et avec leurs fusils, ils volent, pillent, tuent. Sans crainte. Mieux ou pire, c’est selon, ils occupent des bâtiments administratifs publics. Comme par exemple l’Institut Marie-Thérèse Houphouët-Boigny situé à Adjamé qu’ils prennent en otage. Tout en prenant soin de barricader sa devanture. Ils rackettent les passants et les automobilistes. Et frappent les riverains. A Azito, dans la commune de Yopougon, les miliciens élisent domicile. Comme ceux d’Adjamé, ils violentent les passants et les populations. Ils les attaquent d’ailleurs à coups de machettes et de fusils. Et lorsque les forces de l’ordre interviennent, les jeunes miliciens ripostent avec des armes à feu. Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui se sont laissés emportés par le patriotisme n’ont que leurs yeux pour pleurer. Déçus qu’ils ont été de leur engagement dans ce combat sans issue dans lequel, seule une poignée de dix individus se la coulent douce. Ces derniers se sont énormément enrichis. Et ont donné dos à la ‘’lutte patriotique’’. Depuis lors, sans aucun diplôme et après avoir été des fraudeurs et des tricheurs, ils font tout pour être des références. Le résultat de toute cette déperdition, et c’est la Banque mondiale qui l’annonce, 5 millions de jeunes sont aujourd’hui sans emplois. Le monde à l’envers. Vraiment.
Yves-M. ABIET
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