Après avoir opposé une fin de non recevoir à la volonté du président du Mfa, Anaky Kobenan de retirer les ministres du gouvernement, la quasi-totalité des élus et cadres du Rhdp, qui ont pris la parole lundi, ont remis au goût du jour cette requête du député de Kouassi-Datékro. Tous ont quasiment demandé au directoire du Rhdp de retirer leurs ministres du gouvernement si le chef de l'Etat ne signe pas le décret de fixation de la date des élections. Alphonse Djédjé Mady, président du directoire des houphouétistes, au terme de ces interventions, a invité ceux-ci à prendre leur mal en patience en attendant les conclusions de la réunion du Cadre permanent de concertation (Cpc) qui se tiendra lundi à Ouagadougou. « Si dans une semaine, nous n'avons pas la date, nous allons nous retrouver pour faire ce qu'il faut faire pour avoir la date », avait déclaré Alphonse Djédjé Mady. Au regard de ces réactions, l'on peut aisément affirmer que Anaky avait perdu la bataille, mais est aujourd'hui en train de gagner la guerre. A la veille de cette réunion déterminante du Rhdp, Doubé Binty, chroniqueur chez le confrère Le Nouveau Réveil, avait manifesté un soutien quasi explicite à Anaky dans les colonnes du N°2215 du lundi 11 mai de ce quotidien proche du Pdci Rda. Etait-ce pour préparer les esprits ? Rien n'est moins sûr. Mais la densité de l'analyse de Doubé Binty en dit long. Morceaux choisis de cette réflexion : « L'opposition craint-elle de ne pas être suivie par ses ministres présents au gouvernement si elle leur demande de quitter ledit gouvernement et partant de perdre des militants…de poids ? (…) Il est temps que l'opposition apprenne à avoir des réactions appropriées face aux actions provocatrices et déraisonnables de monsieur Gbagbo et du Fpi (…). Monsieur Gbagbo, qui n'avait rien à nous dire et qui n'a absolument rien de nouveau à déclarer, aurait pu nous épargner le supplice de ce réchauffé qu'on nous sert à tout vent. On le comprend cependant. L'opposition ayant abdiqué, il faut bien qu'il occupe le terrain. Nous osons espérer que l'opposition ivoirienne finira par comprendre qu'il n'y a pas que les marches et les manifestations de rue pour contraindre Monsieur Gbagbo à aller à la paix et aux élections. D'autres moyens existent et il faut en user et en abuser… à profusion ! Faute de cela, l'opposition n'aura plus que ses yeux pour pleurer ». Le même Anaky Kobenan, l'on se rappelle encore avait tiré la sonnette d'alarme sur les dangers qui guettaient le sphinx de Daoukro le 29 avril quand il accueillait ce dernier dans sa circonscription d'origine au cours de sa tournée dans le Zanzan. « Monsieur le président, ou vous gagnez la présidentielle ou vous êtes mort ! », avait-il averti en substance. Son message est-il en train d'être entendu par les militants du Pdci ? Peut-être. Tout compte fait, nombreux sont aujourd'hui les élus, cadres et simples militants du Rhdp qui pensent qu'il est nécessaire de dépoussiérer le discours du président du Mfa, lequel l'a pourtant emmené à séjourner au trou de la Dst. Anaky avait-il eu tort d'avoir eu raison très tôt ? L'issue de la réunion décisive du Rhdp annoncée pour la semaine prochaine le dira.
Kra Bernard (Stagiaire)
Kra Bernard (Stagiaire)
