“L’épreuve de force n’est payante que pour le plus endurant. Il faut se préparer. Nous déciderons des actions autorisées par la République», a dit hier Djédjé Mady, président du Directoire du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix, devant les instances de cette coalition politique. Réunis en conclave, les membres des bureaux politiques, comités centraux et secrétariats généraux des partis politiques composant le RHDP, n’ont pas mâché leurs mots face à ce qu’ils qualifient de subterfuge du chef de l’Etat pour retarder les élections. Ainsi, le caractère incisif des propos tenus par les différents intervenants, une quinzaine environ, dénote du sentiment de ras-le-bol qui anime l’opposition regroupée au sein du RHDP face au refus du chef de l’Etat de signer le décret proposé par la CEI fixant la date des élections au 11 octobre 2009. Pendant 2 h 05 mn, les houphouëtistes ont débattu de trois sujets de l’actualité brûlante. A savoir, la question de la date des élections, la sécurisation des élections et l’identification. A la fin de ce débat, une déclaration a été lue par Ehui Koutouan Bernard, et approuvée par les membres des instances du RHDP. Prenant la parole pour situer l’enjeu de la réunion du jour, le président du Directoire, a dit qu’il s’agissait pour le RHDP de mener «un débat de fond sur une situation dont personne n’ignore l’importance : la date des élections en Côte d’Ivoire». Aussi, a-t-il rappelé qu’après plusieurs accords, c’est celui de Ouagadougou qui a eu l’assentiment du clan présidentiel. Ce dernier accord, a-t-il dit, avait prévu la tenue des élections dix mois après sa signature le 4 mars 2007. Et d’ironiser «Dieu seul sait, il y a eu combien de fois dix mois depuis la signature de Ouaga». Djédjé Mady a, en outre, rappelé qu’en ce qui concerne la détermination de la date des élections, elle relève exclusivement de la commission électorale indépendante. Et ce, conformément à la constitution en son article 32 alinéas 4, à la loi n° 2001- 634 du 09 octobre 2001 portant création, composition et fonctionnement de la CEI en son article 2 et au code électoral en son article 20. Sur ce sujet, les intervenants ont été sans ambages : il faut arracher les élections à Laurent Gbagbo. «Nous devons prendre nos responsabilités. La date de décembre est un piège», a martelé le Pr. N’Dri Yoman Thérèse. Quant à Mme Bouanga Agba Yvonne, elle a suggéré la définition d’une stratégie commune afin dit-t-elle, de «renverser la faveur». Car, a-t-elle ajouté «le peuple souffre, nous souhaitons voir le bout du tunnel». Mme Touré Aya Virginie, a déploré le fait que l’opposition soit en train d’accompagner Gbagbo vers son objectif, c'est-à-dire 2010. Elle a suggéré une action d’envergure du RHDP afin de mettre la pression sur le chef de l’Etat pour qu’il signe la date du 11 octobre 2009. Dr. Adama Coulibaly, a demandé à ce que le RHDP évite de tomber dans le piège de Gbagbo. «Si nous laissons Gbagbo fixer la date, il se réintroduit dans le processus électoral, de même que le corps préfectoral», a affirmé Dr. Coulibaly. D’Autres intervenants ont été plus catégoriques. Ils ont suggéré que le RHDP quitte le gouvernement et prenne la rue après le 11 octobre, date proposée par la CEI. Après les différentes interventions, le président du Directoire a rassuré l’assemblée que les présidents Bédié, Ouattara, Anaky et Mabri sont en contact permanent. Et que dans une semaine une date sera connue. Si tel n’était pas le cas, alors, dira-t-il «nous allons nous retrouver pour faire ce que nous devons faire pour avoir la date». Mais, a-t-il ajouté : «d’ici là, il faut se préparer parce que l’épreuve de force n’est payante que pour le plus endurant». En tout état de cause, le RHDP demande à ses militants de rester mobiliser pour la tenue de l’élection le 11 octobre 2009, et attentifs aux mots d’ordre en vue de la lutte pour une Côte d’Ivoire démocratique.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté
